Jonathan Weakshield, d’Antoine Sénanque

Une fois n’est pas coutume, un article en retard, mais genre très en retard. Les éditions Grasset m’avaient gentiment envoyé le dernier livre d’Antoine Sénanque, Jonathan Weakshield. Mais ce n’est que plusieurs semaines après que je l’ai lu et que je le chronique…

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Cette histoire nous replonge dans le Londres d’un siècle passé. Celui d’Oscar Wilde et de Jack l’Eventreur. Jonathan Weakshield est un grand nom du banditisme, presque une légende. Aux côtés du Viking, il a fait la loi sur tous les gangs de la ville vers les années 1885. Puis il a disparu, envolé.

Quand plus de dix ans plus tard, ses empreintes réapparaissent sur une enveloppe destinée à une femme, les recherches commencent. Agents de Scotland Yard, journalistes… Tous veulent savoir. Mais pour cela, il faut remonter dans les souvenirs, dans le passé : la guerre des gangs pour le pouvoir sur Londres, le quartier du Seven Dials, mais aussi les femmes, les lieutenants. Faire reparler les morts et ceux qu’on croyait disparus.

Dit comme ça, on s’attend à une belle enquête, et c’est peut-être ça. Mais je suis passée complètement à côté de cette lecture. Je n’ai pas du tout accroché, même si je sentais qu’au fond il y avait un sacré potentiel dans les personnages. Mais je ne me suis pas du tout sentie impliquée dans ce roman, je confondais sans cesse les personnages secondaires ce qui m’a vraiment embrouillée. J’ai été perdue pendant toute ma lecture assez distante. Je n’étais sûrement pas assez attentive… Toutefois, j’ai apprécié revenir dans ce Londres fin XIXème, un décor que j’aime beaucoup.

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L’écriture d’Antoine Sénanque est très agréable, la narration est loin d’être inintéressante, c’est plutôt l’intrigue globale, sa construction qui m’ont posé un réel souci. Entre les souvenirs, les témoignages, la narration du présent, les flash-backs… je ne m’en sortais pas ! Sans compter sur cette fresque de personnages dont il aurait fallu faire une liste en début ou fin de roman….

Je vais avoir beaucoup de mal à en dire plus, car je ne sais pas quoi penser de ce roman. Il y a quelque chose à creuser, un bon fond.

Et vous, l’avez-vous lu ? Dites-moi tout !

Antoine Sénanque, Jonathan Weakshield, aux éditions Grasset, 20€

 

Salut Marie, d’Antoine Sénanque

« La Vierge m’est apparue le 1er avril 2008. La date était mal choisie. Je sais qu’humour et spiritualité sont pas toujours antagonistes mais sincèrement, j’aurais préféré le 31 mars.
Comme prévu, mes proches ont reçu la nouvelle comme un canular. Mon frère m’a précisé qu’il déjeunait le jour même avec sainte Thérèse. La conversation a tourné court.
Je l’ai vue. C’est vrai. »

On commence le récit in medias res. Tout de suite, on est mis face à ce fait : la Vierge, l’Immaculée Conception, la Mère de Jésus est apparue à Pierre ce jour d’avril 2008. Et ça ne pouvait pas tomber vraiment plus mal. Pierre pense que la femme sainte a parié sur le mauvais cheval. Veuf, la cinquantaine, vétérinaire, il est tout sauf spirituel. La raison, non, le rationalisme incarné. Evidemment, quand ces proches comprirent que ce n’était pas une simple farce, ils ont réagi : son frère l’a forcé à pratiquer des examens médicaux, à passer une IRM, sa famille l’a poussé à aller voire un psychiatre, ses amis lui ont conseillé de pousser la porte de l’Eglise pour éclaircir ses idées. Des solutions que Pierre va toutes tester car, quand même, il sait que c’est vraiment la Vierge qu’il a vu. Pas une hallucination mais bien une vision, une visitation. La grande question est « pourquoi ? ». Notre héros va essayer de comprendre pour quelles raisons c’est dans sa vie à lui qu’elle a débarqué. Surtout qu’elle n’avait aucune demande, elle n’a fait aucun geste. Non, elle est juste apparu.
Cette rencontre surprise va faire surgir en Pierre des tas de questions, pratiques, théologiques, spirituelles. Alors qu’il souhaite en vain que sa vie redevienne comme avant, clore cette aventure, il ne perçoit pas encore que cette visite aura bien eu quelque effet positif. Qu’il le veuille ou non, la vie de notre vétérinaire va changer.
Antoine Sénanque dans son livre Salut Marie (il était quand même temps de vous donner le titre !) évoque bien sûr la question de la religion mais c’est surtout la foi, la croyance en quelque chose de bénéfique et supérieur qui est le thème central du livre. La Vierge aurait aussi bien pu être Bouddha ou Mahomet, ça aurait été la même chose. Tout le livre tend vers une question finale, la question que cherchait Pierre et auquel il trouvera enfin une réponse. La question que toute religion, superstition, croyance pose.
Mais au-delà de ce thème trop sérieux, c’est l’écriture d’Antoine Sénanque qui tout de suite ressort de ce roman : une plume acérée qui ne manque ni de mordant ni d’ironie. Les personnages qu’il a choisi de nous exposer sont des êtres atypiques qui affrontent tous la vie d’une manière différente. On rentre dans ce petit cercle fermé que forme Pierre, sa famille et ses amis proches pour en toucher du doigt les relations parfois complexes qu’ils entretiennent entre eux, sans jamais se départir d’une pointe d’humour.
Salut Marie fait partie de la sélection pour le Prix Femina et on comprend pourquoi. Après avoir découvert cet auteur avec Blouse publié en 2004, Antoine Sénanque continue de nous réjouir de son écriture si fine et si jouissive pour nous offrir encore une fois un livre d’une redoutable efficacité, que vous pouvez retrouver chez Grasset.