La cote 400, de Sophie Divry

Désolée pour mon absence, en ce moment je suis malade ET en voyage ET débordée avec notamment le NaNoWriMo dont j’essaierais de vous reparler cette semaine.

Au détour du catalogue de ma médiathèque, j’ai croisé ce coup de cœur de l’équipe du pôle Littérature, un petit livre tout mince, une première publication pour l’auteure Sophie Divry : La cote 400. Avec un nom pareil, vous doutez bien qu’on va être immergé dans une bibliothèque. Gagné !

Sophie Divry nous livre ici le monologue d’une bibliothécaire qui n’est plus de toute première jeunesse. Alors qu’elle arrive dans son rayon géographie dont elle a la garde, elle découvre qu’un des usagers a passé la nuit ici. Elle en profite pour lui déverser ce qu’elle a sur le cœur avant que l’établissement n’ouvre ses portes au public.

D’abord, il y a ce système de classification internationale que l’on doit à Dewey, un type vraiment malin et rusé qui a réussi à classer tout notre savoir avec des chiffres : une structure indestructible qui fait la part belle à l’Histoire, à la littérature, mais délaisse le rayon géographie. Puis, il y a cet espace mal éclairé, au sous-sol sans fenêtre, où elle passe ses semaines à ranger les livres de travers. Une vraie tombe. Heureusement, il y a ce chercheur en histoire qui passe tout son temps libre à venir travailler juste à cette table, là. Ah, quelle nuque, si seulement elle osait…

Elle n’était pas prédestinée à ça, elle, elle voulait être professeure, mais elle a raté la certification. Résultat, elle se retrouve seule à son bureau où personne ne vient lui demander un renseignement, à se moquer des pimbêches du rez-de-chaussée et à râler sur tous ces gens qui ne viennent que pour les BD et les DVD.

Il n’y a pas de pause dans ce court texte, aucun retour à la ligne, paragraphe distinct, juste la voix de cette bibliothécaire esseulée qui garde sa rancoeur pour elle. Je n’ai pas encore décidé ou non si je trouvais ce personnage sympathique : après tout, je suis pour la démocratisation de la culture pour tous, y compris musique, cinéma et tous les genres littéraires. Je l’ai trouvé un peu conservatrice sur les bords mais surtout assez geignarde. Toutefois, elle sait parler, elle est très cultivée et assez captivante je dois avouer.

J’ai appris beaucoup de choses sur le classement Dewey, et vu que je travaille un peu en médiathèque, ça m’a vraiment intéressée. Mais la narratrice évoque des dizaines d’autres sujets qui élargissent la culture générale du lecteur de façon très agréable. Par contre, ce livre ne reflète pas la réalité des bibliothèques qui ont une volonté d’ouverture, de diversité, de découverte culturelle. Après tout, l’héroïne travaille dans une bibliothèque communale, au service des usagers, et non une bibliothèque du patrimoine chargée de sauvegarder notre savoir (mais aussi de le diffuser!). J’ai trouvé cela vraiment réducteur de râler contre ses ados qui mettent le bazar rayon manga – bon, pour le vivre, je ne peux pas nier leurs existences mais tout ne se résume pas ça !

Je suis très partagée concernant ce livre car il est magnifiquement bien écrit et dosé, on ne s’ennuie pas une minute et on suit très facilement la pensée de la narratrice, même si on passe souvent du coq à l’âne sans s’en rendre compte. Sur le style, il n’y a rien à dire, c’est vraiment admirable pour un premier roman, mais aussi osé – un monologue quand même ! De plus, j’ai adoré être plongé dans la tête d’une bibliothécaire et d’avoir affaire à un livre se passant dans ce cadre qui m’est cher, ça a vraiment été jubilatoire.

J’ai passé un excellent moment de lecture avec ce petit livre, même si parfois la vision des bibliothèques qu’a le personnage principal m’a un peu refroidie. Toutefois, je vous le conseille !

Sophie Divry, La cote 400, publié dans la très bonne maison d’édition Les Allusifs, 11€.

Le Caveau de famille, de Katarina Mazetti

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En recherchant un article sur mon blog, je me suis vraiment étonnée de ne pas y trouver une chronique du Mec de la tombe d’à côté de Katarina Mazetti. Sûrement parce que la lecture de ce roman, qui nous dévoile l’amour complexe entre la bibliothécaire Désirée et l’agriculteur Benny, remonte à avant la création de ce blog. Sa lecture m’a laissé une impression si forte que je me souviens encore de chaque fait, de chaque péripétie de ce livre si beau, si émouvant, si vrai. C’est donc tout naturellement qu’en croisant sa suite, Le Caveau de famille, dans ma médiathèque, je me suis précipitée sur celui-ci.

En recherchant un article sur mon blog, je me suis vraiment étonnée de ne pas y trouver une chronique du Mec de la tombe d’à côté de Katarina Mazetti. Sûrement parce que la lecture de ce roman, qui nous dévoile l’amour complexe entre la bibliothécaire Désirée et l’agriculteur Benny, remonte à avant la création de ce blog. Sa lecture m’a laissé une impression si forte que je me souviens encore de chaque fait, de chaque péripétie de ce livre si beau, si émouvant, si vrai. C’est donc tout naturellement qu’en croisant sa suite, Le Caveau de famille, dans ma médiathèque, je me suis précipitée sur celui-ci.

En recherchant un article sur mon blog, je me suis vraiment étonnée de ne pas y trouver une chronique du Mec de la tombe d’à côté de Katarina Mazetti. Sûrement parce que la lecture de ce roman, qui nous dévoile l’amour complexe entre la bibliothécaire Désirée et l’agriculteur Benny, remonte à avant la création de ce blog. Sa lecture m’a laissé une impression si forte que je me souviens encore de chaque fait, de chaque péripétie de ce livre si beau, si émouvant, si vrai. C’est donc tout naturellement qu’en croisant sa suite, Le Caveau de famille, dans ma médiathèque, je me suis précipitée sur celui-ci.

En recherchant un article sur mon blog, je me suis vraiment étonnée de ne pas y trouver une chronique du Mec de la tombe d’à côté de Katarina Mazetti. Sûrement parce que la lecture de ce roman, qui nous dévoile l’amour complexe entre la bibliothécaire Désirée et l’agriculteur Benny, remonte à avant la création de ce blog. Sa lecture m’a laissé une impression si forte que je me souviens encore de chaque fait, de chaque péripétie de ce livre si beau, si émouvant, si vrai. C’est donc tout naturellement qu’en croisant sa suite, Le Caveau de famille, dans ma médiathèque, je me suis précipitée sur celui-ci.

Ce n’est pas un compte de fée des temps modernes même si Désirée peut passer pour une princesse (belle, intelligente, soignée) et Benny pour la grenouille (bouseux, en apparence inculte, pafois rustre et vieux jeu). La vie n’a pas été douce pour l’amour de ces deux personnes. Elle les a malmenés, eux ont parfois été faibles, bref, ils n’ont rien des héros des dessins animés de Walt Disney. Ce sont des personnages qui sont ancrés dans notre réalité, leur existence n’est pas palpitante mais elle peut refléter la nôtre et c’est une des raisons qui fait qu’on ne peut pas lâcher les livres de Katarina Mazetti. L’auteure sait manier ce doux et dangereux suspens des sentiments amoureux, elle nous tient avec de l’émotion et de la vérité. Son écriture intelligente a l’air tellement facile, même s’il n’en est rien, qu’elle nous désarme. C’est un bonheur de la lire : au fil des pages, savoir ce qui va se passer pour Désirée et Benny devient un besoin. Une oeuvre à lire de toute urgence.

Je me suis réveillée avec l’odeur de Benny sur l’oreiller. De savon, avec quelques touches de foin, d’huile de moteur et de café, et de la bouse de vache en note de tête. Pour paraphraser les pubs de parfums.

Ce jour-là était tellement étrange. Comme si j’étais sortie de ma vie et m’étais postée un peu plus loin. Mes pensées n’étaient que des griffonnages dans la marge, je faisais en quelque sorte l’école buissonnière loin de mon existence toute tracée, prévisible et somme toute assez agréable.

Katarina Mazetti, Le Caveau de famille (suite du Mec de la tombe d’à côté), aux éditions Actes Sud (Babel, poche 1137), 8€.

La Bibliothécaire, de Gudule

C’est grâce à Gudule (aka Anna Guduël) que j’ai connu mon premier coup de coeur littéraire. Quelque chose de vraiment violent et inoubliable : La Vie à reculons m’a fait comprendre que la littérature ne se résumait pas à raconter des histoires. Elle change le monde, elle change notre âme. Elle peut être puissante. Même (et peut-être surtout) quand il s’agit de littérature jeunesse. Gudule est une artiste prolifique, journaliste, écrivaine adulte et jeunesse : nouvelles, récits, romans, policier, fantastique… Elle est passée par beaucoup de chose mais je ne connais d’elle que son oeuvre pour enfant.

Une des mes amies a également eu le même déclic grâce à cette auteur, ou en tout cas un véritable coup de coeur. Après m’être fait maintes fois répéter « Mais lis-le, tu verras celui-là aussi il est trooooop bien », j’ai cédé et acheté La Bibliothécaire. Et hop ! au détour d’une livraison de mangas : trouvez l’intrus. Et je me suis tout de suite plongée dans cette délicieuse lecture.

Guillaume, collégien, a bien du mal à tenir éveillé en cours. Et pour cause ! Chaque soir, il observe dans l’immeuble en face de chez lui, une vieille dame qui écrit jusqu’à tard. Car dès que celle-ci a fini et éteint sa lumière, une jeune fille sort de l’immeuble. Obnubilé par la vision de la demoiselle, il décide de la poursuivre un jour (enfin, une nuit…). Après une rencontre mouvementée, il apprend qu’elle s’appelle Ida, elle est la vieille dame ou plutôt un fantasme de celle-ci. Ida est à la recherche d’un grimoire, indispensable pour devenir écrivain. Mais il lui reste peu de temps, elle est déjà âgée de quatre-vingt quatre ans… Et en effet, le lendemain, Guillaume apprend que la vieille dame est morte dans la nuit. « En Guillaume, c’est le vide intersidéral, avec ses météores, ses planètes tourbillonnantes, ses explosions cosmiques. Et ses trous noirs, ses trous noirs surtout : effroyables grouffres de néant. » Désespéré de ne plus voir Ida, il fait par de son désespoir à Doudou, son meilleur ami qui lui conseille alors d’écrire pour la faire revivre. Il s’attelle alors à la tâche et surgit Idda, jeune fille monstrueuse, les bras à la place des jambes, les yeux agités dans tous les sens… Guillaume n’avait pas pensé que sa mauvaise orthographe, l’absence de ponctuation ou encore un style mal construit pouvait avoir de telles conséquences ! Bon en français, Doudou essaie alors à son tour et apparaît Adi qui est à son image : noire de peau, le rythme comme credo. C’est maintenant à Guillaume de chercher le grimoire pour devenir écrivain et faire revivre la vraie Ida. S’ensuit alors un voyage fantastique dans le monde des livres. On y croise Alice (au pays des merveilles), Poil de Carotte, le Petit Prince ou encore Rimbaud… Des classiques que les enfants revisitent, étonnés et ballotés d’un univers à l’autre. La littérature et la langue prennent alors tout leur sens pour ces jeunes.

L’écriture de Gudule rebondit à chaque phrase. Elle a toujours le bon mot, touchant et poétique. Elle sait nous faire voyager et sa balade initiatique dans les livres nous fait revivre avec délice nos anciens cours de français. En plus d’inculquer l’importance d’un bon style, d’une bonne orthographe, sans quoi une bonne compréhension peut être gâchée, à des collégiens de plus en plus mauvais en français (malheureusement, c’est un fait), La Bibliothécaire est surtout un roman jeunesse qui remplit complètement son rôle de divertissement. Une pointe de fantastique, juste ce qu’il faut d’aventure, ce livre est fait pour plaire à tous, petits ou grands. Au début, je me demandais où toutes ces petites péripéties allaient nous mener : on ne voit pas de réel fil conducteur, la vieille dame est une excuse pour le grand périple littéraire. D’un côté, je m’en serais passé, de l’autre, ça entretient la magie. Mais après une vingtaine de page, la réelle histoire commence, et là, les lignes défilent à une vitesse folle ! Le livre se dévore très vite.

Une petite gourmandise de détente et de plaisir, où on se laisse bercer pour retomber en enfance !