Arrêter d’écrire, de David Markson

« La conjecture peut-être pas si oiseuse selon laquelle Colomb était juif.
L’espace est bleu et les oiseaux le traverseront. A dit Werner Heisenberg.
Au final, une oeuvre d’art sans même un sujet, souhaite Ecrivain.
Il n’y a pas d’oeuvres d’art sans sujet, disait Ortega.
Un roman raconte une histoire, disait E. M. Forster.
Si t’en es capable, c’est pas de la vantardise, disait Dizzy Dean.
Xénocrate est mort après avoir trébuché contre un pot de cuivre dans le noir et s’être brisé le crâne. »


Aujourd’hui, je pars faire un tour du côté des Etats-Unis pour vous ramener une oeuvre littéraire pour le moins étrange, que je vais bien avoir du mal à classer dans un catégorie ! Il s’agit du livre Arrêter d’écrire de David Markson. Je vous avouerai tout de suite que j’en sais bien peu sur cet auteur ainsi que sur ses précédentes oeuvres : j’ai cru entendre par-ci, par -là, qu’il faisait des choses qui sortait du commun, une littérature bien particulière. Et si le reste de son oeuvre est à l’image d’Arrêter d’écrire, je veux bien acheter toute une bibliothèque de Markson.
Son écriture est fraîche, moderne, intelligente, et, ciel ! que ça fait du bien. Mais avant quelques explic ations. Tout d’abord, il est très difficile de définir ce bouquin : à la fois énumératon encyclopédique, panaroma de personnalités diverses, annotations purement narcissique. Ce sont pêle-mêle des notes, des données de tous horizons avec tout de même un penchant indéniable pour la sphère artistique. Parmi ses nombreuses informations, le narrateur, non pardon, l’auteur sous le nom « Ecrivain » s’adresse directement à nous se demandant quel va bien pouvoir être le but de ce livre. A de très nombreuses reprises, il nous cite les causes de la mort de différents personnages plus ou moins célèbres qui ont jâlonné l’histoire de l’Humanité. A croire que tout oeuvre est vraine car la mort est au bout ; ou au contraire tout oeuvre traverse le temps à l’inverse de son auteur ; l’interprétation peut être mutliple. Un ton légèrement fataliste nous donne cette impression que l’auteur est au bout du rouleau (de papier), son stylo n’a plus d’encre : pourquoi écrire ? Pour soi, pour laisser une trace ?
Malgré cette multitude de données, parfois étranges, on sent un fil conducteur. Quand les différentes informations ne dialoguent pas entre elles ou avec les réflexions de l’auteur, on peut tout de même sentir une progression, une montée. Notre lecture s’emballe au fur et à mesure pour toujours lire plus, dévorer encore plus de ces petites notes qui nous emmènent au quatre coins de monde. Malgré qu’on puisse imaginer une écriture objective de données successives, Markson arrive à créer sans problème une intimité très forte avec le lecteur. Il nous touche dans cette recherche angoissée parmi les faits d’une certaine vérité, d’une certaine réponse. Ce n’est pas un roman, ni même de la fiction, ce n’est pas une autobiographie ou une journal intime, ce n’est pas un essai. A la limite, c’est une expérimentation littéraire, pourquoi pas. Non, c’est à part, c’est une écriture de soi mais aussi des autres, c’est un mélange flamboyant, à la foi mature et torturé. Et ça fait vraiment du bien de lire une telle oeuvre, qui apporte un peu de fraîcheur à ma bibliothèque.

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