Les Combustibles, d’Amélie Nothomb

« Non, je crois que le moment est venu de rire de ces belles paroles. Et de brûler Kleinbettingen. Je vais vous dire : L’Honneur de l’horreur a été écrit par quelqu’un qui n’avait pas faim, et mon article d’il y a huit ans sur L’Honneur de l’horreur a été écrit par quelqu’un qui n’avait pas froid. Alors au feu ! »

J’ai lu mon premier Nothomb. Voilà, il fallait bien ça arrive un jour. Pour l’occasion, j’ai jeté mon dévolu sur un livre qu’on m’a conseillé : Les Combustibles. Je n’ai toujours pas compris pourquoi c’était classé dans romans, alors qu’il s’agit plutôt d’une pièce de théâtre, mais bon.

Nous sommes en tant de guerre, c’est la famine et l’hiver. Dans le salon d’un appartement, trois personnes se réunissent autour d’un poêle : deux étudiants – un couple – et un professeur. Il ne reste plus de mobilier à brûler, seule la bibliothèque est encore sur pieds. Une autodafé pour se réchauffer ? Il n’y a plus beaucoup d’autres choix. L’Université détruite, il faut à présent prendre la responsabilité de réduire en cendres quelques parcelles – peut-être les dernières – de culture. Dur choix à faire. Alors que la jeune femme serait prête à tout pour une once de chaleur, les discussions et les disputes s’enchaînent sur la vraie valeur des écrits et des auteurs. Qui vaut d’être jeté dans les flammes ?

Je n’ai pas été convaincue du tout par ce livre qui veut brasser des choses assez profondes mais ne fait que les effleurer en prenant un ton faussement dramatique. C’est de la copie de théâtre, c’est assez pathétique. Il y a de grandes phrases, de grands sentiments, de grands tourments mais on sent une plume pas du tout persuadée de ce qu’elle écrit. On a voulu imiter la complexité tragique et par moment ça fonctionne… malheureusement c’est loin d’être le cas de la plus grande partie du livre.

C’était bien parti pourtant : le sujet m’intéressait. Mais au fond, il n’a pas été abordé. Cela s’est résumé en « moi, j’aime parce que c’est beau » et c’est tout, pas d’autres arguments. De plus, on tombe dans des topoï vieux comme le monde, notamment en ce qui concerne les relations amoureuses et l’université un peu soixante-huitarde. Toutefois, les personnages rattrapent le coup car même s’ils constituent l’essence de ce livre un peu décevant – puisqu’il ne s’agit que de dialogues – leurs caractères sont bien tracés et très intéressants. Ils s’opposent et s’attirent, les relations entre eux sont parfois très intrigantes et bien travaillées.

Je ne pourrais pas dire grand chose de plus de ce livre très court qui m’a semblé un peu bâclé alors que l’idée de départ était excellente. Mon avis est très mitigé et je ne sais vraiment pas si je vais recommencer l’expérience Amélie Nothomb. Avez-vous lu d’autres livres d’elle que vous pourriez me conseiller ?

Amélie Nothomb, Les Combustibles, aux éditions Le Livre de Poche (13946), 4€10.

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6 réflexions au sujet de « Les Combustibles, d’Amélie Nothomb »

  1. J’avoue que j’avais bien aimé mais j’aime parfois des oeuvres que je sais au fond très imparfaites. Je les aime parfois pour une seule des qualités qu’elles possèdent. Tu soulignes le manque de profondeur, le fait qu’elle effleure les sujets importants, c’est vrai elle ne creuse pas son sujet. Bizarrement c’est ce que j’ai aimé, c’est retrouver des thèmes sur lesquels j’ai pu travailler, en retrouver juste le souvenir, ou le point de départ et refaire l’argumentation dans ma tête. Je comprends également les réactions face au roman Billie de Gavalda. Mais là encore si une chose que je considère importante me touche, cela suffit à me faire aimer un livre. Je me demande justement parfois si je suis assez critique.

  2. Dommage que tu n’ais pas apprécié. J’aime beaucoup Amélie Nothomb (mais je n’en ai lu que deux) Sans hésiter, je te conseillerai Mercure ou Acide Sulfurique. J’ai beaucoup aimé ces deux lectures 🙂 Je ne sais pas les thèmes qui t’intéressent mais Acide Sulfurique parle de la télé réalité, jusqu’où les spectateurs sont prêts à aller, ou à quoi regarder. Mercure est très intéressant aussi, j’ai beaucoup aimé la chute du livre! Très intéressant !

  3. Ping : Stupeur et tremblements, d’Amélie Nothomb | La Critiquante

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