Deathless Days, de Lucas Legendre

Encore une fois, je viens vous parler d’un roman des éditions La Bourdonnaye. Mais que voulez-vous ? Je ne vous en parlerai pas s’ils étaient mauvais ! Grâce à eux, je découvre toujours des auteurs intéressants et des œuvres qui arrivent toujours à ma surprendre. Au programme du jour : Lucas Legendre et son livre Deathless Days. (Laissez-moi vous dire que j’adore le dessin de la couverture, excellent choix!).

Le héros, c’est Azraël, l’archange de la mort. Enfin, appelez-le D., il préfère. Ça fait quelques siècles que D. fait son boulot pour le compte de Dieu et de son royaume : avec sa faux, il coupe le fil qui relie l’âme du corps, pour permettre aux humains de s’élever une fois arrivée le moment de la mort. Mais, malheur ! La Faux est volée. Sans elle, des milliers d’âmes errent sans but, ce sont les Sans-Mort, et en l’absence de meilleure solution, ils sont acheminés jusqu’en Enfer, pour le plus grand bonheur de S. (oui, les surnoms très courts et les initiales, ce n’est pas du tout mon truc à moi non plus, je trouve ça cliché, mais c’est une chose qu’a l’air d’apprécier l’auteur, donc on doit faire avec à la lecture. Pourrait y avoir pire comme défaut…).

D. a sept jours pour retrouver son arme, c’est ça ou la mort. Pour l’accompagner dans sa quête, une apprentie ange de la mort viendra l’aider, ainsi que d’autres personnages plus truculents les uns que les autres. Une aventure complètement déjantée, drôle et tragique à la fois, avec beaucoup de suspens ! J’ai encore du mal à croire que Lucas Legendre ait réussi à mettre autant de choses dans son livre.

J’ai beaucoup apprécié l’histoire. C’est une description et une réflexion intelligente sur un possible royaume des cieux et son fonctionnement. Beaucoup d’ingéniosité dans tous les rouages de cette société et une façon très accrocheuse d’en aborder l’histoire et les secrets. J’ai adoré évoluer auprès des différents archanges, côtoyer Satan et ses démons, m’immiscer dans les repères de créatures plus mystérieuses et de groupes encore plus étranges. Cette enquête sur fond d’urgence est très bien rythmée et on suit avec passion nos personnages dans leur voyage, découvrant toujours plus leurs faiblesses, leurs passés, leurs relations. Et je crois que c’est ça la force de ce roman, encore plus que l’intrigue – très bien ficelée et menée au demeurant – : ses personnages. Je me suis très vite attachée à eux. Lucas Legendre a su les rendre terriblement réels pour des créatures divines (ou démoniaques, c’est selon) : ils ont leurs failles, leurs défauts, leurs espoirs.

Il y a tout de même des points négatifs à ce premier roman : quelques longueurs, quelques imperfections dans le ton, et surtout des passages en italique (« dans la tête des personnages ») qui sont assez épouvantables selon moi et ont vraiment été des moments très pénibles de lecture. Heureusement, ils sont peu nombreux mais interviennent dans des moments primordiaux. J’ai été déçue, et ça m’a vraiment marquée, car en parallèle le reste de la narration est impeccable. C’est un jugement personnel bien sûr, mais c’est pour moi un élément qui mérite son paragraphe.

Toutefois, à l’échelle du livre, c’est peu de choses. Et ce que je retiendrai avant tout de ma lecture de Deathless Days, c’est ma surprise, ma peur, mes rires. J’ai été complètement embarquée dans l’univers créé par Lucas Legendre et je ne regrette pas l’aventure. Un auteur à surveiller pour un premier roman décapant, savant, intelligent, drôle. Il a bousculé ma bibliothèque !

Lucas Legendre, Deathless Days, aux éditions La Bourdonnaye (allez voir ce qu’ils font ! Que de belles pépites !), 21€30.

La Fureur du Prince, de Thierry Berlanda

Au début de l’année, j’avais lu un thriller étonnant : L’Insigne du Boiteux de Thierry Berlanda. Et pour mon plus grand bonheur, est sorti le deuxième opus de cette trilogie : La Fureur du Prince. Et le charme a encore agi.

Dans le premier livre (qui peut se lire seul sans frustration), on découvre un tueur intelligent, sanglant et psychopathe, fils d’une famille noble arabe : le Prince. Son truc, c’est de tuer et de hacher menu des mères devant leur jeune fils. Ambiance. Heureusement, le commandant Falier, avec l’aide du professeur Bareuil (personnage doué et détestable) et de Jeanne Lumet (une ancienne élève du professeur, restée en très mauvais terme avec lui), a réussi le faire enfermer après toutes les horreurs qu’il a commises. Je résume de façon très partielle, mais c’est seulement pour vous replacer quelques points afin de mieux comprendre le roman qui suit. Car à mon grand regret, ce deuxième livre ne permet pas complètement de prendre la lecture en cours de route. Il y a quelques éléments manquants pour tout comprendre sans avoir lu auparavant L’Insigne du Boiteux. C’est faisable, mais pas l’idéal. Bref, petite déception sur ce point. Un petit rappel dans les premières pages n’auraient pas été de trop, d’autant plus que l’histoire nous plonge directement dans la vie des différents personnages.

[Si vous ne voulez pas vous spoiler du tout le premier opus, il ne vaut mieux pas lire ce qui suit.] Avec un titre pareil, on se doute bien que le Prince est de retour, et qu’il n’est pas content du tout. Après quelques magouilles administratives, il ne va pas en prison comme prévu, mais en hôpital psychiatrique. Un endroit sur-protégé et surveillé conçu exprès pour lui. Mais le prendre pour un malade est peut-être la faiblesse de trop. Cela ne suffit pas à le retenir, et cet homme finit par s’échapper. Mais il est peu probable qu’il y soit arrivé seul : qui l’a aidé ? Dans quel but ? A peine échappé, il commence déjà à tuer, il faut l’arrêter. Pour se dresser sur sa route, Falier reprend du service tant bien que mal, accompagné d’une Jeanne Lumet aussi terrifiée que déterminée et de Bareuil qui a un étrange comportement avec elle.

Dans ce roman, l’intrigue se focalise beaucoup plus sur ces personnages, plus que l’enquête. C’est pourtant bien un thriller, avec une menace imminente qu’ il faut urgemment arrêter, avec des embûches, des personnages récalcitrants, des énigmes. Toutefois, je n’ai pas senti le même malaise d’insécurité que dans le premier livre. Les personnages secondaires, comme la directrice de l’hôpital psychiatrique et le chargé de l’enquête, prennent beaucoup de place, et même si cela suit une logique dans la narration, même si ces passages sont liés à l’enquête, on est moins dans l’action que dans les dialogues, les explications. Toutefois, cela a aussi permis d’en savoir plus sur le Prince, son passé, son enfance, son premier meurtre : voir comment se construit un meurtrier en puissance nous permet de mieux comprendre ce personnage – ce qui manquait un peu à L‘Insigne du Boiteux.

J’ai apprécié cette lecture, plus posée que le premier roman. Je dirais qu’il était passionnant plus que haletant, mais je me suis toutefois régalée, et j’avais vraiment hâte de voir comment cette histoire finirait ! L’écriture de l’auteur est toujours si fluide et claire, la lecture est aisée, les nombreux dialogues rendent ce roman très vivant et les personnages sont très attachants. L’idéal est vraiment de lire L’Insigne du Boiteux ET La Fureur du Prince, car ce que l’un n’a pas pas, l’autre le possède. Ils se complètent parfaitement.

Thierry Berlanda, La Fureur du Prince, La Bourdonnaye, 19€75 (et une magnifique couverture! Des livres toujours aussi soignés dans cette belle maison d’édition!)

L’Insigne du boîteux, de Thierry Berlanda

Au détour de Twitter, un auteur m’a contactée pour me parler de son dernier roman que j’ai accepté de lire immédiatement, la quatrième de couverture m’ayant alléchée. Il s’agit du roman policier L’insigne du boîteux de Thierry Berlanda, aux éditions (avant tout numériques) La Bourdonnaye. Je déteste lire sur écran, donc j’ai pu lire sur papier ; la facture du livre est très bien réalisé et permet un très bon confort de lecture.

Mais revenons à nos moutons. De quoi parle ce roman ? Et bien, d’une série de meurtres, aussi atroces que bizarres. L’assassin se fait appeler le Prince et sa spécialité, c’est tuer des mères de famille sous le regard de leur fils de sept ans, et en ne laissant aucun témoin vivant. Ambiance. Je vous passe les détails mais autant vous dire que les actes de ce personnage met tout le monde d’accord : il faut arrêter ce fou furieux, d’autant plus qu’il récidive.

Le commandant Falier piétine un peu dans cette affaire, quand bien même tous les services de police sont sur le coup. Malgré l’aide du professeur Bareuil, spécialiste en crimes rituels, aucune piste sérieuse n’est trouvée. Mais quand l’assassin laisse sur les lieux de son œuvre d’horreur un indice de taille, tout est remis en jeu. Bareuil fait venir à son ancienne et plus brillante élève pour qu’elle leur vienne en aide. Mais Jeanne Lumet, au-delà de son déplaisir de retrouver son ancien professeur, a de quoi s’inquiéter. Elle est la maman d’un petit garçon de sept ans et se retrouve au cœur d’une affaire meurtrière.

J’ai été vraiment étonnée par ce roman. Je ne suis pas du genre à lire du policier, et sa couverture lumineuse pourrait laisser sous-entendre que c’est assez ésotérique façon Dan Brown, mais en réalité, c’est un livre très noir, avec un personnage central – l’assassin – très torturé. Jeanne Lumet est une femme intelligente et j’aurais apprécié que son personnage soit plus développé. En règle générale, un peu plus de finesse dans les personnages, un peu plus de profondeur psychologique aurait été agréable, mais je chipote un peu ! Vu tout ce qu’il y a à dire rien que pour l’intrigue, des héros bien campés semblent nécessaires.

L’histoire est très bien menée et laisse de la place au suspens, les dialogues sont très agréables et de façon plus globale l’écriture est très fluide. Niveau histoire, j’aurais personnellement beaucoup aimé être un peu plus en présence du Prince, ou traîner dans les bureaux de la police pour mieux en saisir l’ambiance, mais ce roman est déjà en soi une très bonne descente aux enfers dans la folie meurtrière d’un homme.

C’est un très bon roman, même s’il est vrai que ce n’est pas du même acabit que les pontes du genre – je pense forcément à Grangé chez les auteurs français. Un livre un peu plus étoffé, fouillé, qui laisse gamberger le lecteur qui n’en peut plus et veut savoir à tout prix le dénouement de l’histoire est l’oeuvre d’un grand auteur. Mais je ne doute pas une seule seconde que Thierrry Berlanda parviendra à cette excellence car il est sur la bonne voie. Bref, un auteur à suivre et un roman vraiment bien fait.

Thierry Berlanda, L’insigne du boîteux, aux éditions La Bourdonnaye, 15€99 (version papier) et (version numérique).