A l’encre russe, de Tatiana de Rosnay

Je retrouve Tatiana de Rosnay, après ma lecture du Cœur d’une autre, il y a quelques temps déjà. Aujourd’hui, je vais vous parler de L’encre russe, qui a élu domicile dans ma bibliothèque depuis plusieurs mois et méritait d’en sortir.

L’histoire ne peut se résumer en une seule phrase. L’action se déroule dans un hôtel luxueux dans un lieu paradisiaque de la côte italienne. Nicolas Kolt, écrivain, y réside pour le week-end avec sa compagne Malvina. Il n’aime pas cette jeune fille comme il devrait l’aimer, mais ses sentiments se sont affadis depuis sa rupture avec son ex. Nicolas a trouvé le succès et la richesse grâce à son roman L’Enveloppe qui a battu tous les scores de ventes internationaux. Il y raconte un secret de famille, inspiré de sa propre histoire : son père, disparu en mer alors qu’il était enfant, avait en réalité des parents russes. Nicolas Duhamel, de son vrai nom, décide alors de choisir pour nom de plume, le patronyme (un peu raccourci au passage) de son père.

Le motif de ces vacances au bord de mer : écrire. Cela fait des mois qu’il doit écrire son deuxième roman, il ballade tout le monde en faisant croire que tout va bien, mais en réalité, il n’est plus capable d’écrire.

Rien que ça, l’impossibilité d’écrire, c’est un fichtrement bon sujet de roman, surtout avec un personnage comme Nicolas, qu’on déteste un peu, mais qu’on ne peut s’empêcher d’aimer tout de même. Mais c’est sans compter sur l’ingéniosité de Tatiana de Rosnay qui ne va pas s’arrêter là. La figure du père et des origines russes vont hanter notre personnage. Il se questionnera sur sa relation aux femmes, à son ex, à Malvina. Et les choses ne vont pas se passer comme prévu à l’hôtel. Bref, il y a de quoi faire, il y a de quoi lire. J’ai beaucoup apprécié la fresque de tous ces personnages – et ils sont plutôt nombreux – qui est détaillée sans nous embrouiller ou nous noyer pour autant. L’auteure manie avec facilité les flash-back pour nous permettre de visiter le passé du héros, sans même s’en rendre compte. Les allers-retours entre le passé et le présent sont partout mais ne posent aucun problème de lecture.

Il est très dur de dire tout ce que j’ai ressenti à cette lecture. Tout d’abord, du divertissement ! J’ai passé un très bon moment, et j’ai été happée par l’histoire en moins de dix pages. De l’intérêt et de l’attachement aussi, de la curiosité pour tous ces personnages secondaires plein de vie. De l’attirance et de l’agacement pour le héros, l’auteure sait très bien jouer avec nos sentiments !

L’écriture de Tatiana de Rosnay est en même temps simple et élaborée. Elle va beaucoup plus loin qu’une narration lambda, mais à aucun moment la lecture ne se fait heurtée ou difficile. On voit que l’auteure pense à ses lecteurs, et cela fait vraiment plaisir !

Bref, j’ai passé une belle lecture en compagnie de Nicolas Kolt (qui a un compte Twitter d’ailleurs!) et je ne peux que vous conseiller d’en faire autant.

Tatiana de Rosnay, A l’encre russe, Le Livre de Poche (33301), 7€60.

Sous les couvertures, de Bertrand Guillot

De retour après le NaNoWriMo (il faudra que je vous raconte ça) et une angine du tonnerre, je profite d’un moment de libre (ce qui se fait rare en ce moment) pour enfin partager avec vous ma chronique pour les matchs de la rentrée littéraire de Price Minister.

Le livre en question : il s’agit de Sous les couvertures de Bertrand Guillot à la maison d’édition rue fromentin. Je ne connais ni l’auteur ni l’éditeur mais j’ai le goût de la découverte il faut croire. Le livre est très élégant que ce soit l’image qui illustre la couverture ou le texte de la quatrième, mais aussi l’intérieur : qualité du papier, gris typographique, etc. Bref, un bel ouvrage qui donne déjà envie de lire mais le meilleur, c’est le sujet de ce roman : un livre qui parle de livres.

Plus particulièrement, un livre dont l’action a lieu dans une petite librairie de quartier où les ouvrages attendent que les derniers clients s’en aillent et que le store soit baissé pour prendre vie. Oui, un peu comme dans le film Une nuit au musée, mais là, le gardien des lieux – autrement dit : le libraire – n’est au courant de rien. Sous les couvertures, prennent vie des personnalités encrées, des destins romanesques, des voix de personnages, des styles d’auteurs. Les classiques qui ont tout vu, l’académicien qui entend bien imposer son avis, la fougue des premiers romans… Tout ce petit monde passe ses journées à séduire au mieux les potentiels lecteurs et ses nuits à discuter. Un sujet empoisonne toutes leurs conversations mais aussi leur vie au quotidien, une peur insidieuse et un risque bien présent : l’arrivée des nouveautés et donc le départ pour une destination funeste de ceux qui n’ont pas trouvé preneur depuis trop longtemps…

Les romans du fond en ont assez et veulent renverser ce système tyrannique de l’horreur. Ils visent la table bien présentée près de l’entrée. Mais pour cela, il faudra se battre avec les best-sellers. Une révolution au pays des livres qui ne met pas tout le monde d’accord mais qui représente à coup sûr un tournant dans l’histoire de cette librairie.

Comment j’ai trouvé ce livre ? Délicieusement bon. J’ai ralenti au maximum ma lecture pour le faire durer. Le thème du roman en soi est inventif, original et donne une autre vision fantastique des coulisses d’une librairie. Il permet de mettre en avant ce turn-over perpétuel et sans pitié qui a lieu dans le monde des livres mais traite cela d’une façon merveilleuse. Avec humour, l’auteur a donné à chaque ouvrage une personnalité qui est le mélange entre la manière dont il a été écrit, le style et l’humeur de son auteur, le sujet qu’il aborde et le ton utilisé pour cela. Les personnages sont vraiment attachants et ont suit avec bonne humeur, enthousiasme leurs péripéties, leurs prises de décisions, leurs altercations.

L’histoire, l’intrigue est un vrai bonheur mais il faut rajouter à cela le plaisir évident que prend l’auteur Bertrand Guillot dans l’écriture. Son style est fluide et prenant, son écriture est pleine de clins d’oeil et de jeux de mots vraiment savoureux. C’est un réel plaisir de lecture.

Sincèrement, je ne trouve rien d’autre à rajouter à propos de cet ouvrage. Je lui donne la note de 5 sur 5 et en faisant cela, je suis honnête avec moi-même et avec vous : c’est un vrai, VRAI coup de cœur.

Bertrand Guillot, Sous les couvertures, rue fromentin, 16€.