Chanson française, de Sophie Létourneau

Je vais vous parler d’un petit roman québécois, parce que j’adore les maisons d’éditions québécoises  et leur littérature-monde, mais bizarrement, je vous fais rarement partager ce plaisir. Pourtant, j’ai l’occasion d’en lire, surtout depuis que je suis lectrice pour le comité français du Prix des Cinq Continents impulsé par l’Organisation internationale de la Francophonie. Donc pour commencer ce petit challenge personnel d’article pro-québécois, commençons par Chanson française de Sophie Létourneau de cette maison d’édition que j’adore mais que j’ai trop rarement l’occasion de rencontrer au cours de mes lectures : Le Quartanier.

 

Nous sommes au Canada. Un Français, Christophe Keller croise une Québécoise, Béatrice Chevreau. A Montréal l’amour naît. Mais Béatrice veut plus de France, et cette enseignante s’engage pour un échange d’un an à Paris. Un malentendu, une dispute l’éloigne de celui avec qui elle voulait partager sa vie, situation d’autant plus triste que c’était également la volonté de Christophe. Peur de l’engagement, distance et découverte, sa vie parisienne lui réserve quelques surprises, des rencontres, enfin une rencontre surtout, avec un peu de drague au début, de sexe au milieu et de romance tout du long. On peut renaître en amour comme on renaît à la vie, mais cette nouvelle glace sur laquelle on patine est fragile. La vie de l’héroïne prend des tournants, mais de là à savoir si ce sont les bons, s’il faut y aller à toute berzingue ou au contraire ralentir, les quatre fers solidement plantés dans le sol… Le chemin est tortueux !

Chanson française, c’est plutôt une ritournelle d’amour qui finit en point d’interrogation. C’est les histoires de cœur, les doutes et les accomplissements d’une femme qui navigue entre deux continents – c’est d’ailleurs dommage que cette thématique francophone ne soit pas plus exploitée. A travers les saisons, on suit l’évolution de la vie de Béatrice autour de laquelle gravitent d’autres visages, d’autres personnages. C’est un roman à l’écriture légère mais qui ne manque pas de qualités. Limpide comme la neige immaculée, mais chaude comme une baguette sortant du four. On accompagne volontiers ces figures romanesques, chacune d’elle est accessible sans qu’il n’y ait besoin de vraies analyses psychologiques poussées, ce qui est plutôt agréable.

Toutefois, on pourrait reprocher à ce livre son manque de profondeur : il survole avec un peu trop de facilité des passages à vide, des remises en question. On a l’impression que l’auteure attend que son histoire se fasse et n’en relate que quelques faits. C’est un roman court qui heureusement ne s’arrête pas aux histoires de couple : il y a aussi cette sœur trop enthousiaste, cette mère presque dictatrice… Mais cela ne suffit pas à en faire un livre inoubliable. Un roman charmant mais dont je ne dirais pas qu’il est « à découvrir absolument ».

 

Sophie Létourneau, Chanson française, éditions Le Quartanier, 18€.