L’été slovène, de Clément Bénech

Ah Twitter, ce formidable moyen de communication qui effraie au premier abord mais qui rend vite accro quand on y touche un peu. C’est grâce à Twitter que j’ai découvert plusieurs auteurs français, par le bouche-à-oreille ou parce que je me suis mise à les « follower ». Ce fut notamment le cas pour Clément Bénech dont j’ai vite appris que du haut de sa vingtaine d’années, il avait réussi à se faire éditer chez Flammarion. J’étais très impressionnée par cette prouesse alors que moi-même, ayant un peu près le même âge, je suais sang et eau pour mettre un point final à une nouvelle ou un court récit (ce qui est toujours le cas d’ailleurs!).

Ce premier roman publié, c’est L’été slovène, ce n’est pas bien long, si bien que je l’ai lu d’une traite un soir de septembre où la pluie est venue nous rendre visite sur Toulouse. L’auteur nous raconte les vacances d’été d’Elena et de son compagnon (dont on ne connaîtra jamais le nom). Ce couple a décidé de partir en Slovénie, pour se rapprocher car leur amour commençait à s’effriter. Sans être le voyage de la dernière chance, ce périple avait retenu quelque espoir d’améliorer la situation. Mes ces vacances ne se passent pas comme prévu : une nuit passée sous les étoiles, un accident de voiture et encore bien d’autres mésaventures mettent à mal les sentiments des deux jeunes gens qui, s’en s’effrayer, prennent les choses comme elles viennent. Mais peu à peu, on sent cet amour qui s’érode et l’aveuglement de ce couple qui essaie quand même de donner le change. Aimer est devenu un devoir et ce voyage, inoubliable et défaitiste, va leur ouvrir les yeux.

On suit surtout, l’homme, ce « je » qui au fond de lui connaît déjà l’issue de cette histoire, de son histoire. Pessimiste, il ne se berce pas d’illusions même s’il aime encore cette femme, même s’il veut profiter de la Slovénie pour engranger des souvenirs si possible heureux. L’âme humaine et difficile à cerner alors quand il faut que deux d’entre elles se conjuguent, la partie est peut-être perdue d’avance. Nostalgique, le « je » ne nie pas leur relation qui a été belle, qui a été épanouissante, mais il avance presque avec regret vers la fin de ce périple slovène.

Le Lac de Bled et son clocher, un des lieux du roman.

Vous pensez que je vous ai tout raconté et qu’il ne reste plus rien à lire ? Détrompez-vous ! Je n’ai bien sûr pas raconter toutes les péripéties qui rythment ce court roman, mais surtout ce n’est qu’en lisant par vous-mêmes que vous pourrez découvrir l’écriture de ce jeune auteur. Bien sûr, c’est un premier roman et il y a encore quelques tâtonnements, la langue et la narration ne sont pas aussi sûres que chez de écrivains aguerris, mais c’est amplement suffisant pour nous faire voyager en Slovénie au cœur d’un amour déchu et décevant. On dirait presque que le paysage, les descriptions se sont accordés à ce sentiment planant de déception qui envahit tout le livre. L’atmosphère est très travaillée, mais par petites touches, de façon quasi-invisible.

Mais le plus surprenant, c’est que cette facette d’un couple qui glisse sur la mauvaise pente, on la ressent plus qu’on ne la lit. Il n’est pas dit textuellement « Elena et son compagnon ont entrepris ce voyage pour sauver leur amour mais ils n’y arrivent pas vraiment », et heureusement, car on s’ennuierait presque ! Non, c’est au lecteur de déduire la gravité de la situation via les propos et les comportement des personnages. Mais quand bien même, les héros ne sont pas distants, on perçoit très bien leur émotions… Bref, c’est un peu compliqué à expliquer comme ça, c’est une sensation, une impression ténue plus qu’un fait, mais c’est bien là et il faut avouer qu’avoir réussi une telle manœuvre est digne d’un virtuose de la plume.

Il y a vraiment de très bons élément dans L’été slovène, cependant, il faut l’avouer, j’aurais aimé qu’on entre plus en profondeur dans les choses. Deux, trois petites éléments sont à modifiées et j’attends avec impatience le futur roman de Clément Bénech pour juger de ces progrès (fulgurants, je l’espère). Toutefois, ça reste un roman à découvrir (sauf si vous sortez d’un rupture peut-être) notamment pour l’ambiance, un peu pesante il faut dire, mais tellement hypnotique !

Clément Bénech, L’été slovène, Flammarion, 14€.