Le Livre à l’heure du numérique, de Françoise Benhamou

9782021140606Quand on est un grand lecteur, on aime les livres qui parlent de livres. Dans toutes les littératures disponibles, il y en a bien une qui m’intrigue même si je ne me sens absolument pas concernée : la lecture numérique, qu’importe sa forme. Alors oui, je vais voir des infos sur Wikipédia, je suis de temps en temps l’actualité sur les sites de grands journaux… Mais jamais vous ne me verrez lire un roman sur une liseuse, ma présence sur des sites tels que Babelio ou Wattpad doivent se compter à moins de 2 heures en une année. Ce n’est pas pour autant que je ne suis pas un brin inquiète de voir ma bibliothèque papier, mon libraire et ma médiathécaire jetés aux orties avec l’arrivée d’internet et de la technologie. C’est pour ça que je me suis laissée tentée par le livre encore assez récent (2014) et, je trouve, d’actualité de Françoise Benhamou : Le Livre à l’heure du numérique.

C’est un ouvrage qui va aborder les changements profonds qui ont eu lieu dans la culture avec la révolution numérique. Petit détour par la musique et le cinéma pour avoir des points de comparaison avant de s’attaquer au vif du sujet. J’ai trouvé ce livre vraiment très très complet et ça a été une très bonne surprise car j’ai découvert des choses intéressantes. Les journaux, les revues scientifiques, l’avenir des librairies, le livre numérique, le prêt en bibliothèque, les encyclopédies en ligne et les dictionnaires, la publication, l’auto-édition, l’impression à la demande, la numérisation des ouvrages… Ce n’est pas un essai très long mais il répondra à toutes vos questions, sources à l’appui. Avec des chiffres, avec des faits, avec des observations et une plume très accessible. Cet ouvrage est fait pour être lu par tous, même les non-initiés : la langue est simple, sans fioritures, les chapitres sont courts et efficaces. J’ai beaucoup aimé en apprendre plus sur cette problématique et, sans aucun doute, cette lecture était vraiment captivante.

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Merveille du numérique. L’accès à tout, tout de suite. L’immédiat, l’exhaustif. Des catalogues et des fonds d’une richesse inégalée. La mise à jour permanente. La démocratisation de l’accès. L’écriture de tous et l’écriture pour tous.

L’auteure pose des questions vraiment perspicaces, sans fermer aucune voie mais en nous montrant vers quoi tendent les mouvements actuels. Elle interroge sur l’avenir de la presse en ligne et ses moyens de financement, sur le rôle du blog et des clubs de lecture en ligne, sur le matériel propriétaire et les DRM, etc. J’aurais aimé parfois plus de précisions sur certains sujets – les e-books m’intriguent beaucoup – mais ça a été une très bonne voie d’entrée dans la question. Ce que j’ai surtout apprécié dans ce livre, c’est le fait qu’en n’omettant (apparemment) aucun secteur, il met en avant des domaines qui m’étaient peu connus et qui sont pourtant bouleversés par le numérique. Pas besoin d’être connaisseur : Françoise Benhamou prend le temps de nous expliquer sans pour autant nous ennuyer.

C’était une agréable lecture, une découverte très enrichissante. Si la question du Livre à l’heure du numérique vous intéresse, je vous invite vraiment à feuilleter cet essai.

Françoise Benhamou, Le Livre à l’heure du numérique, aux éditions du Seuil, 17€.

Les livres prennent soin de nous, de Régine Detambel

Ou quand les mots soignent les maux…

1507-1Quand je l’ai vu sur ce rayonnage de la médiathèque, j’ai tout de suite su que je devais le lire. J’étais tellement d’accord avec son titre, et ça fait toujours plaisir de lire un auteur qui est d’accord avec vous… Je parle bien sûr du petit livre de Régine Detambel : Les livres prennent soin de nous.

« Les livres ont toujours été accueillants aux exilés. Nous sommes nombreux à avoir usé et abusé de l’hospitalité de la lecture, de son caractère englobant, maternant. Lire est un moyen de résister à l’exclusion, à l’oppression : lire est un moyen de reconquérir une position de sujet, au lieu d’être objet moqué du discours des autres. Lire, c’est mon pays. Rien ne manque quand je lis, le temps disparaît et je ne dépends de personne pour cela. Les histoires réparent ; dans un livre, on est toujours chez soi. »

Ce petit essai est sous-titré « Pour une bibliothérapie créative ». Mais qu’est-ce que la bibliothérapie, me direz-vous ? Eh bien, j’ai fait connaissance avec cette nouvelle forme de soin dans ce livre. Vous connaissez sûrement déjà l’art-thérapie où un patient se soigne en devenant créateur de quelque chose, eh bien en bibliothéraphie on soigne avec les créations des autres. Alors que le développement personnel se répand et qu’on commence à découvrir la bibliothérapie et ses bienfaits, Régine Detambel en défend une pratique créative et réellement littéraire. Comprenez par là qu’il ne s’agit pas simplement de lire des livres qui expliquent que vous avez un problème ou d’autres qui vous apprennent comme être heureux.

Non, la vision de l’auteure est beaucoup plus belle, mais aussi beaucoup plus humaine et efficace. Troubles psychiques, dépression, mais aussi patients malades d’être malade, personnes âgées, etc., le public pouvant être soigné par la littérature est large. On peut les revigorer avec de la poésie, les emporter dans un autre univers avec des récits, les envelopper dans la douceur du papier ou la beauté d’une couverture, ou encore les délivrer avec des romans contant leur propre détresse. Il y a des dizaines de façons de procéder. Et on peut également moduler la forme de médiation, en plus des pages choisies : lecture à haute voix ou pas, faite par le patient lui-même ou par un tiers, etc.

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Amoureuse des livres que je suis, j’ai pris conscience que ces mots qu’on lit avec plaisir nous touchent profondément et ont un réel impact sur nos vies. Et c’est ce que met en avant ici Régine Detambel. Elle explore les différentes facettes du livres et ses répercussions, utilisations possibles. Elle pointe également du doigt le rôle du bibliothérapeute et explique les buts de la bibliothérapie. Mais je vous rassure, ce livre est un essai qui est loin d’être ennuyeux. Au contraire, le style est assez libre même si les propos et l’écriture montrent une culture et un talent indéniable. L’auteure évoque à plusieurs reprises des souvenirs de sa vie et la lecture de ce petit livre était plus une balade qu’une lecture documentaire. J’ai pris beaucoup de plaisir à voyager dans ces pages : j’ai appris énormément de chose, ma vision du livre s’est un peu modifiée, et j’ai passé un agréable moment.

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Si le sujet vous intéresse, si vous-même vous avez vu votre vie changer à cause d’une livre, ou si tout simplement vous aimez lire et êtes curieux, n’hésitez pas à découvrir cet ouvrage !

Régine Detambel, Les livres prennent soin de nous, aux éditions Acte Sud, 16€.

Pourquoi lire ? de Charles Dantzig

Je commence à frémir d’angoisse et d’excitation en voyant le 1er novembre et le début du NaNoWriMo approcher, mais entre quelques fiches de personnages, j’ai réussi à finir un ou deux livres, et je peux donc aujourd’hui vous écrire ce petit billet. Je lis peu ces temps-ci alors, comme si ça allait contre-balancer les choses, j’ai choisi de vous parler d’un livre qui parle de lecture : Pourquoi lire ? de Charles Dantzig.

« Lorsqu’on lit, on tue le temps. Pas dans le sens « passer le temps », ça c’est quand on lit en bâillant pour vaguement occuper un après-midi à la campagne, non, mais quand on fait un lecture sérieuse, une lecture où on est absorbé par le livre. Elle donne l’impression que le temps n’existe plus. On a même, confusément, une sensation d’éternité. Voilà pourquoi les lecteurs sortant de leur livre ont un air de plongeur sous-marin, l’œil opaque et le souffle lent. Il leur faut un moment pour revenir au temps pratique. Et voilà pourquoi les grands lecteurs ont le sentiment d’être toujours jeunes. Ils n’ont pas été usés de la même façon par un emploi du temps, c’est-à-dire par un temps employé à autre chose qu’à obéir au temps commun. Même à cent ans, ils meurent jeunes. Chaque nouvelle lecture a été plongée dans un bain frais, un moment où on a, pas tout à fait illusoirement, vaincu le temps. »

Voici ce que l’on peut trouver dans ce petit livre où l’auteur nous parle des mille et uns aspects de la lecture à travers de courts chapitres. J’ai trouvé que cet ouvrage était un très bel hommage à la littérature mais aussi à ceux qui l’écrivent, tout en restant simple et humble. Charles Dantzig ne va pas chercher trop loin pour nous parler : il nous raconte sa propre vision de la lecture et des lecteurs, ses propres expériences, ses avis aussi. Sur les biographies, sur ce qui n’est pas écrit mais qu’on lit quand même, sur les différentes raisons qui font que nous lisons, sur les chefs-d’œuvre, les libraires, et j’en passe.

C’est un livre qui se picore, on pioche par-ci par-là, en attendant le métro, ou pendant que les pâtes cuisent. A lire d’une traite, je pense que cet ouvrage est peu digeste. L’écriture est tout à fait lisible, fluide, mais je pense qu’on peut faire mieux niveau simplicité et clarté. Toutefois, je chipote. Ce livre n’est pas qu’un éloge pur et dur de ce qui lisent dix livres en une semaine. Non, il parle aussi de tous les autres lecteurs, on peut tous se retrouver à un moment donné ou à un autre dans ces pages. Par contre, c’est vraiment un livre écrit à la première personne, aucun doute là dessus, et ce parti pris d’un avis personnel pourra peut-être en gêner certains.

Plus globalement, c’est un livre intéressant, qui se laisse lire facilement. Mais je dois avouer que ce n’est pas le meilleur livre parlant de lecture que j’ai pu découvrir. Je garde encore un souvenir très fort de La Reine des Lectrices que je conseille à tous. Bref, je vous laisse vous faire votre propre opinion !

Charles Dantzig, Pourquoi lire ?, Le Livre de Poche, 7€10.