L’Horreur de Dunwich, de Howard Phillips Lovecraft

« Quand un voyageur dans le centre nord du Massachussets prend la mauvaise direction au carrefour du péage d’Aylesbury juste après Dean’s Corners, il découvre une campagne étrange et désolée. (…) On ne peut s’empêcher de flairer dans le rue du village, la vague présence d’une odeur maligne, comme celle de la putréfaction et de la moisissure accumulées au cour des siècles. C’est toujours un soulagement de quitter cet endroit en suivant la route étroite qui longe la base des collines et franchit la plaine pour rejoindre enfin le péage d’Aylesbury. Plus tard on apprendra peut-être qu’on a traversé Dunwich. Les étrangers passent à Dunwich le plus rarement possible, et depuis certains moments d’horreur, tous les écriteaux qui indiquaient sa direction ont été abattus. (…) Deux siècles auparavant, quand la race des sorcières, le culte de Satan et les mystérieux habitants des forêts n’étaient pas objets de plaisanteries, c’était l’usage d’invoquer des motifs pour éviter le village. A notre époque raisonnable  – car l’horreur de Dunwich en 1928 a été étouffée par ceux qui eurent à coeur de préserver la paix de la ville et du monde  – on l’évite sans savoir exactement pourquoi. »

Etant entourée dans la vie de tous les jours par des fans de fantasy, on m’a conseillé à de nombreuses reprises de lire un des classiques du genre, autrement dit, de lire Lovecraft. Je ne suis pas réfractaire à la fantasy mais c’est vrai que ce n’est pas vers ça que je vais aller de prime abord. J’ai donc commencé doucement avec une courte nouvelle de l’auteur, écrite en 1928 : « L’Horreur de Dunwich ».

Dans cette ville lugubre du Massachussets se trament des choses pour le moins étranges. Un enfant du nom de Wilbur Whateley naît dans d’étranges circonstances. Plus étrange encore est la vitesse phénoménale à laquelle il grandit. Sa famille est considérée dans le village comme maléfique et ses membres seraient des sorciers ou encore des adeptes de rites sataniques. Et les bruits, les événements inquiétants qui se déroulent dans leur demeure n’en sont que plus troublants : des détonations se font entendre régulièrement sur cette colline à l’écart du reste des habitations et une odeur nauséabonde empeste les alentours. Un jour, la mère de Wilbur disparaît sans laisser de trace (lors d’une nuit d’horreur où des cris retentissent dans la vallée et où des éclairs zèbrent le ciel…) alors que celui-ci devient de plus en plus taciturne et effrayant. Grommelant un parler inconnu, il sort pour la première fois de Dunwich afin de consulter un grimoire ancien, le Necromicon. Comme porté par une force mystique il veut à tout prix s’emparer de l’ouvrage mais on refuse de lui céder. Il ne reste alors qu’une solution : le voler. Même si Wilbur n’a pas encore fini sa « quête », ses intentions maléfiques semblent avoir porter ses fruits : en effet, le village est sous l’emprise d’un mal mystérieux, entre sortilège et monstre. L’horreur, à Dunwich, ne fait que commencer.

Cette nouvelle est admirablement écrite et travaillée ; tout est pensé pour faire surgir en vous ce frisson, ce doute qui ne vous lâchera pas. Dès les premières lignes, la peur s’insinue sournoisement. L’univers de cette histoire est terriblement sombre et dangereuse. Il y a bien sûr des moments plus creux pour nous permettre de souffler mais jamais votre vigilance ne pourra s’affaiblir. C’est une nouvelle sous haute tension, mêlant à la fois mythe, légende urbaine et imaginaire, un bon mélange de fantasy et d’horreur écrit avec brio. Lovecraft a parfois été considéré comme fou et on peut comprendre pourquoi ; il a réussi à créer un univers bien à lui où toutes les croyances se croisent ce qui lui a valu de rentrer, parmi les premiers, au (restreint) panthéon de la fantasy.

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