Flic, de Bénédicte Desforges

Vous l’avez peut-être remarqué, en ce moment, je suis en plein dans les témoignages de toutes sortes, même si j’essaie tant bien que mal d’y glisser une fiction par-ci par-là pour garder un maximum de diversité sur ce blog. Aujourd’hui encore, c’est donc encore le témoignage qui sera mis en avant, celui d’une femme gardienne de la paix, Bénédicte Desforges, qui nous fait lire dans Flic quelques anecdotes sans concession de la « police ordinaire ».


Je ne sais pas trop à quoi je m’attendais avec cet ouvrage, mais sûrement à quelque chose qui sorte un peu plus de l’original que ce que j’ai pu y lire. L’auteure égraine au fil des pages quelques courtes histoires, des chroniques de la vie de tous les jours d’un petit policier d’Île de-France. Il me semble que sa volonté a été de casser l’image du flic bedonnant à l’activité cérébrale réduite, ce « sale con » qui file des prunes pour un rien. Merci Mlle Desforges pour ces a priori sur la façon de penser des non-flics, car bien sûr on pense tous pareils, on vous dévalorise, ça va de soi. Autant dire que ça commençait mal pour moi.
Je vous l’accorde, ce n’est pas du tout un métier facile, c’est dangereux, on y voit des choses dures, on s’y ennuie parfois, on s’engueule avec sa hiérarchie souvent. Pour ça, OK, le portrait est bien brossé. Mais entre deux moments d’émotion un peu cliché et de rébellion contre la justice et la politique françaises, elle raconte ses découvertes de macchabées,  d’overdoses, ses vols pris en flagrant délit, ses rondes bien longues, ses sécurisations de périmètre, les déboires parfois drôles de ses collègues. Tous ces petits moments à part qui jalonnent la vie d’un officier de la police.
Ce n’est pas forcément mal écrit, ça se laisse lire, toutefois l’écriture est désespérément pauvre malgré les quelques maigres envolées lyriques que l’écrivaine tente parfois. C’est un témoignage sans détour sûrement, mais sans surprise et presque sans saveur, tant l’auteur s’est efforcé d’adopter un ton désabusé en rappelant bien, de façon discrète mais certaine, que maintenant, elle ne fait plus partie de ce milieu parce que, parce que et parce que.
Je ne renie nullement toutes les qualités nécessaires et les mérites nombreux du corps de police. Par contre, concernant leur pendant littéraire dans cette oeuvre, je les cherche encore.