Dernier été à Tokyo, de Cecilia Vinesse

J’ai d’abord croisé ce livre en librairie, la quatrième de couverture m’avait donné envie – pas la couverture par contre, beurk. Quand je l’ai croisé à la médiathèque, je me suis dit « pourquoi pas ? » En avant donc pour Dernier été à Tokyo de Cecilia Vinesse.

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Sophia a toujours été entre plusieurs continents. Elle vit à Tokyo depuis quatre à présent avec sa mère et sa sœur. Mais dans sept jours, alors qu’elle s’apprête à bientôt rentrer en terminale, elle va devoir dire au revoir à ses amis du lycée international, Mika et David. En effet, elle déménage dans le New Jersey. Triste de quitter cette ville qu’elle affectionne, elle est d’autant plus fâchée que ses derniers jours au Japon vont être gâchés par le retour de Jamie, qui lui revient de trois ans aux Etats-unis. Avant son départ, leur amitié s’était mal terminée… Mais il peut s’en passer des choses en une semaine, et Jamie et Sophia ont toute une relation à reconstruire.

Bon, déjà, ce qui m’a énervée : ils sont où les Japonais ? On est entre expats, point. Je veux bien croire que dans la réalité, entre ados expatriés, scolarisés dans un lycée international où on parle anglais, tu traînes peu avec des natifs… Mais quand même, être autant occidentalement centré à ce point ! Vu que l’histoire se passe à Tokyo, c’était vraiment n’importe quoi !

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Les personnages sont assez typiques, peu de nuances : prendre l’excuse que c’est une romance adolescente ne me va pas du tout car le niveau est plutôt élevé dans beaucoup d’autres. On a le gars un peu connard mais qu’on aime bien quand même, le timide soi-disant geek mais qui est au fond malheureux, la fille aux cheveux bleus qui est extravertie, la grande sœur qui gronde et râle car elle s’est faite larguée, un cliché avec le père aussi (mais je n’en dirais pas plus pour pas spoiler ça au moins…) Heureusement, j’ai trouvé que Jamie sauvait quand même les choses, car il est attachant et rafraîchissant. C’est un garçon surprenant et agréable. Les autres personnages, on les retient moins. Leur comportement change sans qu’on sache vraiment pourquoi – ah, si ! L’alcool !

Ces ados sortent quand ils veulent, boivent ce qu’ils veulent, dorment où ils veulent : où sont les parents ? Allô le réalisme ? Ça m’a agacé au possible de voir des ados se comporter comme en jeunes adultes, avec des problèmes mièvres : tous les soirs, la même chose. En fait, je crois que c’est l’écriture qui est un peu adolescente sur les bords.

Côté personnages, on a frôlé des bonnes choses comme les relations familiales par exemple : bien qu’un peu trop manichéennes, elles sont variées et c’est là où on ressent un peu de réalisme dans les relations humaines.

Il faut dire que le style n’est pas incroyable non plus. C’est de la narration, le rythme et les dialogues fonctionnent un peu près bien. J’ai énormément regretté que Tokyo ne soit qu’une excuse pour faire un titre et une couverture particulière, pour coller des descriptions de lumières de la ville la nuit. C’est vraiment dommage car on sent l’amour de l’auteure pour cette ville ! Il suffisait de travailler les descriptions, planter le décor et s’en servir pour de vrai ! On est vraiment passé à quelque chose…

Un roman clairement adolescent dans l’écriture, l’intrigue, le style, l’aboutissement, qui manque de nuances. Bizarrement, pour écrire une bonne romance, il faut s’éloigner un peu des clichés pour mieux y revenir avec des idées nouvelles. La pluie, la nuit, l’alcool, les non-dits… pfff, si au moins il y avait un vrai style, une plume acérée pour servir tout ça, un vrai enjeu dans l’intrigue, ça aurait pu fonctionner. Mais ce n’est pas le cas. C’était divertissant un peu, mais j’ai plutôt perdu mon temps avec cette lecture. Avis cru mais sincère.

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Cecilia Vinesse, Dernier été à Tokyo, traduit de l’anglais par Cécile Tasson, aux éditions Pocket Junior, 17€90.

Tokyo Sanpo, de Florent Chavouet

Rares sont les BD ou les romans graphiques que j’apprécie vraiment. Surtout que je n’y connais pas grand-chose et – soyons francs – ce n’est pas le genre littéraire qui m’attire le plus. Mais conjuguez ça avec un carnet de voyage et je suis déjà happée par le bout de votre hameçon. Et si, en plus, ça se passe au Japon, vous avez gagner, la pêche est finie.

Pour me remettre en jambes, j’ai relu il y a peu un livre que j’adore, quelle grande – et mauvaise – surprise de réaliser alors que je n’en avais encore jamais parler sur ce blog. Place aujourd’hui à Tokyo Sanpo de Florent Chavouet.

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L’auteur a passé six mois au Japon pour accompagner son amoureuse venue ici pour un stage. Après avoir renoncé à l’idée de trouver un petit job, il a donc passé ces semaines à croquer plein de recoins de la ville, ainsi que ses habitants. Il a arpenté les ruelles, les ponts, les parcs, avec son fidèle vélo orphelin, trouvé par hasard. Chaque chapitre représente un quartier qu’il a exploré, représenté par un koban – un commissariat de proximité, dont chacun a une architecture particulière.

Florent Chavouet nous raconte ses mésaventures, ses rencontres, sa bizarre fascination pour les étiquettes de fruits, les différences et les habitudes des Japonais qu’il a pu observés. C’est très agréable cette petite ballade un peu improvisée à travers ses dessins colorés. J’ai adoré le trait, c’est assez rare pour le signaler ! Ce n’est pas trop intrusif dans la vie de l’auteur : on sait à quoi ressemble son appartement, ses magasins préférés mais au final on en sait bien peu sur ce que ça fait de vivre à l’étranger. Et en fait, ça tombe plutôt bien. De nombreux autres ouvrages d’expatriés s’occupent de cela. J’ai trouvé beaucoup plus intéressant de voir les différences culturelles à travers les dessins de Florent Chavouet, j’ai voyagé avec lui.

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Je ne suis pas très douée pour parler de bande dessinée, mais en toute sincérité, j’ai passé un excellent moment avec ce livre. Il est agréable, il nous permet de jouer les touristes sans vergogne. Bref, un ouvrage à offrir et à s’offrir !

Florent Chavouet, Tokyo Sanpo, aux éditions Picquier, 24€. Dans la même veine, je vous conseille de lire Manabé Shima.

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