Faut-il manger les animaux ? de Jonathan Safran Foer

Dans la veine de No Steak d’Aymeric Caron, j’ai continué mes lectures sur le végétarisme et/ou l’élevage des animaux. C’est d’ailleurs ce dernier sujet qui est au cœur de Faut-il manger les animaux ? de Jonathan Safran Foer.

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J’avais beaucoup entendu parler de ce livre et je ne savais vraiment pas à quoi m’attendre. Finalement, je pense que l’auteur a fait un livre qui lui était très personnel. Il livre ici son avis, son parcours après trois ans de recherche, d’enquête, d’écriture. Tout est parti de sa toute fraîche paternité. Choisir ce que l’on mange, c’est une affaire entre soi et soi. Les questionnements, les doutes sur oui ou non manger de la viande ne concernent principalement que vous. Si vous êtes inconstants, si vous changez d’avis, vous ne devrez normalement rendre des comptes qu’à vous-même. Mais quand vous devez vous occuper d’un petit être… Le minimum, c’est au moins de savoir ce qu’on va réellement mettre dans sa bouche.

Le livre est organisé d’une façon très personnelle, mais logique. Tout d’abord, Safran Foer revient sur les origines de son propre végétarisme, sur les us et coutumes variant d’un continent à l’autre. On revient bien sûr sur les mots : qu’est-ce qu’un animal ? La cruauté ? Jusqu’où va la sensibilité des animaux ? A quel moment nous sommes-nous éloignés d’eux ? Et, évidemment, l’auteur met en avant les désavantages de l’élevage industriel qui est devenu la règle : la deuxième moitié du livre nous explique dans le détail quelles sont les réalités de ces établissements d’élevage et d’abattage à la chaîne. Mais on nous rappelle également les dégâts sur l’environnement, la santé. Safran Foer fait également un point sur la pêche en mer et sur la pisciculture – ce que j’ai beaucoup apprécié, les poissons étant toujours les grands oubliés.

L’auteur finit son livre en nous rappelant l’importance de nos choix et notre influence potentielle sur les autres. Bien sûr, lui pense sincèrement que le végétarisme est un bon choix, mais il a souhaité être exhaustif dans ses écrits, pour laisser tout le monde penser ce qu’il veut en connaissance de cause. Lui-même est allé en douce la nuit dans des élevages, il a aussi exploré des élevages traditionnels avec des animaux heureux, qui vivent en plein air et meurent avec un peu plus de considération que les autres. Et même s’il estime que ce n’est pas encore la solution, c’est déjà un début de solution. Il est vrai que ce livre est centré sur les États-Unis mais il y a plusieurs sujets que j’ai trouvé très intéressants : la suprématie des grandes entreprises d’élevage et d’abattage, les inconvénients concrets des tonnes et des tonnes de lisier produits, les manipulations génétiques dont résultent les animaux d’élevages… Safran Foer retranscrit également une dizaine d’interviews passionnantes : un éleveur traditionnel, une végétarienne qui élève des bœufs pour leur viande, une activiste, etc.

J’ai lu ce livre tranquillement – il faut le temps de le digérer, sans mauvais jeu de mots – et j’avoue qu’il est redoutablement efficace pour vous rendre plus végétarien que carnivore. Une lecture que je vous conseille sans aucun doute.

Jonathan Safran Foer, Faut-il manger les animaux ?, aux éditions de l’Olivier, 22€.

No steak, d’Aymeric Caron

Il est clair que mes choix de vie influent sur mes lectures. J’ai choisi de manger moins de viande et de produits d’origine animal. Oulah, je vous arrête, je suis encore très très loin de devenir végétar/lienne, mais j’y pense. C’est dans cette optique que j’ai lu No steak d’Aymeric Caron.

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L’auteur est végétarien et il pense sincèrement que l’espèce humaine devrait arrêter de consommer de la viande, d’exploiter les animaux et ceci pour plusieurs raisons. Tout simplement, il sera impossible de nourrir toute la planète avec assez de viande. La demande explose au fur et à mesure du développement de certains pays (Inde, Chine pour ne parler qu’eux) et il va être physiquement impossible de répondre à la demande. De plus, l’exploitation animale industrielle est une des premières causes de pollution : méthane et réchauffement climatique, nitrates dans les nappes phréatiques, déforestation massive, et j’en passe. La majeure partie des récoltes végétales ne nourrit pas les hommes mais les animaux. Et tout ça prend énormément de place sur notre petite planète bleue.

L’auteur évoque également les répercussions sur la santé d’un régime trop carné – pour aller plus loin, je vous invite à visionner le documentaire What the Healt – et, comme lui, je ne vais pas vraiment m’étendre sur ce sujet. Mais le cœur du livre, c’est bien sûr l’élevage et l’abattage des bêtes. Plus qu’un simple constat des pratiques qu’on essaie de tenir loin de nous pour nous éviter d’y penser, Aymeric Caron mène une vraie réflexion éthique et philosophique sur le sujet, et je dois avouer que je ne m’attendais pas à trouver cela si intéressant. De plus, il nous livre des faits, sources à l’appui pour confirmer ses propos, libre à vous d’aller plus loin et de comparer vos sources. Pour information, Aymeric Caron est un Français, donc les données choisies pour la plupart concernent l’Hexagone, et ce livre date de 2012.

J’ai beaucoup apprécié cette lecture car l’auteur est tout simplement sincère : oui, il est végétarien et ça l’a amené à rencontrer des difficultés diverses et variées dans sa vie, et oui, il pense que tout le monde devrait au moins tendre vers le végétarisme. C’est son livre, bien sûr, il va y défendre son avis, mais je ne l’ai pas trouvé prosélyte. Il y a de la place pour la réflexion, le débat, et aucune position tranchée et bornée qui fermerait le dialogue. Avec cette lecture, vous vous poserez des questions très intéressantes : pourquoi on a choisi de surtout utiliser des bœufs, des cochons, des poulets et pourquoi ne mange-t-on pas des chiens comme en Chine ? Comment peut-on vivre sans les fameuses protéines animales et est-ce que ce régime végétarien est-il vraiment bon pour nous ? Qu’est-ce que l’éthique animale ? Quelle est la vraie forme de l’exploitation animale aujourd’hui ? Avons-nous le droit de faire souffrir et d’abattre des êtres sensibles et intelligents ?

No steak est assurément un livre très intéressant, qui poussera plus loin vos réflexions. C’est bien sûr à vous de prendre vos propres décisions, de faire vos propres choix mais je suis certaine qu’il est plus sain de les faire en connaissance de cause.

Aymeric Caron, No steak, aux éditions Fayard, 19€, et également en édition poche J’ai lu, 7€60.