Fleur de Tonnerre, de Jean Teulé

fleur-de-tonnerreJean Teulé. Troisième apparition de l’auteur sur le blog, avec Fleur de Tonnerre, même si j’ai déjà eu l’occasion de lire beaucoup plus de ses romans dans le passé. Et très franchement, je ne sais pas trop quoi en penser. Il y a certaines œuvres dans sa bibliographie qui sont incroyables, d’autres décevantes. Mais il y a toujours un style propre à Jean Teulé reconnaissable entre mille. Après, de là à dire que j’aime ça… Il ne faut pas exagérer.

On sait que le bonhomme aime bien les récits historiques, les histoires qui se basent complètement sur des hommes et des femmes particuliers, à la lisière de l’humanité et de la folie. Et le personnage central de cette intrigue m’avait attiré dès la quatrième de couverture. Elle s’appelait Hélène Jégado et ce n’est pas qu’une femme de fiction : elle a vraiment existé, dans la première moitié du XIXe siècle, en plein cœur de la Bretagne. On la surnommait Fleur de Tonnerre. Elle croyait au pouvoir des menhirs, aux esprits qui hantent les forêts, même si le catholicisme tentait déjà par tous les moyens possibles de se faire une place dans la région. Nous allons la suivre toute sa vie, à travers ses différents et nombreux postes de cuisinière. Derrière elle, les corps s’amoncellent. Car Hélène se sent investi d’une mission, elle a l’impression de faire le travail de l’ankou, de la mort. Elle empoisonne méthodiquement. Affinant ses méthodes, elle n’a jamais fait preuve de scrupules. Les années passent sans qu’elle ne se fasse attrapée, elle connaît de multiples vies. Et il me semble qu’elle y laisse à chaque fois un peu de sa raison.

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J’ignore à quel point il y a du vrai, historiquement parlant, dans ce roman. On ne lui demande pas d’être véridique, mais il semble que l’auteur ait fait pas mal de recherches, ce qui rend ce récit d’autant plus accrocheur. On s’imagine ces scènes, ces gens, ces réactions, ces villes, ces paysages, ces façons de vivre, ces coutumes, cette langue bretonne peu à peu effacée par le français… C’est réel pour nous, on s’y croit vraiment. L’écriture de Teulé, généralement, y aide, avec une langue simple mais ancrée dans l’histoire, de nombreux dialogues, des chapitres courts et directs. J’ai toutefois beaucoup de mal avec ce style inégal : poétique, puis drôle et brusque d’un coup. Je ne suis pas charmée du tout et même pire : j’ai eu l’impression que l’écriture me parasitait parfois dans ma découverte de l’histoire. C’est tellement changeant d’un paragraphe à l’autre que je ne parviens même pas à vous trouver un extrait représentatif du roman.

J’ai apprécié ce destin hors du commun, d’une femme bien étrange. Mais je ne me suis nullement attachée à ce personnage – et pourtant, la littérature nous a démontrés maintes fois qu’un personnage négatif pouvait être attachant. Il y a deux personnages secondaires que l’on croise tout au long du roman…. Je ne les ai pas aimés du tout ! On aurait dit un rajout artificiel pour augmenter le nombre de pages. Ils ne servaient à rien, n’apportaient absolument rien à la lecture.

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Il y a des hauts et des bas dans ce livre. Pour ma part, j’ai l’impression que les sujets traités par Jean Teulé me plaisent de plus en plus, mais son écriture me convient de moins en moins. On sent pourtant que l’auteur soigne son œuvre, qu’il y a un sacré travail là-dessous… Mais ça ne fonctionne pas avec moi, je passe complètement à côté. Il est possible que ce soit ma dernière lecture de l’auteur.

Jean Teulé, Fleur de Tonnerre, aux éditions Pocket (15766), 6€20.

L’amie prodigieuse, d’Elena Ferrante

Eh les amis, c’est l’été ! Et personnellement, chaque été, je vais en Italie, un pays que j’affectionne particulièrement. En 2017, c’est par la littérature que j’ai décidé d’y faire escale, dans une ville encore jamais visitée pour ma part : Naples. Comme d’habitude, je lis après tout le monde mais c’est tout de même avec un réel plaisir que je partage avec vous mon avis sur L’amie prodigieuse d’Elena Ferrante.

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C’est une lubie subite qui m’a poussée vers ce roman que je ne pensais pas me mettre à dévorer un jour. J’avais en tête mon dernier séjour à Venise et ses quartiers méconnus, qui semblaient d’une autre époque. C’est sûrement cela qui m’a attiré vers les quartiers pauvres de Naples à la fin des années cinquante. Elena va nous raconter son enfance, son adolescence. La sienne et celle de Lila. Cette meilleure amie, cette copine, cette petite fille pleine de vie et d’affront. Elles sont toutes les deux très différentes. Lila dit tout ce qu’elle pense et ne semble pas réagir comme tout le monde : elle n’hésite pas à se mettre à danger, sans même réaliser qu’elle prend des risques. Ou alors peut-être que si, elle sait que c’est risqué, mais tente quand même le coup, comme un pied de nez permanent au destin. Elena est une suiveuse, elle est fascinée par cette fillette maigrichonne qui ne connaît pas la peur. Pourtant leur relation a l’air étrange, parfois malsaine : Lila n’a de cesse de tirer sur la corde, mais Elena accepte, Elena prend un peu plus d’assurance, Elena observe.

Les deux petites filles grandissent et leurs chemins semblent se séparer : Elena va au collège, Lila rejoint la cordonnerie de son père et de son frère Rino et devient peu à peu obsédée par un rêve, créer ses propres chaussures. Mais finalement tout ramène Elena vers Lila. Leur lien ne se rompt jamais et c’est au cœur de leur quartier que cette relation va grandir, s’affiner au gré des aléas.

L’amie prodigieuse, voici un titre bien trouvée pour parler de ce personnage intrépide et hors norme : Lila. Nous aussi, petit à petit, on ressent de la fascination pour cette fille. A la place d’Elena, difficile de dire comment on aurait réagi. Elle est méchante, mais aventureuse : faut-il la détester ou la suivre ? Faut-il la retenir ou continuer de l’ignorer ?

20130531084238951_0001-copiaJ’ai adoré nos deux héroïnes et le lien qui les unissent, comme j’ai aimé les suivre dans leur vie respective. Je me reconnais parfois en Elena : parfois passive, très bonne élève, j’ai tout de suite aimé notre narratrice. Mais il n’y a pas que ces deux personnages qui nous marquent : il y a les frères Solara, véritables clichés italiens, il y a Enzo, il y a Antonio, et Nino, et Carmela, Alfonso, etc. Il est vrai qu’on se perd parfois parmi tous ces noms, mais un index en début d’ouvrage nous aide un peu à nous y retrouver. Celui-là est le fils du menuisier, celui-ci fille de l’épicier, etc.

Naples est en ébullition : pendant la plus grande partie du roman, on dépasse peu les frontières du quartier des deux jeunes filles mais cela nous suffit. Entre l’amant poète, la veuve folle, l’ogre des contes et bien d’autres, il y a largement de quoi s’occuper ! On est complètement immergé dans cette Italie de l’après-guerre où les priorités n’étaient absolument pas les mêmes qu’aujourd’hui. L’écriture de l’auteure se confond tout à fait avec celle de la narratrice, d’autant plus qu’elles portent le même prénom. On retrouve une sincérité touchante qui donne cet aspect de véritables souvenirs partagés à ce texte. On a l’impression que c’est une amie qui nous raconte son enfance : les feux d’artifice sur les balcons le jour de la fête nationale, les corrections à l’école, les premiers rouges à lèvres, les rêves d’enfant, les questionnements de l’adolescence…

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J’ai tellement aimé ce livre, je l’ai trouvé beau, juste. Pendant plus de 400 pages, j’étais complètement ailleurs, en plein Naples et je vous invite à faire le voyage vous aussi. J’ai dévoré ce roman en deux jours et je me retiens pour ne pas dévorer la suite immédiatement. Je sens qu’il faut que je laisse un peu grandir Elena et Lila dans mon cœur pour les retrouver un peu plus tard.

Elena Ferrante, L’amie prodigieuse, traduit de l’italien par Elsa Damien, aux éditions folio, 8€20.

Elle s’appelait Sarah, de Tatiana de Rosnay

9782253157526-tVoilà, c’est officiel. Avec cet article vont se finir mes lectures communes 2016. Dans deux semaines, on fera le bilan de cette aventure, mais vous n’aurez qu’à attendre quelques jours pour avoir le programme des lectures communes 2017. En espérant que cela vous tente ! Ce mois-ci, c’est un roman très connu de Tatiana de Rosnay qui est à l’honneur : Elle s’appelait Sarah.

C’était une fillette, d’une dizaine d’année. Avec sa famille, ils vivaient à Paris. Petit à petit, les choses sont devenues étranges : on les a obligés à porter des étoiles jaunes sur la poitrine, sa mère ne pouvait faire ses courses qu’en fin de journée, on les regardait, les montrait du doigt. Et les rumeurs de la guerre qui envahissaient Paris… Mais un matin, tout changea. Sarah savait ses parents inquiets, elle comprit pourquoi. On toqua à leur porte. Des gendarmes français. Ils devaient partir. Direction le Vél d’Hiv. Nous sommes le 16 juillet 1942.

Soixante ans après, c’est pour faire un article dans le magazine où elle travaille que Julia Jarmond découvre l’histoire de la Rafle et des familles qu’elle a emportées. Elle est américaine, a épousé un Français et a vécu plus de la moitié de sa vie à Paris. Et c‘est par coïncidence que sa route va croiser celle de Sarah, la fillette juive. Elle découvre alors que sa famille, sa belle-famille plutôt, et cette enfant sont liées. La vie de Julia va changer à jamais : elle n’a de cesse de mener l’enquête, trouver la vérité en explorant les parts d’ombre de sa famille mais aussi celles de l’Histoire française, de l’Occupation.

Je me plantai devant la plaque, sans me soucier du trafic. Je pouvais presque voir Sarah arriver depuis la rue de Saintonge, ce petit matin étouffant de juillet, entre sa mère et son père, et les policiers. Oui, je voyais la scène. […] Le doux visage en forme de cœur était devant moi et j’y voyais l’incompréhension et la peur. Les cheveux lisses retenus par une queue-de-cheval, les yeux turquoises taillés en amande. Sarah Starzynski. Était-elle encore vivante ? Elle aurait soixante-dix ans aujourd’hui. Non, elle ne pouvait être encore de ce monde. Elle avait disparu de la surface de la terre, avec le autres enfants du Vél d’Hiv.

Très sincèrement, je misais énormément sur ce roman. J’apprécie beaucoup en effet les récits qui ont pour toile de fond ou même pour sujet principal la Seconde Guerre mondiale. J’avoue que j’ai été perplexe dès les premières pages de trouver une Américaine en héroïne. Mais pourquoi pas ? Cela sert les rebondissements de l’intrigue, mais je pense qu’un Français fouillant dans l’Histoire française aurait eu plus de poids… Qu’importe. J’ai, après tout, assez bien aimé ce personnage, touchant et sincère, elle aussi traversant une période difficile, qui résonne d’autant plus fort au fur et à mesure qu’elle découvre le destin de la petite Sarah.

On nous promet – soyons honnête – de l’enquête, et même du suspens. Et il n’est pas faux de dire qu’il y a des révélations, des retournements de situation. Mais je n’ai frémi à aucun moment. J’ai beaucoup apprécié redécouvrir l’histoire du Vél’ d’Hiv’, ce roman aide au travail de mémoire et c’est indispensable. Malheureusement, les personnages secondaires sont assez pauvres, mal travaillés. Mais le pire, c’est tout simplement l’intrigue. J’avais pratiquement tout deviné au bout d’une cinquantaine de pages. Autant dire que ça a enlevé beaucoup de charme à cette histoire. Un peu plus et je me serais ennuyée.

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Me voilà bien embêtée. D’un côté, j’ai trouvé ce roman remarquable sur des thèmes comme la culpabilité, le poids du secret, j’ai adoré les passages où l’on suit directement Sarah, j’ai aimé même le personnage de Julia Jarmond. De l’autre, je n’ai ressenti aucune grande émotion à la lecture de ce roman, trouvant que l’intrigue manquait cruellement de reliefs. Et la fin… Larmoyant, j’ai détesté au possible.

Je suis déçue, je dois l’avouer. On m’avait sûrement beaucoup trop vendu ce livre, mes attentes étaient trop hautes. Elle s’appelait Sarah n’est toutefois pas un mauvais livre. Il y a un vrai travail de documentation, la lecture est fluide, la narration bien maîtrisée malgré quelques sensibleries. Mais je ne suis pas parvenue à entrer dans le roman pour autant, je suis passée à côté de cette lecture.

Je lirai encore Tatiana de Rosnay car je sais d’expérience que sa plume arrive normalement à me faire vibrer. Et vous ?

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Tatiana de Rosnay, Elle s’appelait Sarah, Le Livre de Poche, 7€10.

Complètement cramé ! de Gilles Legardinier

Pour la lecture commune de septembre 2016, j’ai proposé un roman qui sort de l’ordinaire chez moi : un roman français feel good. Ma maman s’est remise à la lecture en zieutant mon blog, je ne pouvais que lui rendre la pareille. Alors quand elle a commencé à me parler sans arrêt de cet auteur qui la faisait sourire et dévorer des bouquins en une nuit, je n’ai pu être que curieuse. Bref, aujourd’hui, je vais vous parler de Gilles Legardinier et de son roman Complètement cramé !

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Je ne suis vraiment, mais alors vraiment pas fan de cette couverture vert fluo avec un chat bizarre dessus. Il a vraiment fallu que je me répète l’adage « on ne juge pas un livre à sa couverture » pour entrer dans cette lecture. Mais je ne regrette pas ! Après l’épreuve qu’a été Vingt mille lieues sous les mers pour moi, je n’ai fait que deux bouchées de ce livre. Et ça fait sacrément du bien.

Andrew Blake déprime. Veuf, sa fille au loin, des asticoteurs au boulot… il est lassé. Il lâche tout et quitte Londres pour se faire embaucher comme majordome en France. Un petit domaine où règne sa patronne (une dame touchante et mystérieuse), accompagnée par la cuisinière pleine de vie Odile, le régisseur un peu naïf Philippe, et la jeune et amoureuse Manon, femme de ménage. On pourrait penser que tout roule au domaine, mais entre les secrets, les soucis financiers et personnels, les petites piques, il y a de quoi faire. Notre pétillant personnage pensait prendre sa retraite d’une vie de soucis, mais il se rendra vite compte qu’on a besoin de lui au Domaine de Beauvillier.

Andrew est un personnage très touchant qui ne cesse de nous surprendre. Loyal, généreux, altruiste, on aimerait tous l’avoir comme grand-père. Malgré les problèmes de chacun, il sait qu’il y a des solutions pour tout, et il se rend surtout compte que ce n’est pas dans la solitude qu’on trouve des réponses.

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Avec des personnages secondaires très savoureux, des péripéties nombreuses et des dialogues à savourer, c’est vraiment un livre agréable. Mais c’est aussi un livre léger, un livre « téléfilm du dimanche avec happy-end ». Ne vous attendez pas non plus à autre chose. L’écriture est de qualité, l’auteur prend le temps de bien développer ses personnages. Le seul hic que j’ai eu, c’est avec un ressort de l’intrigue : Andrew est un peu frileux à l’idée d’annoncer une certaine vérité à sa patronne, il y a une petite tension narrative autour de cela… que je ne comprenais absolument pas ! Pour moi, il n’y avait aucune raison pour en faire tant à ce propos. Toutefois, je pardonne assez facilement ce petit défaut pour toutes les fois où j’ai ri de bon cœur à la lecture de ces pages.

J’ai passé un excellent moment et je n’hésiterai plus une seconde à relire cet auteur dès que j’ai un coup de barre ou une panne de lecture. Je vous conseille d’essayer aussi !

Vous pouvez également aller lire les avis de Virginy et de L’Aléthiomètre.

Gilles Legardinier, Complètement cramé !, aux éditions Pocket, 7€80.

Le Grand Galop, de Marie-Noëlle Gagnon

Les beaux jours riment toujours pour moi avec romans francophones, et notamment québécois. Pourquoi ? Parce que je fais partie des lecteurs du comité de lecture français du Prix des Cinq Continents de la Francophonie. C’est donc tout naturellement qu’encore une fois cet été un roman d’outre-atlantique vient nous rendre visite sur le blog. Il s’agit du deuxième livre de Marie-Noëlle Gagnon, Le Grand Galop.

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Notre héroïne nous promène dans sa vie. Sa vie rêvée, sa vie espérée, sa vie réelle, comme une succession de mondes parallèles où l’on pourrait voir différentes versions d’elle-même. Tout se coud autour de Louis, celui qui aurait du être l’homme de sa vie mais qui est parti. Évoquer les souvenirs, convoquer les désirs d’enfants, fouiller dans l’avenir, chercher des réponses, dépiauter les moments forts, le comportement des autres, le sien, ce qu’on aurait du faire, ce qu’on n’aurait pas du faire… Voilà à quoi s’échine notre héroïne. Elle aurait aimé être funambule. Elle aurait aimé avoir une fille qui s’appellerait Anne. La vie en décide parfois autrement.

Etendue sur mon lit, je songe à tous ces rêves qui me soulèvent et qui parfois me laissent ensuite tomber dans le ciel, tomber jusqu’au sol et ça fait mal. Je me demande s’il faudrait que j’apprenne à rêver autrement, que je contrôle mes rêves comme des ballons gonflés à l’hélium dont je tiendrais solidement les ficelles, mais en même temps à quoi ça sert des ballons gonflés à l’hélium si jamais aucun d’eux ne s’échappe ? Ce sont toujours ceux-là les plus jolis, il me semble, ceux qui s’envolent même si on ne voulait pas qu’ils le fassent, même si on sait qu’on les a perdus, qu’ils vont éclater quelque part au loin et que ça fera de la pollution. Ce sont les seuls que l’on contemple longtemps lorsqu’ils montent dans le ciel et s’éloignent doucement.

La construction de ce roman est vraiment très originale. Il y a des scènes successives avec un fil rouge qui se dégage, mais des passages sont repris, retransformés. Différentes façons ou manières dont les choses se sont déroulées. Au bout du compte, une version est retenue (souvent pas la plus réjouissante) et l’histoire continue. On se laisse parfois berner : on croit qu’on tient le bon fil, alors qu’en réalité l’histoire se déroule sur un autre.

On vogue entre passé, présent et avenir, désir, rêve et réalité. Et pourtant, on n’est jamais perdu, on arrive à suivre sans réelle difficulté où notre personnage nous mène. La narration est surprenante et menée avec brio. Toutefois, je me suis assez vite lassée de ce système et plus globalement de l’histoire qui n’est pas vraiment réjouissante. Elle déprime vite et l’abondance des sentiments de l’héroïne commence à nous la rendre insupportable au bout de quelques dizaines de pages – en tout cas, pour ma part. J’ai du faire une pause dans ma lecture pour la finir et j’ai traîné ce livre pendant plusieurs semaines.

En résumé, je dirais que ce n’est pas la trouvaille du siècle, qu’il y a un vrai retravail à faire sur le rythme et le traitement du personnage. Mais le mode de narration et sa maîtrise montrent un réel potentiel. A vous de vous faire votre propre avis à présent !

Marie-Noëlle Gagnon, Le Grand Galop, aux éditions Québec Amérique, 19$95.

Des vies en mieux, d’Anna Gavalda

Je suis en retard, je suis en retard. Déjà parce que je n’ai pas publié d’articles depuis longtemps. Il faut dire que j’ai été très très occupée ces derniers temps. Mais surtout parce que j’ai attendu le dernier moment pour lire la lecture commune du mois d’avril. Et c’est in extremis que je poste donc ce billet.

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Bref, passons au vif du sujet : Anna Gavalda. J’ai tout lu d’elle. Je l’aimais beaucoup ado avant de grandir et de me rendre compte que ça sonnait un peu creux ces personnages aux cœurs fendus. Très sincèrement, je pars avec un a priori négatif sur cette auteure, je n’y peux rien, c’est comme ça, c’est complètement personnel et subjectif. Et comme si j’aimais me faire du mal, j’ai choisi de mettre son dernier livre parmi les lectures communes. Il s’agit de Des vies en mieux qui retrace trois parcours distincts.

51nj-u72i0l-_sx328_bo1204203200_Billie est la première (qui avait eu droit d’ailleurs à son livre à elle il y a quelques temps). Et autant vous dire que ça commençait très mal pour moi cette histoire, car j’ai détesté cette première partie. Je levais les yeux au ciel à chaque ligne. Un monologue oral qui retrace l’histoire de sa rencontre et de son amitié avec Franck autour d’une pièce de théâtre. Sur fond d’enfance malmenée et solitaire bien sûr, pourquoi faire du neuf quand la vieille recette des âmes meurtries qui se rencontrent fonctionne, hein ? Je ne me suis pas du tout attachée aux personnages, c’est même le contraire. Passons au reste de l’opus sinon je vais m’énerver.

[Les deux derniers récits ont été déjà publiés dans La vie en mieux.] Dans la deuxième partie, on rencontre Mathilde, une jeune fille qui oublie son sac dans un café. Un homme lui rend heureusement la semaine suivante. Encore une rencontre gavaldienne qui va mener notre personnage à reconsidérer sa vie pour en changer. Mais ce récit m’a paru beaucoup plus plaisant : le cadre urbain, une héroïne actuelle moins sujette aux clichés et surtout une partie de cache-cache entre les deux protagonistes qui remet du rythme, de l’intrigue dans ce livre. J’ai trouvé cela bienvenue suite au fiasco de Billie.

la-vie-en-mieuxLa dernière partie raconte l’histoire de Yann, un jeune homme à la vie et au couple un peu ennuyeux et convenus qui voit la vie d’une autre couleur après avoir rencontré ses voisins. Pourquoi pas ? J’ai eu énormément de mal avec les personnages de cette histoire, ils ne me semblaient pas réalistes et je ne savais pas par quel bout les prendre pour mieux les approcher. La fin est un peu tarabiscotée. Je n’ai ni aimé ni détesté ce récit. Disons que j’ai essayé de suivre, de m’y faire, mais qu’en fin de compte, je me suis plutôt ennuyée.

Encore une fois, un avis assez négatif. Anna Gavalda passe vraiment à côté de quelque chose et ses lecteurs aussi. Car elle a un vrai talent : dans les centaines de pages qu’elle a publié, on trouve de vrais pépites. Mais il faut qu’elle arrête de nous rabâcher la même rengaine d’une année sur l’autre. J’aimerais tant voir du neuf, et arrêter d’être déçue de façon systématique. Je veux être surprise, et ce qui me met le plus en colère, c’est qu’Anna Gavalda est vraiment capable de nous surprendre mais qu’elle se complaît de plus en plus dans son petit cocon de mots peuplés de personnages tristounets, de sentiments mielleux, de mélancolie sur fond de coucher de soleil. Il y a des façons d’aborder la souffrance, les épreuves, la relation à l’autre, sans passer par un filtre Instagram et une couche de sucre. Décidément, je ne suis pas faite pour aimer Anna Gavalda.

Anna Gavalda, Des vies en mieux, aux éditions J’ai lu, 7€80.

Le Chardonneret, de Donna Tartt

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J’en ai mis du temps à le lire ce roman. Car il faut avouer que Le Chardonneret de Donna Tartt est une belle briquette. Mais au-delà de ça, plus les jours passaient, moins je lisais. Arrivant même à lire les pages dix par dix uniquement pour faire durer le plaisir. Attention, coup de cœur en vue…

L’histoire est difficile à résumer. On suit Théo qui nous parle de lui, de sa vie, de ce qui lui arrive. Au début de l’histoire, c’est encore un adolescent ; on le voit grandir au fil des pages. [Attention, je spoile les 100 premières pages (sur 1100) du roman.] Alors qu’il visite un musée avec sa mère, une bombe explose. Elle meurt sur le coup, et Théo encore sonné va assister au dernier souffle d’un homme. Ce dernier va lui faire comprendre avant sa mort qu’il ne peut pas laisser ce tableau dans ces ruines. Le tableau en question, c’est Le Chardonneret, un minuscule chef-d’œuvre, juste au-dessus de leurs tête. La vie de notre héros est bouleversée : il se retrouve orphelin de mère, avec un père qui a foutu le camp il y a des mois de cela. Il est en possession d’une peinture de maître qu’il cache sans trop savoir pourquoi. Et sa rencontre avec l’homme à l’agonie va le pousser à faire de nouvelles rencontres étonnantes et décisives.

Les événements auraient mieux tourné si elle était restée en vie. En fait, elle est morte quand j’étais enfant ; et bien que tout ce qui m’est arrivé depuis lors soit ma faute, à moi seul, toujours est-il que, lorsque je l’ai perdue, j’ai perdu tout repère qui aurait pu me conduire vers un endroit plus heureux, vers une vie moins solitaire ou plus agréable. Sa mort est la ligne de démarcation entre avant et après. Et même si c’est triste à admettre après tant d’années, je n’ai jamais rencontré personne qui m’ait autant donné le sentiment d’être aimé.

Il m’est très difficile d’en révéler plus, déjà pour ne pas vous gâcher le plaisir de la lecture, mais aussi parce que tous ces éléments sont à la fois primordiaux et liés. Le tableau est le fil conducteur de l’œuvre, on le retrouve au début et à la fin et il fait de nombreuses apparitions au centre du roman, mais ce n’est pas le sujet principal selon moi.

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Le Chardonneret est une œuvre beaucoup plus grande, qui essaie d’englober la vie d’un jeune adulte avec ses hauts et ses bas. Surtout ses bas en fait. Il y a un certain défaitisme dans l’écriture de Donna Tartt : on est impuissant face à la mort, et on ne peut souvent pas empêcher les autres de faire leur choix. La vision des choses ici est assez complexe : il y a cette mort omniprésente, qui semble à la fois si banale et si imprévisible, mais il y a aussi l’espoir, le renouveau, la vie, à travers notamment ce petit oiseau, ce petit chef-d’œuvre qui n’en finit pas d’éclairer par sa beauté et sa naïveté les pages de ce livre.

Mais attention, ce n’est pas un roman triste. Disons que c’est un roman qui suit un personnage malchanceux, qui fait parfois les mauvais choix, qui nous reste un peu obscur et secret quand bien même on penserait bien le connaître. C’est une vraie épopée, l’aventure d’une vie, avec des décisions à prendre, des regrets et des surprises. L’écriture de Donna Tartt est tout simplement merveilleuse. Elle sait rendre cette histoire irrésistible et envoûtante, on tourne les pages sans s’en rendre vraiment compte. Il faut dire que l’auteure pense sa narration d’une main de maître : elle nous emmène où elle veut, on la suit sans sourciller dans les circonvolutions de son histoire.

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Je me rends compte que je ne vends peut-être pas très bien ce groooos roman et ça me désole un peu. Je pense que je n’ai pas vraiment pas les mots pour parler convenablement de cette œuvre, car elle me dépasse un peu. C’est l’histoire d’une vie, que vous devez absolument lire. Voilà. Alors c’est sûr, ce n’est pas un grand destin, c’est plutôt le récit des actions et des choix d’un adolescent qui s’est retrouvé paumé. Mais ça vaut le coup, vraiment. Laissez-vous transporter par la plume de Donna Tartt. Vous ne le regretterez pas.

Donna Tartt, Le Chardonneret, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Edith Soonckindt, aux éditions Pocket, 13€.

Le cas Eduard Einstein, de Laurent Seksik

« J’ai l’impression de n’avoir pas vécu. C’est mon seul regret dans l’existence. (…) Je sens que je deviens perméable. Mes os deviennent poreux. La dernière fois que j’ai tenté de me sectionner le poignet avec un couteau, le médecin m’a dit : tu vas finir par y arriver, tes poignets s’amincissent à force, ils ne cicatrisent plus. Je suis en train de pourrir. Je sens une odeur qui vient de l’intérieur, sort pas mes narines et par ma bouche, une odeur intolérable. Je vois bien que cette odeur incommode. Depuis quelques temps, les gens conservent une certaine distance avec moi. Ce n’est pas par respect. Les gens ne me respectent pas, ni moi, ni rien, ni personne. C’est l’époque qui veut ça, et les gens aussi. »

Ce « je », c’est Eduard Einstein, le deuxième fils du physicien, du savant, celui qu’on appelle le « père de la bombe atomique ». Le cas Eduard Einstein a été écrit par Laurent Seksik. Il est sous-titré roman car beaucoup de choses sont bricolées dans ce livre, ou ne sont que des suppositions. A partir de lettres, d’articles et de divers documents, l’auteur a reconstitué une partie peu connu de la fresque Einstein.

 

Le père écrira au sujet d’Eduard « Mon fils est le seul problème qui demeure sans solution ». Peut-être une des seules phrases où le savant évoquera vraiment Eduard. Nous sommes en 1930, Eduard a 20 ans, Eduard devient fou. Il entend des choses qui n’existent pas, il a des accès de violence, il verse dans l’auto-destruction. Sa mère, Mileva Maric, le conduit à l’hôpital psychiatrique. Après plusieurs allers et retours, les années finissent par passer, et Eduard s’installe pour toujours parmi les fous, de plus en plus seul, de plus en plus miséreux.

 

Mais il n’est pas le seul personnage en question dans ce livre. Ici, trois destins se mêlent : celui d’Eduard bien sûr, mais aussi celui de Mileva la mère, la femme qui a été délaissée par cet Albert qu’elle aimait tant, et par son premier fils qui a fui la fureur des Allemands. Il ne reste que son fils schizophrène, qu’elle aime malgré les échos étranges de sa voix. Elle essaie de continuer à avancer, malgré cette hanche qui la fait boiter et souffrir, malgré les drames de sa vie.

Parallèlement, il y a l’homme, il y a Albert Einstein. Un grand homme qui doit faire avec son succès : les rumeurs, les menaces, l’incapacité de contrôler ce qui est dit et propagé sur lui, le dossier de la CIA, son côté juif que tout le monde n’aime pas, les reproches après la bombe atomique. A vouloir trouver des vérités scientifiques, on découvre surtout que l’homme est un loup pour l’homme. Il a du s’exiler, il a du dire adieu à son dernier fils avec un ultime air de piano et de violon, ce fils qui ne l’aime pas, qui le hait dans sa folie. Il n’a pas su trouver les mots, les gestes, le courage. Il regrettera.

C’est un livre qui parcourt des dizaines d’années, c’est un livre vécu avant, pendant et après le nazisme. Mais c’est surtout un livre sur une famille qui n’arrive pas à en être une, à cause des aléas de la vie, à cause des différences et de l’histoire du monde.

 

C’est un tour de force qu’a réalisé là Laurent Seksik. C’est un roman, on le prend comme tel, toutefois on se sent plus proche de ces personnages qui ont réellement vécu. On comprend mieux la complexité d’être Albert Einstein, ou d’être cette femme dans l’ombre du savant, ce fils oublié dans un asile. On entre chez les fous, on parcoure l’intime et ses fissures, mais sans jamais tomber dans des poncifs, toujours avec délicatesse et pudeur, comme si les choses étaient évidentes, et n’étaient plus en jeu. Ce n’est pas une écriture où la douleur se montre et fait spectacle, mais plutôt celle d’individualités remplies d’émotions et de contradictions.

La lecture est agréable. De chapitre en chapitre, on suit chaque personnage et chacune de leurs pensées. On voit évoluer leurs vies, on parcoure les lettres qu’ils ont pu écrire. Le style indirect libre nous plonge directement dans leur présent qui est en réalité du passé. Nos failles personnelles rentrent en résonance avec celle de cette famille au nom célèbre.

C’est un roman particulier, curieux, qu’il faut apprendre à aimer. Mais le style simple mais travaillé,  unique mais agréable, le sujet passionnant et le réalisme des personnages en font un livre à découvrir.

 

Laurent Seksik, Le cas Eduard Einstein, aux éditions Flammarion, 19€.

Betseller, de Jesse Kellerman

Vous voulez un livre vraiment surprenant et qu’on ne peut pas lâcher ? Je crois que j’ai ce qu’il vous faut : Bestseller de Jesse Kellerman.

 

Arthur Pfefferkorn est un écrivain. Enfin, il l’était, il n’a plus rien publié depuis des années et sa plume est sèche. A l’inverse, son ami (un peu éloigné maintenant) est William de Nerval qui enchaîne bestseller sur bestseller alors que rien ne le prédestinait à cette carrière. Mais un jour, l’auteur renommé et tant jalousé disparaît en pleine mer laissant derrière lui un manuscrit bien avancé et une veuve à réconforter. Arthur ne peut s’empêcher de faire main basse sur les ruines du passé de son vieil ami. Mais il n’a pas encore conscience que son acte va avoir des répercussions bien plus retentissantes qu’un simple plagiat : succès, danger, espionnage, peur, mort, amour, secret et révolution, voici les ingrédients stupéfiants, surprenants qui vont constituer le quotidien d’Arthur, qui en sera le premier étonné.

 

Je ne peux pas vous en dévoiler plus sans gâcher toute l’histoire. Il y a un côté polar bien prononcé dans la construction de ce roman qui nous emmène bien plus loin que ce qu’on aurait pu imaginer. Presque 400 pages où l’on se fait ballader sans s’en rendre compte, tellement on est pris dans cette histoire rocambolesque mais maniée d’une main habile. Ce n’est pas dramatique ou loufoque mais ce roman contient la juste dose d’humour noir qu’il faut pour trouver ces situations drôles et dangereuses à la foi. Beaucoup de dialogues, mais aussi des réflexions intérieures et une narration menée d’une main de maître : l’écriture est au service d’un traitement romanesque qui refuse de se plier aux règles d’un genre mais veut les mêler pour en extraire le meilleur, nous faire vibrer, nous faire rire, créer du suspens. Un beau mélange, réussi, que je vous conseille !

 

Jesse Kellerman, Bestseller, éditions des Deux Terres, 21€50.

Les femmes du braconnier, de Claude Pujade-Renaud

Le 28 novembre, mon master organise une rencontre avec Claude Pujade-Renaud (14h à la librairie Études de l’université Toulouse-II Le Mirail si ça vous intéresse). C’est une auteur que j’avais déjà lu avec La nuit la neige, roman que j’avais beaucoup apprécié. Aujourd’hui, je vous fait découvrir un autre livre de cette auteur, Les Femmes du braconnier. Pourquoi celui là ? Eh bien surtout à cause d’un de ces personnages principaux : Sylvia Plath, une poète que je voulais connaître un peu, et ça depuis une éternité.

Toutefois, ce roman n’est pas celui d’une femme auteure un peu trop dépressive et émotive, mais de celui qui fut son mari Ted Hughes. Ces deux-là se rencontrent en 1956 à Cambridge, une première rencontre sous le signe de la morsure d’où va naître une histoire sauvage, passionnée. Ted est lui aussi un poète, avec pour thème de prédilection l’animalité, l’instinct, un bestiaire qui a quelque chose de malsain, qui a une odeur de mort. C’est le braconnier.

Ensemble, ils formeront un foyer, ils s’émuleront pour s’inspirer mutuellement et écrire, créer à deux. Ils auront un enfant, achèteront une maison, mais tout ça ne va pas durer. Sylvia replonge peu à peu dans une mélancolie trop sombre alors que Ted s’est découvert d’autres passions, dans la personne d’Assia Wevill. L’amour vous joue des tours, ces trois personnages, tous les trois auteurs, vont l’expérimenter. Les sentiments se font et défont malgré leur puissance, leur séduction. Des relations qui semblent si vivantes peuvent conduire à la mort.

Il faut le dire : ce n’est pas un roman très joyeux. Le destin de Sylvia, Ted et Assia, n’a pas été idéal, c’est un fait. Est-ce que c’est cet homme, ce chasseur, ce braconnier qui en a trop voulu et a changé à jamais le cours de la vie de ces deux femmes ? Est-ce le lot des poètes de ne pas finir bien ? Ou est-ce ce climat d’une moitié de siècle peu épanouissante ? Le hasard peut-être ? Personne ne le sait. Mais on peut essayer de le percevoir.

C’est ce à quoi s’essaie Claude Pujade-Renaud. En donnant la parole à tour de rôle à ses différents personnages, les trois principaux comme d’autres plus extérieurs, elle tente de recréer cet univers, ce contexte, de retranscrire les sentiments sûrement contradictoires qui les ont envahi. Une écriture somptueuse, avec des ardeurs et des prouesses narratives surprenantes et captivantes qui ne font que nous plonger un peu plus dans la vie du braconnier, cet homme obscur et séduisant, homme de la nature, force de la terre, qui écrit avec ses tripes.

L’atout de ce roman est de ne pas vouloir se satisfaire des apparences. De nombreux paramètres rentrent en jeu pour expliquer les tourments d’une vie : les difficultés familiales, les affres de la création et de la poésie, la publication, un passé mouvementé. Mais Ted Hughes a été un être déterminant dans l’existence de ces deux femmes aux âmes profondes et complexes.

Il est difficile de décrire l’atmosphère mise en place dans ces pages. C’est impalpable et pourtant bien présent, cela donne un goût d’espoir bafoué car trop ambitieux, de forêt mouillée, d’adultère. Un mélange imperceptible car savamment bien dosé qui nous plonge dans des vies bouleversées avec brio et refuse de nous en laisser sortir jusqu’à la dernière page, happé par l’appel du braconnier.

Claude Pujade-Renaud, Les femmes du braconnier, aux éditions Babel (1091), 8€50.