Le Livre des Baltimore, de Joël Dicker

Ah voilà, enfin je l’ai lu ! Le Livre des Baltimore de Joël Dicker. Il y a quatre ans, j’avais lu l’opus qui le précédait, La vérité sur l’affaire Harry Quebert, et je mettais jurer de ne pas trop tarder à retrouver notre narrateur, l’écrivain Marcus Goldman. Mieux vaut tard que jamais.

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Il est tout à fait possible de lire ce roman à part, car l’histoire traitée ici est tout autre. Nous allons cette fois plonger dans le passé et la vie de notre narrateur, et parler du fameux Drame qui a détruit tout un pan de sa famille. Il y a bien longtemps, quand il était encore un ado ou un enfant, il y a avait en réalité deux familles Goldman. La sienne, les Goldman-de-Montclair, et celle de son oncle, les Goldman-de-Baltimore. Cette dernière était riche, possédait une grande maison ainsi qu’une résidence de vacances dans les Hamptons et Marcus adorait y passer ses vacances, avec ses cousins.

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Pour Marcus, l’écrivain à succès, c’est l’heure de repartir sur les traces de cette famille qui n’existe plus, de revenir en arrière pour comprendre ce qui s’est passé. Des allers-retours dans ses souvenirs, des souvenirs émus, incrédules, douloureux qui vont établir le portait de cette famille, en apparence si idyllique mais qui cachent pourtant ses failles et ses secrets. Et ce périple va petit à petit revenir sur le vernis écaillé des Goldman-de-l’Amérique-huppée, qui révèle encore ses parts d’ombre huit ans après le Drame.

Joël Dicker

Joël Dicker

J’ai été fascinée par la façon dont l’auteur a opéré la narration, voyageant d’une époque à l’autre, menant plusieurs intrigues parallèles mais liées entre elles en même temps. Coup de chapeau car cela est mené d’une main de maître ! Petit à petit, Joël Dicker met les choses en place et nous aussi nous sommes éblouis par les Goldman-de-Baltimore. Comme Marcus, nous revivons cette enfance faite d’amitiés fortes, de premiers émois amoureux, de petites hontes familiales. La tournure que prennent les choses dans la dernière partie du livre nous fait d’autant plus frémir.
Comme dans son précédent livre, Joël Dicker a écrit ici un pavé, enrichi de quelques poncifs intelligemment revisités. Et comme pour son précédent livre, j’ai dévoré ce roman. Car même si je lui ai trouvé quelques longueurs, l’écriture fluide et prenante de l’auteur, toute l’ingéniosité qu’il met dans la construction de ses personnages et le fil de l’intrigue m’a pris aux tripes. Je devais savoir ce qui était arrivé à ces personnages pour lesquels je m‘étais priss d’affection.

Une vraie plongée en Amérique, que j’ai adoré.

Joël Dicker, Le Livre des Baltimore, aux éditions de Fallois/Paris, 22€ (mais existe aussi en poche maintenant).

La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert, de Joël Dicker

Comme d’habitude, je viens vous parler d’un ouvrage qui s’est étalé en vitrine des librairies,  plusieurs semaines après sa sortie (et même après son édition en livre de poche, c’est dire). Je ne suis pas une ponctuelle des rentrées littéraires et autres événement romanesque. Aujourd’hui donc, c’est Joël Dicker qui sera la vedette de ce billet avec La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert (et non pas Québert ou Querbert comme me yeux ont voulu le lire tout le long).

Marcus Goldman a la trentaine, une carrière de faux semblants avant de se reconvertir presque sincèrement dans l’écriture. Son premier roman est un succès, il connaît gloire et argent, mais son contrat d’édition se rappelle à lui : il doit encore écrire. Mais comment faire quand on ne sait plus écrire ? Quand on est pris par l’angoisse de la page blanche des semaines durant ? Il se tourne alors vers son mentor, son ami, le célèbre auteur Harry Quebert, qui vit à présent dans la petite ville d’Aurora dans le New Hampshire. Mais le destin de ces deux hommes va basculer quand le passé de Harry va revenir le hanter : on l’accuse d’être l’assassin d’une fillette de 15 ans, Nola Kellergan, tué il y a en 1975 à Aurora.

Marcus se saisit de l’affaire : il ne peut pas abandonner son ami dont l’innocence lui est certaine. Il doit sauver Quebert, mais aussi sa carrière d’écrivain. Toutefois l’enquête qu’il va mener va lui faire découvrir une situation beaucoup plus complexe qu’elle en a l’air : secrets, mystères, menaces, apparences…

« Qui a tué Nola Kellergan ? Que s’est-il passé dans le New Hampshire à l’été 1975 ? Et comment écrit-on un roman à succès ? »

Je dois avouer que j’ignorais dans quelle genre de lecture j’allais me lancer avec ce livre-là. J’avais à peine parcouru la quatrième de couverture et j’ai longtemps hésité sur le genre de ce roman. Il mêle beaucoup de thèmes, l’intrigue est recherchée, travaillée, de multiples éléments, personnages, versions de la vérité se croisent et s’entrechoquent. Il faut tenir la distance car c’est tout de même un petit pavé : plus de 660 pages ! Toutefois, cela est facilité par l’écriture très fluide de l’auteur malgré une histoire assez épaisse et complexe. Cette histoire justement, bien que digne d’un bon téléfilm américain – elle en a même assez l’ambiance ! – est rondement menée : que de qualités pour cette intrigue qui nous surprend, nous donne envie d’en savoir plus, d’enquêter… Car la base de ce roman, c’est l’enquête menée dans le passé au temps de l’assassinat et dans le présent au temps de l’accusation, et je dois vous avouer que c’est très prenant.

Sans être un thriller, on voyage avec plaisir dans ces investigations qui ont chamboulé une petite ville de province américaine : les masques tombent, la peur de souvenirs douloureux surgit. Joël Dicker nous emmène où il le veut par le bout du nez, sans trop verser dans le cliché du polar ou de l’analyse psychologique : il sait doser, même s’il faut avouer qu’il y a parfois quelques longueurs ou quelques « hollywoodismes de télé du dimanche ».

Peu de choses à dire sur un livre pourtant assez vaste. Il est difficilement descriptible et, à écrire cette chronique, je lui trouve quelques défauts. Toutefois, j’ai vraiment passé un très bon moment de lecture avec ce roman : je ne pouvais plus le lâcher ! J’ai adhéré à cette ambiance de shérif, de plage et de maison en bois : cette atmosphère fait un peu carte postale mais c’est un parti pris de l’auteur et il faut avouer que ça fonctionne assez bien. On sent que Joël Dicker connaît les trucs et astuces romanesques : son art est une mécanique bien huilée.

En résumé, un livre pas parfait, mais un roman très bon !

Joël Dicker, La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert, éditions de Fallois / L’Âge d’Homme, 22€.