Lire !, de Bernard et Cécile Pivot

Au mois de mars 2018, j’ai flâné à Livre Paris – comme chaque année, rien de nouveau là-dedans – et je suis notamment allée voir une rencontre sur la grande scène avec Cécile et Bernard Pivot autour de leur dernier ouvrage écrit ensemble : Lire ! J’y étais allé d’abord parce que j’appréciais par moment le bonhomme (notamment certains de ses tweets matinaux) même si je dois avouer que je suis trop jeune pour être de la génération Apostrophes. Mais c’est surtout pour faire plaisir à mon papa, qui a beaucoup d’estime pour Bernard Pivot, que je m’y suis rendue, histoire d’avoir des choses à lui raconter ensuite. Le débat était intéressant, malgré le brouhaha ambiant. Cécile Pivot m’a peu marquée, mais je retiens quelques belles phrases de son père.

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Des mois après, je suis retombée sur ce grand ouvrage à la médiathèque et je me suis dit qu’il était temps de lire Lire ! Ça se présente sous la forme de très courts chapitres (le lien avec les librairies, les dictionnaires, donner ses livres, l’envie d’écrire, l’isolement de lecture, etc.) sur des thématiques très intéressantes liées à la lecture. C’est typiquement le genre de question que je pourrais poser à une rencontre d’auteur, les questions qu’il a mille fois entendues, mais dont le lecteur adore toujours découvrir la réponse. Dans chaque chapitre, Bernard puis Cécile prennent la parole et donnent leur avis. Ces lecteurs avides sont très intéressants à lire, et il faut dire que le lien à la lecture très particulier de Bernard Pivot (lecteur professionnel, c’était son métier, il y passait dix heures par jour week-end compris!) est passionnant.

Malheureusement, ça radote beaucoup. Déjà, après avoir assisté à la rencontre, j’ai découvert qu’il y avait été dit la moitié du livre. Pire, certaines phrases emblématiques de Bernard Pivot, je les voyais dans l’ouvrage, sur son Twitter, à chacune de ses apparitions… puis redites encore dans Lire ! ! Pourquoi faire du neuf quand le vieux fonctionne toujours ? Un homme de son envergure, à la mythologie livresque personnelle vue et revue… Oui, c’est intéressant d’avoir son opinion sur la lecture, mais finalement on l’a connaît déjà. Sa fille est une lectrice lambda avec ses spécificités, son caractère. D’accord. Mais c’est tout. Avec le recul, j’aurais du choisir un livre généraliste sur les habitudes de lecture, essai ou étude : je pense que cela m’aurait plus intéressée au fond que les petites vies de la famille Pivot. Toutefois, c’est très bien écrit et mis en page, ça se lit vite, c’est divertissant.

Un des points forts de Lire !, c’est vraiment sa merveilleuse iconographie : je ne connaissais pas la plupart des photos et illustrations et ce fut une très belle découverte, servie par une mise en page soignée. Un beau travail d’édition, qui représente à mes yeux les trois quarts de la valeur de ce livre.

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Pour résumer, un ouvrage sympathique mais qui ne vaut pas sur le fond son prix – mais ça peut se défendre pour la forme. Ça reste tout de même un ouvrage assez modeste dans les propos, en tant que lecteur on se sent en famille parmi ces pages. Pas trop d’orgueil mal placé à connaître truc ou à avoir lu tout machin – c’était ce qui me faisait le plus peur, donc je vous rassure de suite, pas mal d’humilité dans Lire !

Bernard et Cécile Pivot, Lire !, aux éditions Flammarion, 25€.

Faut-il manger les animaux ? de Jonathan Safran Foer

Dans la veine de No Steak d’Aymeric Caron, j’ai continué mes lectures sur le végétarisme et/ou l’élevage des animaux. C’est d’ailleurs ce dernier sujet qui est au cœur de Faut-il manger les animaux ? de Jonathan Safran Foer.

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J’avais beaucoup entendu parler de ce livre et je ne savais vraiment pas à quoi m’attendre. Finalement, je pense que l’auteur a fait un livre qui lui était très personnel. Il livre ici son avis, son parcours après trois ans de recherche, d’enquête, d’écriture. Tout est parti de sa toute fraîche paternité. Choisir ce que l’on mange, c’est une affaire entre soi et soi. Les questionnements, les doutes sur oui ou non manger de la viande ne concernent principalement que vous. Si vous êtes inconstants, si vous changez d’avis, vous ne devrez normalement rendre des comptes qu’à vous-même. Mais quand vous devez vous occuper d’un petit être… Le minimum, c’est au moins de savoir ce qu’on va réellement mettre dans sa bouche.

Le livre est organisé d’une façon très personnelle, mais logique. Tout d’abord, Safran Foer revient sur les origines de son propre végétarisme, sur les us et coutumes variant d’un continent à l’autre. On revient bien sûr sur les mots : qu’est-ce qu’un animal ? La cruauté ? Jusqu’où va la sensibilité des animaux ? A quel moment nous sommes-nous éloignés d’eux ? Et, évidemment, l’auteur met en avant les désavantages de l’élevage industriel qui est devenu la règle : la deuxième moitié du livre nous explique dans le détail quelles sont les réalités de ces établissements d’élevage et d’abattage à la chaîne. Mais on nous rappelle également les dégâts sur l’environnement, la santé. Safran Foer fait également un point sur la pêche en mer et sur la pisciculture – ce que j’ai beaucoup apprécié, les poissons étant toujours les grands oubliés.

L’auteur finit son livre en nous rappelant l’importance de nos choix et notre influence potentielle sur les autres. Bien sûr, lui pense sincèrement que le végétarisme est un bon choix, mais il a souhaité être exhaustif dans ses écrits, pour laisser tout le monde penser ce qu’il veut en connaissance de cause. Lui-même est allé en douce la nuit dans des élevages, il a aussi exploré des élevages traditionnels avec des animaux heureux, qui vivent en plein air et meurent avec un peu plus de considération que les autres. Et même s’il estime que ce n’est pas encore la solution, c’est déjà un début de solution. Il est vrai que ce livre est centré sur les États-Unis mais il y a plusieurs sujets que j’ai trouvé très intéressants : la suprématie des grandes entreprises d’élevage et d’abattage, les inconvénients concrets des tonnes et des tonnes de lisier produits, les manipulations génétiques dont résultent les animaux d’élevages… Safran Foer retranscrit également une dizaine d’interviews passionnantes : un éleveur traditionnel, une végétarienne qui élève des bœufs pour leur viande, une activiste, etc.

J’ai lu ce livre tranquillement – il faut le temps de le digérer, sans mauvais jeu de mots – et j’avoue qu’il est redoutablement efficace pour vous rendre plus végétarien que carnivore. Une lecture que je vous conseille sans aucun doute.

Jonathan Safran Foer, Faut-il manger les animaux ?, aux éditions de l’Olivier, 22€.

No steak, d’Aymeric Caron

Il est clair que mes choix de vie influent sur mes lectures. J’ai choisi de manger moins de viande et de produits d’origine animal. Oulah, je vous arrête, je suis encore très très loin de devenir végétar/lienne, mais j’y pense. C’est dans cette optique que j’ai lu No steak d’Aymeric Caron.

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L’auteur est végétarien et il pense sincèrement que l’espèce humaine devrait arrêter de consommer de la viande, d’exploiter les animaux et ceci pour plusieurs raisons. Tout simplement, il sera impossible de nourrir toute la planète avec assez de viande. La demande explose au fur et à mesure du développement de certains pays (Inde, Chine pour ne parler qu’eux) et il va être physiquement impossible de répondre à la demande. De plus, l’exploitation animale industrielle est une des premières causes de pollution : méthane et réchauffement climatique, nitrates dans les nappes phréatiques, déforestation massive, et j’en passe. La majeure partie des récoltes végétales ne nourrit pas les hommes mais les animaux. Et tout ça prend énormément de place sur notre petite planète bleue.

L’auteur évoque également les répercussions sur la santé d’un régime trop carné – pour aller plus loin, je vous invite à visionner le documentaire What the Healt – et, comme lui, je ne vais pas vraiment m’étendre sur ce sujet. Mais le cœur du livre, c’est bien sûr l’élevage et l’abattage des bêtes. Plus qu’un simple constat des pratiques qu’on essaie de tenir loin de nous pour nous éviter d’y penser, Aymeric Caron mène une vraie réflexion éthique et philosophique sur le sujet, et je dois avouer que je ne m’attendais pas à trouver cela si intéressant. De plus, il nous livre des faits, sources à l’appui pour confirmer ses propos, libre à vous d’aller plus loin et de comparer vos sources. Pour information, Aymeric Caron est un Français, donc les données choisies pour la plupart concernent l’Hexagone, et ce livre date de 2012.

J’ai beaucoup apprécié cette lecture car l’auteur est tout simplement sincère : oui, il est végétarien et ça l’a amené à rencontrer des difficultés diverses et variées dans sa vie, et oui, il pense que tout le monde devrait au moins tendre vers le végétarisme. C’est son livre, bien sûr, il va y défendre son avis, mais je ne l’ai pas trouvé prosélyte. Il y a de la place pour la réflexion, le débat, et aucune position tranchée et bornée qui fermerait le dialogue. Avec cette lecture, vous vous poserez des questions très intéressantes : pourquoi on a choisi de surtout utiliser des bœufs, des cochons, des poulets et pourquoi ne mange-t-on pas des chiens comme en Chine ? Comment peut-on vivre sans les fameuses protéines animales et est-ce que ce régime végétarien est-il vraiment bon pour nous ? Qu’est-ce que l’éthique animale ? Quelle est la vraie forme de l’exploitation animale aujourd’hui ? Avons-nous le droit de faire souffrir et d’abattre des êtres sensibles et intelligents ?

No steak est assurément un livre très intéressant, qui poussera plus loin vos réflexions. C’est bien sûr à vous de prendre vos propres décisions, de faire vos propres choix mais je suis certaine qu’il est plus sain de les faire en connaissance de cause.

Aymeric Caron, No steak, aux éditions Fayard, 19€, et également en édition poche J’ai lu, 7€60.

Japon, miscellanées, de Chantal Deltenre et Maximilien Dauber

Vous le savez déjà si vous traînez sur mon blog de temps en temps : j’aime beaucoup le Japon. Et je suis toujours curieuse d’en savoir plus sur ce pays. Par hasard, j’ai trouvé un livre très intéressant sur le sujet : Japon, miscellanées de Chantal Deltenre et Maximilien Dauber.

Les miscellanées, c’est pratiquement un genre littéraire en soi : il s’agit d’un mélange, d’un recueil de textes divers. Ici donc, on parle du Japon. De très nombreux aspects sont abordés : l’histoire, les légendes, les arts, les habitudes et les coutumes, quelques expressions et mots de japonais, des rituels, des informations sur les religions dominantes, les fêtes, les valeurs importantes, les règles de politesse, des données géographiques, etc. Vous saurez tout sur le nô, les quartiers de Tokyo, les différentes ères japonaises, la fête des poupées, les fantômes nippons…

098656d91cee2f365bcdc95c5ae85bd2C’est un livre assez épais, mais il ne faut surtout pas que cela vous effraie. J’ai mis beaucoup de temps à le lire, et j’ai fait le choix de le découvrir de la première à la dernière page, dans l’ordre. Mais ces miscellanées n’ont pas d’ordre précis, au contraire ! On dirait que tout est fait pour que deux sujets s’enchaînent le plus aléatoirement possible. Et c’est très agréable. Ce livre se prête tout à fait au picorage, au grignotage. Un peu de page 46 au petit-déjeuner, puis quelques autres chapitres en fin de journée avant de s’enquiller les dix dernières pages avant de s’endormir, comme ça, au hasard. Si un sujet vous ennuie, vous n’avez qu’à passer au suivant, sans regret. Il est vrai que certains thèmes reviennent très souvent, par exemple le théâtre traditionnel ou les religions ; personnellement, ça m’a lassée au bout d’un moment. J’aurais aimé en savoir plus sur nos différences culturelles actuelles ou sur le monde du travail, le respect des aînés par exemple. Heureusement, j’ai adoré tout le reste et j’ai appris énormément de choses. Qu’est-ce qu’un shogun ? Comment sont célébrer les mariages ? Qu’en est-il vraiment des yakuzas ?

957c00e5e3f798ed92911cdd7791009fVous allez découvrir tellement de choses intéressantes, ça ne fait aucun doute ! Les auteurs ont eu l’excellente idée d’émailler ce livre avec des extraits d’œuvres littéraires fondatrices du Japon, dont – bien sûr – les fameux haïkus. L’édition est soignée, et je n’ai rien eu à redire quant à l’écriture. Ce livre m’a tellement fait rêver que j’ai enchaîné avec quelques films du studios Ghibli pour faire durer cette lecture. Sans hésitation, je vous conseille donc ce livre atypique, agréable.

Chantal Deltenre et Maximilien Dauber, Japon, miscellanées, aux éditions Nevigata, republié chez Pocket, 6€95.

Monumental, records et merveilles de l’architecture, de Sarah Tavernier et Alexandre Verhille

Au hasard des rayonnages de ma médiathèque, mon œil a été attiré par un très grand livre à l’espace jeunesse. Il s’agit de Monumental, records et merveilles de l’architecture de Sarah Tavernier et AlexandreVerhille.

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Ce magnifique ouvrage est un atlas qui parcoure cinq continents et 80 pays. Les dessins sont très colorés et soignés, la maquette et l’édition sont vraiment superbes. Au fil des pages, les auteurs nous invitent à découvrir de très nombreux monuments, incroyables par leur construction (des prouesses techniques), leur beauté, leur fonction…

Évidemment, on retrouve des incontournables comme les pyramides de Gizeh, la tour Eiffel ou celle de Pise, la Statut de la Liberté, on retrouve les plus grands buildings du monde, etc. Ces édifices ont tous été bâtis par la main de l’homme et c’est fou de voir toutes ces constructions, tous ces records techniques. Au-delà des monuments les plus célèbres, j’ai vraiment énormément apprécié de découvrir des édifices provenant de tous les pays, de tous les continents et de toutes les époques. Les édifices religieux (toutes religions confondues d’ailleurs) puis les monuments politiques sont les plus nombreux bien sûr mais on retrouve également des hôtels, des bibliothèques et même une école maternelle ! A chaque monument correspond une petite vignette avec les éléments les plus importants à savoir : la localisation, la date de construction, les architectes, la taille…

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A picorer ou à lire scrupuleusement, cet atlas saura vraiment ravir vos yeux et votre curiosité, c’est vraiment une petite merveille ! Je vais sans aucun doute le partager avec les enfants de mon école et j’ai hâte de voir leur réaction !

Sarah Tavernier et Alexandre Verhille, Monumental, Records et Merveilles de l’architecture, aux éditions Milan, 19€90.

Comment faire lire les hommes de votre vie, de Vincent Monadé

51kwixcui8l-_sx305_bo1204203200_Il vous arrive peut-être de trouver refuge sur internet, dans la blogosphère ou sur Twitter, ou dans une bibliothèque, une librairie, car vous vous sentiez un peu étranger ou seul dans votre cas ? Être celui ou celle pour qui la meilleure occupation le temps d’une soirée ou de sa pause déjeuner, c’est de dégainer un livre et d’avaler les pages. Le seul dans votre entourage à avoir la liste immense de votre PAL, écrite quelque part, que vous mettez à jour scrupuleusement. Eh bien, une fois mes études littéraires finies, j’ai souvent eu l’impression d’être dans ce cas désespéré où je voulais partager, discuter autour des livres sans qu’aucun interlocuteur ne soit disponible. Un petit ouvrage comme celui de Vincent Monadé, président du CNL, m’aurait alors certainement servi. Aujourd’hui, nous parlons donc de Comment faire lire les hommes de votre vie.

Déjà, il y a des astuces que l’on connaît tous et toutes : s’estimer bien contenter que Monsieur lise L’Équipe, essayer de l’alpaguer en mettant en avant sa force, sa persévérance, son intelligence. Trouver ses goûts et le roman facile pour commencer qui lui correspondra parfaitement mais surtout ne pas lui donner nous-même ! Non, il faut le laisser traîner quelque part : si c’est un bon livre, celui-ci fera très bien son affaire en harponnant lui-même son lecteur mâle.

Je vais le préciser ici : très clairement, le livre s’adresse aux épouses, aux petites amies, d’un couple formé par une femme et un homme ; la narration est ainsi, mais il est aisé de passer outre et d’arranger les gens à son goût. Il est vrai que certaines astuces m’ont parfois faite tiquer (un câlin intime comme récompense après avoir lu?!) mais Vincent Monadé fait tellement preuve d’humour et d’enthousiasme, que j’ai pris ça au second degré. De plus, certains chapitres sont très malins et j’ai eu beaucoup de plaisir à trouver ou retrouver certaines idées : ne pas exclure les « mauvais » genres comme certains les appellent (SF, polar…), faire lire de la BD, faire en sorte que Monsieur lise l’histoire au petit dernier pour lui même attraper le virus de la lecture…

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Ce livre est bien ancré dans notre époque, avec des références aux dernières présidentielles ou encore à Miley Cyrus, et qu’est-ce que j’ai pu rire ! Ça m’a fait un bien fou, car je me suis tout d’un coup imaginée faisant partie de cette grande communauté de lecteurs qui aimerait tant que sa moitié partage sa passion et sa culture littéraire…

Ce petit ouvrage se lit rapidement et avec beaucoup de bonheur. Vincent Monadé propose à chaque chapitre des titres en particulier – de quoi rallonger ma wishlist… J’ai vraiment senti l’amour et la passion de l’auteur pour la littérature, et c’est communicatif ! Il a à cœur de partager la lecture, c’est pour lui un vrai cadeau, et j’ai trouvé cela merveilleux. Je vous conseille avec un grand sourire Comment faire lire les hommes de votre vie.

Vincent Monadé, Comment faire lire les hommes de votre vie, aux éditions Payot Rivages, 12€.

Orient/Occident, mode d’emploi de Yang Liu

Histoire de reprendre en douceur, j’ai commencé par un tout petit petit livre avec (presque) pas de mots. Orient/Occident, mode d’emploi de Yang Liu est carré, rouge et bleu, et publié par Taschen. Autant dire que l’édition est impeccable.

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Yang Liu a habité plusieurs endroits autour de la Terre. Etats-Unis, Chine, Allemagne… Ces expériences l’ont surprise et fascinée : quoi de mieux pour mettre en lien, comparer les modes de vies, les cultures, les peuples, les schémas de pensée. D’ailleurs, c’est à travers des schémas, des dessins simples, des bonhommes en bâtons qu’elle relève les différences entre l’Orient et l’Occident. A chaque double-page, vous comprenez d’un coup d’œil grâce aux pictogrammes de quelle façon un Chinois et un Canadien verront le rôle du chef, comment on exprime une idée au Japon et en Italie, comment on demande la parole dans une école cambodgienne et dans une école ukrainienne…

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On ne précise pas les particularités selon chaque pays, il s’agit juste là des nuances principales et les plus marquantes entre Orient et Occident. Ce n’est pas un guide précis mais il nous suffit à comprendre que les différences sont fondamentales, ancrées en nous. J’ai été surprise à de nombreuses reprises en regardant ces pages, j’ai éclaté de rire parfois et je me suis souvent interrogée. Plusieurs comparaisons ne m’ont pas parlée, je ne les ai pas comprises. De plus, très clairement, c’est axé sur les pays développés. Je ne suis pas vraiment certaine qu’on puisse appliquer cet ouvrage aux pays africains ou d’Amérique du Sud.

Bref, ne recherchez pas là de l’exhaustivité. Il s’agit d’un regard subjectif, celui de l’auteure, qui a eu l’occasion de vivre dans plusieurs pays, cultures. Et c’est drôle, c’est intelligent, c’est malin. Malgré ses défauts, j’ai passé un très bon moment en feuilletant ce livre. Clairement, c’est ce petit ouvrage qui m’a donné envie d’en rouvrir d’autres, au cœur de cette immense peine de lecture. C’est grâce à lui que j’écris cette première chronique de l’année.

Yang Liu, Orient/Occident, mode d’emploi, aux éditions Taschen, 12€.

42 km 195, de Bernard Thomasson

42-km-195Il arrive parfois (souvent) sur Twitter que je parle d’autres choses que de littérature, d’écriture et de blog. Je blablate/râle souvent à propos de mon travail avec les enfants et il m’arrive même de parler de sport ! Car, à mon très humble et très très modeste niveau, je sporte un peu. Et notamment : je cours. Bon, à un allure d’escargot, avec la grâce d’un bébé cachalot hors de l’eau et rouge comme une écrevisse, mais tout de même. Et même que j’aime ça ! Il y a peu j’ai même réussi à boucler ma première course 10 kilomètres, un exploit quand on me connaît, surtout que je cours depuis à peine un an. Pour me motiver, j’ai deux-trois astuces : des images qui m’inspirent sur Pinterest, des amis qui m’encouragent à fond, ou quelques lectures pour me fixer des objectifs toujours plus hauts. Je ne suis pas adepte du manuel avec des méthodes et des régimes, mais plutôt des biographies, des essais, des livres inspirants. C’est dans cette catégorie que se place 42 km 195, un roman de Bernard Thomasson.

42 km 195, c’est la distance d’un marathon. Et c’est justement à l’occasion de son premier marathon, que nous allons suivre le héros, kilomètre par kilomètre. Mais il ne prend pas le départ aussi sereinement que ses compagnons de galère : lui a failli frôler la mort. Et croyez-moi, il va le surveiller de près son cœur auquel il tient tant. Ce parcours à travers la ville de Paris est une vraie invitation sportive au voyage. A travers chaque chapitre, on en apprend un peu plus sur l’histoire du marathon et sur les différentes courses sur la planète. Pour cela, notre personnage cite beaucoup Benedict Maverick et ses quarante-deux marathons qui nous fait traverser de long en large la planète. C’est aussi l’occasion de s’interroger sur le lien entre la course et la notion de groupe, la musique, le dépassement de soi, le rapport au physique, l’importance des proches…

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Il y a parfois quelques longueurs dans ce livre de près de 300 pages, mais il reste quand même très intéressant. J’aurais cru me lasser de suivre ce coureur pendant quarante-deux kilomètres, mais finalement, malgré quelques passages et anecdotes sur Maverick qui m’ont moins passionnée que d’autres, je trouve l’ensemble plutôt réussi. Bien sûr, on comprend très vite de quelle pathologie souffre notre héros et on s’attache à lui au fil des pages. On en apprend beaucoup sur la façon dont se déroule un marathon, comment on le vit, ce qui m’a personnellement très intéressée. En effet, je suis vraiment vraiment admirative de tous ces coureurs qui s’élancent pour 3 à 6 heures d’aventure… Des kenyans ou éthiopiens incroyablement rapides aux joggeurs du dimanche qui se lancent un défi, je suis époustouflée !

Ce roman n’est pas renversant, toutefois il est atypique et la narration est très bien construite. L’auteur emprunte vraiment beaucoup à Maverick mais cela donne un roman instructif et divertissant qui saura intéresser toutes les personnes qui courent ou veulent courir. Une lecture agréable que j’ai dévoré en quelques heures avant de prendre le départ de ma course.

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Bernard Thomasson, 42 km 195, aux éditions Artaud, 7€90.

Le Livre à l’heure du numérique, de Françoise Benhamou

9782021140606Quand on est un grand lecteur, on aime les livres qui parlent de livres. Dans toutes les littératures disponibles, il y en a bien une qui m’intrigue même si je ne me sens absolument pas concernée : la lecture numérique, qu’importe sa forme. Alors oui, je vais voir des infos sur Wikipédia, je suis de temps en temps l’actualité sur les sites de grands journaux… Mais jamais vous ne me verrez lire un roman sur une liseuse, ma présence sur des sites tels que Babelio ou Wattpad doivent se compter à moins de 2 heures en une année. Ce n’est pas pour autant que je ne suis pas un brin inquiète de voir ma bibliothèque papier, mon libraire et ma médiathécaire jetés aux orties avec l’arrivée d’internet et de la technologie. C’est pour ça que je me suis laissée tentée par le livre encore assez récent (2014) et, je trouve, d’actualité de Françoise Benhamou : Le Livre à l’heure du numérique.

C’est un ouvrage qui va aborder les changements profonds qui ont eu lieu dans la culture avec la révolution numérique. Petit détour par la musique et le cinéma pour avoir des points de comparaison avant de s’attaquer au vif du sujet. J’ai trouvé ce livre vraiment très très complet et ça a été une très bonne surprise car j’ai découvert des choses intéressantes. Les journaux, les revues scientifiques, l’avenir des librairies, le livre numérique, le prêt en bibliothèque, les encyclopédies en ligne et les dictionnaires, la publication, l’auto-édition, l’impression à la demande, la numérisation des ouvrages… Ce n’est pas un essai très long mais il répondra à toutes vos questions, sources à l’appui. Avec des chiffres, avec des faits, avec des observations et une plume très accessible. Cet ouvrage est fait pour être lu par tous, même les non-initiés : la langue est simple, sans fioritures, les chapitres sont courts et efficaces. J’ai beaucoup aimé en apprendre plus sur cette problématique et, sans aucun doute, cette lecture était vraiment captivante.

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Merveille du numérique. L’accès à tout, tout de suite. L’immédiat, l’exhaustif. Des catalogues et des fonds d’une richesse inégalée. La mise à jour permanente. La démocratisation de l’accès. L’écriture de tous et l’écriture pour tous.

L’auteure pose des questions vraiment perspicaces, sans fermer aucune voie mais en nous montrant vers quoi tendent les mouvements actuels. Elle interroge sur l’avenir de la presse en ligne et ses moyens de financement, sur le rôle du blog et des clubs de lecture en ligne, sur le matériel propriétaire et les DRM, etc. J’aurais aimé parfois plus de précisions sur certains sujets – les e-books m’intriguent beaucoup – mais ça a été une très bonne voie d’entrée dans la question. Ce que j’ai surtout apprécié dans ce livre, c’est le fait qu’en n’omettant (apparemment) aucun secteur, il met en avant des domaines qui m’étaient peu connus et qui sont pourtant bouleversés par le numérique. Pas besoin d’être connaisseur : Françoise Benhamou prend le temps de nous expliquer sans pour autant nous ennuyer.

C’était une agréable lecture, une découverte très enrichissante. Si la question du Livre à l’heure du numérique vous intéresse, je vous invite vraiment à feuilleter cet essai.

Françoise Benhamou, Le Livre à l’heure du numérique, aux éditions du Seuil, 17€.

Les 110 règles d’or du management, de Richard Templar

Les romans s’enchaînent encore et encore sur ce blog, et pourtant je ne lis pas que ça. Histoire de changer un peu, je vais vous parler aujourd’hui d’un livre qui coûte trois fois rien et donne quelques conseils aux managers, patrons, responsable d’équipe ou de projet que vous êtes peut-être – ou que vous allez devenir. Place aux 110 règles d’or du management de Richard Templar.

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Tout d’abord, je trouve cette collection Poche Marabout très bien fait. Le papier est de qualité assez basse, l’édition souffre de quelques inattentions mais quand on voit le prix (6€50 dans le cas présent), c’est assez justifié. Ce sont des livres intéressants, à la portée de tous, et croyez-moi, vous aurez de quoi faire !

visuel_management_et_condition_de_travail_shutterstock_19Dans l’ouvrage qui nous intéresse aujourd’hui, l’auteur nous délivre ses conseils et ses retours d’expérience dans plus de 280 pages. La lecture est très agréable car Richard Templar rend son texte très vivant, avec des anecdotes, de l’oralité. On se sent très proche de lui – surtout quant il nous répète encore et toujours à quel point on est génial, à quel point on est de bons managers. Certaines règles sont vraiment des mines d’or, elles sont toujours simples à appliquer et ont toutes de l’intérêt. Mais elles sont très nombreuses à être assez évidentes… Il suffit juste d’avoir un peu de bon sens. Sans compter que certaines se rejoignent un peu, et la lecture peut donc vite devenir redondante ou ennuyeuse. Toutefois relire ces règles ne fait vraiment pas de mal et vous permettra peut-être de vous remettre en question. Richard Templar admet lui-même souvent que ses règles sont souvent évidentes et vous amène lui-même à vous questionner, très honnêtement, sur vos pratiques, votre mode de fonctionnement, votre façon d’agir.

Au-delà des règles, j’ai trouvé intéressant que l’auteur mette vraiment de son vécu, car ce genre d’ouvrage est trop souvent insipide : ici, on trouve enfin un peu d’humain, d’empirisme ! On voit que l’auteur connaît son sujet. Mais parfois, ça va trop loin : Richard Templar se fait passer pour un manager parfait, qui a toujours le bon comportement et ça devient très vite agaçant. Je pense que quelques exemples de ses gaffes en tant que manager (car il en a forcément faites), traités à la manière de « j’ai appris de mes erreurs, j’en ai tiré des enseignements » auraient été beaucoup plus efficace. De plus, son vécu est très centré sur les pratiques au Royaume-Uni ce qui peut un peu perdre le lecteur ou, en tout cas, ne pas l’intéresser.

Les 110 règles d’or du management n’est pas un indispensable, toutefois il ouvre la voie pour un prix tout doux et ses règles sont d’assez bon conseil.

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Richard Templar, Les 110 règles d’or du management, traduit par Valérie Gaillard avec la collaboration de Tina Calogirou, aux éditions Poche Marabout (vie pro), 6€50.