Rien ne s’oppose à la nuit, de Delphine de Vigan

J’avais déjà lu un roman de Delphine de Vigan et, même si son style m’avait un peu agacée, je l’ai trouvé pas si mal son histoire. Enfin surtout ses personnages, car chez cette auteure, c’est ce qui prime. On m’avait beaucoup conseillé Rien ne s’oppose à la nuit, ça m’avait été vendu comme un roman plus personnel, percutant, intimiste. Et c’est vrai. J’ai vraiment bien fait de lire ce livre.

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C’est un roman, c’est écrit. Mais on n’a pas du tout l’impression que c’en est un et la part de biographique dans cette histoire rend les frontières floues. C’est ce qui fonctionne superbement bien dans cet ouvrage : on est d’autant plus fasciné que tout nous semble réel – et sûrement une grosse partie l’est.

L’auteure nous parle de la vie de sa mère, de la petite fille d’une grande fratrie à la jeune mère un peu perdue, jusqu’à l’adulte en proie à la folie. On fait connaissance avec ses parents, ses frères, ses sœurs, ses amants, ses deux filles… et cette famille n’a pas échappé aux drames, aux vérités inavouables, aux souffrances. La mort émaille ce récit et nous prend à la gorge, serrant notre petit cœur avec force. On essaie de saisir qui est vraiment cette Lucile, enfant mystérieuse, observatrice, mère irrégulière.

Les chapitres oscillent entre le récit biographique de sa mère et les questionnements de la narratrice-auteure qui se demande pourquoi elle fait ça, nous raconte comment elle en est arrivé là, comment elle s’est débrouillé pour obtenir des témoignages, des photos… Le passé de sa mère regorge d’écrits, de photos, d’enregistrements, c’est simplement stupéfiant et cela donne encore plus de cachet à l’histoire. Au fil des pages, on essaie de cerner cette femme à l’aune de son passé, de son enfance. On assiste à sa folie, impuissant. La plume semble terriblement désarmée, sincère, questionneuse. Cette fois, j’ai beaucoup plus aimé le style de Delphine de Vigan qui était plus intimiste – en même temps, avec un thème pareil…

Je ne sais plus à quel moment j’ai capitulé, peut-être le jour où j’ai compris combien l’écriture, mon écriture, était liée à elle, à ses fictions, ces moments de délire où la vie lui était devenue si lourde qu’il lui avait fallu s’en échapper, où sa douleur n’avait pu s’exprimer que par la fable.

C’est un très beau roman, ambitieux et modeste à la fois, bouleversant pour le lecteur car tout semble si réel. Je vais très vite lire D’après une histoire vraie, écrit dans la même veine par Delphine de Vigan, c’est dire à quel point cela m’a plu !

Delphine de Vigan, Rien ne s’oppose à la nuit, Le Livre de Poche, 7€60.

L’aube sera grandiose, d’Anne-Laure Bondoux

 

Cela fait très longtemps que j’entends parler de cette auteure, mais je ne m’étais jamais lancé. La quatrième de couverture de L’aube sera grandiose m’a convaincue et c’est donc par cette lecture que je commence ma découverte d’Anne-Laure Bondoux.

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Nine est furieuse. Alors qu’elle avait prévu d’aller à une fête de lycée, y retrouver ses copines et surtout y croiser le beau Marcus, sa mère en a décidé autrement. Sans crier gare, elle l’a mise dans la voiture avec quelques bagages et en route pour un destination inconnue. Il est déjà tard, elles ont roulé pendant des heures : les voici enfin arrivées à cette drôle de cabane le long d’un lac, complètement perdue au milieu d’une forêt. Titania explique alors à sa fille qu’elle a des choses à lui dire, l’histoire de sa famille à lui raconter. Nine comprend qu’elle va en découvrir beaucoup sur sa mère, des secrets cachés jusqu’à présent. Comment se fait-il qu’elle ne connaissait pas l’existence de cette cabane ? Qui sont Orion, Octo ou Rose-Aimée dont sa mère vient de parler ? Pourquoi tout lui dire ce soir et pas avant ?

Elles ont la nuit devant elles, dans ce décor incroyable, à l’abri de tout. D’un chapitre à l’autre, on bascule entre le temps présente avec Titania et Nine, puis dans le passé, à travers la vie de la petite Consolata et sa famille. J’ai apprécié faire partie de cette intimité, de ce grand récit : tout un pan de vie occulté et sur lequel on fait jour à présent. Heure par heure, le récit s’égraine, menant jusqu’à l’instant présent. Ce n’est pas de la tenue d’un thriller, c’est plus épais, plus doux que cela. On se sent bien malgré les révélations, et on a envie de savoir la suite. Pour que la boucle soit bouclée.

Nine lève les yeux vers le ciel et les millions d’étoiles. Toutes les mères de l’univers ont sans doute une vie secrète, des activités à elles, des amis ou des collègues dont elles ne parlent jamais, des rêves enfouis, des soucis qu’elles dissimulent. Des amants, parfois. La sienne a une cabane au bord d’un lac.

479_photo_oeuvre-art-lac-aube-eteAnne-Laure Bondoux maîtrise son sujet de bout en bout, écrivant une narration efficace, bien rythmée. J’ai adoré les lieux et les décors qu’elle a choisi, y insufflant de la vie par le biais de personnages attachants. Je crois vraiment que je n’ai rien à reprocher à ce récit. Je m’y suis glissée avec volupté, aimant chaque chapitre, chaque personnage qu’on y croisait. Même si le secret central ne m’a pas vraiment emballée – je m’y étais un peu attendue –, il est très bien amené et enfin, tout s’emboîte, tout semble logique. La plume de l’auteure est très belle, équilibrée. J’ai aimé son art des dialogues et cette certaine lenteur insufflée dans le récit qu’on suit tout au long de la nuit. La relation mère-fille est magnifique, mon petit cœur a été ému plusieurs fois.

Une lecture à offrir, à découvrir, une plume sublime… je ne peux que vous le conseiller !

Anne-Laure Bondoux, L’aube sera grandiose, aux éditions Gallimard Jeunesse, 14€90.

Un Manoir en Cornouailles, d’Eve Chase

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Quelle bonne surprise que ce roman ! L’ambiance automnale était vraiment propice à cette lecture qui m’a emmenée tout droit dans un autre univers. Aujourd’hui, je vous parle d’Un Manoir en Cornouailles d’Eve Chase.

On va croiser deux mondes : de nos jours, et dans les années 1960. De nos jours, Lorna organise son mariage. Elle recherche assidûment un lieu en particulier : elle a été prise en photo devant, quand elle était enfant et veut savoir pourquoi, ce lieu l’intrigue. Cet endroit, c’est le manoir de Pencraw, aussi appelé le manoir des Lapins noirs. Dans les années 1960 y vivait la famille Alton, une famille heureuse que l’on voit à travers les yeux d’Amber, l’aînée aux côtés de son jumeau Toby. Un soir de vacances, un soir d’orage, un drame a lieu : le temps s’arrête alors au manoir, laissant place aux secrets, à la mélancolie.

Malgré toute son étrangeté et sa tragédie, elle sait que ce manoir va lui manquer, comme les lieux qui vous portent à réécrire la carte de votre vie, ne serait-ce qu’un peu, des lieux qui vous prennent une partie de vous-même et vous donne en échange un peu de leur esprit.

Lorna et Amber, deux femmes séparés par les années, mais réunies par cet endroit, ce manoir un peu croulant, avec des fuites, des souris dans les murs, un jardin sauvage, des cabanes dans la forêt, des kilomètres de couloirs. On aimerait nous aussi nous y perdre tout en frissonnant de savoir ce qu’on risque de trouver dans l’ombre, quel secret risque-t-on de déterrer ?

J’ai adoré cette ambiance automnale, mystérieuse, un peu sauvage, cette solitude pas loin de la mer… Les Cornouailles sont très bien représentées dans ce roman et j’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir le manoir de Pencraw.

manoir-colimacon-seine-entree-principaleLa famille Alton est fascinante, et une fois qu’on a placé les bons prénoms sur les bons visages, on s’y retrouve facilement et on apprécie d’autant plus les relations qu’ils ont, leur évolution au fil du temps. J’ai beaucoup aimé Amber qui est une jeune fille, puis une adolescente qui doit grandir vite mais garde ses doutes, ses pulsions. Sa relation avec son frère est très bien dessinée. J’ai eu plus de mal avec Lorna qui est surtout un prétexte pour découvrir le manoir de nos jours et nous intéresser par son biais à ce qui a pu arriver à la famille Alton. Mais au fil des pages, on la découvre envoûtée par ces lieux et on se demande de plus en plus pourquoi, quel mystère l’entoure ? Elle se dévoile au fil des pages, tout doucement on en apprend un peu plus sur son passé.

Je n’ai pas été très fan de la fin, trop classique, trop évidente. Toutefois, à sa manière, Eve Chase a bien conclu son histoire. Comme la fin, le début ne casse pas trois pattes à un canard non plus : j’ai eu du mal à accrocher aux personnages de Lorna et de son chéri. Leur première apparition ne m’a pas convaincue, je l’ai trouvée assez artificielle. Idem pour le premier chapitre sur les Alton où j’étais assez perdue. Heureusement, passées ces scènes d’introduction menées avec difficulté, le reste du roman est un vraie plaisir !

Une bonne lecture, idéale pour cette fin d’automne !

Eve Chase, Un Manoir en Cornouailles, traduit de l’anglais par Adeline Oudoul, aux éditions NiL, 21€.

Je vais bien, ne t’en fais pas d’Olivier Adam

9782266168526Je reviens avec un petit roman léger, histoire de faire une pause avec les grosses sagas. Il s’agit d’un livre que j’ai souvenir d’avoir lu il y a très longtemps, une petite lecture qui m’avait laissé un peu triste si je me souviens bien. Je vais bien, ne t’en fais pas d’Olivier Adam, c’est l’histoire d’un frère qui a disparu. Un soir que Claire rentrait à la maison, on lui a simplement dit : Loïc est parti, il s’est disputé avec ton père. Comment a-t-il pu abandonner sa sœur ? Ils étaient si proches. Pourtant, il est bien parti, sans aucune explication. Claire venait d’avoir son bac, maintenant elle est caissière à Paris. Elle ne vit que pour les quelques mots de Loïc que son frère griffonne au dos de cartes postales. « Je vais bien, ne t’en fais pas. Je t’aime. » C’est tout. Cela fait déjà deux ans, Claire a besoin de réponse, elle veut comprendre. Deux ans déjà, pourquoi il ne revient pas ? Alors elle va quitter son boulot de caissière et aller à Portbail. C’est de là-bas que la dernière carte postale a été envoyée. Elle fait croire à ses parents qu’elle va dans la Creuse. Mais en réalité, elle part sur les traces de son frère, en quête de réponse.

Le style d’Olivier Adam est très particulier et on le ressent dès les premières pages, même si l’histoire met un peu de temps à se mettre en place. Soit on aime, soit on déteste. Un style direct, présent, des phrases courtes et sans fioritures. Des dialogues qui vont droit au but. Cela explique sûrement que ce livre soit si court. On pourrait alors croire que c’est assez impersonnel, peut-être un peu froid, comme un style dépouillé. Et pourtant, c’est l’inverse qui se passe. Chaque mot touche au personnel, à l’émotion. On est dans l’œil du cyclone, on perçoit plus qu’on ne lit les sentiments de chaque personnage. Et on s’y attache à ces personnages. Ils font des erreurs, essaient de se montrer patients, tentent d’arranger tout le monde. Bref, ce sont des humains comme nous.

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Claire se sent seule. Elle a trop mangé. Du Nutella à même le pot. Avant ça, elle a fait une lessive, a passé un coup de fil à Irène [la mère de Claire]. Elle lui a demandé si Loïc avait écrit. Irène a paru troublée et un long silence a suivi. Tu es sûre que ça va. Non ça ne va pas très bien. Irène n’a pas su comment répondre. Elles se sont dit au revoir.

Il est difficile de dire plus sur ce roman. On veut faire court, à son image. Il est à la fois cristallin et chaleureux. On s’y sent bien, lové dans le cœur et l’esprit de l’héroïne, au chaud au sein des relations d’amour que ses proches ont avec elle. On s’y sent également un peu étranger, glacé par l’incompréhension de Claire envers son frère, bloqué par le silence de Loïc, abasourdi par la révélation finale. Un roman à double tranchant, une curiosité qui vaut le détour, qui vous laisse imaginer la fin que vous préférez. Je n’ai pas eu un coup de cœur mais je ne regrette pas du tout cette lecture qui me rappelle que la littérature sait aussi être terriblement humaine.

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Olivier Adam, Je vais bien, ne t’en fais pas, aux éditions Pocket, 4€95.

Vingt et une heures, d’Hélène Duffau

Je n’ai jamais lu aucun livre de l’école des loisirs (à ma connaissance) et c’est pourtant une maison d’édition qui compte dans le paysage livresque français. Je me devais de réparer cette erreur, et ça tombait plutôt bien, je connaissais une auteure qui venait tout juste de sortir un nouveau roman chez eux : Vingt et une heures d’Hélène Duffau.

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21 heures, c’est le temps que Pauline et Emilien vont passer seuls dans cette maison au bord de la mer. Ils attendent leur mère, encore et encore. Au lieu de disparaître une petite heure à la boulangerie, les enfants doivent faire sans elle pendant presque une journée entière. Pauline réfléchit, se pose des questions. Elle regarde son frère qui agit bizarrement. Il ne se lève pas. Et dès qu’ils sont sortis, elle découvre qu’il est trop proche de cet océan gris. Les heures vont s’étirer dans une sorte de pause temporelle hors du monde.

« Je suis au pain », c’est le mot que j’ai trouvé en me levant ce matin. Un mot de ma mère laissé en évidence sur la table du salon. J’ai ouvert la porte à l’arrière de la maison et, sans craindre le sol détrempé par la pluie fine qui avait accompagné notre installation la veille, je suis sortie en boxer short et tee-shirt dans la cour. Pour humer l’air. Regarder le ciel. Ma peau s’est couverte de picots. J’ai frissonné, mais même pas froid ! Le temps était très doux, bizarre pour un début d’hiver. J’ai réfléchi au réchauffement climatique, et j’ai opiné du bonnet. Les choses changeaient au fil des années. Les écarts de température augmentaient, passant d’un froid intense à une douceur suspecte.

C’est un livre vraiment étrange et je trouve cela très bien de proposer ce genre de littérature à la jeunesse. C’est un avant-goût romans plus posés, plus dans l’émotion, dans la réflexion, qu’ils auront tout le loisir de découvrir par la suite. Les personnages sont très attachants, surtout celui de Pauline, et comme elle, on se pose des questions à propos d’Emilien qui a un comportement étrange et inquiétant, qui n’est pas dans ses habitudes.

tom_sandberg_untitled_2002J’ai trouvé que ce roman était également le lieu propice au non-dit, aux choses que l’on sait sans avoir pour autant besoin de les exprimer clairement. C’est une lecture très rapide, toutefois, je l’ai parfois trouvé un peu longue. Il est vrai que l’action et le rythme trépidant, ce n’est pas le fort de ce livre. Mais ce n’est pas ce que l’on recherche ici, soyons d’accord. Et même avec cette lenteur, cette langueur, une tension légère apparaît. Pas celle qui effraie et fait paniquer mais plutôt celle qui invite à l’introspection. Je crois qu’il faut se laisser balader au rythme des vagues et des souvenirs dans ce roman. Vingt et une heure nous plonge dans une famille que l’on découvre au fil des pages, une famille sans père, une famille où la fraternité et l’amour sont des évidences.

C’est un roman très pudique où l’on sent ourler toutefois des sentiments infinis et des réflexions profondes. La temporalité est traitée de telle façon qu’on ne s’ennuie jamais et qu’on complète le puzzle de cette histoire par va et vient. Dans ce livre, il y a le choix d’une écriture à la première personne, idéale pour mieux s’immerger dans les pensées d’un personnage, en l’occurrence Pauline, toutefois cela m’a complètement sortie de l’histoire. Pourquoi ? Parce que la langue ici est très riche, très belle, très élégante, et par moment trop recherchée pour une jeune fille de l’âge de notre héroïne. Il y a des mots que je n’ai pas trouvés crédibles dans sa bouche, et où je percevais clairement la voix de l’auteure. Cela a mis quelques blocages dans ma lecture, mais c’est vraiment la seule imperfection que j’ai personnellement trouvé à ce roman.

Vingt et une heures est un histoire à découvrir, elle traite avec une plume sensible des sujets qui ne sont faciles qu’en apparence. Un bien beau roman.

Hélène Duffau, Vingt et une heures, l’école des loisirs, 12€80.

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Un amour de geek, de Luc Blanvillain

Cela fait une éternité que je n’ai pas lu de livre pour la jeunesse. Enfin, non, ce n’est pas tout à fait vrai puisque je chronique régulièrement la saga de L’Epouvanteur (le troisième tome est d’ailleurs en ce moment-même sur ma table de chevet), et de plus, j’anime chaque semaine une heure du conte avec les élèves de mon école. Donc des histoires pour enfants ou des sagas fantastiques jeunesse, j’en lis parfois (souvent). Mais un roman one-shot qui décrit des amours adolescentes, ça faisait un bail. Je crois même depuis Twilight au moins (oui, j’ai lu Twilight). Alors quand on m’a donné Un amour de geek de Luc Blanvillain, je n’ai pas pu résister plus de quelques semaines. Surtout que j’avais l’impression de nous revoir, moi et mon compagnon, à l’époque du lycée.

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Il faut dire qu’Esther l’héroïne aime la nature, monte à cheval (comme moi) et que l’autre protagoniste Thomas est un vrai geek fan de jeux-vidéos en ligne (comme mon compagnon). Thomas est amoureux d’Ester, voilà, ça lui est tombé dessus comme ça de façon aussi soudaine qu’imprévisible. Esther lui soumet donc une épreuve. Elle aussi éprouve des sentiments pour lui mais elle veut retrouver l’amour courtois et chevaleresque d’antan, elle veut se faire courtiser et demande donc à Thomas de passer un mois sans écran. Plus d’ordinateur, plus de portable, plus de télé. Le coup est dur pour notre apprenti hackeur, mais il tient trop à Esther et tente de relever un défi. Mais ce n’est pas simple alors qu’une affaire de vidéo de culotte (oui, oui) fait rage au lycée et qu’à la maison sa mère devient de plus en plus lointaine et énigmatique. Heureusement, Thomas peut compter sur sa petite sœur Pauline, une collégienne pleine de vie.

Vous voyez le topo, il y a tous les ingrédients réunis pour faire une histoire légère pour ado, et je ne dis pas ça en mal, au contraire, c’est exactement ce que je recherchais. Et oui, cette lecture est réellement divertissante. L’auteur (français ! Ça fait plaisir de ne pas lire une traduction dans ce domaine) a vraiment une plume agile tout aussi douée pour les dialogues que pour les questionnements intérieurs. La narration est rondement menée, on ne s’ennuie jamais : l’intrigue avance très bien, alors que les scènes qui se succèdent n’ont rien à voir entre elles, ce qui a pour effet d’empêcher la lassitude de s’installer. Un dosage parfait donc avec des personnages assez réalistes (même si plutôt manichéens, mais c’est assez normal de trouver cela dans un roman jeunesse).

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Je tenais surtout à saluer la justesse de l’auteur concernant la gestion des émotions et l’évolution des personnages. Car dans ce roman on ne parle pas que de petites histoires d’ado mais aussi de secret, de problème de famille, du harcèlement en milieu scolaire, de l’amitié, du lien frère-sœur. Par moment c’est assez profond, juste assez pour donner du relief, de l’épaisseur à l’histoire et faire réfléchir le lecteur sans pour autant le déprimer. Au contraire, la balance entre « vrais sujets » et « péripéties légères » est vraiment idéale. Vous pouvez mettre ça entre les mains de vos ados sans aucun problème : c’est un livre très divertissant mais pas bête pour autant. On peut lui reprocher parfois quelques facilités dans l’histoire et dans la description des personnages, on se doute tous également de comment ça va se finir, mais il y a aussi de nombreux rebondissements et une identification immédiate aux deux héros. Dans l’ensemble une jolie réussite !

Luc Blanvillain, Un amour de geek, aux éditions Plon Jeunesse, 16€.