Click & Love, de Cyril Massarotto

Encore une romance, adulte cette fois-ci : Click & Love de Cyril Massarotto. On y suit la rencontre et l’amour naissant de Paul, un quarantenaire qui ne regarde même plus les femmes depuis la mort de son épouse quelques années auparavant, et Julie, une femme de ménage qui souffre d’un léger complexe d’infériorité et trimbale elle aussi son lot de mauvais souvenirs. Ils ont de nombreux points en commun mais c’est grâce à un pur hasard qu’ils finissent par se trouve, sur la toute nouvelle et révolutionnaire application Click & Love. Ce qui devait arriver arriva : ils tombent amoureux ! Mais alors qu’ils se rencontrent pour la première fois, un événement complètement inattendu vient tout chambouler…

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Je ne m’attendais pas vraiment à cette histoire. La romance est convenue, et je m’attendais – avec impatience car c’était ce que je voulais ! – à encore plus cliché ! Finalement, leur amour par messages interposés sur l’application semble évident. Même si dans leur vie respective, ils ont parfois du mal à l’admettre et à aller de l’avant dans les relations amoureuses… Ils se découvrent si proches, sur la même longueur d’onde : leur rencontre remet tout en question, ils ne peuvent s’empêcher de penser l’un à l’autre constamment. L’amour, les prémices, les petits papillons… j’ai pris beaucoup de plaisir à lire cette partie de l’histoire et à voir quelles répercussions cela avait sur leurs vies respectives. Ces personnages sont attachants, mais pas autant que d’autres croisés dans d’autres romances… ils ne me marqueront pas plus que ça et avec le temps je les oublierai.

OnlineLoveHeartonKeypad-XSmallCela n’empêche pas de passer un bon moment de lecture. L’auteur prend le temps de nous planter le décor, pour qu’on comprenne mieux chacun de ses personnages et leurs problématiques. Cela a pour effet retors de faire durer l’introduction vraiment trop longtemps et le premier tiers est un peu long. La deuxième moitié du livre est comme un jeu de piste, empressé par l’amour et la séparation : quelque chose s’est passé, on veut savoir pourquoi ! J’ai compris très vite une bonne partie de la résolution finale, ça m’a un peu gâché le plaisir et je pense qu’à ma place vous auriez trouvé aussi la réponse. L’auteur n’est pas le meilleur en ce qui concerne le suspens. Son intrigue est bien menée, mais clairement ça manque de peps. Un côté « je veux tout bien faire » qui en dit trop, un manque d’originalité dans le style font que ce roman, même s’il n’est pas mauvais – l’intrigue est au fond originale, les personnages bien construits – n’est pas incroyable non plus. Parfait pour une lecture de vacances, si on oublie les quelques longueurs, en somme. Ceci dit, je lis bien trop peu de romances made in France, donc je note le nom de l’auteur dans un coin pour y piocher des idées le moment venu.

Cyril Massarotto, Click & Love, XO éditions, 19€90.

Un petit quelque chose en plus, de Sandie Hall

Ah, ça fait du bien de réécrire des chroniques. Aujourd’hui, un roman young-adult, une romance même. Bref une histoire bien à l’eau de rose qui fait du bien : Un petit quelque chose en plus de Sandy Hall.

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Lea vient de débarquer à la fac. A son cours d’écriture créative, elle rencontre Gabe, un drôle de garçon qui agit bizarrement et est très mystérieux. Tout de suite, toutes les personnes dans leur entourage comprennent qu’il y a quelque chose entre eux. Enfin, qu’il pourrait y avoir quelque chose entre eux.

c3a9cureuil-mangeant-des-c3a9crous-sur-un-banc-82810058La narration est très particulière : nos deux héros n’ont pas la parole, on ne voit leur histoire qu’à travers les autres. A tour de rôle, leurs camarades de classe, leur prof, le chauffeur du bus, leurs amis nous parlent d’eux. La parole est même donnée à un banc et à un écureuil. Ce principe est très sympathique, mais il donne très vite l’impression d’être artificiel. Heureusement, l’auteur réussit à caractériser chacun de ses personnages secondaires – même si c’est un peu caricatural, difficile de faire mieux dans un roman assez court comme celui-ci qui se centre sur une amourette. Mais ça a ses limites. Clairement, l’écureuil et le banc, ce sont des mauvaises idées, ça nous sort complètement de l’histoire : un tour de passe-passe grossier que l’auteure a utilisé pour faire avancer son intrigue.

Pourtant, il y a du bon dans ce roman. Au début, voyant le principe, je me sentais mal à l’aise : grossièrement, tout le monde voulait les mettre en couple, alors qu’ils ne se connaissaient presque pas. Mais au fil des pages heureusement, on comprend qu’il y a une vraie attirance entre Lea et Gabe. Et on tombe d’accord avec tous les autres personnages : ils seraient sûrement très heureux ensemble. C’est juste une timidité maladive, quelques discrétions et malentendus qui ont empêché le charme d’agir.

Je suis juste un peu déçue que le décor ne soit pas mieux planté : ç’aurait ajouté un vrai plus à l’histoire. La toile de fond est ici complètement effacée, ça donne une impression de flou très étrange, j’avais du mal à situer les scènes. Heureusement que les répliques vives et les personnages bien travaillés rattrapent ça.

Écriture efficace, dialogues (ça représente la plus grosse partie du roman) qui fonctionnent bien, l’auteure arrive même à mettre un peu de suspens. Un dosage idéal pour un livre qui fait résolument du bien. Il se lit très vite et vous donnera le sourire !

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Sandy Hall, Un petit quelque chose en plus, traduit de l’anglais (États-Unis) par Pauline Vidal, aux éditions Hugo Roman, 17€.

Una passione sinistra, di Chiara Gamberale

Voilà maintenant quelques semaines que je voulais lire un livre en VO, en italien bien sûr, la seule langue étrangère que j’arrive vaguement à maîtriser. Le CLES niveau 2 en poche, je me suis dit : « Bon maintenant, on arrête les livres pour ados aux vocabulaire et structure simples, passons à la littérature pour adulte ». J’ai mis en place un compromis : roman difficile = roman court. Faut quand même pas exagérer. Idéal pour se remettre en jambe avant la rentrée et finir la challenge « In Italiano » de George et Marie.

J’ai donc choisi un petit livre publié chez Bompiani (ça me change de Einaudi), c’est avant tout le couverture qui m’a plus, je n’ai même pas lu la quatrième ! Il s’agit de Una passione sinistra de Chiara Gamberale.

C’est l’histoire de deux couples : Nina et Bernado, Giulio et Simonetta. L’auteur nous raconte leurs rencontres, leurs moments forts, nous dépeint leur vie en pointant quelques moments précis. C’est très vivant car composé surtout de dialogues. C’est compliqué l’amour, il faut qu’il prenne racine, et après rien ne dit qu’il va s’épanouir facilement. Il peut y avoir des problèmes. Et cela sans compter sur tout le reste : la famille qui peut ne pas aller bien, le travail qui prend de la place, etc.

Un jour, un hasard de la vie va faire se rencontrer ces deux couples. Et comme une évidence, une erreur peut-être regrettée après, quelque chose va basculer. Mais je ne vous en dis pas plus, si jamais vous voulez à votre tour plonger dans cette lecture.

La chose vraiment innovante de ce roman aux multiples petits chapitres, c’est qu’à la fin de chacun d’eux, l’auteur a placé des extraits de discours, surtout politiques, qui correspondent précisément à la chronologie de l’histoire. Et c’est très étrange de voir qu’une vie personnelle peut être influencée et accompagnée par cette vie publique, par la société et ses changements. Cela donne un éclairage neuf sur certains bouleversement politique d’Italie, sur l’arrivé del Cavaliere au pouvoir, sur l’importance du Pape, etc. On pourrait penser que ces extraits sont accessoires mais ils sont extrêmement bien choisis et viennent compléter de façon surprenante mais judicieuse la fiction ! Ce sont deux facettes qui s’épanouissent l’une en parallèle de l’autre.

Chiara Gamberale

Un petit roman humain dont le niveau de langue n’est pas insurmontable pour les italianistes, il se lit assez vite mais s’apprécie sans mesure !

Chiara Gamberale, Una passione sinistra, Bompiani, 9€50 (mais plus cher en France à cause des frais de port). Non disponible en français malheureusement.