Did I Mention I Miss You ? (tome 3), d’Estelle Maskame

Et voilà, je viens de finir la saga d’Estelle Maskame autour du couple Eden/Tyler, demi-frère et demi-sœur par alliance (pas de chance pour eux), avec le dernier tome : Did I Mention I Miss You? Attention, je vais spoiler les deux premiers tomes (un petit peu) dans cet article donc vous êtes prévenus. Ceci dit, ça reste une romance young-adult assez basique, pas de grosses surprises à l’horizon non plus.

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Eden et Tyler dans le tome précédent avaient fini par se mettre en couple et par l’avouer à leurs familles. L’accueil du côté du père d’Eden – qui est donc le mari de la mère de Tyler, vous suivez ? – n’a pas été des plus chaleureux… Leur relation choque et dégoûte pas mal de monde. Ça fait trop pour Tyler, il a déjà son passé à se traîner : il décide donc de partir. Il laisse seul Eden à Santa Monica. On la retrouve un an plus tard, pleine d’amertume et de colère envers Tyler qui l’a tout simplement abandonnée. Mais ce dernier revient dans la vie de tous. Ella, sa mère, qui voit sa famille partir en lambeaux, décident d’emmener tout le monde en week-end à Sacramento.

Tout ce passe comme vous l’imaginez entre Eden et Tyler, honnêtement rien de neuf pour une romance. Il y a toujours cette avalanche de bons sentiments, et Tyler qui a changé, qui est devenu quelqu’un d’incroyable et bla et bla.

Heureusement, je suis très attachée à ses personnages, j’ai donc pris du plaisir à les suivre jusqu’au bout. Ce qui est intéressant dans cette saga, c’est la place de la famille dans l’histoire et les relations des personnages principaux avec la leur. Il faut dire qu’il y a de quoi faire, entre les relations aimantes, les relations inexistantes, les relations belliqueuses… Ce point de vue est très intéressant et j’ai apprécié retrouver autant de profondeur dans ce genre de lecture que j’ai choisi uniquement car elle est divertissante.

C’est un roman qui se lit vite et comme les autres tomes, on ne s’ennuie pas, tout s’enchaîne très vite. Mais à l’inverse des deux opus précédents où chaque intrigue se fixait dans une ville, ici on passe beaucoup de temps en voiture et en hôtel, entre Sacramento, Santa Monica et Portland. L’histoire est éclatée, faisant ressurgir des vestiges des autres tomes. J’ai l’impression que l’auteure s’est un peu laissée envahir par son histoire. Les lieux de l’intrigue sont trop éparpillés, il aurait fallu à mes yeux qu’on se focalise vraiment plus sur la ville de Portland que j’ai appris à aimer comme Eden et Tyler. Ce tome dégouline un peu trop de bons sentiments, mais il y a un beau travail sur le thème des tensions familiales et du pardon. On peut vraiment dire que la qualité est inégale sur tous les plans !

Je suis très heureuse cependant d’avoir fini cette saga que j’ai vraiment apprécié de bout en bout malgré ses imperfections et son manque de maturité. Je vous la conseille si vous recherchez une romance ado qui vous transportera aux États-Unis.

Estelle Maskame, Did I Mention I Miss You ?, traduit de l’anglais par Maud Ortalda, aux éditions Pocket Jeunesse, 16€90.

Les raisins de la colère, de John Steinbeck (lecture commune d’octobre 2017)

cvt_les-raisins-de-la-colere_1811La vie ne nous laisse pas toujours le choix. J’ai été peu présente sur le blog depuis le début du mois, c’est comme ça, j’ai pris du temps pour moi. Et je suis certaine que vous pouvez comprendre cela. Rajoutez à cela un peu de culpabilité car j’ai mis un temps interminable à finir la lecture commune du mois dernier. Très sincèrement, je n’aurais jamais pensé me lancer dans la lecture d’un tel pavé. J’ai fait l’erreur de croire que ce roman pouvait se lire en un petit mois, alors qu’en réalité il s’agit d’une histoire fleuve qui demande plusieurs semaines pour être dégustée et digérée.

Les raisins de la colère est un des livres les plus célèbres de John Steinbeck, le prix Nobel de la littérature 1962. On y suit la famille Joad : Tom qui revient de prison, Pa et Man, les petits Ruthie et Winfield, Rosasharn enceinte et j’en passe. Comme des milliers de familles de l’Oklahoma, ils vivaient de la terre, de leur moisson, de leur récolte. Mais la roue tourne. Alors on les a chassé de leurs terres, comme ça. La Banque, c’est elle qui a décidé ça. On leur a dit de partir, que ce champ serait à présent cultivé avec un tracteur et un homme suffit à faire tout ça. On n’a plus de travail pour vous ici, au revoir.

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Avec les moyens du bords, avec quelques dollars qui sont toutes leurs richesses, avec de la débrouillardise, la famille Joad s’en va sur la route. Un long, très long périple qui fatigue les corps, les encrasse de poussière. Un voyage interminable où la famille a faim, où elle prie chaque kilomètres pour que le camion tienne encore. Des nuits et des nuits dans des campements de fortune à en croiser d’autres, des comme eux, des Okies. Petit à petit, les bruits courent que l’El Dorado vers lequel ils se précipitent n’est finalement pas si parfait. En effet, comme tous les autres, les Joad se dirigent vers la Californie, pour cueillir des oranges et du coton. On dit qu’il y a là-bas du travail pour tout le monde. Mais la réalité…

Les voitures des émigrants surgissaient en rampant des chemins de traverse, regagnaient l’autostrade et reprenaient la grande voie des migrations, la route de l’Ouest. A l’aube, elles détalaient, pareilles à des punaises ; dès la tombée du jour, surprises par l’obscurité, elles se rassemblaient et venaient grouiller autour d’un abri ou d’un point d’eau. Et parce qu’ils se sentaient perdus et désemparés, parce qu’ils venaient tous d’un coin où régnaient la désolation et les soucis, où ils avaient subi l’humiliation de la défaite, et parce qu’ils s’en allaient tous vers un pays nouveau et mystérieux, instinctivement, les émigrants se groupaient, se parlaient, partageaient leur vie, leur nourriture et tout ce qu’ils attendaient de la terre nouvelle…

J’ai beaucoup aimé cette famille. Je me suis attachée à chacun de ses membres qu’on apprend à connaître à travers ses actes. Ils sont courageux, ils sont curieux et généreux. Ils ne baissent pas les bras malgré les difficultés énormes qu’ils traversent et je dois dire que ça fait relativiser.

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Ce sont plus de 600 pages d’une aventure humaine incroyable que nous offre là Steinbeck. J’aurais pensé qu’à un moment il y aurait des longueurs ou de l’ennui. Mais personnellement j‘ai passionnément aimé ce livre. Il faut prendre le temps de le lire, prendre même une année s’il le faut, c’est tout à fait raisonnable. On y croit, on y est, on partage pleinement ces moments avec la famille Joad. On sent les Okies qui discutent de plus en plus, on sent l’incompréhension monter. C’est là où le titre de ce roman prend tous son sens. L’écriture de Steinbeck est incroyablement maîtrisée, ces personnages sont complètement incarnés. Rarement j’ai été autant plongée dans une histoire, et pourtant ce n’est absolument pas le genre de récit vers lequel je suis portée ! Et je ne regrette absolument pas d’avoir franchi le pas !

Et vous, avez-vous déjà tenté du Steinbeck ? Qu’en avez-vous pensé ?

Vous pouvez également aller voir l’avis de Virginy sur Des souris et des hommes du même auteur.

John Steinbeck, Les raisins de la colère, traduit brillamment de l’américain par Marcel Duhamel et M.-E. Coindreau, aux éditions folio, 9€10.