Alors voilà : les 1001 vies des urgences, de Baptiste Beaulieu

Grâce à la générosité du blog My little discoveries (que je vous conseille!), j’ai eu droit à un exemplaire dédicacé d’Alors voilà : les 1001 vies des Urgences de Baptiste Beaulieu, à qui l’on doit le blog du même nom.

Ce petit livre nous retrace une journée dans la vie d’un jeune interne qui jongle entre les étages, urgences, soins palliatifs. Dans une des chambres, un patiente s’impatiente : elle est au stade terminal et attend son fils coincé dans un aéroport à cause d’un volcan capricieux qui assombrit le ciel. Pour lui faire passer le temps, notre héros va lui raconter des histoires, des anecdotes qui ont eu lieu dans l’hôpital. Drôles, émouvants, touchants, ces récits nous montrent à quel point travailler dans ce genre de lieu peut causer de vrais ascenseurs émotionnels. On y voit le pire comme le meilleur, on y voit la vie naître et renaître, ou au contraire la mort s’inviter, en prenant son temps ou sans prévenir. Soigner, guérir, c’est parfois jouer à la roulette russe : on a beau faire de son mieux, il y a tellement d’éléments incontrôlables qui rentrent en jeu…

L’auteur fait également de son livre un lieu où se réunit ce microcosme si particulier de l’hôpital : la chef persuasive, l’autre toujours calme, l’infirmière de bonne humeur, l’interne qui fait de son mieux pour survivre aux épreuves quotidiennes, mais aussi les patients, malades heureux de partir, accidentés de se rendant pas compte d’à quel point leur vie va changer, famille en attente d’un mot du médecin qui va tout bouleverser, mauvais menteurs, etc.

Image tirée du film Hypocrate.

Ce livre va plus loin que de simples anecdotes mis bout à bout pour satisfaire une sorte de consommation malsaine du lecteur. L’écriture ne se réduit pas au fait, n’essaie pas de faire dans le comique ou le tragique, elle est simplement juste et pleine d’humanité, voulant montrer à chaque page l’ambivalence et la complexité des sentiments qui peuvent régner dans les couloirs d’un hôpital. On y côtoie le bon comme le mauvais, le miracle et l’injustice, les rires et les pleurs. C’est tout un petit théâtre de personnages hauts en couleurs ou blancs de transparence qu’on rencontre ici et que Baptiste Beaulieu met en scène comme personne.

Baptiste Beaulieu, Alors voilà : les 1001 vies des urgences, Le Livre de Poche, 7€10.

Chambre 2, de Julie Bonnie

J’aime les mamans, j’aime les bébés, les tous-petits, les nouveaux-nés. J’ai donc voulu tester un des livres de la dernière rentrée littéraire, un premier roman en plus : Chambre 2 de Julie Bonnie.

Béatrice travaille dans une maternité. Derrière chaque porte se cachent des expériences de vie, mais aussi de mort, des moments forts et puissants où des destins basculent. Dans ce genre de lieu, tout n’est pas rose, des familles sont déchirées, le corps des femmes est maltraité par la nature, par la grossesse.

Tout ça ne fait que rappeller à notre héroïne, par contraste, sa vie d’avant. Elle dansait nue au son du violon de Gabor et de la batterie de Paolo. Avec leur spectacle, il faisait le tour du monde, il vivaient dans un van aménagé, voyager et voir la foule leur suffisaient. Béatrice a même eu deux enfants au cours de cette existence douce et hors du commun. Mais celle-ci devait finir, comme un rappel à la vie normale qui fait du mal.

Que penser de ce roman ? Il n’est pas mal écrit, c’est certain, même si ça ne casse pas trois pattes à un canard. J’ai été très déçue car on n’explore ni la facette du spectacle vivant, ni celle de la maternité, on ne fait que les survoler sans y entrer, alors que pourtant, le vie tragique des personnages est dévoilé. J’ai été étonné de cette vision de la grossesse : bizarrement, dans cet hôpital, il n’y a que des cas malheureux. On oublie les naissances qui se déroulent bien, les prématurés qui vivent malgré tout, etc. Côté passé de l’héroïne, autant le dire tout de suite, j’ai trouvé ça vraiment cliché. Mode « vie de bohème, je me lave au vinaigre ».

L’écriture est légère (dans le sens où elle manque de profondeur), et remue des poncifs. Je pense qu’il y a encore du travail pour cette auteure en devenir. Je ne veux pas être cruelle, mais pour être tout à fait honnête, je ne comprends pas pourquoi ce roman a été édité, l’écrivaine manque de maturité.

Julie Bonnie, Chambre 2, aux éditions Belfond, 17€50.