Madame Bovary, de Flaubert

madame-bovaryCela fait un long moment que je n’ai pas posté d’avis lecture ici. Il faut dire qu’avec les lectures internes du Prix du Jeune Écrivain, la reprise intensive du sport et un peu de fatigue (merci le changement d’heure)… je n’ai pas beaucoup lu. Un seul roman en mars ! Mais quel roman ! Un bon classique comme je les aime, que j’avais découvert en fac de lettres : Madame Bovary de Flaubert.

Emma, ah Emma… ! Emma vit dans ses romans, elle aimerait que sa vie soit aussi romanesque. Elle épouse donc ce médecin Charles, en espérant une vie faite de péripéties… Mais cette fille de paysan découvre que son nouveau mari est bien ennuyeux, même s’il est fou amoureux d’elle. Emma rêve d’une existence plus palpitante, moins provinciale. Les hommes, elle trouvera un échappatoire avec les hommes. Elle est belle, elle veut être amoureuse… l’adultère lui tend les bras. Emma est, à mes yeux, amoureuse de l’amour, ou plutôt amoureuse de la passion. Elle aime frémir de désir, elle aime vivre dangereusement, elle aime être aimée.

Je peux comprendre que ce livre ait choqué à sa sortie en 1857, la société était alors bien différente de la nôtre. Mais même aujourd’hui, je ne peux m’empêcher d’être agacée par l’héroïne. Elle ment, elle utilise les autres, elle blesse son entourage. Charles est pourtant un mari aimant qui ferait tout pour elle. Malgré ça, j’ai adoré suivre Emma dans sa vie, je me suis passionnée pour ses aventures, son quotidien même si j’aurais bien aimé lui faire la morale ! Les pages défilent vite et il y en a plus de 400 !

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Il faut dire que Flaubert est vraiment un romancier incroyable. Il a un sens de la formule qui en fait conteur hors pair. Des descriptions précises, des dialogues bien choisis, des personnages dessinés avec justesse, un rythme maîtrisé de bout en bout. On a beaucoup à apprendre de Flaubert : chaque mot est choisi avec précision et, même à notre époque, je trouve cette langue coulante, naturelle. J’ai redécouvert l’auteur à travers cette lecture et j’ai hâte de me mettre à lire ses correspondances – j’ai beaucoup entendu parlé de son ton mordant et sans détour !

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Je ne peux que vous encourager à (re)découvrir Madame Bovary et plus largement tous ces classiques de la langue française : de belles surprises vous attendent.

Du côté de chez Swann, de Marcel Proust

FC_Proust-Du cote.inddIl y a un auteur, un classique, que j’avais envie de découvrir depuis très longtemps. Je n’étais peut-être pas prête avant, mais en tant que lectrice, j’ai mûri depuiss. J’ai donc décidé, chaque été, de lire du Marcel Proust. Parce que je savais très bien que sa Recherche du Temps perdu est une œuvre que se déguste lentement. Pour moi, l’idéal est donc vraiment de lire un roman par an, au moment des grandes vacances, quand j’ai beaucoup de temps, peu d’obligations. Exceptionnellement, je me permets alors de lire plusieurs choses en même temps : Proust et d’autres romans plus actuels et expéditifs. Ainsi, j’ai eu l’occasion ces dernières semaines de tester cet équilibre très agréable entre des lectures addictives qui me permettaient en plus d’alimenter mon blog, et une découverte littéraire douce qui m’a accompagnée et bercée pendant tout l’été. Aujourd’hui, on va donc parler Du Côté de chez Swann, premier volet de la Recherche.

C’est un long roman – au bon sens du terme – qui se divise en trois parties : Combray (de très loin ma préférée), Un amour de Swann et Noms de pays : le nom (une partie très courte qui est la suite des deux autres et dont je ne vais pas parler). On rencontre tout d’abord notre narrateur, celui que l’on va suivre tout au long de la Recherche. Il est jeune et vit à Combray. C’est un enfant qui veut seulement que sa mère adorée l’embrasse le soir avant d’aller dormir. Il a des désirs simples mais tellement vrais. Il découvre la littérature, mais ce qu’il préfère surtout ce sont les promenades. Celle du côté de Méséglise est presque quotidienne. C’est par là que vit monsieur Swann, pour lequel le narrateur va avoir une sorte de fascination. De l’autre côté, on ne peut y aller que s’il fait très beau, car la ballade est beaucoup plus longue. Au bout de ce chemin vivent les Guermantes, symbole de la haute société que l’enfant voudra à tout prix intégrer plus tard. Dans la deuxième partie, on s’éloigne de la vie de notre narrateur pour rejoindre celle de ce fameux Swann. On découvre les salons de Combray, notamment celui de madame Verdurin où Swann passe du temps. Il a une aura mystérieuse, on dit qu’il côtoie les plus grands. Mais c’est pourtant dans ce salon assez modeste qu’il va rencontrer Odette. Et en tomber amoureux.

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Brouillon de Proust

Je ne vais pas en dire plus sur l’histoire car j’ai l’impression de rendre tout cela complètement inintéressant avec mes mots… Je suis loin d’être à la hauteur de Proust et retranscrire ce qu’on peut ressentir à la lecture d’une de ses œuvres est assez ardu. Quand on pense « style de Proust », on pense « phrases interminables ». Alors, oui, je ne vais pas nier qu’il y a des phrases très longues. Mais entre la majuscule du tout début et le point final, un monde s’ouvre à vous, rythmé par la ponctuation, les discours directs, les parenthèses… Cela n’est pas ennuyeux, le lecteur n’est pas perdu dans une marée de mots. Car Proust, même s’il est d’une douceur incroyable, vous emmène là où il veut. Il y a des digressions régulièrement, mais on ne lui en veut pas du tout, au contraire : on le suit dans cette barque qui vogue sur les mots. On s’attache fort aux personnages, sans même s’en rendre compte et connaître leurs vies, leurs habitudes, leurs mondes est passionnant.

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Si vous êtes un lecteur pressé, qui veut de l’efficacité, il serait facile de vous dire d’éviter Proust, car cela ne vous conviendrait pas. Mais personnellement, j’ai plutôt envie de vous encourager à essayer : persévérez pendant une cinquantaine de pages, histoire que Proust ait le temps de vous insuffler la tranquillité d’esprit propre à son style. Ce seront de vrais vacances pour vous, quittez cette urgence, cette boulimie de lecture, et prenez enfin le temps ! Laissez-vous bercer par la plume profonde et poétique de cet auteur. Rarement, j’ai vu une langue aussi belle. Dès les premiers mots, je savais que j’aimerais : ma première lecture depuis longtemps qui me fait dire « Ah mais oui, c’est vrai ! La langue française est sublime ! ».

[…] Un jour, ma mère, voyant que j’avais froid, me proposa de me faire prendre, contre mon habitude, un peu de thé. Je refusais d’abord, et, je ne sais pourquoi, me ravisai. Elle envoya chercher un de ces gâteaux courts et dodus appelés Petites Madeleines qui semblent avoir été moulés dans la valve rainurée d’une coquille de Saint-Jacques. Et bientôt, machinalement, accablé par la morne journée et la perspective d’un triste lendemain, je portais à mes lèvres une cuillerée de thé où j’avais laissé s’amollir un morceau de madeleine. Mais à l’instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d’extraordinaire en moi. Un plaisir délicieux m’avait envahi, isolé, sans la notion de sa cause. Il m’avait aussitôt rendu les vicissitudes de la vie indifférentes, ses désastres inoffensifs, sa brièveté illusoire, de la même façon qu’opère l’amour, en me remplissant d’une essence précieuse : ou plutôt cette essence n’était pas en moi. J’avais cessé de me sentir médiocre, contingent, mortel. D’où avait pu me venir cette puissante joie ? Je sentais qu’elle était liée au goût du thé et du gâteau, mais qu’elle le dépassait infiniment, ne devait pas être de même nature.

Je sais bien que je vous vends bien mal ce monument de la littérature. Je ne peux donc que vous conseiller, avec tout mon cœur, de découvrir cette œuvre incroyable.

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Marcel Proust, Du côté de chez Swann, aux éditions folio classique, 7€70.

Notre-Dame de Paris, de Victor Hugo (lecture commune de janvier 2017)

515grkugwzl-_sx298_bo1204203200_Le mois de janvier est terminé et avec lui la première lecture commune de l’année. Ou presque ! Je commence fort l’année en effet avec un abandon de lecture. Et quel abandon ! Puisque c’est un roman phare de mon auteur chouchou que j’ai laissé sur le bord de la route : Notre-Dame de Paris de Victor Hugo, un roman historique qu’on ne présente plus (et qui est quand même moins meugnon que le dessin animé de Disney).

Qu’est-ce que j’aime cet auteur ! J’apprécie autant l’écrivain (surtout le poète) que l’homme. Il a eu une vie tout à fait passionnante et a écrit des kilomètres. J’ai quand même lu pas mal de ses œuvres et je savais dans quoi je m’aventurais. Je me suis enquillé tous Les Misérables et pas en version abrégée, je connaissais donc le bonhomme et sa propension à digresser. Je croyais que j’aurais les épaules pour affronter la lecture commune du mois. Que nenni !

Il faut dire que j’étais sacrément occupée en janvier, et tracassée également. Les excuses pour ne pas lire étaient trop faciles à trouver. Je sortais de la lecture d’un gros pavé passionnant (dont je vous parlerai dans quelques jours) et je crois que j’étais à bout de souffle. Ré-enchainer sur un autre gros livre était une mauvaise idée.

Pour tout vous dire, je crains vraiment la panne de lecture. Donc au lieu de m’échiner à avancer dans ce roman, je préfère en abandonner la lecture. Je la reprendrais peut-être un jour ou – mieux – je lirai la version abrégée de Notre-Dame de Paris. Ma prochaine lecture de Hugo sera plus courte, sûrement des poèmes. Et ma prochaine lecture tout court sera contemporaine, rapide, agréable, histoire de me redonner envie et de ne pas retomber dans une panne de lecture de plusieurs mois comme j’ai pu connaître en 2016.

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Cela me peine d’autant plus d’à peine frôler les cent pages et pas plus que je n’ai rien contre cette histoire. C’est vrai que je connais déjà la fin et qu’historiquement ce n’est pas ma période préférée (Paris au Moyen Âge), mais les personnages me plaisaient, je commençais à bien me refaire au rythme de narration hugolien et je reprenais mes petites habitudes de sauter les digressions sans intérêt pour le récit. Hugo a énormément de talent pour retranscrire ce Paris que ni lui ni nous n’avons connu. Les personnages principaux sont présentés par le biais de Gringoire, un auteur sans le sou, et cette façon de les rencontrer est à la fois originale et efficace. J’aime Esmeralda, j’aime Phoebus, j’aime le narrateur. Les feux étaient dans le vert, mais je crois que j’étais découragé d’avance face à la longueur – langueur ? – de l’histoire. Il faut dire que Hugo aime prendre son temps et bien faire le boulot, c’est un perfectionniste.

Alors au lieu de me bloquer, j’arrête là les frais. Je suis déçue : mes abandons de lecture sont rarissimes et il faut que ça tombe sur la première lecture commune de l’année ! Mais qu’importe, je vais arrêter de culpabiliser pour me remettre tout de suite dans le bain. Après tout, la lecture de février est déjà lancée !

De son côté, Virginy du blog Des livres, des fils et un peu de farine voit plutôt ce roman comme un incontournable avec en fond un thème ici assez sombre : l’amour et l’impossibilité de le vivre. N’hésitez pas à aller voir son avis !

Victor Hugo, Notre-Dame de Paris, aux éditions Pocket, 4€70.

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Les Misérables, de Victor Hugo

Et voilà, une page se tourne dans ma vie de lectrice. J’ai lu Les Misérables de Victor Hugo. En entier. EN ENTIER les amis ! Dans mon édition Folio classique, cela représente deux tomes, 1800 pages cumulées, et c’est écrit tout petit… Fiou, quelle aventure, je peux dire que je ne m’en suis toujours pas relevée.

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Y a-t-il besoin de résumer l’histoire ? Parce que si la réponse est oui, ça risque d’être compliqué. Il y aurait tellement de choses à dire. Bon, je me lance. Le fil rouge de ce roman, c’est bien sûr Jean Valjean, un homme en rupture de ban qui vit sa vie caché, toujours menacé par Javert qui aimerait bien le mettre derrière les barreaux. Alors qu’il s’est recrée une vie (et il en aura plusieurs dans ce roman), il rencontre Fantine. Elle se meurt et le supplie d’aller chercher sa fille Cosette, qu’elle a placé dans l’horrible famille Thénardier. C’est ainsi que Jean Valjean va devenir le père adoptif de la petite. Puis l’enfant devient adolescente et commence alors un amour timide avec Marius. Mais une révolution naît dans les rues de Paris et Marius rejoint les barricades, où il rencontre entre autres le célèbre petit Gavroche. Et je vais m’arrêter là, histoire de ne pas tout vous dire non plus et vous laisser découvrir la fin. Sachez qu’il y a entre ces pages de multiples intrigues que je n’ai même pas effleurées et des dizaines de personnages qui valent le détour (Ah, Eponine…).

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Alors, Les Misérables, bien ou pas bien ? Ouh, qu’il est dur de répondre. Il est compliqué d’avoir un avis tranché sur la question concernant cette immense fresque que Victor Hugo a fini d’écrire alors qu’il était en exil à Guernesey. Globalement, j’ai été ravie de ma lecture.

Si je n’avais qu’un conseil à vous donner, c’est de lire petit à petit ce roman (il est divisé en parties, en livres, vous pouvez faire des pauses facilement), et je vous encourage presque à le découvrir avec une version abrégée. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il y a des chapitres de plusieurs dizaines de pages qui ne sont pas liés directement à l’action, à la narration. Ce sont des passages qui devaient sûrement avoir un autre retentissement à l’époque de Hugo (puisque c’est tout de même un pamphlet contre la misère cette œuvre-là). De même, aujourd’hui, on sait un peu près ce que sont des égouts et comment cela fonctionne, vous n’avez donc pas un besoin absolu de connaître sur le bout des doigts l’histoire des égouts de Paris et leur mode de fabrication (mais si vous le voulez, Hugo l’explique très bien). Je dois l’avouer, à partir du deuxième tome, j’ai sauté quelles pages de ce type qui ne faisaient pas avancer l’histoire.

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Mais j’ai une excellente raison pour cette entorse à mes règles de lecture habituelles (tout lire) : mon addiction aux personnages. Car la grande force des Misérables, c’est justement eux : ceux qui n’ont pas toujours de la chance, qui vivent très simplement voire dans la pauvreté, ceux qui se font avoir, ceux qui volent, ceux qui quémandent, ceux qui se révoltent, ceux qui cherchent l’espoir d’une vie meilleure, ceux qui aiment sincèrement et naïvement. Hugo a un talent incroyable pour croquer les personnages de tous ses romans mais ici, il y injecte une force, une vie qu’on ne retrouve nulle part ailleurs. Ces êtres de papier ont une âme, ils ont des rêves et des regrets. Ils grandissent et voient leur vie changer, en même temps que nous au rythme des pages qui se tournent. C’est une grande fresque que peint ici Victor Hugo avec un talent, non, un génie, indéniable. Tous les personnages ont des liens entre eux, il y des fils qui les relient de tous les côtés. Et ce qui est formidable dans tout cela, c’est que ces liens servent dans l’intrigue et qu’on s’y retrouve toujours.

Personnellement, j’ai n’ai pas vraiment aimé Cosette et Marius, mais Jean Valjean ou même Javert vers la fin m’ont complètement bluffée et accrochée. Et c’est pour ça, c’est grâce à ça que j’ai réussi à finir ma lecture avec plaisir.

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Car oui, on ne va pas se leurrer, la lecture des Misérables est très conséquente. Elle est destinée aux lecteurs de pavés et/ou aguerris. C’est un classique d’un autre siècle, mais il n’est toutefois pas si éloigné de nous. Alors oui, l’écriture n’est pas celle d’aujourd’hui, et Hugo nous spoile souvent avec ses titres de chapitres, mais je vous conjure d’essayer, vraiment. Car le style est tout à fait fluide et lisible. Les mots coulent d’eux-mêmes et les pages se tournent avec une certaine facilité. La force des personnages vous donnera envie de continuer votre progression dans l’œuvre. Je ne vous cache pas que dans un roman aussi grand, il y aura des passages qui vous plairont moins que d’autres : j’ai adoré la première partie jusqu’à l’enfance de Cosette, je me suis ennuyée pendant les barricades. Mais vous trouverez, je n’en doute pas, des pépites, des pages qui vous feront vibrer, pleurer, frissonner (si, si!). Je me suis vraiment attachée à ces personnages et j’en parle encore avec des vibratos dans la voix tellement j’ai eu de la peine à les quitter.

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Ce roman ne vous laissera pas indifférent, et je vous encourage à essayer cette lecture. Elle est si longue qu’elle constitue une sorte d’engagement, c’est sûr. C’est une aventure, une expérience, une immersion littéraire absolument hors-normes. Mais je pense qu’on tient là le meilleur du Hugo romancier en terme de personnages. Et si jamais la lecture de ce mastodonte vous effraie mais que l’histoire attise votre curiosité, je vous invite à visionner la très très bonne adaptation réalisée par Tom Hopper en 2012 sous forme de comédie musicale avec Hugh Jackman, Anne Hathaway, Amanda Seyfried, Russell Crowe…

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Les Misérables m’ont permis également de refaire un challenge : en l’occurrence le challenge Un pavé par mois du blog Des livres, des livres ! avec la lecture du tome 2 (887 pages).

La Princesse de Montpensier, de Madame de La Fayette

513so4bdpul-_sx302_bo1204203200_Ce mois-ci, ont commencé les lectures communes 2016 lancées sur le blog en début de mois (voir le principe ici). Et comme cela a commencé un peu tard (mon entière faute bien sûr), j’ai proposé la lecture d’une nouvelle : La Princesse de Montpensier de Madame de La Fayette. Vous ne lisez pas ce genre de littérature mais ce titre vous dit quelque chose ? C’est normal puisque cette histoire a été également adaptée en film en 2010 par Bertrand Tavernier avec Mélanie Thierry dans le rôle principal.

Sur fond de guerres de religion, au temps des rois et des reines, une jeune femme est mariée au Prince de Montpensier. Ce dernier est souvent absent : il combat pour son clan et ses convictions. Mais cela permet aux amours de naître et de revivre, et surtout aux amours interdites. Il y a tout d’abord le comte de Chabannes qui est follement épris de la princesse et lui déclare sans cesse son amour. Mais il a l’âge d’être son père et c’est même lui qui se charge de la transformer en vraie dame du monde. La jeune femme fait tout alors pour l’ignorer et le contraindre contre sa volonté à un rôle d’ami très cher. Elle le torture, s’en rend-elle compte ? Ce n’est pas tout : le futur roi de France, le duc d’Anjou, est lui aussi amoureux de la belle. Mais la Princesse de Montpensier n’a d’yeux que pour un seul homme, et il ne s’agit pas de son mari : c’est son ancien amant, toujours amoureux d’elle également, le duc de Guise. Quant à son mari justement, une féroce de jalousie ne peut être que la seule réponse possible.

Qu’est-ce qu’il y a après un triangle amoureux ? Polygone à 5 côtés ? Une princesse belle comme le jour, et quatre hommes du monde. Une sacrée histoire, qui a traversé le temps.

11_93sr5Madame de La Fayette a une plume qui vous fait remonter le temps comme si vous étiez, comme si vous en faisiez partie. Retour presque immédiat à l’époque de la chevalerie. Les histoire d’amour décidément ont lieu partout, en tous temps et sur tous les continents. Et les hautes sphères de la société de l’époque, dans leur prison de conventions, de mariages arrangés et d’épouses fidèles, sont presque le nid idéal pour que des situations de la sorte naissent. Avec notre point de vue d’aujourd’hui, il y a tellement de choses à redire sur cette nouvelle : il faudrait nous réexpliquer par le menu le contexte, on se pâmerait devant la naïveté et l’irréalisme des comportements ou des scènes décrites ici, on se taperait la tête contre les murs face à cette princesse si gnangnan.

Oui, MAIS. Mais il faut prendre cette nouvelle pour ce qu’elle est : un écrit de femme (signé sous un autre nom à l’époque) publié, qui prend en compte les mœurs clairement admises de son temps et a fait rêvé des milliers de femmes et d’hommes face à ces amours impossibles. Il ne faut pas se moraliser des questions d’égalité homme-femme, car ça n’a tout simplement que peu de sens dans le contexte de cette nouvelle. Pour ceux et celles qui ne seraient pas sensibles à mes arguments, je vous demande à présent de voir cette nouvelle comme une histoire d’amours passionnés. Car peu de plumes serait capable de raconter les affres, les tortures et les bonheurs de l’amour aussi bien que Madame de La Fayette. Il est indéniable que cette auteure a un talent particulier pour décrire la violence des émotions et créer des personnages plein de vie.

Alors il est vrai que sur un plan pratique, cette nouvelle est assez dense, et au début il faut prendre le temps de bien replacer chaque personnage. Mais une fois ce petit effort fait (et ce n’est pas grand-chose, la nouvelle ne fait qu’une trentaine de pages), vous vous régalerez à chaque dialogue et vous vous prendrez d’affection pour un personnage. Personnellement, j’avais du mal à supporter la princesse mais je comprenais le mari et je compatissais au sort de Chabannes.

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Je trouve que cette nouvelle est un parfait avant-goût de cette littérature de l’amour chevaleresque : je l’ai trouvé très accessible, divertissante et presque « moderne » par certains côtés. Alors, c’est sûr, je ne m’enfilerai pas des romans de ce genre et de cette époque par paquets de douze, mais ce petit livre a agréablement changé de mes lectures habituelles.

Madame de La Fayette, La Princesse de Montpensier, aux éditions Pocket, 1€55

L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea, de Romain Puértolas

Alors que je tapote frénétiquement sur mon clavier pour aligner mes 1667 mots du jour – NaNoWriMo oblige –, j’ai tout de même pris le temps d’écrire une petite chronique pour le blog. Je vais vous parler d’un livre qui a habillé les devantures des librairies et qui a fait le tour de la blogosphère il y a plusieurs semaines (oui, j’arrive encore en retard) : L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea de Romain Puértolas (et du lobby des titres à rallonge).

Petit résumé rapide : Ajatashatru est venu à Paris pour venir chercher un lit à clous, voyage financé par son village. Cet homme mi-fakir, mi-illusionniste n’a pas trouvé de meilleure idée que de dormir directement dans le magasin Ikea pour repartir tranquillou en Inde chez lui dès le lendemain matin. Sauf que, les choses ne se passent pas exactement comme prévu. Déjà, il se met à dos un conducteur de taxi gitan qui l’a mauvaise de s’être fait arnaqué de 100 euros, et surtout, Ajatashatru se retrouve coincé dans une armoire Ikea (fallait bien que ça arrive) jetée directement dans un camion. De là, une grande aventure commence, à la fois farfelue, décalée, riche en émotions et en rencontres, une aventure qui lui fera traverser plusieurs pays et dangers.

Ce livre est complètement barré. L’histoire part en cacahuète dès les premières pages et on se demande sous quelle drogue ce roman a été écrit. Un fakir qui fuit un gitan en Italie en montgolfière… mais bien sûr, mais c’est logique ! Bref, les aventures d’Ajatashatru sont tirées par les cheveux, mais cela c’est un parti pris, on n’a qu’à suivre le mouvement et voir ce qui se passe. L’avantage, c’est qu’on est constamment surpris. Cette histoire est très rafraîchissante et ça change des romans linéaires et peu étonnants qu’on peut lire le reste du temps.

Toutefois, j’ai eu beaucoup beaucoup de mal à aimer ce livre. Déjà parce que le personnage principal n’est pas humainement réaliste, ni attachant, et ne pas pouvoir aimer ce héros a enlevé énormément d’intérêt pour la suite de l’histoire. Mais surtout parce que l’écriture m’a hérissé le poil (mais c’est un avis très personnel, qui va sûrement à l’encontre de beaucoup d’autres opinions, hein, pas la peine de me sauter à la gorge). L’humour est artificiel, je n’ai ri à aucun moment. Les jeux de mots sur les noms des personnages sont lourds, cassent le rythme, et ont vraiment perturbé ma lecture. Mais plus profondément, c’est ce terrible décalage entre les magnifiques pages sur l’immigration et les migrants, et les situations trop ubuesques et sentant le papier mâché pour être un seul instant drôles qui m’a perdu.

Je ne sais vraiment vraiment pas quoi penser de ce livre. J’ai déjà lu d’autres romans décalés qui m’avaient amusé, étonné, enthousiasmé. Et ça a été le cas par moment ici, mais les nombreux autres moments où j’ai été mal à l’aise ou déçue contrebalancent tout cela. J’ai conscience d’être un peu dure dans cette chronique, je rappelle donc que c’est tout à fait subjectif et personnel. Je ne suis peut-être pas faite pour être lectrice de ce genre d’ouvrage et s’il a pu faire sourire d’autres personnes, c’est vraiment le principal. Il en faut pour tous les goûts, et rien que le fait d’écrire quelque chose d’aussi « hors normes » mérite d’être salué.

« S’il ne savait pas ce qu’il allait lui arriver dans les dix prochaines minutes, l’Indien était content d’être là. À cette heure-ci, il aurait du se trouver dans l’avion, de retour chez lui. Et aussi étrange que cela puisse paraître, cela ne lui manquait pas. Du moins maintenant, là, tou de suite, car le pression venait de retomber un peu. Il se dit qu’il était en train de faire un voyage incroyable et qu’il rencontrait des personnes merveilleuses. Il fallait profiter de cet élan de joie, car dans quelques instants il serait sûrement en train de se morfondre dans son lit, seul, en proie à la plus vive des dépressions, celle des exilés, des instables, celle des sédentaires qui se retrouvent parachutés loin de chez eux, qui ont le mal du pays, le manque dans les veines et qui n’ont plus aucune branche à laquelle s’accrocher. »

Romain Puértolas, L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea, aux éditions La Dilettante, 19€.

Les Travailleurs de la Mer, de Victor Hugo

Dans le cadre de ma préparation au NaNoWriMo 2015, je vis un marathon Victor Hugo personnel puisque je compte écrire sur cet illustre écrivain. Donc pour essayer de ne pas trop mal faire les choses, je lis beaucoup : des biographies, des documentaires, mais aussi des œuvres de Hugo bien sûr. Beaucoup sont passées entre mes mains et je ne les ai pas abordées sur le blog mais aujourd’hui je tiens à vous parler d’un de ces romans, pas le plus connu, pas le plus iconique non plus mais il représente une période de la vie de l’écrivain que j’apprécie plus particulièrement : son exil à Guernesey.

Les Travailleurs de la Mer raconte l’histoire de Guernesey et plus précisément de Gilliatt. Ce jeune homme un peu sauvage et solitaire est peut-être le meilleur marin de la Manche. Il s’est épris de Déruchette et quand il apprend que cette dernière se donnera en mariage à celui qui ramènera la machine à vapeur de son père, il accepte tout de suite. Mais le bateau s’est échoué dans un endroit terriblement dangereux et inaccessible…

« A force de grimper dans les rochers, d’escalader les escarpements, d’aller et de venir dans l’archipel par tous les temps, de manœuvrer la première embarcation venue, de se risquer jour et nuit dans les passes les plus difficiles, il était devenu, sans en tirer parti du reste, et pour sa fantaisie et son plaisir, un homme de mer surprenant. »

Vous vous en doutez, ce résumé ne résume rien puisque, comme à son habitude, Hugo nous fait découvrir plusieurs personnages, très différents les uns des autres, nous entraîne dans des situations extrêmes et étonnantes. C’est une grande fresque de ce « rocher d’hospitalité » que nous propose ici l’écrivain.

Ce que j’aime par dessus tout avec Victor Hugo, c’est ce sentiment de voyager en sécurité à ses côtés. Même si le parallèle peut sembler abusif, j’ai l’impression que c’est Père Castor qui me raconte les histoires de Guernesey, de Déruchette, de Gilliatt. Je suis emmenée d’un bout à l’autre de ce récit en classe affaire, sans être pressée. L’auteur répond à toutes les questions qu’on pourrait se poser avant même qu’elles nous viennent en tête. Alors oui, ce n’est pas un roman qui va à cent à l’heure, qui laisse grande latitude au lecteur, mais c’est aussi reposant de voguer sur les flots de la Manche sans avoir à manier le navire.

L’histoire m’a tenue en haleine même si on peut lui trouver quelques longueurs. J’avoue que je me suis complètement perdue et ennuyée lors des descriptions des bateaux et de leurs différents éléments. Mais les descriptions des paysages et de la mer m’ont transportées. C’est à double tranchant Victor Hugo, et je ressens ça pour presque tous ses romans : d’un côté il y a des passages interminables (en tout cas pour moi), de l’autre une intrigue que l’on veut finir de lire à tout prix pour en connaître tous les tenants et les aboutissants.

Les Travailleurs de la Mer, c’est une curiosité et un magnifique hommage. C’est un chemin atypique pour rencontrer Victor Hugo et rien que pour cela je vous le conseille. Il faut parfois s’accrocher le temps d’une poignée de page pour rentrer dans l’histoire mais une fois cela fait, vous ne voudrez plus lâcher ce roman. Bonne lecture !

Victor Hugo, Les Travailleurs de la Mer, folio classique (1197), 8€.

Un balcon sur l’Algérois, de Nimrod

Ouh, que j’ai honte ! Je ne poste que très rarement depuis plusieurs, je suis vraiment désolée. Mais je ne pense pas qu’il y aura une très nette amélioration jusqu’au NaNoWriMo car les recherches et lectures préparatoires pour ce dernier me prennent beaucoup de temps. Ceci dit, j’ai enfin fini de lire Un balcon sur l’Algérois de Nimrod.

Il faut savoir que Nimrod est un poète avant tout. Quand je l’ai rencontré, il animait justement un atelier d’écriture de poésie. Mais le livre dont je vais vous parler ici est pourtant un roman. Dans ses pages, on peut suivre le narrateur, un étudiant tchadien, qui est à Paris pour poursuivre ses études. Nous sommes dans les années soixante-dix, la ville est belle, aventureuse et invite à l’amour. C’est ainsi qu’il s’amourache de Jeanne-Sophie, sa directrice de mémoire, une femme à qui on ne peut pas dire non, une femme franche, entière, passionnée à qui on doit tout céder. Mais l’amour peut prendre feu, et c’est la cas dans cette relation. De peur d’être entièrement embrasé, il doit s’écarter d’elle.

J’ai mis beaucoup de temps à lire ce petit livre car, au-delà de mes occupations diverses et variées et même s’il se lit facilement (langage clair, phrases compréhensibles), j’estime qu’il faut prendre son temps pour le savourer. C’est un roman très très poétique qui explore le thème de l’amour, de l’attachement, des relations humaines, du corps et du lien au savoir et à la culture d’une façon très personnelle et « visuelle ». Le style est très imagé, beau, élégant mais pourtant très accessible et léger. C’est une vraie balade émotionnelle qui se raccroche à des éléments concrets, à des rencontres, à des faits quotidiens, et je trouve que cet équilibre est parfait.

Toutefois, je n’ai pas du tout eu le coup de foudre pour ce roman. Déjà, parce qu’il m’a surprise, je ne m’attendais pas à ça, et j’ai eu du mal à rentrer dans l’histoire. Le contexte ne me parle franchement pas et je ne me suis pas attachée une seule seconde aux personnages. J’ai eu l’impression que ce roman n’était pas écrit pour des lecteurs en fait. De plus, j’ai été un peu perdue dans la narration. Peut-être que je n’étais pas assez attentive ? Allez savoir.

Je ressors de cette lecture avec un sentiment mitigé. Oui, la langue est belle, mais je me suis sentie assez exclue de ce roman. Mais je pense que ce ressenti est vraiment subjectif, personnel. Je vous invite donc à vous faire votre propre opinion. Ce qui est certain, c’est que j’ai croisé ici une plume à part, très reconnaissable, que je relirai plus tard à l’occasion.

Nimrod, Un balcon sur l’Algérois, Actes Sud, 18€.

Ce qui est perdu, de Vincent Delecroix

J’ai lu un petit livre dont la narration est très étrange. Il s’agit de Ce qui est perdu de Vincent Delecroix. L’histoire est racontée par le narrateur et personnage principal, un jeune homme qui s’est à la fois plongé dans la rédaction d’une biographie de Kierkegaard et dans un certain aveuglement. En effet, il relève les yeux, voit son ouvrage encore loin d’être terminé et sa compagne partie. Il revient sur ces moments, sur ses émotions et sur cet événement qui était en fait assez prévisible. Cette sorte de récit qui s’adresse à celle qu’il a perdu fait preuve de nostalgie, de mélancolie, il lui dit sa douleur un peu rêveuse, son espoir qu’elle revienne. C’est un peu comme s’il se rendait compte qu’une illusion s’efface peu à peu. Au fil des pages, il lui arrive deux ou trois péripéties : il devient chauffeur de bus pour des touristes danois qui visitent Paris, il rencontre en vieux monsieur en vacances qui ne sort qu’avec son chat. C’est un peu près tout.

« Tu as mal choisi ton moment pour m’abandonner : j’aurais préféré que cette biographie fût achevée – mais l’aurait-elle été un jour ? Il m’arrive de penser que cet interminable travail aurait fait de moi une Shéhérazade qui t’aurait gardée près de moi tant que le point final n’aurait pas été apposé sur la dernière page. Écrire, continuer à écrire, sans relâche, pour que tu ne partes pas, raconter interminablement la vie de Kierkegaard qui pourtant n’a vécu que quarante-deux ans. Te maintenir éveillée, pour des années et des années encore. A y réfléchir, cependant, je ne sais même pas si, l’ayant compris, tu aurais adopté une attitude différente à mon égard. Car, ainsi que tu me l’avais dit au cours d’une nuit agitée, tu n’as jamais eu l’intention de venir à mon secours, ni de me fournir aucune aide – en quoi ton brusque départ a été en fait la conclusion logique de toute ta conduite à mon égard, la confirmation de ce tiède et inébranlable égoïsme qui caractérise ta façon de vivre. »

Le livre a un rythme assez doux, cassé par une narration très… je ne sais pas si c’est osé et audacieux ou bancal et artificiel. Elle m’a parfois agacée, m’a perdue et à d’autres moments, j’ai eu l’impression d’une narration très bien trouvée et utilisée. Notre héros en effet s’adresse dans le vide à son ancienne compagne, mais on s’aperçoit également qu’il s’adresse à son coiffeur Abel, aux clients du salon de coiffure, à son ami, à son frère, au vieux monsieur, à son père… C’est comme si on filmait plusieurs scènes où apparait le héros (dans un café avec son frère, puis chez son ami, puis dans un parc avec le vieux monsieur, puis au téléphone avec son père, etc.). On peut même visualiser ces scènes dans le roman. Une fois que vous avez ces images qui se succèdent, il suffit de rajouter le son : une sorte de monologue du héros sur ce qu’il vit en ce moment, relancé par les attentes et les répliques de ses interlocuteurs. C’est vraiment, vraiment particulier, il faut s’y faire. Heureusement, plus on tourne les pages et plus on quitte un style nébuleux et plaintif pour retrouver une intrigue plus rythmée et proche du réel, qui accroche plus le lecteur.

Ce n’était pas ma meilleur lecture de l’été, mais elle fut divertissante, sans trop de lourdeur et la fin, bien que convenue, est assez agréable. Je n’ai pas d’avis tranché pour une fois. A vous de tester à présent !

Vincent Delecroix, Ce qui est perdu, Folio (avec une couverture terriblement laide), 6€40.

La Délicatesse, de David Foenkinos

Je reviens après quinze jours d’absence, mais j’ai une bonne excuse : pendant deux semaines j’étais sur le champ de bataille pour mon travail qui organise en même temps un festival de théâtre/poésie/musique en plein air ET des ateliers d’écriture. Mon rôle était de courir partout pour régler les problèmes de secrétariat, de logistique et de comm’. Mais j’ai surtout joué les « mamans poules » pour les stagiaires qui ont dormi sur place. Et pour la première fois, j’ai eu la chance de participer à un atelier, cadeau d’un prix littéraire dont j’ai été lauréate il y a plusieurs mois. J’ai choisi de passer une semaine avec David Fauquemberg sur le thème « Face à la mer » et il faut dire que cela a été une vraie réussite. Je recommencerai avec plaisir !

Bref, retour sur le blog. Je suis en train de lire un immense roman de 800 pages sur le règne de Ptolémé II à Alexandrie, je le déguste à petites doses, mais pour ne pas trop vous faire attendre, je lis également des livres plus courts et efficaces en parallèle. Aujourd’hui, je vais vous parler de La Délicatesse de David Foenkinos ; je me doute que vous êtes plusieurs à l’avoir lu. Notre héros est une héroïne, Nathalie. On va la suivre tout au long du fil amoureux de sa vie. Du moment où il s’est rompu à la mort de son compagnon à celui où il se redresse, s’entortille. Nathalie ne s’attendait plus à grand-chose jusqu’au jour où. Je n’en dirais pas plus, disons seulement qu’elle a embrassé quelqu’un sans savoir pourquoi et que cela va lui réserver plus d’une surprise.

Il est difficile de retracer plus en détails l’histoire de Nathalie car j’aimerais vraiment garder la surprise pour ceux qui ne l’ont pas lu. J’avais beaucoup entendu parler de David Foenkinos et je suis très contente d’avoir enfin découvert son écriture. Son style est très visuel, un peu fataliste mais avec des notes d’espoir et d’humour. C’est très sensible, très pudique mais aussi très vrai et presque beau dans l’évocation des émotions pures, des sentiments naïfs. En me relisant, je me dis que je ne suis pas très claire, difficile de l’être, mais pour faire court : on ne s’ennuie à aucune page, on vit avec les personnages, on ressent ce qu’ils ressentent et on rêve avec eux. L’écriture nous emmène sans retenue et nous fait sourire. C’est une perle de sensibilité et de sincérité. Je dois avouer que je suis très admirative de ce style simple à lire mais multiples dans ses résultats, un beau roman comme on en lit rarement.

Je vous le conseille vraiment pour lire d’autres choses sur l’amour que ce que vous croisez habituellement.

David Foenkinos, La Délicatesse, aux éditions Gallimard, 16€