Un écrivain, un vrai de Pia Petersen

Tout d’abord…

Bonne année à tous !

Je vous souhaite plein de bonheur et de merveilleuses lectures !

Cela fait une éternité que ce livre fait partie de ma whislist ! Je suis tellement heureuse d’avoir enfin pu lire Un écrivain, un vrai de Pia Petersen.

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Le style plus exigeant et personnel de l’auteur m’a surprise. J’étais tellement habituée à la narration facile et à la plume simple mais belle des romances young-adult. Dans ce livre, je trouve que tout, que ce soit les dialogues, les personnages, le rythme, le thème, est un cran au-dessus des autres romans lambda. C’est toujours l’effet que ça me fait avec Pia Petersen : j’ai toujours l’impression de lire de la bonne littérature, accessible mais dans le haut du panier tout de même.

Le héros s’appelle Gary. Il a enfin obtenu le prix littéraire qu’il attendait tant. Il est célèbre, ambitieux, beau. Avec sa femme Ruth, il accepte d’être la vedette d’une téléréalité : il serait là, en train d’écrire, modifiant son récit selon les votes des téléspectateurs. La création à l’ère moderne dans toute sa splendeur. Mais une émission comme celle-ci, c’est également se laisser dicter ses choix, se faire filmer tout le temps, accepter les compromis et les scénarios. Même quand le scénario en question touche à son couple – et le scénario finit peut-être par devenir vrai. On retrouve aussi le même Gary un an plus tard, enfermé dans son sous-sol. Il ne sort plus, redoute sa femme. Tout a changé.

On fait des allers-retours dans le temps, dans les points de vue. Ce n’est jamais indiqué clairement donc il faut peut-être être un peu attentif au début mais on finit toujours par retomber sur ses pieds. J’étais très emballée par la quatrième de couverture, mais finalement l’intrigue se base plutôt sur les personnages et leur lien entre eux. Je les ai tous appréciés : il faut dire que l’auteure a beaucoup de talent pour dessiner des personnages forts et complexes. Ils évoluent avec le temps et les épreuves. Certains sont naïfs, d’autres présomptueux… Je pensais que le côté télévision, vedette, télé-réalité prendrait le dessus, mais en réalité pas vraiment. On parle bien sûr d’argent, de célébrité, de notoriété, mais pas en tant que tels : Pia Petersen nous montre plutôt quelles répercussions tout cela peut avoir sur notre vie.

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Comment veux-tu qu’on te prenne au sérieux ? Gary bredouilla que c’était ainsi, le monde d’aujourd’hui, qu’il fallait du réel, quelque chose d’instantané, d’immédiat, que les romans se lisaient à la télé, c’est le nouveau monde et il balbutia que la fiction, c’était maintenant en dehors du roman qu’elle s’écrivait, parce que le quotidien était mis en fiction. C’était troublant.

Les pages défilent vite, même si certaines semblent bien longues – Pia Petersen n’est pas toujours fan des retours à la ligne, certains passages sont un peu longs. Mais la langue est incroyable, virevoltante, virtuose, innovante. J’apprécie de faire un style si personnel, si particulier. Sans compter que le sujet de base me plaisait et que les personnages sont incroyables. Je ne peux que vous le recommander !

Pia Petersen, Un écrivain, un vrai, aux éditions Actes Sud, 20€.

Les ateliers d’écriture du Prix du Jeune Écrivain

Aujourd’hui, on ne va pas parler de lecture – enfin pas tout à fait. Dans le domaine de la littérature et du livre en France, je trouve qu’il y a quelque chose de formidable qui participe pleinement à cette forme d’exception française qu’on aime bien mettre en avant : nous vivons les livres. Nous vivons les mots, nous vivons la littérature. Les librairies et les bibliothèques sont plus qu’actives, faisant des rencontres et des débats à tour de bras. Les petits salons du livre comme les gros festivals sont légions sur notre territoire. Et je regarde tout cela avec un œil extrêmement bienveillant : je suis heureuse quand j’observe les recueils, les bouquins, les fascicules s’épanouirent dans les mains de lecteurs curieux et voraces plutôt que prendre la poussière, oubliés de tous. Et dans ce domaine-là, on oublie trop souvent de parler des associations. Cercles de lecteurs, ateliers d’écriture, prix littéraires, soutien à la langue… des milliers de personnes à travers le monde font vivre les mots dans le domaine associatif.

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Je tenais donc à vous parler du Prix du Jeune Ecrivain (ou PJE pour les intimes). Depuis plus de trente ans, cette association basée au Sud de Toulouse défend la création littéraire en langue française. A travers son Prix, elle invite tous les jeunes francophones du monde entier à écrire des histoires, des nouvelles. Cela fait cinq ans maintenant que je gravite autour de l’association, et l’émulation autour de l’écriture et de la littérature y est assez extraordinaire. Mais plus que le Prix, qui est déjà une grande aventure, j’ai plus d’affection pour les autres activités de l’association.

Pour faire rapidement : le PJE organise trois rencontres/événements ainsi qu’un festival (théâtre/musique…) de deux semaines chaque année dans sa ville, Muret. L’association est comité de lecture pour le Prix des Cinq Continents de la Francophonie (organisé par l’OIF) et pour le prix Claude Nougaro (organisé pour la région Occitanie). Mais surtout, ce qui est si cher à mon cœur : le Prix du Jeune Ecrivain organise chaque année des ateliers d’écriture. Pendant plusieurs jours, vous pouvez travailler autour d’un thème en petit groupe avec un auteur. Et c’est une expérience magique. Bien évidemment, vous progressez, vous mettez le doigt sur vos forces et vos faiblesses d’écrivain. Mais surtout, vous vivez des instants uniques de partage, de rencontre. Des gens venus de tous les horizons, de toute la France et de l’étranger se donnent rendez-vous près de Toulouse le temps d’une petite semaine pour écrire. C’est une parenthèse qui fait du bien : on prend du recul, on se coupe du reste du monde, on est entre nous, sans jugement et avec beaucoup d’amitié et de bienveillance…. Juste pour écrire. Pour l’avoir vécu, croyez-moi, c’est quelque chose.

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L’atelier d’écriture d’Alain Absire.

Je ne suis pas là pour vous vendre un produit. Je ne vais pas m’étaler sur les conditions agréables, sur la réputation des auteurs qui mènent les ateliers, sur l’expérience de l’association dans le domaine. Sachez juste qu’il y en a pour tous les goûts : des auteurs strictes et motivants, d’autres plus doux. Romans, poèmes, nouvelles, vous croiserez toutes sortes de littératures. Il reste encore quelques places pour cette année, en juillet 2017, au tout début des vacances scolaires. Si jamais vous hésitez, si jamais cela vous intrigue… n’hésitez pas à me laisser un petit message ou à contacter l’association.

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Jean-Claude Bologne conseille Pénélope sur son texte.

Pour ma part, j’aurai le grand plaisir cette année encore d’être dans les parages pour aider les bénévoles et je compte bien vivre cette expérience à fond. Pour un prix très raisonnable, je ne crois pas avoir encore croisé de tels ateliers. Et vous ? Avez-vous déjà eu l’occasion de vivre telle expérience ? Je veux tout savoir !

Livre Paris et Prix du Jeune Ecrivain

La fin du mois de mars a été très chargée en terme d’événements livresques et de découvertes littéraires.

livre_paris_2017Alors que je finissais en urgence la lecture commune du mois de mars, je me suis envolée avec bonheur pour Livre Paris. Un salon que j’attendais avec grande impatience puisque j’avais prévu d’y revoir de nombreuses connaissances, beaucoup d’amis que je ne croise jamais. Et quel régal de tous vous revoir ! La cerise sur le gâteau : voir des personnes dont j’ignorais jusqu’à la présence à Paris. Une de mes plus grande joie a été de pouvoir retrouver l’association du Prix du Jeune Écrivain à Livre Paris. J’ai pu travailler pour eux il y a quelques temps et cela va bientôt faire quatre ans que je gravite autour de l’association. Le Prix qu’elle propose est international et francophone et s’adresse aux jeunes du monde entier. Chaque année, presque 1000 manuscrits arrivent dans leur local à Muret – au sud de Toulouse. Et chaque année, des lauréats sont désignés par un jury d’écrivains et invités au Salon du Livre de Paris – entre autres choses.

DSC_6694 (Copier)C’est donc avec bonheur que je me suis rendue le samedi sur le stand Île-de-France où avait lieu un débat autour des écrivains de demain en présence des lauréats Bienvenue Eric Damiba, Elise Leroy et Anna-Livia Marchionni,, ainsi que d’écrivains membres du jury : Mohamed Aïssaoui, Alain Absire (président du jury) et Carole Martinez (que décidément j’adore). Un espace intimiste, des interventions intéressantes, un très bel échange qui a été pour moi l’occasion de retrouver les bénévoles, les amis rencontrés au PJE et de voir un peu à quoi ressemblait le cru 2017.

Toute la journée, j’ai vadrouillé au gré des rencontres dans le salon. De 10h à 19h, j’ai arpenté les allées, me perdant moult fois à cause de la signalétique absolument pourrie (on est d’accord, hein?). A l’inverse de l’année dernière, je n’avais pas pour but d’arpenter tous les stands. Je suis allée directement voir les éditeurs qui m’intéressaient, je m’étais fait un planning des conférences qui me tentaient mais sans me mettre la pression. J’ai beaucoup appréciée la scène littéraire, comme chaque année et la scène professionnelle était passionnante. Je regrette de ne pas avoir su à l’avance qu’il y avait des ateliers, ceux-ci m’auraient bien tenté. Cette année encore, je trouve le prix de l’entrée un peu cher, l’organisation présente des couacs, mais il y a de légers mieux il me semble. J’aime tellement ce rendez-vous que je me pose sérieusement la question de prendre un pass Grand Lecteur pour l’an prochain – d’ailleurs, si certains l’ont essayé, vous en avez pensé quoi ?

Côté dédicace, une seule me tenait vraiment à cœur et ça commence à devenir un rituel : avec la pétillante Nounja aka @MusicaduMN, nous nous retrouvons pour aller faire dédicacer ensemble le dernier roman de Cindy Van Wilder, l’auteure des Outrepasseurs. S’il y a bien un écrivain pour qui j’accepte de faire la queue sans me plaindre, c’est bien Cindy. Je suis toujours ravie de la revoir, elle est très proche de ses lecteurs et toujours souriante. Merci Nounja pour Memorex, merci Cindy pour tes dédicaces ❤

A peine le temps de repartir avec mes livres signés – mes seuls achats de tout le salon, autant dire que j’ai été très sage –, je m’élance vers le stand Buchet Chastel. C’est le moment, ça y est : la proclamation du palmarès du Prix du Jeune Ecrivain et les dédicaces du recueil tout nouveau, tout beau. C’est un peu la pagaille, il faut dire que le stand fait plus librairie que lieu de réception, et les micros sont interdits, mais l’émotion est quand même au rendez-vous. Les lauréats, la famille du PJE, les curieux réunis autour d’Alain Absire qui énonce le palmarès. La concrétisation d’une année de travail pour ce 32ème prix. Et il faut dire que la cuvée de cette année a l’air sacrément sympathique et j’ai eu un vrai coup de cœur pour le premier prix, Anna-Livia. « C’est une vraie » dixit mon amie et ancienne collègue Laura, et je ne peux que confirmer ! Talent, modestie, sincérité, elle est décidément très touchante cette Anna-Livia.

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Ma journée touche à sa fin. Je ne quitte pas encore Paris mais le salon du livre, c’est fini pour moi. Promesse de revenir l’an prochain en espérant que l’organisation s’améliore encore.

DSC_8014CC (Copier)Toutefois le mois de mars n’est pas terminé et il reste un de mes événements préférés de l’année : la remise du Prix du Jeune Écrivain à Muret, tout près de chez moi, le mercredi 29 mars 2017. A cette occasion, un extrait de chaque texte est lu par un comédien de la Comédie-Française ; cette année, il s’agissait de Didier Sandre et Sylvia Bergé. Intermèdes musicaux, petits mots de la part des lauréats et des membres du jury. Une mise en scène simple et très chaleureuse, rythmée. J’ai savouré chaque lecture et découvrir les textes dans ce cadre-là a été très agréable malgré la fatigue accumulée de la journée. Une bonne ambiance, et toujours la joie de retrouver les gens du PJE. Je suis contente de faire partir de cette association qui me donne l’occasion de découvrir de nouvelles plumes et je ne peux que vous inviter à visiter leur site internet pour en savoir plus sur leurs actions. Ils organisent notamment de supers ateliers d’écritures tous les étés.

Le mois d’avril sera, je l’espère, plus calme et plus propice à la lecture et à l’écriture. Et vous, vous avez été au Salon du Livre cette année ?

Comment j’ai écrit un roman sans m’en rendre compte, d’Annet Huizing

Il arrive parfois que je sois prise dans une frénésie de lecture et généralement dans ces cas-là, je lis des choses que je n’ai pas l’habitude de lire – comprenez : pas de littérature française ou classique. C’est assez naturellement que, dans cette période, je me dirige vers les romans jeunesse ou young adult, histoire d’avoir un truc agréable à croquer sous la dent rapidement. Voici comment est donc arrivé dans mes mains le livre d’Annet Huizing : Comment j’ai écrit un roman sans m’en rendre compte.

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Katinka est une jeune fille qui vit seule avec son petit frère et son père. Une de ses meilleures amies est sa voisine Lidwine, une auteure qui la fascine. Avec son aide, elle va commencer à écrire des petites choses, sur sa vie et sa famille. Sur Dirkje qui vient d’entrer dans leur existence tout doucement. Sauf qu’écrire, ce n’est pas toujours facile. C’est tout un art et une technique qui demande de l’entraînement et de l’apprentissage. Chaque jour, Katinka se met devant son ordinateur et essaie de pondre un petit texte. Elle ne s’imaginait pas en se lançant dans cette aventure que cela remuerait autant de choses en elle. Imperceptiblement, elle a autant appris sur elle que sur l’écriture – et sur le jardinage aussi.

C’est une lecture très rapide. J’ai trouvé ce texte simple mais sensible et émouvant. On ne côtoie que peu de temps les personnages mais on s’attache très vite à eux, les trouvant sincères et terriblement humains. Ce sont là plus que de simples êtres de papiers. L’intrigue en soi n’est vraiment pas incroyable mais elle se laisse suivre avec plaisir tout de même. L’auteure a réussi à donner vie à sa narratrice : ce sont vraiment les mots d’une enfant, toutefois cela n’est pas un problème puisque la langue et le style sont tout de même assez bons.

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J’ai peu de choses à rajouter sur ce roman. Il m’a changé les idées, c’est une bonne lecture que je conseillerai aux pré-ados, mais je n’ai pas rêvé comme dans une saga, je n’ai pas vibré comme dans Nos étoiles contraires par exemple. Il est agréable mais je trouve globalement ce livre peu ambitieux malgré un thème très intéressant.

Annet Huizing, Comment j’ai écrit un roman sans m’en rendre compte, traduit du néerlandais par Myriam Bouzid, aux éditions Syros, 14€95.

La Revanche de Kevin, de Iegor Gran

revanche-siteEn ce moment, je suis prise dans une frénésie de lecture, avec un rythme de presque un roman par jour. Sauf le week-end, bizarrement. Bref, j’ai donc plein de chroniques dans ma hotte, alors autant commencer dès maintenant à vous parler de mes dernières lectures. Je reviens à peine du Salon du Livre, alors quoi de mieux que de partager avec vous un roman dont l’histoire commence dans ce même salon.

Je l’avais croisé sur la blogo, et ça faisait déjà quelques mois qu’il traînait dans ma whishlist : La Revanche de Kevin de Iegor Gran. Avec un titre pareil, vous pensez bien, ça m’a rendue curieuse. Kevin travaille pour la Radio (avec une majuscule). Il est commercial. Dans un milieu où tout le monde parle, se pavane, écrit, il sait bien que son prénom fait tâche. Il a en effet conscience qu’on ne dit plus de Kevin que c’est un prénom breton, mais plutôt que c’est un prénom de pochtron intellectuellement limité. Alors, il veut se venger, de tout ces gens qui se crispent ou ont des regards en coin dès qu’il se présente.

Il a manigancé la chose et la pratique depuis assez longtemps pour être devenu un expert. Il endosse une fausse identité, et piège un auteur. Le dernier exemple en date a eu lieu au Salon du Livre de Paris : il s’est fait passé pour un lecteur d’une grande maison d’édition et a réussi à faire tomber dans le panneau un écrivain. François-René Pradel pensait en effet avoir envoyé son dernier manuscrit à Alexandre Janus-Smith. Ce dernier lui avait promis l’édition de son livre. Mais quelle déconvenue quand il apprend finalement que celui-ci n’a jamais existé !

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Voilà, c’est ça, la revanche de Kevin. Un jeu pas si innocent que ça qui lui permet de se sentir un peu plus fort que les autres. Mais jouer avec les sentiments d’autrui, vous vous en doutez, ça n’attire pas que des bonnes choses, loin de là. Le mensonge gangrène son couple, le rend arrogant, pompeux, hypocrite. Jusqu’au jour où. Je ne vais pas vous en dire plus, à vous de découvrir la suite.

Cette lecture m’a vraiment surprise. Ce n’est pas un coup de cœur, mais disons une agréable découverte. J’ai été promenée d’un bout à l’autre, obligée de suivre Kevin. Un héros que je n’ai pas forcément aimé. Et non pas à cause de son prénom, mais plutôt à cause de ce que ce prénom a fait de lui : il est imbu de lui-même, n’a aucune empathie, et ne pense qu’à lui. Alors oui, il est cultivé. Mais il s’intéresse à la culture non pas pour elle-même, mais juste dans un but d’ascension sociale, ou plutôt de revanche sociale. Mais même si on ne s’attache pas à lui, parce qu’on ne l’aime pas, on veut savoir ce qu’il va advenir de lui. En effet, les événements s’enchaînent, empirent.

On pourrait penser au premier abord que ce roman montre les travers du monde de l’édition et c’est vrai qu’il y en a beaucoup. Mais plus que cela, il montre du doigt ceux qui dénigrent ce monde sans savoir, sans penser une seule fois que là aussi il s’agit d’êtres humains avec des ambitions, des émotions. Il n’y a pas une tension folle dans ce livre, toutefois ce roman nous tient en haleine, au détour d’une phrase, notre cœur rate un battement. Car Iegor Gran a ce génie dans l’écriture de rendre tout cela naturel. On ne se croit pas dans une fiction, mais dans la vraie vie. Devant un fait divers tout juste romancé. Les personnages sont très réalistes, même s’ils nous font parfois grincer des dents. Les pages se tournent vite, grâce à une intrigue bien ficelée et à une narration qui fait avancer l’action à un rythme régulier. Quant à la fin… On sent à ce moment-là que ce livre arrive à être bouleversant. Il y a dans ces phrases un peu d’humour grinçant, mais j’avoue mettre sentie assez souvent mal à l’aise, sûrement l’effet recherché par l’auteur d’ailleurs.

La Revanche de Kevin est un roman que je vous invite à lire, en gardant votre curiosité et votre bienveillance. Si vous ne vous braquez pas contre certains des personnages, je suis sûre que vous apprécierez cette lecture.

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Iegor Gran, La Revanche de Kevin, édition P.O.L., 15€.

A l’encre russe, de Tatiana de Rosnay

Je retrouve Tatiana de Rosnay, après ma lecture du Cœur d’une autre, il y a quelques temps déjà. Aujourd’hui, je vais vous parler de L’encre russe, qui a élu domicile dans ma bibliothèque depuis plusieurs mois et méritait d’en sortir.

L’histoire ne peut se résumer en une seule phrase. L’action se déroule dans un hôtel luxueux dans un lieu paradisiaque de la côte italienne. Nicolas Kolt, écrivain, y réside pour le week-end avec sa compagne Malvina. Il n’aime pas cette jeune fille comme il devrait l’aimer, mais ses sentiments se sont affadis depuis sa rupture avec son ex. Nicolas a trouvé le succès et la richesse grâce à son roman L’Enveloppe qui a battu tous les scores de ventes internationaux. Il y raconte un secret de famille, inspiré de sa propre histoire : son père, disparu en mer alors qu’il était enfant, avait en réalité des parents russes. Nicolas Duhamel, de son vrai nom, décide alors de choisir pour nom de plume, le patronyme (un peu raccourci au passage) de son père.

Le motif de ces vacances au bord de mer : écrire. Cela fait des mois qu’il doit écrire son deuxième roman, il ballade tout le monde en faisant croire que tout va bien, mais en réalité, il n’est plus capable d’écrire.

Rien que ça, l’impossibilité d’écrire, c’est un fichtrement bon sujet de roman, surtout avec un personnage comme Nicolas, qu’on déteste un peu, mais qu’on ne peut s’empêcher d’aimer tout de même. Mais c’est sans compter sur l’ingéniosité de Tatiana de Rosnay qui ne va pas s’arrêter là. La figure du père et des origines russes vont hanter notre personnage. Il se questionnera sur sa relation aux femmes, à son ex, à Malvina. Et les choses ne vont pas se passer comme prévu à l’hôtel. Bref, il y a de quoi faire, il y a de quoi lire. J’ai beaucoup apprécié la fresque de tous ces personnages – et ils sont plutôt nombreux – qui est détaillée sans nous embrouiller ou nous noyer pour autant. L’auteure manie avec facilité les flash-back pour nous permettre de visiter le passé du héros, sans même s’en rendre compte. Les allers-retours entre le passé et le présent sont partout mais ne posent aucun problème de lecture.

Il est très dur de dire tout ce que j’ai ressenti à cette lecture. Tout d’abord, du divertissement ! J’ai passé un très bon moment, et j’ai été happée par l’histoire en moins de dix pages. De l’intérêt et de l’attachement aussi, de la curiosité pour tous ces personnages secondaires plein de vie. De l’attirance et de l’agacement pour le héros, l’auteure sait très bien jouer avec nos sentiments !

L’écriture de Tatiana de Rosnay est en même temps simple et élaborée. Elle va beaucoup plus loin qu’une narration lambda, mais à aucun moment la lecture ne se fait heurtée ou difficile. On voit que l’auteure pense à ses lecteurs, et cela fait vraiment plaisir !

Bref, j’ai passé une belle lecture en compagnie de Nicolas Kolt (qui a un compte Twitter d’ailleurs!) et je ne peux que vous conseiller d’en faire autant.

Tatiana de Rosnay, A l’encre russe, Le Livre de Poche (33301), 7€60.

Un roman américain, d’Antoine Bello

Je suis désolée d’avoir délaissé ce blog pendant une bonne partie du mois de janvier. J’ai d’abord été tétanisée par les évènements atroces que la France a subi. Il m’a fallu du temps pour m’en relever, comme beaucoup d’autres j’imagine. Vraiment, ça m’a touchée et meurtrie.

Puis quand j’ai re-commencé à vouloir écrire, j’ai tout simplement été malade. Je préférais garder mes dernières forces pour le travail. En parlant de travail, j’ai repris mon boulot à l’association du Prix du Jeune Ecrivain. Donc si vous écrivez des nouvelles et que vous avez entre 15 et 27 ans, c’est le moment de participer ! Et si vous voulez faire partie de nos comités de lecture, envoyez-moi un petit mail : lacritiquante@gmail.com

Bref, parlons du vif de sujet.

Pendant les vacances de Noël, j’avais embarqué un roman qui m’intriguait : le sujet avait l’air soporifique et j’étais curieuse de voir comment l’auteur allait s’en dépatouiller. Ce livre, c’est Roman américain d’Antoine Bello (ancien lauréat du Prix du Jeune Ecrivain soit dit en passant…).

Je vais faire quelque chose que je fais rarement dans mes chroniques, je vais résumer l’histoire en citant la quatrième de couverture. Parce que le faire de façon claire, j’en suis personnellement incapable.

Vlad Eisinger, journaliste économique américain, publie une série d’articles sur le marché du «life settlement». Cette pratique, qui consiste à revendre à des tiers des assurances-vie en cours, est devenue un véritable marché aux États-Unis, sur lequel assureurs et investisseurs opposent leurs intérêts respectifs jusqu’aux limites de la légalité.
Vlad étudie ce phénomène à travers le microcosme d’une résidence de Floride, Destin Terrace, où cohabitent des personnes ayant revendu leurs assurances-vie et des investisseurs qui ont bâti leur fortune sur ce marché. Dans la résidence vit l’autre narrateur du roman, Dan Siver, écrivain sans succès, qui décrit de l’intérieur les répercussions tragicomiques des articles de Vlad sur les membres de la communauté.

Oui, oui, un livre avec de l’économie et des magouiles américaines dedans. Et une observation sociologique dans un patelin à la Desperate Housewives. Dis comme ça, ça ne donne pas forcément envie. C’est sans compter la façon dont Antoine Bello traite son sujet. Le roman est partagé entre les échanges de mails entre Dan et Vlad, le journal que tient Dan et les articles qu’écrit Vlad. Ces différents éléments s’alternent de façon harmonieuse et judicieuse, cassant une narration qui sans cela aurait pu être monotone. Une idée lumineuse, les différentes parties se répondant entre elles et faisant avancer l’intrigue d’une manière très agréable. En fait, la lecture est agréable. A aucun moment, je n’ai voulu posé le livre par ennui. Au contraire, je ne pouvais plus le lâcher !

Antoine Bello mène ses lecteurs par le bout de nez. Son écriture est à la fois ferme, bien maîtrisée, et drôle, virtuose. Il réussit à nous faire voir une autre Amérique par le prisme du marché des assurances vies. Avouez que c’est quand même un coup de maître !

N’hésitez plus et partez vite à la découverte de cet auteur talentueux et de son Roman américain. C’est une expérience à vivre, et le dénouement de l’histoire est juste magique.

Antoine Bello, Un Roman américain, aux éditions Gallimard, 18€50.

La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert, de Joël Dicker

Comme d’habitude, je viens vous parler d’un ouvrage qui s’est étalé en vitrine des librairies,  plusieurs semaines après sa sortie (et même après son édition en livre de poche, c’est dire). Je ne suis pas une ponctuelle des rentrées littéraires et autres événement romanesque. Aujourd’hui donc, c’est Joël Dicker qui sera la vedette de ce billet avec La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert (et non pas Québert ou Querbert comme me yeux ont voulu le lire tout le long).

Marcus Goldman a la trentaine, une carrière de faux semblants avant de se reconvertir presque sincèrement dans l’écriture. Son premier roman est un succès, il connaît gloire et argent, mais son contrat d’édition se rappelle à lui : il doit encore écrire. Mais comment faire quand on ne sait plus écrire ? Quand on est pris par l’angoisse de la page blanche des semaines durant ? Il se tourne alors vers son mentor, son ami, le célèbre auteur Harry Quebert, qui vit à présent dans la petite ville d’Aurora dans le New Hampshire. Mais le destin de ces deux hommes va basculer quand le passé de Harry va revenir le hanter : on l’accuse d’être l’assassin d’une fillette de 15 ans, Nola Kellergan, tué il y a en 1975 à Aurora.

Marcus se saisit de l’affaire : il ne peut pas abandonner son ami dont l’innocence lui est certaine. Il doit sauver Quebert, mais aussi sa carrière d’écrivain. Toutefois l’enquête qu’il va mener va lui faire découvrir une situation beaucoup plus complexe qu’elle en a l’air : secrets, mystères, menaces, apparences…

« Qui a tué Nola Kellergan ? Que s’est-il passé dans le New Hampshire à l’été 1975 ? Et comment écrit-on un roman à succès ? »

Je dois avouer que j’ignorais dans quelle genre de lecture j’allais me lancer avec ce livre-là. J’avais à peine parcouru la quatrième de couverture et j’ai longtemps hésité sur le genre de ce roman. Il mêle beaucoup de thèmes, l’intrigue est recherchée, travaillée, de multiples éléments, personnages, versions de la vérité se croisent et s’entrechoquent. Il faut tenir la distance car c’est tout de même un petit pavé : plus de 660 pages ! Toutefois, cela est facilité par l’écriture très fluide de l’auteur malgré une histoire assez épaisse et complexe. Cette histoire justement, bien que digne d’un bon téléfilm américain – elle en a même assez l’ambiance ! – est rondement menée : que de qualités pour cette intrigue qui nous surprend, nous donne envie d’en savoir plus, d’enquêter… Car la base de ce roman, c’est l’enquête menée dans le passé au temps de l’assassinat et dans le présent au temps de l’accusation, et je dois vous avouer que c’est très prenant.

Sans être un thriller, on voyage avec plaisir dans ces investigations qui ont chamboulé une petite ville de province américaine : les masques tombent, la peur de souvenirs douloureux surgit. Joël Dicker nous emmène où il le veut par le bout du nez, sans trop verser dans le cliché du polar ou de l’analyse psychologique : il sait doser, même s’il faut avouer qu’il y a parfois quelques longueurs ou quelques « hollywoodismes de télé du dimanche ».

Peu de choses à dire sur un livre pourtant assez vaste. Il est difficilement descriptible et, à écrire cette chronique, je lui trouve quelques défauts. Toutefois, j’ai vraiment passé un très bon moment de lecture avec ce roman : je ne pouvais plus le lâcher ! J’ai adhéré à cette ambiance de shérif, de plage et de maison en bois : cette atmosphère fait un peu carte postale mais c’est un parti pris de l’auteur et il faut avouer que ça fonctionne assez bien. On sent que Joël Dicker connaît les trucs et astuces romanesques : son art est une mécanique bien huilée.

En résumé, un livre pas parfait, mais un roman très bon !

Joël Dicker, La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert, éditions de Fallois / L’Âge d’Homme, 22€.

Betseller, de Jesse Kellerman

Vous voulez un livre vraiment surprenant et qu’on ne peut pas lâcher ? Je crois que j’ai ce qu’il vous faut : Bestseller de Jesse Kellerman.

 

Arthur Pfefferkorn est un écrivain. Enfin, il l’était, il n’a plus rien publié depuis des années et sa plume est sèche. A l’inverse, son ami (un peu éloigné maintenant) est William de Nerval qui enchaîne bestseller sur bestseller alors que rien ne le prédestinait à cette carrière. Mais un jour, l’auteur renommé et tant jalousé disparaît en pleine mer laissant derrière lui un manuscrit bien avancé et une veuve à réconforter. Arthur ne peut s’empêcher de faire main basse sur les ruines du passé de son vieil ami. Mais il n’a pas encore conscience que son acte va avoir des répercussions bien plus retentissantes qu’un simple plagiat : succès, danger, espionnage, peur, mort, amour, secret et révolution, voici les ingrédients stupéfiants, surprenants qui vont constituer le quotidien d’Arthur, qui en sera le premier étonné.

 

Je ne peux pas vous en dévoiler plus sans gâcher toute l’histoire. Il y a un côté polar bien prononcé dans la construction de ce roman qui nous emmène bien plus loin que ce qu’on aurait pu imaginer. Presque 400 pages où l’on se fait ballader sans s’en rendre compte, tellement on est pris dans cette histoire rocambolesque mais maniée d’une main habile. Ce n’est pas dramatique ou loufoque mais ce roman contient la juste dose d’humour noir qu’il faut pour trouver ces situations drôles et dangereuses à la foi. Beaucoup de dialogues, mais aussi des réflexions intérieures et une narration menée d’une main de maître : l’écriture est au service d’un traitement romanesque qui refuse de se plier aux règles d’un genre mais veut les mêler pour en extraire le meilleur, nous faire vibrer, nous faire rire, créer du suspens. Un beau mélange, réussi, que je vous conseille !

 

Jesse Kellerman, Bestseller, éditions des Deux Terres, 21€50.

Ecriture, mémoires d’un métier, de Stephen King

Depuis le temps qu’on me serinait « Quoi ? Mais tu n’as encore jamais lu un Stephen King, mais c’est the master of horror, ma chérie ! »… Ben oui, certes, mais ce n’est pas tout à fait mon genre de romans ; en plus, ce n’est proposé qu’un grand format, couverture rigide à la médiathèque, pas vraiment pratique pour l’emmener partout avec soi. Mais bon, c’est vrai qu’il m’intriguait ce lascar, alors j’ai quand même voulu voir à quoi ressembler sa plume, j’ai donc choisi le livre qui pouvait le plus potentiellement me plaire : Écriture, mémoires d’un métier.

Il faut dire qu’il a eu une drôle de destinée ce bouquin. Il était à peine commencé que l’auteur se fait renverser pas un van au cours d’une promenade. Résultat : jambe en miette, hanche pas au top, douleur, rééducation, tout le tintouin. De quoi faire réfléchir. D’ailleurs, King nous parle de cet accident en dernier partie (et il n’oublie pas ses talents de conteurs au passage).

Que peut-on lire dans ces pages ? Tout d’abord, il commence par nous énumérer quelques éléments de sa vie, surtout pendant l’enfance et l’adolescence, qui ont pu influencé sa nature d’écrivain. Cela aurait pu être intéressant mais je vous avoue que j’ai eu souvent vraiment du mal à dénicher le lien entre ses baby-sitters et ses romans effrayants, d’autant plus que tout le livre est très « américo-centré ». On ne peut pas vraiment lui reprocher, mais quand il nous évoque les revues dans lesquelles il publiait ses premières nouvelles, non seulement c’est une autre époque (de l’eau a coulé sous les ponts depuis) mais surtout ça n’évoque pas grand chose depuis notre petite France. Par exemple, plus loin, il évoque la question des agents littéraires qui sont légion aux Etats-Unis, le poblème c’est que c’est encore une méthode plutôt marginale en France, un travail encore peu répandu même s’il prend de plus en plus d’ampleur. Chez lui, un jeune auteur a tout intérêt à demander l’aide d’un agent pour se faire connaître, chez nous cet agent il faudrait trouver de quoi le payer avant toute chose… Ce sont les personnes déjà publiées et qui n’ont pas toutes les peines du monde à trouver un éditeur qui en profite avant tout.

Heureusement, c’est bien écrit, c’est facile à lire, c’est complice, c’est parfois drôle, mais surtout c’est sincère. Et cette impression ne m’a jamais quitté : King peut se vanter d’avoir créer une réelle relation avec ses lecteurs et de tout le bouquin, il ne nous lâche pas. Il l’a écrit pour nous ce machin, il nous l’adresse à nous qui nous intéressons de près ou de loin au monde de l’écrit de fiction. Alors pourquoi il mentirait, pourquoi est-ce qu’il travestirait les choses pour les rendre plus jolies, pourquoi prendrait-il un ton plus pompeux sous couvert que l’on parle de littérature ? Jamais il ne tombera dans le fossé de la fausse intelligence hautaine. Il reste à notre niveau, même si paradoxalement on s’en sent rabaissé quelques moments.

Dans les deux plus grandes parties de son ouvrage, Stephen King évoque avec nous quelques points précis et nous donne des conseils qui lui tiennent particulièrement à cœur comme éviter au maximum les adverbes ou le style passif. Des recommandations avec lesquelles je suis assez d’accord, même si je les suis rarement ! Ce n’est pas du temps perdu que de les lire.

De plus, lire du Stephen King, c’est très facile, même dans ce livre à part, plus technique et théorique que fantastique et fictionnel. Grâce à des comparaisons bien trouvés, des témoignages placés au bon moment et des exemples, il arrive à nous convaincre et à nous faire comprendre les petites choses importantes qui font un écrivain. Écriture est vraiment à la portée de tous, toutefois, lui-même le rappelle, ce livre ne fera pas d’un quidam un auteur de best-seller en un jour. Il le répète à plusieurs reprises, et il a complètement raison : pour écrire, il faut lire, lire, lire, lire et s’exercer !

 

Toutefois, moi qui baigne dans ce milieu de la création littéraire et dans le creative writing qui commence à peine à pointer le bout de son nez en France, je peux vous dire que ce livre n’est pas suffisant. Certes il apporte un regard nouveau, il met en avant des choses auxquelles on n’aurait sûrement pas pensé… Mais pour avoir une vision d’ensemble de l’écriture, des méthodes, des consignes, des conseils, il faut d’abord patauger dans d’autres œuvres de fictions, dans d’autres genres, il faut aller regarder ce que d’autres ont pu écrire sur l’écriture, il faut aller à la rencontre des auteurs, il faut voir en quoi consiste un atelier d’écriture, et surtout il faut avoir la passion. En comparaison à d’autres œuvres sur l’écriture, ce livre est presque pauvre : pas complet sur le plan pratique, concret, peu séduisant du point de vue des confidences, du côté autobiographique qui partagerait avec nous le destin d’un écrivain.

Bref, il m’a laissé sur les lèvres un goût de thé trop infusé : pas mauvais, bon même dans la bouche des néophytes mais peut faire mieux.

Stephen King, Écriture, mémoires d’un métier, traduit de l’anglais (États-Unis) par William Olivier Desmond, chez Albin Michel, 20€15, OU chez Le Livre de Poche, 6€60.