Stupeur et tremblements, d’Amélie Nothomb

 

J’ai retenté une expérience dont le premier résultat fut mitigé : lire Amélie Nothomb. Pour mettre toutes les chances de mon côté, j’ai choisi Stupeur et Tremblements, que l’on m’avait conseillé et dont le cadre nippon était censé renforcé mon plaisir de lecture.

Il s’agit d’une récit visiblement autobiographique, de la belge Amélie qui se rend travailler au Japon où elle a quelques attaches. Elle se fait embaucher dans une grande entreprise et se démarque par son teint européen. Elle va découvrir à ses dépens que l’univers des affaires dans ce petit pays est régie par une hiérarchie puissante et très marquée, qui ne respecte pas forcément la logique si cela peut aider à faire respecter chaque ligne de chaque petit règlement. Le respect inconsidéré – et l’admiration – sont presque des obligations pour tout employé qui doit considérer son entreprise comme sa famille, à qui il faut rester à sa place.

Mais avec des supérieurs pas très commodes, il est parfois difficile de rester à sa place, surtout quand on ne sait pas trop ce que l’on doit faire dans l’entreprise en question. C’est le cas d’Amélie qui d’un poste de bureau, passe à un temps de plein de photocopieuse pour finir de faire un travail parmi les plus dégradants et abaissant en comparaison de son CV. Ici, les compétences ne sont pas primordiales mais plutôt l’ancienneté et la ténacité.

C’est une peinture sans faux semblants de l’entreprise nippone, dans sa dureté et sa rigueur. Il faut quand même dire que l’héroïne n’a vraiment pas eu de chance pour être si mal traitée, mais je dois avouer que je ne l’ai pas trouvée si dégourdie non plus… Elle reste en extase devant sa chef à la beauté angélique, alors que celle-ci prend un malin plaisir à la harceler, elle ne renâcle pas à la tâche et fait semblant d’être déficiente mentale pour coller à l’étiquette que l’entreprise lui a donné. J’ai détesté cette Amélie-là, sans volonté, sans force, qui se paraît de belles réflexions et d’une fausse distance pour ne pas perdre la face. On met ce que l’on veut dernier les mots.

Le style est… ni bien, ni mal, parfois incohérent mais sans jamais valoir le détour. C’est une écriture du quotidien où les descriptions et le vocabulaire prennent le dessus sur une autre richesse de langue, plus belle, plus sublime, et donc plus difficile à manier. Vous comprenez facilement en me lisant que décidément, je n’accroche pas avec cette auteure. Mais je pense qu’il y a une part de subjectif dans tout ça, car ses romans ne sont pas mauvais pour autant (je préfère amplement la lire elle que de devoir parcourir un Musso). On doit lui reconnaître une facilité de lecture et de divertissement qui n’est pas donné à tout le monde.

Encore une fois, un bilan mitigé.

Amélie Nothomb, Stupeur et tremblements, Albin Michel, 13€60.

 

Les Combustibles, d’Amélie Nothomb

« Non, je crois que le moment est venu de rire de ces belles paroles. Et de brûler Kleinbettingen. Je vais vous dire : L’Honneur de l’horreur a été écrit par quelqu’un qui n’avait pas faim, et mon article d’il y a huit ans sur L’Honneur de l’horreur a été écrit par quelqu’un qui n’avait pas froid. Alors au feu ! »

J’ai lu mon premier Nothomb. Voilà, il fallait bien ça arrive un jour. Pour l’occasion, j’ai jeté mon dévolu sur un livre qu’on m’a conseillé : Les Combustibles. Je n’ai toujours pas compris pourquoi c’était classé dans romans, alors qu’il s’agit plutôt d’une pièce de théâtre, mais bon.

Nous sommes en tant de guerre, c’est la famine et l’hiver. Dans le salon d’un appartement, trois personnes se réunissent autour d’un poêle : deux étudiants – un couple – et un professeur. Il ne reste plus de mobilier à brûler, seule la bibliothèque est encore sur pieds. Une autodafé pour se réchauffer ? Il n’y a plus beaucoup d’autres choix. L’Université détruite, il faut à présent prendre la responsabilité de réduire en cendres quelques parcelles – peut-être les dernières – de culture. Dur choix à faire. Alors que la jeune femme serait prête à tout pour une once de chaleur, les discussions et les disputes s’enchaînent sur la vraie valeur des écrits et des auteurs. Qui vaut d’être jeté dans les flammes ?

Je n’ai pas été convaincue du tout par ce livre qui veut brasser des choses assez profondes mais ne fait que les effleurer en prenant un ton faussement dramatique. C’est de la copie de théâtre, c’est assez pathétique. Il y a de grandes phrases, de grands sentiments, de grands tourments mais on sent une plume pas du tout persuadée de ce qu’elle écrit. On a voulu imiter la complexité tragique et par moment ça fonctionne… malheureusement c’est loin d’être le cas de la plus grande partie du livre.

C’était bien parti pourtant : le sujet m’intéressait. Mais au fond, il n’a pas été abordé. Cela s’est résumé en « moi, j’aime parce que c’est beau » et c’est tout, pas d’autres arguments. De plus, on tombe dans des topoï vieux comme le monde, notamment en ce qui concerne les relations amoureuses et l’université un peu soixante-huitarde. Toutefois, les personnages rattrapent le coup car même s’ils constituent l’essence de ce livre un peu décevant – puisqu’il ne s’agit que de dialogues – leurs caractères sont bien tracés et très intéressants. Ils s’opposent et s’attirent, les relations entre eux sont parfois très intrigantes et bien travaillées.

Je ne pourrais pas dire grand chose de plus de ce livre très court qui m’a semblé un peu bâclé alors que l’idée de départ était excellente. Mon avis est très mitigé et je ne sais vraiment pas si je vais recommencer l’expérience Amélie Nothomb. Avez-vous lu d’autres livres d’elle que vous pourriez me conseiller ?

Amélie Nothomb, Les Combustibles, aux éditions Le Livre de Poche (13946), 4€10.