L’enfant du lac, de Kate Morton

J’ai enfin lu ce roman dont tout le monde me parlait et qui moi-même me faisait très envie ! Il s’agit de L’enfant du lac de Kate Morton.

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Résumé de l’éditeur (car honnêtement, je ne peux pas faire mieux) :

1933. Comment Theo Edevane, adorable poupon de onze mois, a-t-il pu disparaître durant la nuit de la Saint-Jean ? Les enquêteurs remuent ciel et terre, mais l’enfant demeure introuvable. Pour les parents comme pour les filles Edevane, la vie ne sera plus jamais la même après ce drame. La maison du lac, la propriété tant aimée, est fermée et laissée à l’abandon.
Soixante-dix ans plus tard, Sadie Sparrow, jeune détective londonienne en vacances dans les Cornouailles, curieuse et momentanément désœuvrée, s’intéresse à cette mystérieuse disparition. Elle reprend l’enquête, au grand dam de l’une des sœurs aînées de Theo, Alice, devenue écrivain à succès.

Je découvre Kate Morton et je ne suis pas vraiment sûre de retenter l’expérience si ces autres romans sont à l’image de celui-là. Attention, je trouve ce livre pourtant remarquablement bien construits avec une fresque de personnages intéressants. L’intrigue est magnifiquement gérée, nous mettant régulièrement sur des fausses pistes, nous laissant nous-mêmes nous faire nos propres idées. Les décors et les paysages sont plutôt bien décrits et on ressent à la fois l’ambiance féerique du manoir et de son domaine, mais aussi les tensions des deux guerres mondiales qui traversent ce récit.

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Mais, mine de rien, c’est un gros pavé de 600 pages et parfois le rythme s’essouffle. Au bout d’un moment, ça n’a qu’assez duré de tourner en rond dans les souvenirs et les confidences des uns et des autres, on veut être fixé, un point c’est tout. J’ai de plus trouvé certaines situations soit un peu cliché (les grossesses… pour ne pas en dire trop), soit trop faciles (les tunnels!). Au fond, ce roman, à mes yeux, aurait du privilégier un bon élagage de deux cents pages pour ne garder que le meilleur. Mais je peux comprendre que certains aiment ce genre d’histoire où on se perd dans les générations, les lieux, les souvenirs, les pages. Ce côté labyrinthique a son petit charme mais je m’en suis vite lassée personnellement. Concernant les retours en arrière, il n’y a que ça. Tout est imbriqué, on voyage constamment dans les époques. Kate Morton réussit pourtant à ne pas nous perdre, un vrai coup de maître. Malheureusement, là aussi, ce n’est pas vraiment ma tasse de thé. J’ai au moins découvert avec ce roman que je préférais les récits plus linéaires. La résolution de l’affaire était bien trop… évidente, même si peu réaliste. Dommage.

Je vais donc conclure de la sorte : je vous conseille ce roman, car il est très bien orchestré, très bien écrit, avec des personnages attachants. L’écriture, notamment des dialogues et monologues, est très soignée. Mais pour ma part, ça ne l’a pas vraiment fait : trop long, trop sinueux. A vous de voir à présent !

Kate Morton, L’enfant du lac, traduit de l’anglais (Australie) par Anne-Sylvie Homassel, aux Presses de la Cité, 22€50.

Nos faces cachées, d’Amy Harmon

Une romance dont j’avais lu du bien ! Je me disais donc que j’allais tenter ma chance et ne pas m’arrêter à cette couverture. Aujourd’hui, on parle donc de Nos faces cachées d’Amy Harmon.

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L’auteure nous raconte l’histoire de Fern, qui est amoureuse depuis toujours d’Ambrose, le garçon parfait, grand lutteur, etc. Fern passe énormément de temps avec son cousin adoré Bailey, ils ont le même âge, sont très complices. Bailey est en fauteuil roulant, atteint d’une maladie qui le destine à mourir jeune. Les adolescents sont au lycée. Nous sommes en septembre 2001 : des avions s’écrasent dans des tours et la face du monde chance. Un cataclysme pour toute l’Amérique : Ambrose va alors se demander si sa vocation ne serait pas de servir son pays.

C’est assez compliqué de résumer ce bouquin sans trop en dire. L’intrigue se passe sur des mois et des mois, sans compter sur quelques flash-backs qui nous aident à mieux cerner les relations des personnages. Très honnêtement, je trouve que ce temps étalé ne sert pas vraiment l’histoire. Pour relater des faits sur une si longue période, il aurait alors vraiment fallu travailler beaucoup le rythme qui laisse franchement à désirer. Très honnêtement, je ne voyais pas vraiment où l’auteure voulait en venir, jusqu’à ce que tout s’éclaire à la page 165 – ça fait long quand même ! – où l’intrigue, les personnages ont pris plus d’épaisseur et d’intérêt à mes yeux.

Ce qui ne m’a pas vraiment aidé dans ce roman, ce sont les personnages. Ils n’existent que les uns pour les autres, on ne les découvre qu’ainsi. J’aurais aimé que l’auteur prenne le temps de les approfondir, de les travailler pleinement. J’aurais apprécié les connaître un à un car ils ont tous l’air géniaux ! Les personnages secondaires sont tous attachants. Quant aux personnages principaux, j’ai trouvé Ambrose assez réaliste, mais Fern me semblait illogique, je n’ai pas réussi à vraiment la comprendre.

C’est une romance, donc oui, il y a du cliché et même des beaux. Surtout dans les scènes de rapprochements physiques où je levais trop souvent les yeux au plafond. Rah, puis les « mais je suis pas assez bien pour lui/pour elle », je n’en pouvais plus, overdose ! Mais sur un public facile, ça fonctionne, on papillonne avec les amoureux.

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L’écriture un peu simplette, très inégale, avec un style bancal, m’a vraiment vraiment donné une impression de bâclé. Je n’arrive pas à zapper ce genre de choses même si le reste tient la route. Et je dois vous avouer que je suis un peu perdue car j’ai vraiment aimé l’intrigue générale et tous les thèmes abordés. On parle de la guerre et ses séquelles, de la mort, de la maladie, de l’alcoolisme, des soucis familiaux, du divorce, des valeurs du sport, du handicap, des violences conjugales… Ce sont rarement des thèmes exploités de façon si juste dans une simple roman ! Je pense que l’auteure a voulu faire les choses en grand et qu’elle tenait une idée en or. Malheureusement, elle n’avait pas encore l’expérience nécessaire pour retransmettre tout ça de la meilleure des façons.

Ils sont en terminale et ils auront le bac dans quelques mois. La saison de lutte a pris fin deux semaines auparavant et ils s’ennuient déjà – peut-être davantage que d’habitude – parce qu’il n’y aura plus de saisons, plus de but, plus de matchs, plus de victoires. […] Ils se tiennent au bord d’un abîme de changement et aucun d’eux, pas même Ambrose – surtout pas Ambrose – n’est enthousiasmé par cette perspective. Mais qu’ils choisissent ou non d’avancer vers l’inconnu, ce dernier viendra à eux, le gouffre béant les avalera tout entiers et la vie qui était la leur jusqu’à présent changera radicalement. Et ils ont une conscience aiguë de la façon dont elle finira.

C’est un vrai paradoxe ce livre. Très sincèrement, je ne sais pas si je vous le recommande ou pas. Pour encourager l’auteure à aller plus loin, à continuer, à progresser, j’ai envie de dire que oui.

Amy Harmon, Nos faces cachées, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Fabienne Vidallet, aux éditions Robert Laffont, 17€90.

La Voleuse de livres, de Markus Zusak (lecture commune de mai 2017)

la-voleuse-de-livresLa fin de l’année scolaire approche et avec elle le rush à l’école. Autant dire que le temps d’écrire et de lire a disparu, surtout que je me fais une joie de profiter des beaux jours. Je n’oublie jamais le blog bien sûr, mais j’essaie, petit à petit, d’arrêter de culpabiliser. Cette page, c’est du loisir, c’est du bonheur, du partage. Je ne veux pas que ça devienne une corvée, je ne veux pas me rendre malade pour des délais que je me serais imposée. C’est pourquoi c’est seulement aujourd’hui que je viens vous parler de la lecture commune de mai 2017 : La Voleuse de livres de Markus Zusak.

Allemagne nazie. La petite Liesel Meminger voit sa vie basculer quand sa mère biologique la laisse au soin d’un couple, dans une petite ville près de Dachau. Pourquoi ? Parce que le danger rôde. Des hommes puissants et menaçants ont pris la tête du pays et la population est en danger. Alors pour survivre auprès de cette mère et de ce père adoptifs, Liesel lit, elle vit les mots. Elle vole les livres, elle apprend par cœur l’orthographe, le sens. Elle essaie tant bien que mal de continuer son existence de jeune fille auprès de son meilleur ami Rudy. Même si elle doit garder un secret pesant, même si elle ne comprend pas tout aux adultes et au monde qui l’entoure, même si elle a peur, même si elle croise la Mort.

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La Mort, parlons-en. C’est elle la grande narratrice de cette histoire. Et je ne dis pas ça au figuré. La Mort a décidé de prendre le temps de nous raconter ce destin, de revenir sur ces événements, sur cette période où elle avait tant et tant de travail pour recueillir les âmes des juifs, des soldats, des malades, des miséreux. C’est très atypique et cela permet quelques choix audacieux concernant la mise en page ou la temporalité du récit. Mais je dois bien avouer que cela a représenté pour moi une gêne considérable. Je n’ai absolument pas accroché à cette narration, et c’est sûrement une des raisons principales qui ont fait que j’ai mis plus d’un mois à finir ce roman.

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Pourtant, je trouve les personnages attachants. L’auteur arrive à les rendre vivants et profonds. J’ai adoré voir les différentes relations entre eux évoluer au fil du livre. La femme du maire, le père adoptif… ils m’ont beaucoup touchée et une fois le livre refermé, je les ai gardés longtemps dans mon cœur. Je trouve malheureusement que l’intrigue les a mal servi. En effet, je ne connaissais presque rien de l’histoire avant d’ouvrir le bouquin, mais je ne m’attendais pas du tout à ce récit si étendu. En fait, on suit simplement la vie de Liesel et les rebondissements qui la composent. Il n’y a pas d’intrigue resserrée autour d’un personnage, d’un secret ; non, il y a plusieurs fils rouges plus ou moins passionnants. Et je ne me suis passionnée pour aucun d’eux. L’héroïne est importante mais elle n’est pas force d’action. Couplé à cette narration par la Mort, je me suis finalement assez ennuyée durant cette lecture.

Je reconnais les qualités d’écriture de l’auteur : le style est très agréable, vivant, le texte est immersif. Mais j’ai été déçue par l’histoire : j’adore les fictions qui se déroulent pendant la Seconde Guerre mondiale et je n’ai pas trouvé là mon compte. Pas d’intrigue prenante et palpitante, pas de récit de vie captivant. Ce n’est bien sûr que mon avis personnel et je me doute que ce roman a pu plaire à nombreux autres lecteurs vu son succès. Et je peux imaginer pourquoi, après tout, c’est un assez bon libre. Il ne me convenait tout simplement pas, à l’inverse de Virginy que ce livre a remué.

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Markus Zusak, La Voleuse de livres, traduit de l’anglais (Australie) par Marie-France Girod, aux éditions Pocket (13441), 8€20.

Le Trône de Fer (l’intégrale 2) de George R. R. Martin

Cela fait une éternité que je n’ai rien posté sur le blog. Il faut dire que des problèmes personnels m’ont fait craindre une autre panne de lecture – et d’écriture. Heureusement, je me suis remise à lire pendant les vacances et maintenant que ces dernières sont terminées, je peux reprendre mon petit rythme habituel qui inclut le blog, fort heureusement. Ce n’est donc que maintenant que je trouve le temps et le courage d’écrire une nouvelle chronique pour une lecture qui date de début janvier.

Il s’agit d’un gros pavé, d’une saga, d’une aventure chorale et épique : Le Trône de Fer (l’intégrale 2) de George R. R. Martin.

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Ce roman correspond à la saison 2 de la série télévisée ; je vais essayer de spoiler le moins possible mais je vous conseille tout de même de connaître le contenu du premier intégrale/de la première saison.

Le récit fait directement suite aux événements du tome précédent. Le royaume a sombré dans le chaos depuis que le roi au pouvoir est mort, depuis que la Main du roi a été assassinée, depuis que l’arrogant petit Joffrey Lannister est officiellement devenu souverain. A Westeros, on continue la lutte pour réclamer le pouvoir et venger la mort d’Eddard Stark. Mais les concurrents à la couronne sont nombreux et viennent de tous côtés. La guerre fait rage et dans les coulisses des conspirations naissent. Sur les îles, au-delà du Mur dans le Nord ou dans les contrées lointaines du Sud, on échafaude des plans pour reconquérir ce qu’on estime être à soi. On passe d’un camp à l’autre, on fuit, on se cache, on assassine, on attaque, on attend, on ment, on découvre la vérité… Une chose est sûre : la paix n’est pas au programme au sein des Sept Couronnes.

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Est-ce que j’ai aimé cette lecture ? Oh que oui ! Il m’a fallu quelques pages pour me remettre dans le bain, me souvenir des événements passés et me ré-habituer à cette langue si riche. Comme dans l’opus précédent, les personnages sont extrêmement nombreux. Il y en a certains que j’ai découvert ici : alors que je m’intéressais peu à eux, je me suis mise à attendre avec impatience chaque chapitre qui les annonçait – c’était notamment le cas pour Tyrion et Sansa. A l’inverse, des personnages qu’on n’a fait que croiser dans le tome précédent prennent beaucoup d’importance ici, car ils lancent de nouvelles intrigues ; ce n’est vraiment pas pour autant que je les appréciais. Il y en a même certains dont je ne me rappelais jamais !

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Mais c’est aussi ça la force de cette saga : faire vivre ce royaume des Sept Couronnes et nous y faire voyager. En passant d’un personnage à l’autre, on apprend de l’intérieur à mieux connaître les hommes et les femmes qui façonnent cet univers. On suit de façon parallèle leurs plans, leurs évolutions, les embûches sur leur chemin, on guette avec eux les dangers qui les attend. C’est très divertissant, c’est prenant. Les pages se tournent à un rythme frénétique car il y a sans cesse un événement, une phrase qui relance notre curiosité. C’est un pavé qui se dévore.

J’ai beaucoup d’interrogations pour la suite. J’ai déjà envie de savoir ce qui attend certains de mes personnages préférés et je redoute les agissements des autres. Il est sûr que je ne vais pas attendre trop longtemps avant de me lancer dans la lecture du troisième intégrale.

Le Trône de Fer (l’intégrale 2), de George R. R. Martin, traduit de l’américain par Jean Sola, aux éditions j’ai lu, 17€50.

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Hangar n°7, de Paul Mainville

Il est toujours intéressant de voir ce qui se fait ailleurs, en terme d’édition, d’écriture, de publication. Quand j’ai eu l’occasion de lire un roman publié au Québec, je me suis donc empressée d’accepter sa lecture. C’est ainsi que Hangar n°7 de Paul Mainville a rejoint ma bibliothèque : un peu par hasard, un peu grâce à ma curiosité envers la Francophonie.

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Albert est trapéziste. Avec sa troupe, il va présenter son nouveau spectacle, l’occasion pour lui de revenir sur sa vie, sur les origines de ce nouveau numéro avec la jeune journaliste Mélaine. Pour connaître le début de tout ça, il faut remonter quelques décennies plus tôt, en 1980. Une guerre ethnique éclate entre deux pays d’Europe de l’Est, la Bordénie et l’Espora, qui se disputent un bout de terre. Des morts, de la violence, des prisons, de l’injustice, et au milieu une petite troupe de cirque faite prisonnière par l’ennemi. Parmi ces artistes, Albert et sa femme Anna, enceinte. Pour survivre dans le camp où ils sont enfermés, ils vont devoir jouer, faire des représentations pour leurs geôliers. L’art comme moyen de survivre.

L’histoire ne peut que nous rappeler les guerres ethniques d’Afrique mais aussi les camps de concentration nazis. Un joyeux mélange de douleur et de guerre. Et malgré les événements terribles que les personnages subissent, il y a une lueur d’espoir : le cirque. Une troupe unie, un art qui fait vivre. Ce livre est assez court et on comprend très vite que les enjeux sont plus grands qu’il n’y paraît, qu’il y a anguille sous roche, ce qui nous pousse d’autant plus à continuer notre lecture.

Il est vrai que le style de l’auteur paraît peu naturel par instant et qu’il y a quelques longueurs. De plus, certains éléments de l’intrigue paraissent inutiles ou mal amenés, comme un acteur surjouant son rôle. Bref, il manque un certain équilibre, un certain côté romanesque, une fluidité dans la narration. Toutefois cela est léger, et même s’il faut faire quelques efforts par moments pour suivre l’histoire, ce roman est globalement intéressant, intriguant et on prend plaisir à suivre l’évolution (parfois tragique) des personnages jusqu’au twist final.

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Ce ne sera pas pour moi la révélation de l’année, mais j’ai quand même apprécié cette lecture malgré quelques lourdeurs. J’ai surtout trouvé l’histoire originale : mêler guerre et cirque avec tel brio n’est pas donné à tout le monde. Je trouve tout de même que l’art n’a pas une place aussi importante dans ce livre que le voudrait l’auteur (comme il nous le dit en post-face). Les descriptions des spectacles sont même assez mauvaises ce qui est vraiment dommage.

Un avis global assez positif. Je dis oui à l’histoire et bof à la manière dont elle nous est racontée. A vous de juger à présent !

Paul Mainville, Hangar n°7, aux éditions Triptyque, 23$

Disponible en version numérique

Black-out, de John Lawton

Les romans d’enquête policière, ce n’est franchement pas mon truc. Le bon vieux polar, il faut qu’il soit un tantinet page-turner pour que je l’aime, qu’il y ait de l’enjeu, des vies en danger. Toutefois, quand j’ai croisé Black-out de John Lawton, je me suis dit : pourquoi pas ? Le contexte historique de la Seconde Guerre mondiale est un ingrédient que j’aime beaucoup dans les romans en général. Alors j’ai tenté le coup, et j’en ressors avec un avis mitigé.

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Nous sommes à Londres, en 1944. Les bombardements sont plus violents que jamais et la ville n’est que l’ombre d’elle-même. Les rues, les bars, le métro sont envahis de soldats américains, on dit qu’un événement se prépare, un débarquement. Le détective Troy essaie tant bien que mal de mener ses enquêtes pour Scotland Yard au sein de ce chaos. Et justement, on vient de retrouver un bras. Oui, juste un bras. Le sergent découvre alors qu’il s’agit d’un morceau du corps d’un Allemand disparu. Il arrive à relier ce fait surprenant et glauque à la disparition d’un autre Allemand, un scientifique. Son enquête avance et entre dans des zones d’ombres où Troy n’est pas le bienvenu. Secrets des alliés, chasse du meurtrier, femmes fatales, accidents, le détective devra passer de nombreux obstacles pour trouver la vérité.

londonAlors, comment dire… ? Cette histoire ! Il y a du bon et du moins bon. Le cadre est vraiment excellent : la ville de Londres est superbement décrite, en pleine déchéance. L’ambiance également est très bien rendue : cet arrière-front de la guerre si touché, cette peur constante des bombardements, ce climat de suspicion, les mesures du black-out (aucune lumière ne doit être vue du ciel la nuit). Sincèrement, j’ai adoré ces éléments.

Par contre, les personnages ! Ils manquent tous sévèrement de profondeur. Ils sont crédibles mais on ne s’y attache pas, on les regarde de façon distante. Pour un roman contemporain, j’aurai aimé un peu plus de modernité : des personnages non manichéens, avec des nuances et des subtilités. Autre chose que des femmes jolies qui font l’amour et mentent, autre chose que le médecin légiste un peu fou. La diversité d’hommes faisant partie des forces de l’ordre apporte heureusement une fresque assez complète de personnages, même si on peut remettre en cause l’utilité de plusieurs d’entre eux. Mais globalement, ils manquent de personnalité, d’identité : j’ai confondu les deux femmes centrales dans l’histoire jusqu’à la page 337 !! Je ne retenais aucun nom, par désintérêt, et j’ai suivi le héros bon gré mal gré.

tumblr_n9hwtz4fdv1rl6kkyo1_500Il faut dire que je n’ai pas trouvé Troy si héroïque que ça, mais plutôt égoïste, prétentieux, hypocrite. Je pense d’ailleurs que l’auteur devrait arrêter de le maltraiter ainsi. Il se fait battre, poignarder, tirer dessus, il se prend deux bombes sur la tête, etc. Il sombre, inconscient, puis se réveille, puis repart sur son enquête, puis tombe dans le coma, puis se réveille et repart, puis devient aveugle, puis repart… Bref, vous voyez le tableau. C’était un artifice très mal réalisé pour faire avancer l’intrigue, et si le but était également de créer de la compassion du lecteur pour Troy, c’est raté. On est plutôt désabusé devant cette construction.

Concernant la style, ça se lit facilement. De nombreux dialogues donnent vie à l’histoire. Mais je dois avouer que je n’ai pas trop suivi les évolutions de l’intrigue. A de nombreuses reprises, je me suis demandée : « mais comment on en est arrivé là ? » Je n’ai pas eu le petit frisson au ventre à la lecture de ce roman, j’ai tourné les pages seulement parce que ça se lisait vite. Car, soyons d’accord : on se doute facilement de l’issue de l’histoire.

Pour résumer, une petite déception. Black-out n’est pas un mauvais roman en soi, mais il confirme surtout que je ne suis vraiment pas faite pour les romans d’espionnage : leurs codes, leurs constructions, leurs enjeux me passent au-dessus de la tête.

John Lawton, Black-out, traduit de l’anglais par Anne-Marie Carrière, aux éditions 10-18, 8€40.

Femmes de dictateur, de Diane Ducret

[…] Dans la route pour la conquête du pouvoir, les dictateurs ont très vite compris qu’ils n’avanceraient guère sans gagner avant tout les femmes à leur cause, sans les unir à leur destin. Et pour conquérir le pouvoir et s’y installer, chacun d’eux va s’appuyer sur les femmes. Filles de noce ou grandes bourgeoisies intellectuelles, simple passade ou amour passionné, elles sont omniprésentes dans la vie des dictateurs. Ils les violentent ou les adulent, mais se tournent systématiquement vers elles. […] Ils sont cruels, violents, tyranniques et infidèles. Et pourtant, elles les aiment. Trompées avec d’innombrables rivales, sacrifiées à la dévorante passion de la politique, épiées, critiquées, enfermées, elles résistent. Parce qu’ils les fascinent. Parce qu’ils ont besoin d’elles.

9782262034917Les romans, c’est très bien, mais de temps en temps, j’aime sortir de ce genre fictionnel. Toutefois, j’apprécie toujours autant qu’on me raconte des histoires, et c’est encore mieux si ce sont celles de personnes ayant réellement existées. Femmes de dictateur de Diane Ducret était donc un choix idéal. En quelques chapitres, on découvre les femmes qui ont aimé ou ont été aimées par ces grandes figures tyranniques qui ont peuplé notre Histoire au siècle dernier. Il y a toujours une curiosité malsaine pour l’intimité, la vie privée de ces hommes qui ont bousculé le destin de centaines, de milliers de personnes. On s’imagine pouvoir mieux les comprendre – sans les excuser pour autant bien sûr.

Dans cet ouvrage, Diane Ducret nous entraîne dans l’ombre d’Antonio Salazar, de Joseph Staline, ou de Mao. Elle nous fait découvrir les amantes, les épouses, les maîtresses, les relations plus ou moins publiques, plus ou moins importantes, plus ou moins partagées de ces dames qui ont fait partie de l’Histoire, à leur échelle. De l’incontournable Eva Braun, à la discrète Catherine Bokassa, en passant par l’orgueilleuse Elena Ceausescu, Diane Ducret nous fait faire un tour assez large de toutes ces femmes que l’on peut trouver proches du pouvoir : celle qui ignore tout, celle qui aime jusqu’à la mort, celle qui profite du statut de son mari, celle qui préfère le secret. Le point commun ? La passion : l’amour de l’un pour l’autre, mais aussi la haine, l’obsession.

evaDiane Ducret a écrit ce livre avec beaucoup d’intelligence. Chaque chapitre est la fois court et complet. En quelques pages, on fait le tour de toutes les femmes qui ont gravité autour d’un homme. L’auteure a fait le choix de ne pas respecter un ordre chronologique stricte, en faveur d’une construction plus judicieuse qui incite à la lecture. On arrive à un moment clé, par exemple, qui finit presque en cliffhanger, pour repartir dans le passé sur les origines d’une rencontre. C’est très habile et très judicieux : cela empêche le lecteur de s’ennuyer devant ce qui pourrait paraître comme une énumération des faits.

Mais dans tous les cas, c’est bien plus qu’un simple listing d’informations biographiques. Diane Ducret a réalisé là un travail de fourmi, partant à la recherche des lettres, des témoignages, des conversations, des journaux intimes pour rentrer plus en avant dans la vie de ces hommes et femmes. Comprendre leurs motifs, leurs pensées, leurs désirs, leurs amours, voilà une vraie partie du travail de l’auteure qui redonne une certaine humanité à ces êtres si éloignés de nous, qu’on ne connaît qu’à travers des pages de livres d’Histoire pour les plus fameux d’entre eux.

ob_54f2a8_imageAttention, nous ne sommes pas là pour revenir sur la vie politique de ces dictateurs et leurs actes. On ne remet pas ça en cause. Non, c’est l’autre versant de leur existence que Diane Ducret cherche ici à percer : le premier coup de foudre, le grand amour, le mariage par raison plus que par envie, l’amante délaissée, la jalousie suprême. Tout ce qui fait battre les cœurs plus fort (trop fort parfois…).
Ce n’est pas un livre d’éloge sur l’amour ou la passion, mais plutôt sur ses failles. Il n’en reste pas moins très intéressant d’en savoir plus sur ces hommes si lunatiques, parfois tyranniques, parfois charmants, parfois cruels, parfois attachants, mais toujours puissants. De plus, les chapitres sont agencés de façon réfléchie : le chapitre sur Lénine, par exemple, précède celui de Staline, et historiquement, cela est plus facile à comprendre pour le lecteur.

Femmes de dictateur est un opus qui allie rigueur historique et écriture sensible. C’est un livre à la fois instructif et intelligent qui nous éclaire sur ces presque inconnues qui ont pourtant laissé une marque dans l’Histoire. Un deuxième tome est sorti il y a plusieurs mois, que je vais bien sûr m’empresser de lire.

Diane Ducret, Femmes de dictateur, aux éditions Pocket (14891), PRIX

Le rapport de Brodeck, de Philippe Claudel

Lors d’un voyage à l’île d’Oléron, j’avais trouvé une bouquinerie adorable où mes parents et moi avions fait une razzia. Par pur hasard, je suis tombée sur ces livres plusieurs mois après et l’un d’eux m’a fait de l’œil : Le rapport de Brodeck de Philippe Claudel.

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Ce roman ne dit pas où il se passe, il n’évoque pas les événements dramatiques qui s’y sont passés. Mais n’importe quel lecteur reconnaîtra ici les affres de la Seconde Guerre mondiale : l’Occupation allemande, les camps de concentration, et l’après. Brodeck est revenu chez lui après deux ans d’horreur. La vie essaie de reprendre son cours dans ce petit village, jusqu’au jour où un homme vient venir habiter dans l’auberge : il est étranger et il représente tout ce que les habitants aimeraient oublier. L’Anderer, c’est comme ça qu’on va l’appeler. Mais un soir, c’en est trop, c’est l’Ereigniës, l’événement. Brodeck, lui, n’était pas là : il n’a rien vu, il n’a rien fait. Mais quand il arrive à l’auberge, il doit se rendre à l’évidence : l’Anderer n’existe plus. Et c’est à lui Brodeck, qu’on demande d’écrire le rapport qui expliquera tout. Car les autres devront comprendre, ils devront comprendre que eux, les habitants du village, n’avaient pas le choix. C’est ainsi que, contraint, Brodeck a du revenir sur les événements. Ce sera aussi pour lui l’occasion d’évoquer ce qu’il a vécu…

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Moi, je ne demandais pas grand-chose. J’aurais aimé ne jamais quitter le village. Les montagnes, les bois, nos rivières, tout cela m’aurait suffi. J’aurais aimé être tenu loin de la rumeur du monde, mais autour de moi bien des peuples se sont entretués. Bien des pays sont morts et ne sont plus que des noms dans les livres d’Histoire. Certains en ont dévoré d’autres, les ont éventrés, violés, souillés. Et ce qui est juste n’a pas toujours triomphé de ce qui est sale. Pourquoi ai-je dû, comme des milliers d’autres hommes, porter une croix que je n’avais pas choisie, endurer un calvaire qui n’était pas fait pour mes épaules et qui ne me concernait pas ? Qui a donc décidé de venir fouiller mon obscure existence, de déterrer ma maigre tranquillité, mon anonymat gris, pour me lancer comme une boule folle et minuscule dans un immense jeu de quilles.

Il faut avouer que je n’étais pas convaincue par les premières pages. Je me disais que les choses allaient bien lentement et que j’allais m’ennuyer pendant 375 pages. Et bien, heureusement que ça ne m’a pas arrêtée ! Ce roman est une petite pépite d’émotion. Brodeck nous parle directement et on se sent très proche de ce personnage : il se livre à nous, nous raconte son histoire, les épreuves qu’il a du traverser et ce qu’il est en train de vivre en devenant l’auteur de ce fameux rapport. C’est l’occasion de parler de la destinée d’un homme, mais aussi de celle de tous les hommes en temps de guerre : l’importance des choix que l’on fait, la façon dont les événements vécus peuvent nous changer en profondeur.

brodecksiteA chaque chapitre, on peut avoir un aperçu de la bêtise et de la rage humaines. Il y a du sang et de la haine entre ces pages, mais en réalité cela se résume à de l’incompréhension et à des âmes meurtries. Je vous rassure, ce livre n’est pas déprimant : de l’espoir perce à travers ces lignes. Il n’y a pas que la guerre, il y a aussi la beauté de la nature et l’amour qui tentent de survivre dans ce monde. C’est une lecture prenante, car on refuse de quitter Brodeck, et surtout on veut savoir le fin mot de l’histoire même si on le redoute autant que notre personnage principal.

Ce livre m’a fait vibrer : la justesse de l’écriture, cet équilibre entre des faits horribles et une sensibilité douce est parfaitement maintenu par l’auteur tout au long du livre. Les pages se tournent sans qu’on s’en rende compte. Les allers et retours entre souvenirs et faits présents sont habilement mis en place : l’un complète l’autre.

Philippe Claudel montre ici qu’il a un talent certain : dans l’art d’écrire et d’amener son lecteur là où il veut, c’est vrai, mais il a surtout du génie pour créer des histoires et des personnages forts qui laissent une empreinte dans l’imaginaire du lecteur, même une fois le livre refermé.

Philippe Claudel, Le rapport de Brodeck, Le Livre de Poche, 7€10.

L’homme qui avait soif, d’Hubert Mingarelli

J’avais été très touchée par ma première lecture d’Hubert Mingarelli avec Quatre soldats. Au détour des rayons d’une bibliothèque, j’ai voulu réitérer cette rencontre avec l’auteur, avec son dernier roman : L’homme qui avait soif.

L’histoire se déroule au Japon pendant l’occupation américaine. Hisao a été démobilisé. Pendant des mois et des mois il a travaillé dans la montagne, à creuser des tunnels pour fuir la guerre. A ses côtés, il y avait Takeshi, ami d’arme qui chantait chaque soir à son oreille pour lui permettre de s’endormir. Puis tout a basculé avec la bataille de Peleliu qu’Hisao ne peut s’empêcher de revivre chaque nuit.

De retour « parmi les hommes », Hisao s’embarque dans un voyage en train pour rejoindre la mystérieuse Shigeko, sa fiancée. Dans sa valise, il y a l’œuf de jade qu’il souhaite lui offrir pour la demander en mariage. Alors que le train s’arrête en pleine voie, Hisao descend pour boire car depuis la terre de montagne qui a englouti Takeshi, notre héros a une soif insatiable, qui le rendrait presque fou. Mais Hisao réalise trop tard que le train s’en va, et avec lui sa valise et l’œuf de jade.

On suit alors notre personnage dans ses péripéties pour retrouver sa valise, dans son monde peuplé des chansons de Takeshi.

Ce récit est très troublant. Il est à la fois terriblement simple sur la forme – les phrases sont faciles, la lecture est fluide, le rythme doux – mais aussi intense et puissant, riche. Encore une fois l’écriture de Mingarelli est magique et unique, à la fois dépouillée et poétique. L’auteur sait nous embarquer dans son univers doux et tragique : c’est la même recette que dans Quatre soldats, une sorte de mélancolie, mais sans aucun défaitisme. Ici le passé revient hanter notre personnage et nous montre un Japon meurtri par la guerre, mais aussi et surtout une amitié profonde qui laisse des traces au-delà de la mort.

C’est un livre très touchant, qui m’a laissée une impression très étrange : j’ai apprécié cette lecture car le style est vraiment à part et on ne le retrouve nul part ailleurs. Ça m’a vraiment transportée. On devient très proche de ce héros un peu énigmatique que l’on découvre par petites touches, il est sincère et un peu naïf, il se laisse porter par la vie sans lui courir après. La seule chose que l’on pourrait reprocher à l’auteur c’est ce « mystère Shigeko » qui est une partie de l’intrigue absolument pas exploitée. Mais cela ne change en rien l’élégance du récit et sa teneur, j’ai même trouvé que cela faisait partie du jeu.

Lire un Mingarelli, c’est rentré dans un univers à part, un cocon d’écriture, pas forcément doux, mais toujours beau même dans la tristesse et la violence. Vraiment un auteur à découvrir pour ceux qui ne l’auraient jamais lu. Un vrai coup de cœur.

Hubert Mingarelli, L’homme qui avait soif, aux éditions Stock, 16€.

La Promesse de l’aube, de Romain Gary

Je n’ai pas tout lu, c’est évident. Certains auteurs célébrissimes, des monstres de la littérature française me sont encore inconnus. Parmi eux, il y avait Romain Gary. Les aléas de la vie ont fait qu’avant 2015 je n’avais encore jamais lu cet écrivain, quand bien même il m’intéressait. Je dois vous avouer que j’ai toujours été amusée par sa mystification littéraire : quand il s’est dédoublé pour être à la fois Romain Gary et Emile Ajar, quand il a donc reçu le prix Goncourt à deux reprises pour chacune de ses identités, et quand on a fini par découvrir cela, mais seulement après sa mort.

Il se trouve que je suis tombée dessus par hasard au travail, et cette ancienne curiosité est remontée. En ce moment, j’ai assez de temps pour lire, alors je ne pouvais plus reculer. Pour une première rencontre, j’ai choisi La Promesse de l’aube. Un roman à part dans la bibliographie de Romain Gary, car c’est aussi une auto-biographie, avec quelques écarts subjectifs peut-être, des oublis, mais cela retrace assez bien la jeunesse de l’écrivain vu par lui-même des dizaines d’années plus tard. Il raconte d’ailleurs comment il a commencé très tôt à chercher des pseudonymes (sans jamais citer celui qui fut le plus célèbre) :

Depuis six mois, je passais des heures entières chaque jour à « essayer » des pseudonymes. Je les calligraphiais à l’encre rouge dans un cahier spécial. Ce matin même, j’avais fixé mon choix sur « Hubert de la Vallée », mais une demi-heure plus tard je cédais au charme nostalgique de « Romain de Roncevaux ». Mon vrai prénom, Romain, me paraissait assez satisfaisant. Malheureusement, il y avait déjà Romain Rolland, et je n’étais disposé à partager ma gloire avec personne. Tout cela était bien difficile. L’ennui, avec un pseudonyme, c’est qu’il ne peut jamais exprimer tout ce que vous sentez en vous. J’en arrivais presque à conclure qu’un pseudonyme ne suffisait pas, comme moyen d’expression littéraire, et qu’il fallait encore écrire des livres.

La Promesse de l’aube, c’est l’histoire d’une mère ambitieuse et d’un fils qui fera tout pour la combler. Cela débute en Russie, mais la seule patrie visée et aimée, c’est la France. Et pour l’atteindre, il faut se distinguer par tous les moyens, toutefois les plus nobles sont ceux à privilégier : l’œuvre littéraire, les faits de guerre, la diplomatie.

Ce roman, c’est la quintessence de l’amour filial, c’est l’aboutissement extrême de l’adoration maternelle. C’est un témoignage poignant et doux, l’hommage d’un fils pour sa mère chérie.

L’histoire en elle-même, ce n’est presque pas important, elle retrace tous les moyens mis en œuvre à travers la Russie, la Pologne, la France, les territoires alliés pour qu’un petit garçon devienne un homme, toujours sous le regard, même lointain, de sa maman. C’est comment Roman Kacew devient Romain Gary, diplomate français et écrivain célèbre. Il nous raconte comment sa mère tombait en dévotion devant ses yeux clairs tournés vers la lumière, comment il poursuivait son rêve d’écriture dans des conditions loin d’être idéales, comment il a tout fait pour devenir Français alors que sa naturalisation récente le freinait, comment il s’est battu dans des avions pendant la guerre, et comment il y a perdu tous ses camarades.

Je ne peux pas vraiment en dire plus, car rien ne peut résumer les mots de Gary. Je ne regrette pas d’avoir attendu un peu avant de le lire, de ne pas avoir fondu dessus à l’adolescence. Car un peu de maturité pour comprendre ce livre permet de le voir dans toute sa profondeur et son génie.

On me répète que cette œuvre-là s’éloigne des autres livres de Gary, j’imagine donc que je ne suis pas au bout de mes surprises.

Romain Gary, La Promesse de l’aube, folio (373), 8€.