Acqua in bocca, de Camilleri et Lucarelli

Cette année, je n’ai pas pu continuer à apprendre l’italien (je me suis
orientée vers l’occitan du coup!) et la langue de Dante me manque. Je lis des magazines, je regarde des films et je découvre la littérature italienne en VO. Oh bien sûr, je ne lis pas de pavés ni de choses trop difficiles, mon niveau ne me le permet pas, mais je peux quand même faire de belles découvertes comme c’est le cas avec ce livre écrit à quatre mains par deux auteurs que je voulais découvrir : Acqua in Bocca de Camilleri et Lucarelli. J’ai eu la chance de jouer « l’ange-gardien » auprès de Lucarelli lors de sa venue au Marathon des Mots il y a presque trois ans, et je me souviens qu’il évoquait souvent son ami Camilleri. Un vrai plaisir pour moi donc de découvrir un roman issu de leur collaboration !

Nous sommes à Bologne. Il y a eu un meurtre dans une cuisine : un homme retrouvé asphyxié, la tête dans un sac en plastique, avec à côté de lui trois petits poissons rouges. Rien ne lui manque, hormis la vie et une chaussure. C’est l’inspectrice Grazia Negro (l’héroïne de Lucarelli) qui se charge de l’enquête. Elle découvre que la victime est originaire de Vigata et demande alors l’aide d’un collègue sicilen, le commissaire Salvo Montalbano (l’héros de Camilleri). Mais très vite l’enquête se corse et les deux policiers doivent se passer de l’accord de leurs supérieurs pour continuer leurs recherches, des recherches qui se révèleront dangereuses et pleines de surprises.

La forme de ce roman est très originale puisqu’il se compose d’extraits de rapports, de documents et de lettres que s’échangent Montalbano et Negro (de façon assez comique parfois il faut le dire!). Ainsi pas de narration classique, mais une histoire qui avance par petites touches et qui se reconstitue au fur et à mesure, les pièces du puzzle s’emboîtant. On ne s’ennuie jamais car nous sommes dans la tête des deux enquêteurs qui grâce à quelques éléments déduisent et découvrent, sont sur une piste puis une autre. Nous sommes vraiment dans le processus de recherches policières et c’est très agréable.

L’avantage de cette écriture pour moi a été le niveau de langue tout à fait compréhensible du moment qu’on lit un chouilla d’italien. Bon, je cherche toujours le vrai sens de marpione mais en général tout a été pour moi compréhensible. L’enquête est passionnante, même s’il ne s’agit pas là d’un thriller, et ce qui se cache derrière les petits poissons rouges est très surprenant. Ce petit roman a été rondement mené : les auteurs ont écrit à tour de rôle, l’un donnant un défi à l’autre en faisant totalement déviée l’histoire, ce qui donne des péripéties auxquelles on ne s’attend pas.

Bref un court livre d’une centaine de page où la rencontre de Montalbano et Negro, deux grands personnages de la littérature italienne, donne lieu à une enquête prenante, mais surtout à une lecture très agréable. Je vous le conseille !

Andrea Camilleri et Carlo Lucarelli, Acqua in bocca, édition minimum fac, 10€.

Storie d’amore, de Roberto Piumini

Je vous en avais déjà parlé, je me suis inscrite pour la première fois dans ma vie de blogueuse littéraire à un challenge. Il s’agit de celui proposé par George et Marie, « In Italiano », où le but est de lire en italien. Pour ma part, je suis petite joueuse car je me suis inscrite à la catégorie Allegro, c’est-à-dire que je dois lire deux livres dans la langue de Dante. Je suis loin d’être bilingue, même si mon niveau s’est pas mal amélioré cette année (j’ai même obtenu mon CLES niveau 2, c’est dire !)  : j’ai donc décidé de partir à la découverte de l’amour avec Storie d’amore de Roberto Piumini. Ce recueil de plusieurs histoires pour enfants / adolescents n’est pas traduit en français, mais vous pourrez trouver plusieurs ouvrages du même auteur au rayon jeunesse de votre librairie préférée.

 storie d'amore

Storie d’amore, ce sont neuf nouvelles qui content les aventures amoureuses à travers le temps, les pays et les mythes. En effet, l’auteur a décidé que le seul point commun de ces histoires seraient l’amour, tout le reste variant complètement d’un récit à l’autre. Ici, Zeus récompense la générosité d’un vieux couple, là Pierre et Marie Curie font des découvertes scientifiques ensemble. A un moment on se retrouve dans la mythologie antique puis dans les favelas brésiliennes, la nature japonaise ou sur une minuscule île nordique ! Piumini sait nous faire voyager, entre la réalité de personnages ayant vraiment existé, des légendes déjà connues de tous ou bien des contes complètement inventés qui peuvent tout aussi bien se dérouler dans un monde imaginaire ou dans le nôtre. Et c’est bien ça, la force de ce recueil, on ne peut pas s’ennuyer, car à chaque nouvelle histoire, on ne sait jamais à quoi s’attendre. C’est idéal pour les enfants et les pré-adolescents (ce livre est conseillé à partir de 11 ans).

Au niveau de l’écriture, bien sûr le style est simple, ce qui a tout à fait convenu à mon petit niveau d’italien. Il sera vite ennuyant pour les adultes bilingues mais peut-être que vous pourriez quand même tomber sous le charme de cette poésie, de ce romantisme mélancolique que sait faire naître l’auteur. Il a eu l’intelligence de ne pas mettre que des « ils se marièrent et ils eurent beaucoup d’enfants », en effet, l’amour n’est pas si merveilleux. Dans ces nouvelles, on apprend qu’aimer ce n’est pas forcément tout rose, il y a l’interdit, la jalousie, la possessivité, l’injustice, la séparation. Certaines de ces histoires ne se finissent pas pour le mieux, et c’est une grande leçon d’humilité à l’échelle de ce petit recueil pour enfant. On peut reprocher à Piumini son style parfois trop simpliste même pour des pré-adolescents : c’est vrai que de ce côté-là il ne s’éloigne pas vraiment des canons des contes merveilleux. Ce n’est pas tant son style qui est original mais bien le choix de ces histoires d’amour si différentes les unes des autres.

Storie d’amore est un joli petit livre, merveilleusement illustré par Marina Marcolin. Ces amours, éternels ou impossibles, sont à découvrir, seul ou en famille, par les petits comme par les grands. En plus, il aura l’avantage de vous faire travailler cette si belle langue qu’est l’italien.