American rigolos, de Bill Bryson

Désolée pour mon absence ces derniers jours, ma vie a été bien remplie. J’ai commencé mon stage à l’association du Prix du Jeune Écrivain, et ça occupe bien mes semaines. Sans compter sur le boulot à la médiathèque où je ne peux m’empêcher d’emprunter des dizaines de livres, si bien que ma PAL personnelle refuse de baisser.

Je pense qu’il faudra un jour ou l’autre que j’arrête les challenges, car j’ai bien du mal à m’y tenir. De plus, une petite mise à jour des différentes pages du blog s’impose, j’attaquerai tout ça la semaine prochaine normalement. Ah, et il faut que je rattrape mon retard en voyant un peu ce qu’ont publié tous mes camarades blogueurs ces derniers temps ! Bref, passons à la chronique du jour…

Ah, les États-Unis… Une contrée lointaine et profondément différentes. J’ai voulu en savoir un peu plus sur cette population si… à part. Et pour ça, j’ai choisi les articles de Bill Bryson, rassemblés dans un livre : American rigolos, chroniques d’un grand pays. Ce journaliste américain a vécu pendant vingt ans en Angleterre avant de retourner dans sa contrée natale. C’est de là-bas qu’il a écrit ces articles hebdomadaires, publiés dans un journal britannique. Un Américain qui parle d’Amérique à des Anglo-saxons, avec beaucoup d’humour ou de distance.

 

Tous les sujets sont abordés. Parfois, rien de précis, parfois rien de très états-uniens. Ce sont surtout des discussions, des constatations, des opinions qui partent d’un entre-filet, d’une étude parue dans un magazine ou un quotidien. Au programme, on parle grande consommation, confort à l’excès, règles, et tout plein d’autres petites choses qui peuvent passer inaperçue mais qui conditionnent le mode de pensée américain, la conscience américaine, les réflexes américains. C’est assez effarant, mais en même temps, on se doutait de beaucoup de choses (l’insipidité de la nourriture de ce pays qui a inventé le fromage en aérosol, les méthodes de pubs à la limite du harcèlement, etc, etc.). Malgré tout, c’est très intéressant d’avoir l’éclairage d’un Américain ayant pu voir ce qui se fait ailleurs (c’est-à-dire en Angleterre).

Bill Bryson ne manque pas d’auto-dérision par rapport à son propre peuple. Il s’en démarque, n’ayant pas gardé les mêmes habitudes qu’eux, et préférant marcher à prendre la voiture pour juste une centaine de mètres…. Toutefois, même si ses critiques sont plutôt acerbes, il est heureux de certains aspects de la vie américaine et doit admettre que tout n’est pas si gris, au vu de l’enthousiasme de sa femme face à ce Nouveau Monde.

Les articles sont courts et se lisent vite. Ils peuvent être pris dans le désordre, mais lus chronologiquement, c’est tout aussi agréable, il y a des rappels, des clins d’œil à des choses précédemment dites. Toutefois, il faut noter que ce livre commence à avoir de l’âge et que certaines données ne sont plus d’actualité. Mais cela n’enlève rien aux charmes de ce recueil qui se dévore très vite et sans efforts.

Bill Bryson, American rigolos, chroniques d’un grand pays, traduit de l’anglais (États-Unis) par Christiane et David Ellis, Petite bilbiothèque Payot (467), 9€.

Au pays des mangas avec mon fils, de Peter Carey

Vous l’avez peut-être compris, j’aime assez le Japon. Sans en être une inconditionnelle, c’est une culture qui m’intrigue, un pays qui m’intéresse, et je ne serais pas contre un petit voyage dans l’archipel nippon ou à Tokyo. Mais faute de sous, je traverse les kilomètres par les livres, notamment par les livres de voyage comme celui que je vais vous présenter : Au pays des mangas avec mon fils de l’australien Peter Carey.

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L’auteur est un journaliste qui a peu à peu découvert l’univers japonais à travers des animes et des mangas, grâce à son fils fan de Mobile Suit Gundam. Il découvre alors cette culture et cette façon de pensée si étrange et différente de la sienne. Il décide alors d’embarquer son fils au Pays du Soleil levant pour mener quelques interviews de mangakas et de scénaristes.

Mais il y a une condition posée par son fils : pas de musée, pas de traditions millénaires, non, juste le vrai Japon, la technologie, les otakus, les consoles de jeu, les toilettes hyper-sophistiquées. Il y aura quelques incartades, quelques surprises, des regrets et des bons moments, et beaucoup d’anecdotes !

Bon, il faut le dire franchement : c’est un mauvais livre, je ne comprends pas du tout l’intérêt d’avoir payer une traduction pour publier ce récit de voyage. C’est complètement incomplet, l’auteur ayant déjà été au Japon, on passe complètement à côté de cet émerveillement qui naît lors de la découverte d’un pays nouveau. D’ailleurs, on ne nous fait absolument pas découvrir le Japon, qu’il soit traditionnel ou moderne, il y a bien une visite chez un forgeron de sabre, la rencontre avec un vrai adolescent japonais, mais ça s’arrête là. Ça parle beaucoup de mangas en particulier et de films d’animation Ghibli (j’ai été complètement spoilé pour Le Tombeau des Lucioles) ce qui est complètement inintéressant qu’on ne les a jamais vus ou lus. En fait Peter Carey a essayé de percer la vraie « âme japonaise » à travers sa culture graphique : les résultats sont peu probants et artificiels.

De plus, je ne sais pas si c’est la traduction ou l’écriture originale mais il faut avouer que le style ne vole pas haut mais en plus, manque de cohérence et de modestie.

Bref, je vous déconseille cette lecture ! Je suis toujours à la recherche d’un récit de voyage au Japon, donc si l’un de vous a une piste…

Peter Carey, Au pays des mangas avec mon fils, traduit de l’anglais (australien) par Béatrice Vierne, aux éditions Hoëbeke, 15€.

Dans le secret d’une photo, de Roger Grenier

Dès son enfance, Roger Grenier a trimbalé un appareil photo avec lui. Plus qu’un engrangeur à souvenirs, il est le symbole de toute une vie, mais c’est aussi un art que l’auteur apprécie. Dans le secret d’une photo est un hommage à cette petite boîte d’instantanés qui permet de retracer une vie ou l’histoire d’un pays. L’écrivain évoque tous ces Leica et ses Agfa qu’il a croisé tout au long du XIXe siècle, rappelant ainsi des bribes de son propre passé.

 

Un livre autobiographique mais qui parle plus de la photographie que de l’auteur lui-même, voilà un bien étrange ouvrage. Pourtant, ces pérégrinations dans la vie de Grenier ne sont pas dénouées d’intérêt : j’ai pu ainsi découvrir la longue carrière de cet homme à la fois pion, résistant ou intervieweur, sa nostalgie quand il a du abandonné la photo le temps de son travail de journaliste. Mine de rien, on traverse une guerre mondiale, on visite l’autre par de vieilles photos, on est pendant quelques pages soixante-huitard avant d’aller voyager en Italie ou de devenir reporter.

L’écriture est « sans chichi » : Grenier n’est pas là pour nous impressionner ou pour étaler sa science, juste pour partager avec nous une passion de l’image et nous dévoiler le secret amour d’inconnus pour la pellicule. De laboratoire de développement en studios renommés, c’est surtout dans l’intimité d’une photo que l’on voyage, notamment au côté de Brassaï, mais Nadar, Doisneau ou Cartier-Bresson ne sont pas en reste.

Qu’elle soit amateur, artistique, professionnelle, journalistique, la photographie n’en a pas fini d’émouvoir, et même si ce livre ne constitue pas une ode à l’argentique, il y a un certain charme désuet avec les vieux appareils, un charme que cette œuvre nous présente si joliment qu’on en regretterait presque nos numériques et leurs capacités mémoire de centaines de photos.

Un ouvrage bien agréable, qui se laisse lire sans y penser, je vous le conseille, que vous soyez ou non amoureux de la photographie.

Roger Grenier, Dans le secret d’une photo, Gallimard, collection L’un et l’autre, 17€50.