Le cœur entre les pages, de Shelly King

Un livre qui parle de rencontre, d’amour, de bouquiniste, de choix de vie, de lecteurs : que demander de plus ? Aujourd’hui, je vous parle du roman de Shelly King, Le coeur entre les pages.

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Maggie passe tout son temps au Dragonfly, une petite bouquinerie de quartier dirigé (un peu près) par Hugo. Elle a perdu son travail, son petit ami et a envie de passer son temps à lire des romances. Son meilleur ami Dizzy finit quand même par la motiver à participer à un prestigieux club de lecture, où elle pourrait faire des rencontres intéressantes professionnellement parlant. Pour ça, elle doit lire en une nuit L’amant de Lady Chatterley : elle récupère donc un vieil exemplaire au Dragonfly et finit par découvrir dans celui-ci, dans les marges, des messages. Henry et Catherine ont échangé une sorte de correspondance amoureuse et secrète dans les pages de ce roman.

J’ai beaucoup apprécié ce roman. La découverte des messages d’Henri et Catherine ne sont en réalité qu’un point de départ, contrairement à ce que je pensais – et c’est plutôt une bonne nouvelle. Bien sûr, on veut savoir qui sont ces personnes et si elles ont bien fini par se rencontrer, mais on prend aussi beaucoup de plaisir à suivre la vie de Maggie. Au départ amoureuse des livres, elle a fini par rejoindre la Silicon Valley avec Dizzy. Mais ses récentes aventures vont la pousser à reconsidérer son amour pour la lecture comme central. Sans s’en rendre compte, elle s’est attachée à cette librairie et veut la voir perdurer. Ce lieu sera aussi pour elle l’occasion de faire des rencontres étonnantes. J’ai d’ailleurs beaucoup aimé les personnages secondaires, tous très originaux. Comme dans toutes relations humaines, les liens peuvent se distendre, se tordre, se crée et voir que cela n’est pas statique m’a vraiment permis d’imaginer ces personnages comme des êtres de chair et non juste de papier.

Shelly King insuffle beaucoup de vie dans ses héros. J’ai par contre trouvé quelques situations en trop, j’étais un peu perdue avec des événements que je trouvais en décalage – autant la partie des jeux de rôle type Donjons & Dragons, ça allait, autant le délire de reconstitution historique était trop décalée et en dehors de l’intrigue principale (ceux qui ont lu comprendront). Je n’ai pas trop compris ce que ça faisait ici, on pouvait amener les choses différemment.

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La vision de l’amour et des relations amoureuses est multiple ici, on effleure plusieurs relations possibles. J’ai apprécié que ce soit si normal que ce ne soit pas si normal – je ne sais pas si je suis bien claire… Mais, évidemment, ce que j’ai préféré, c’est la relation aux livres et à la lecture : j’avais l’impression de voir, de sentir, de toucher ces romans, ces guides qui avaient déjà eu auparavant une autre vie. Shelly King pourrait pousser un peu plus les descriptions et mieux planter le décor, mais elle sait très bien instaurer cette ambiance si particulière des librairies, des petits quartiers. De plus, j’ai bien aimé de voir un autre côté de la Silicon Valley.

Les livres du Dragonfly ont circulé entre d’innombrables mains et passeront dans d’autres. Ils ont l’odeur du contact humain et de tous ses possibles. Alors que le jour avance et que la lumière persiste, le Dragonfly est envahi par ceux qui flânent délibérément à la recherche de ce dont, sans le savoir encore, ils ont besoin. Ceux et celles qui viennent au Dragonfly ne possèdent pas seulement les livres ; ils en ont besoin et en meurent d’envie, il leur est impossible de respirer sans eux. Ils viennent parce qu’ils sont amoureux de la librairie elle-même, avec toutes ses marchandises passées par d’autres mains et leurs histoires indicibles. Ils viennent parce qu’ils aiment s’interroger sur les personnes qui ont possédé tous ces livres avant eux. Ils viennent parce que ceux dont ils croisent le chemin sont comme les livres qu’ils trouvent, un peu abîmés sur les bords, attendant que la bonne personne les ouvre et les emporte.

Une bonne lecture qui restera un bon souvenir !

Shelly King, Le cœur entre les pages, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Pascale Haas, aux éditions Préludes, 14€60.

Pourquoi tu choisis ce livre ?

Vaste question ! Comment choisit-on nos lectures plaisir ?

1. A la couverture

Très clairement, et un peu injustement, on choisit de feuilleter un livre, de lire sa quatrième de couverture car souvent sa couverture nous a tapé dans l’œil. Personnellement, un livre inconnu est invisible à mes yeux si sa couverture est trop sombre, si elle représente une image du film adapté, si le nom de l’auteur est plus gros que le titre, si elle est trop kitchouille, si elle est trop sobre. Quand on flâne sans but, ça doit nous taper dans l’œil !

2. Par sa renommée

Il y a de très grandes chances que je m’attarde sur un livre car j’en ai vaguement entendu parlé. S’il a tant de succès, droit à tant de médiatisation, je me dis toujours que c’est pour une bonne raison…

3. Car on le cherche

On a été convaincu par son booktubeur préféré, ou on veut le faire dédicacer par l’auteur ou c’est la nouvelle suite de sa saga préférée ! Très souvent, c’est dans ce même cas qu’on se rend compte que, décidément les grands formats, c’est trop cher.

4. Parce qu’on aime l’auteur

Parfois, il y a des auteurs à qui on reste fidèle car on sait que, sauf exception, on aimera tout d’eux. Dans mon cas, ça n’arrive vraiment jamais mais je peux comprendre les lecteurs dans ce cas.

5. A cause de sa taille, de son prix

Combien de fois j’ai acheté un livre car je cherchais un petit poche au rayon polar à m’enfiler pendant mon voyage en train. Combien de fois j’ai craqué sur un livre quelconque car il était à 1€.

6. A cause de son édition

Et pour ma part, je préciserai même : les éditions de Noël. Chez moi, ça ne rate pas : chaque année, j’achète 4 ou 5 livres pour leurs magnifiques éditions spécial Noël. Mais il en va de même pour l’intégrale de telle saga, pour la version illustrée d’Harry Potter (en fait, pour n’importe quelle nouvelle édition d’Harry Potter….), parce qu’on a retrouvé chez un bouquiniste la version de notre enfance de tel ou tel roman, etc.

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7. Pour coller à son envie

Très souvent, il arrive vers l’automne que je parte à la recherche d’une romance cosy. En hiver, je vais vouloir un thriller haletant. Au printemps, plutôt des livres de développement personnel, etc. Parfois, j’ai envie de poésie, ou d’une saga jeunesse…

8. Par sa quatrième de couverture

Personnellement, ça me permet surtout de savoir ce que je ne veux pas lire. Les premiers mots me l’indiquent : par exemple, en ce moment, je ne veux lire que des histoires contemporaines. Globalement, je n’aime pas les romans qui se déroulent en Afrique ou en Amérique du Sud – ce n’est pas mon truc, tout simplement. Et si tu colles avec mon envie, si ça m’intrigue : bingo !

9. Par devoir

Eh, oui, même certaines de mes lectures plaisirs ont été réalisées à la suite d’un certain devoir que je me suis imposée, pour lire des classiques notamment. Grosse déception parfois (Balzac…), et grand amour par moment (Ah, Victor Hugo <3). Dans tous les cas, toujours une découverte.

10. Par curiosité

Une lecture en entraînant une autre. Tu lis un livre d’Amélie Nothomb, tu finis par ouvrir les autres. Tu lis un livre de Zweig, tu te procures ses biographies. Tu lis de la littérature russe : tu ne fais plus que ça pendant des mois. Tu lis un roman se passant pendant la Seconde Guerre mondiale et tu te dis qu’il serait peut-être tant que tu lises Le Journal d’Anne Franck…

11. Par précaution

Je donne régulièrement des cours particuliers de français et très souvent, j’essaie de conseiller des lectures à mes élèves pour qu’ils renouent avec la littérature – ou même tisse le premier lien. Je sais très bien qu’un truc à la mode, ça fonctionne mieux – ce n’est plus la génération Harry Potter… – et qu’il vaut mieux pour moi lire moi-même Divergente avant de le conseiller les yeux fermés…. Sait-on jamais ! J’imagine que le jour où je serais maman, j’opérerais de la même façon.

12. On ne choisit pas

Parfois les meilleures lectures plaisir sont celles qu’on ne choisit pas. Un cadeau de Noël, ce qui est tiré au sort avec notre bookjar, une lecture commune… Ce sont parfois des éléments extérieurs qui nous poussent à découvrir un nouveau livre.

Ce qui nous agace dans une librairie

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  • Voir quelqu’un qui repose un livre à l’envers sur sa pile.

  • Voir qu’il y a le tome 3, le tome 5 mais pas le tome 4, alors que c’est celui qu’il nous faut.

  • Les grandes sagas qui n’expliquent pas clairement sur leur quatrième de couverture l’ordre de lecture.

  • Voir qu’un livre a sa tranche cassée. Outrage !

  • Les marque-pages trop grands pour les livres de poches.

  • Ne trouver que le grand format alors qu’on sait que le poche existe.

  • Découvrir une édition de Noël ou un pack sublime alors qu’on vient d’acheter une édition toute simple du même livre une semaine avant : « Si j’avais su…. »

  • Les couvertures moches à base d’image tirée du film tiré du livre.

  • Les romans sans résumés.

  • Les rares librairies qui s’imaginent que le young-adult, c’est de la gnognotte et qu’il n’a pas le droit à un rayon en soi : « On va mettre ça en jeunesse, c’est pareil. »

  • Trouver seulement l’édition du Routard qui date de l’année précédente.

  • Chercher pendant des heures un auteur dans le rayon « Amérique » alors qu’en fait il est au rayon « Royaume-Unis ».

  • Quand le libraire t’annonce que « l’éditeur ne le fait plus ».

  • Quand tu découvres le prix de certains grands formats.

  • Quand tu te trompes d’édition et que ta saga est dépareillée.

  • Quand tu veux demander un truc au libraire mais que devant toi tu as la personne qui veut « le livre orange qui est passé au JT ».

  • Quand t’as oublié de prendre l’enveloppe de la carte d’anniversaire achetée au rayon papeterie de ta librairie préférée.

  • Quand le micro ne fonctionne pas à la rencontre avec un auteur et que tu n’entends plus rien.

  • Quand tu vois un client manger un truc gras et feuilleter les livres après.

  • Quand c’est la rentrée ou la veille des partiels et que c’est blindé d’étudiants et de lycéens qui ne se poussent pas quand tu veux passer.

  • Quand tu as un chèque lire de 20 euros mais que ton roman en coûte que 17.

  • Quand tu flânes juste pour le plaisir et que tu ressens cette horrible sensation de vide car rien ne te donne vraiment envie.

  • Quand le libraire te conseille un livre mais que tu n’oses pas lui dire que tu le connais déjà et que tu n’as pas vraiment aimé.

  • Quand le libraire s’occupe d’un rayon, qu’il est pile devant ton livre mais que tu n’oses pas le déranger.

  • Quand il fait trop chaud dans la librairie mais que tu ne veux pas enlever ton manteau et le prendre à la main de peur de renverser toutes les piles sur les tables.

  • Quand tu as plein de choses à voir mais que la librairie ferme dans dix minutes.

  • Quand tu viens pour acheter juste un petit poche à 6€ mais que tu as repéré la version collector ou illustrée à 40€.

  • Quand tu te dis qu’il faudrait que des wishlists existent dans les librairies, comme les listes de mariage ou de naissance pour les cadeaux.

  • Quand le seul exemplaire neuf du livre que tu veux est un peu sale ou corné.

  • Quand le rayonnage que tu cherches est tout en bas et que tu te casses le dos pour chercher ton livre.

  • Quand les ouvrages mis en avant te désespèrent…

  • Quand tu as oublié ta carte fidélité et que donc tu n’auras pas droit à tes moins 5 %

  • Quand, trop absorbé(e) par les rayonnages débordants, tu rates la petite marche.

  • Quand tu ne sais pas quoi faire de ton parapluie trempé, tu ne veux surtout pas abîmer ces livres.

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La bibliothèque des cœurs cabossés, de Katarina Bivald

Parfois, il faut s’écouter. Pendant mon intersidérale panne de lecture – promis, j’arrête bientôt d’en parler – je me suis un peu forcée. Il y avait ce roman, ça promettait d’être feel-good, y a de la romance, de l’amitié, une librairie, l’amour des livres. Je me suis dit : « Banco, c’est fait pour moi ! » C’est vrai qu’il me semblait un poil long, mais je trouvais la couverture sympa, il n’avait pas reçu des mauvaises critiques, alors pourquoi pas ?

la-bibliotheque-des-coeurs-cabossesLa bibliothèque des cœurs cabossés de Katarina Bivald est l’histoire de Sara, qui vient passer plusieurs semaines dans le village de Broken Wheel – elle vient de Suède – pour voir son amie Amy, une amie par correspondance. Toutes deux ont forgé une belle amitié en échangeant sur leurs lectures et enfin aujourd’hui, elles vont se rencontrer ! Mais il y a un vrai problème : Amy n’est plus là… Désemparée, Sara se voit heureusement secouru par les habitants de la ville qui la prennent sous leurs ailes, plus ou moins. Elle vivra dans la maison d’Amy.

Cette ville, en perte de vitesse, attriste un peu Sara. Il y a ce local vide dans la rue, et tous les livres d’Amy qui ne servent plus à rien. Et si… ? L’idée d’ouvrir une librairie est si tentante !

Cela fait des mois que j’ai lu ce livre et je l’ai refermé avec lourdeur. Clairement, ça n’a pas été ma lecture de l’année et ça ne m’a pas aidé à sortir de ma panne de lecture. Mon avis n’est donc pas le plus complet, je ne me souviens que partiellement de l’histoire : elle ne m’a pas marquée car je lui ai trouvé des longueurs, elle ne m’a pas marquée car je n’ai pas vraiment réussi à m’attacher aux personnages. Les personnages, parlons-en : ils sont très nombreux – trop. Certains sont originaux, mais la plupart n’ont pas d’intérêt en soi. On dirait qu’ils n’ont pas vraiment de vie, de consistance, de saveur, dans le sens où ils n’existent que les uns pour les autres, pour faire avancer leurs relations mutuelles. Ils n’ont pas pris corps dans mon esprit, ce sont restés de simples êtres de papier, présents pour faire avancer l’histoire et l’intrigue autour de notre personnage principal. Cette Sara est toute mimi, pleine de bonnes intentions, mais j’ai l’impression qu’on fait tout pour elle, elle manque clairement de profondeur et je la trouve un peu fade.

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Pourtant, il s’en passe des événements dans cette ville où tout le monde se connaît, les relations se font et se défont. J’ai l’habitude des romans où il se passe trop de choses pour que ce soit vrai, mais en général j’ai envie d’y croire, ou j’accepte de le croire car ça sonne vrai, car les intérêts sont grands. Ici, j’ai regardé les événements d’un œil distant, sans y croire un instant et en trouvant cela artificiel. Bizarrement, malgré tous les rebondissements, je me suis ennuyée, ce n’était pas assez rythmé et j’en avais assez marre de ce décor de petite ville américaine. Je n’étais sûrement pas dans le meilleur état d’esprit non plus pour en profiter, il est vrai, mais – je ne sais pas si la traduction y est pour beaucoup ou pas – l’écriture elle-même est un peu lourde, ça ne tiendrait qu’à moi, j’aurais fait de sacrées coupes ! Peut-être que ce style est recherchée, mais ce n’est clairement pas ma tasse de thé. Pourtant je reconnais qu’il y a un talent dans l’écriture de Katarina Bivald : l’idée de départ est sacrément bonne. Mais le lieu d’arrivée : beurk.

Un avis très subjectif mais sincère… Et vous, qu’en avez-vous pensé ?

Katarina Bivald, La bibliothèque des cœurs cabossés, traduit du suédois par Catherine Buy, aux éditions J’ai lu, 10€.

Le Livre à l’heure du numérique, de Françoise Benhamou

9782021140606Quand on est un grand lecteur, on aime les livres qui parlent de livres. Dans toutes les littératures disponibles, il y en a bien une qui m’intrigue même si je ne me sens absolument pas concernée : la lecture numérique, qu’importe sa forme. Alors oui, je vais voir des infos sur Wikipédia, je suis de temps en temps l’actualité sur les sites de grands journaux… Mais jamais vous ne me verrez lire un roman sur une liseuse, ma présence sur des sites tels que Babelio ou Wattpad doivent se compter à moins de 2 heures en une année. Ce n’est pas pour autant que je ne suis pas un brin inquiète de voir ma bibliothèque papier, mon libraire et ma médiathécaire jetés aux orties avec l’arrivée d’internet et de la technologie. C’est pour ça que je me suis laissée tentée par le livre encore assez récent (2014) et, je trouve, d’actualité de Françoise Benhamou : Le Livre à l’heure du numérique.

C’est un ouvrage qui va aborder les changements profonds qui ont eu lieu dans la culture avec la révolution numérique. Petit détour par la musique et le cinéma pour avoir des points de comparaison avant de s’attaquer au vif du sujet. J’ai trouvé ce livre vraiment très très complet et ça a été une très bonne surprise car j’ai découvert des choses intéressantes. Les journaux, les revues scientifiques, l’avenir des librairies, le livre numérique, le prêt en bibliothèque, les encyclopédies en ligne et les dictionnaires, la publication, l’auto-édition, l’impression à la demande, la numérisation des ouvrages… Ce n’est pas un essai très long mais il répondra à toutes vos questions, sources à l’appui. Avec des chiffres, avec des faits, avec des observations et une plume très accessible. Cet ouvrage est fait pour être lu par tous, même les non-initiés : la langue est simple, sans fioritures, les chapitres sont courts et efficaces. J’ai beaucoup aimé en apprendre plus sur cette problématique et, sans aucun doute, cette lecture était vraiment captivante.

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Merveille du numérique. L’accès à tout, tout de suite. L’immédiat, l’exhaustif. Des catalogues et des fonds d’une richesse inégalée. La mise à jour permanente. La démocratisation de l’accès. L’écriture de tous et l’écriture pour tous.

L’auteure pose des questions vraiment perspicaces, sans fermer aucune voie mais en nous montrant vers quoi tendent les mouvements actuels. Elle interroge sur l’avenir de la presse en ligne et ses moyens de financement, sur le rôle du blog et des clubs de lecture en ligne, sur le matériel propriétaire et les DRM, etc. J’aurais aimé parfois plus de précisions sur certains sujets – les e-books m’intriguent beaucoup – mais ça a été une très bonne voie d’entrée dans la question. Ce que j’ai surtout apprécié dans ce livre, c’est le fait qu’en n’omettant (apparemment) aucun secteur, il met en avant des domaines qui m’étaient peu connus et qui sont pourtant bouleversés par le numérique. Pas besoin d’être connaisseur : Françoise Benhamou prend le temps de nous expliquer sans pour autant nous ennuyer.

C’était une agréable lecture, une découverte très enrichissante. Si la question du Livre à l’heure du numérique vous intéresse, je vous invite vraiment à feuilleter cet essai.

Françoise Benhamou, Le Livre à l’heure du numérique, aux éditions du Seuil, 17€.

Livre Paris et Prix du Jeune Ecrivain

La fin du mois de mars a été très chargée en terme d’événements livresques et de découvertes littéraires.

livre_paris_2017Alors que je finissais en urgence la lecture commune du mois de mars, je me suis envolée avec bonheur pour Livre Paris. Un salon que j’attendais avec grande impatience puisque j’avais prévu d’y revoir de nombreuses connaissances, beaucoup d’amis que je ne croise jamais. Et quel régal de tous vous revoir ! La cerise sur le gâteau : voir des personnes dont j’ignorais jusqu’à la présence à Paris. Une de mes plus grande joie a été de pouvoir retrouver l’association du Prix du Jeune Écrivain à Livre Paris. J’ai pu travailler pour eux il y a quelques temps et cela va bientôt faire quatre ans que je gravite autour de l’association. Le Prix qu’elle propose est international et francophone et s’adresse aux jeunes du monde entier. Chaque année, presque 1000 manuscrits arrivent dans leur local à Muret – au sud de Toulouse. Et chaque année, des lauréats sont désignés par un jury d’écrivains et invités au Salon du Livre de Paris – entre autres choses.

DSC_6694 (Copier)C’est donc avec bonheur que je me suis rendue le samedi sur le stand Île-de-France où avait lieu un débat autour des écrivains de demain en présence des lauréats Bienvenue Eric Damiba, Elise Leroy et Anna-Livia Marchionni,, ainsi que d’écrivains membres du jury : Mohamed Aïssaoui, Alain Absire (président du jury) et Carole Martinez (que décidément j’adore). Un espace intimiste, des interventions intéressantes, un très bel échange qui a été pour moi l’occasion de retrouver les bénévoles, les amis rencontrés au PJE et de voir un peu à quoi ressemblait le cru 2017.

Toute la journée, j’ai vadrouillé au gré des rencontres dans le salon. De 10h à 19h, j’ai arpenté les allées, me perdant moult fois à cause de la signalétique absolument pourrie (on est d’accord, hein?). A l’inverse de l’année dernière, je n’avais pas pour but d’arpenter tous les stands. Je suis allée directement voir les éditeurs qui m’intéressaient, je m’étais fait un planning des conférences qui me tentaient mais sans me mettre la pression. J’ai beaucoup appréciée la scène littéraire, comme chaque année et la scène professionnelle était passionnante. Je regrette de ne pas avoir su à l’avance qu’il y avait des ateliers, ceux-ci m’auraient bien tenté. Cette année encore, je trouve le prix de l’entrée un peu cher, l’organisation présente des couacs, mais il y a de légers mieux il me semble. J’aime tellement ce rendez-vous que je me pose sérieusement la question de prendre un pass Grand Lecteur pour l’an prochain – d’ailleurs, si certains l’ont essayé, vous en avez pensé quoi ?

Côté dédicace, une seule me tenait vraiment à cœur et ça commence à devenir un rituel : avec la pétillante Nounja aka @MusicaduMN, nous nous retrouvons pour aller faire dédicacer ensemble le dernier roman de Cindy Van Wilder, l’auteure des Outrepasseurs. S’il y a bien un écrivain pour qui j’accepte de faire la queue sans me plaindre, c’est bien Cindy. Je suis toujours ravie de la revoir, elle est très proche de ses lecteurs et toujours souriante. Merci Nounja pour Memorex, merci Cindy pour tes dédicaces ❤

A peine le temps de repartir avec mes livres signés – mes seuls achats de tout le salon, autant dire que j’ai été très sage –, je m’élance vers le stand Buchet Chastel. C’est le moment, ça y est : la proclamation du palmarès du Prix du Jeune Ecrivain et les dédicaces du recueil tout nouveau, tout beau. C’est un peu la pagaille, il faut dire que le stand fait plus librairie que lieu de réception, et les micros sont interdits, mais l’émotion est quand même au rendez-vous. Les lauréats, la famille du PJE, les curieux réunis autour d’Alain Absire qui énonce le palmarès. La concrétisation d’une année de travail pour ce 32ème prix. Et il faut dire que la cuvée de cette année a l’air sacrément sympathique et j’ai eu un vrai coup de cœur pour le premier prix, Anna-Livia. « C’est une vraie » dixit mon amie et ancienne collègue Laura, et je ne peux que confirmer ! Talent, modestie, sincérité, elle est décidément très touchante cette Anna-Livia.

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Ma journée touche à sa fin. Je ne quitte pas encore Paris mais le salon du livre, c’est fini pour moi. Promesse de revenir l’an prochain en espérant que l’organisation s’améliore encore.

DSC_8014CC (Copier)Toutefois le mois de mars n’est pas terminé et il reste un de mes événements préférés de l’année : la remise du Prix du Jeune Écrivain à Muret, tout près de chez moi, le mercredi 29 mars 2017. A cette occasion, un extrait de chaque texte est lu par un comédien de la Comédie-Française ; cette année, il s’agissait de Didier Sandre et Sylvia Bergé. Intermèdes musicaux, petits mots de la part des lauréats et des membres du jury. Une mise en scène simple et très chaleureuse, rythmée. J’ai savouré chaque lecture et découvrir les textes dans ce cadre-là a été très agréable malgré la fatigue accumulée de la journée. Une bonne ambiance, et toujours la joie de retrouver les gens du PJE. Je suis contente de faire partir de cette association qui me donne l’occasion de découvrir de nouvelles plumes et je ne peux que vous inviter à visiter leur site internet pour en savoir plus sur leurs actions. Ils organisent notamment de supers ateliers d’écritures tous les étés.

Le mois d’avril sera, je l’espère, plus calme et plus propice à la lecture et à l’écriture. Et vous, vous avez été au Salon du Livre cette année ?

Sous les couvertures, de Bertrand Guillot

De retour après le NaNoWriMo (il faudra que je vous raconte ça) et une angine du tonnerre, je profite d’un moment de libre (ce qui se fait rare en ce moment) pour enfin partager avec vous ma chronique pour les matchs de la rentrée littéraire de Price Minister.

Le livre en question : il s’agit de Sous les couvertures de Bertrand Guillot à la maison d’édition rue fromentin. Je ne connais ni l’auteur ni l’éditeur mais j’ai le goût de la découverte il faut croire. Le livre est très élégant que ce soit l’image qui illustre la couverture ou le texte de la quatrième, mais aussi l’intérieur : qualité du papier, gris typographique, etc. Bref, un bel ouvrage qui donne déjà envie de lire mais le meilleur, c’est le sujet de ce roman : un livre qui parle de livres.

Plus particulièrement, un livre dont l’action a lieu dans une petite librairie de quartier où les ouvrages attendent que les derniers clients s’en aillent et que le store soit baissé pour prendre vie. Oui, un peu comme dans le film Une nuit au musée, mais là, le gardien des lieux – autrement dit : le libraire – n’est au courant de rien. Sous les couvertures, prennent vie des personnalités encrées, des destins romanesques, des voix de personnages, des styles d’auteurs. Les classiques qui ont tout vu, l’académicien qui entend bien imposer son avis, la fougue des premiers romans… Tout ce petit monde passe ses journées à séduire au mieux les potentiels lecteurs et ses nuits à discuter. Un sujet empoisonne toutes leurs conversations mais aussi leur vie au quotidien, une peur insidieuse et un risque bien présent : l’arrivée des nouveautés et donc le départ pour une destination funeste de ceux qui n’ont pas trouvé preneur depuis trop longtemps…

Les romans du fond en ont assez et veulent renverser ce système tyrannique de l’horreur. Ils visent la table bien présentée près de l’entrée. Mais pour cela, il faudra se battre avec les best-sellers. Une révolution au pays des livres qui ne met pas tout le monde d’accord mais qui représente à coup sûr un tournant dans l’histoire de cette librairie.

Comment j’ai trouvé ce livre ? Délicieusement bon. J’ai ralenti au maximum ma lecture pour le faire durer. Le thème du roman en soi est inventif, original et donne une autre vision fantastique des coulisses d’une librairie. Il permet de mettre en avant ce turn-over perpétuel et sans pitié qui a lieu dans le monde des livres mais traite cela d’une façon merveilleuse. Avec humour, l’auteur a donné à chaque ouvrage une personnalité qui est le mélange entre la manière dont il a été écrit, le style et l’humeur de son auteur, le sujet qu’il aborde et le ton utilisé pour cela. Les personnages sont vraiment attachants et ont suit avec bonne humeur, enthousiasme leurs péripéties, leurs prises de décisions, leurs altercations.

L’histoire, l’intrigue est un vrai bonheur mais il faut rajouter à cela le plaisir évident que prend l’auteur Bertrand Guillot dans l’écriture. Son style est fluide et prenant, son écriture est pleine de clins d’oeil et de jeux de mots vraiment savoureux. C’est un réel plaisir de lecture.

Sincèrement, je ne trouve rien d’autre à rajouter à propos de cet ouvrage. Je lui donne la note de 5 sur 5 et en faisant cela, je suis honnête avec moi-même et avec vous : c’est un vrai, VRAI coup de cœur.

Bertrand Guillot, Sous les couvertures, rue fromentin, 16€.

84, Charing Cross Raod, d’Helene Hanff

84, Charing Cross Road est un livre qui beaucoup circulé sur les blogs ces derniers mois, avec des critiques assez élogieuses. Alors quand je suis tombée sur ce livre de correspondance entre la librairie Marks & Co en Angleterre et l’américaine Helene Hanff, j’ai sauté sur l’occasion.

 

Il faut savoir que ce livre est vraiment court, en une journée la lecture est pliée. Je suis restée un peu sur ma faim. On peut découvrir dans ces pages un échange de lettres qui a commencé en 1949 pour durer vingt ans. D’un côté, une femme qui veut rattrapper son retard en lisant de bons ouvrages, dans de bonnes éditions et qui peine à trouver son bonheur chez elle, de l’autre une librairie tenue par des passionnés, toujours à l’écoute. Helene Hanff n’a pas la langue dans sa poche, et les employés de l’établissement vont vite oublier leur ton trop protocolaire. Car à travers ces lettres anodines, une vrai relation voit le jour. Helene leur envoie des colis de produits difficiles à trouver en ces temps de restriction, eux l’invitent sans cesse à venir les voir en Angleterre. La bienfaitrice rentre même dans la vie intime des libraires en échangeant des lettres avec leurs épouses, leurs voisines, en offrant des bas à leurs filles.

Ici, on ne fait pas mention de politique, de guerre, de religion, ou qu’à demi-mot. Même la littérature n’est pas la matière première des lettres. Non, il s’agit juste d’un échange d’égal à égal, une relation à la fois intime et distante de milliers de kilomètres. Chacun fait succinctement part de sa vie, sans trop livrer, pour ne pas abîmée ces beaux moments de lecture de la correspondance. C’est touchant et ténue.

Une belle découverte, toutefois, il y a quelques bémols. Il est bien sûr énormément fait mention dans ces lettres d’ouvrages, d’éditions particulières, de règlement, etc. Des éléments qu’ils semblent logiques de trouver ici mais qui deviennent un peu lassants à la longue, surtout qu’ils nous donnent l’impression de ne pas laisser assez de place au reste, au sentiment, à l’humain. De plus, il s’agit d’une sélection de lettres, il arrive de sauter plusieurs mois et autant vous dire que c’est frustrant, je déteste quand on décide pour moi. Cette correspondance recèle quelque chose de profond, toutefois il faut faire l’effort de percer cette épaisse couche de superficialité. Mais vu la petitesse de l’ouvrage, je pense que ça vaut l’effort de s’y pencher. Oh, l’écriture en soi n’est pas fabuleuse, ce n’était pas destiné à être publié, ni à être du beau style, mais elle va à l’essentiel, on peut au moins lui reconnaître cela – et l’édition française respecte la typographie original des lettres ce qui est plutôt agréable.

Bref, à essayer !

Helene Hanff, 84, Charing Cross Road, aux éditions LeLivre de Poche (15575à), 5€60.

Bouquiner, d’Annie François

J’ai sur ma table de nuit un petit livre rouge. Oh, il ne cache rien de sulfureux, et ne renferme aucune secrète passion. À moins que… Dans Bouquiner, Annie François revient sur son rapport aux livres, en tant qu’objet ou en tant que lecture.

On traverse les chapitres et les thèmes avec allégresse, en s’exclamant « Ah, oui ! Je suis comme ça aussi ! » ou « Ah, non, je ne suis pas d’accord. » Lire au lit, lire à deux, lire dans le métro, respirer le livre, le caresser, l’emprunter, le prêter, l’acheter, le donner, l’offrir, l’admirer, le dédaigner, l’abîmer, l’abandonner, le choisir, le dévorer… Des attitudes de lecteur bibliophage universelles et qui font plus doux nos vies. Annie François est vraiment passionnée, amoureuse des romans, des essais, des librairies et des bibliothèques qui débordent, et je dois bien avouer que j’ai adoré me retrouver dans cette confession impudique.

C’est un petit livre qui se lit très vite. L’écriture de l’auteure est fluide et très belle, elle nous invite dans sa vie, dans sa famille, dans sa bande d’amis qu’on tutoie malgré cette première rencontre. C’est une immersion dans une vie de lectrice boulimique qui dépiaute la relation tenue avec l’objet imprimé. Elle préfère le doux chuintement des pages d’un roman que l’on tourne, au lieu du fracas retentissant des journaux que lit son mari. Elle connaît par cœur les odeurs de ses ouvrages préférés et éparpille ses livres sur les trois étages de sa maison. Elle déteste qu’on lise par dessus son épaule et choisit toujours à la dernière minute les romans à emmener en vacances.

Bouquiner est vraiment un petit plaisir si, comme Annie François et moi-même, vous êtes des fétichistes du livre imprimé.

« Tout fait musique dans le livre, pour peu qu’on ait l’oreille : le dos d’un volume cousu émet, quand on l’ouvre, d’imperceptibles pétillances, celui d’un vieux livre de poche un sinistre craquement qui amorce l’effeuillage ; le grain du papier feule et la couverture vibre sous les doigts de l’impatient. »

Annie François, Bouquiner, aux éditions Points (1045), 6€30.

Capitaine Françoise, de Stéphane Rubin

Ah, l’auto-édition, ce pendant obscur du monde littéraire. Feigner de l’ignorer ou en être un défenseur actif : à chacun de choisir son camp. Pour ma part, je dois avouer que je n’ai pas la meilleure des opinions sur ce secteur, mais je reconnais qu’il y a parfois quelques surprises. Et je ne refuse jamais quand un auteur vient me voir tout gentiment pour me faire découvrir son roman. Et ça a été le cas avec Stéphane Rubin, qui m’a envoyée – avec un très jolie dédicace – Capitaine Françoise. L’histoire se déroule dans la tête de Françoise, une libraire bretonne, qui nous fait partager une de ses journées entre les rangées de livres et les clients. Le soir-même, il y a une rencontre sur les résistances (les mineurs lorrains, une des premières féministes, etc.) et c’est elle qui en a la responsabilité. Tout organiser, des petits fours à l’accueil de l’éditeur, de la vitrine aux livraisons, voilà son travail.

 

Chaque rencontre, chaque détail ou petite péripétie, donne lieu à des remarques, souvent avec verve et humour. Disons que la Françoise, elle est bourrue, et elle remâche des expressions bretonnes sans s’en rendre compte. Elle a un avis sur tout, a toujours des petites histoires, son monologue est plein de rebondissements. Autant dire que c’est exclusivement oral, même si c’est la plupart du temps des paroles mentales. Il faut s’habituer à cette vivacité et à cette expression que l’on n’a pas l’habitude de voir en littérature, tout de moins que l’on n’a pas l’habitude de voir de façon exclusive dans un roman.

Capitaine Françoise, c’est une fresque de personnages, avec une petite touche de géographie et de culture locale. Malheureusement, – et c’est là ma plus grande déception sur le contenu – ces personnages, qui constituent l’essence du livre, sont de vrais stéréotypes et manquent cruellement de profondeur. Entre les mamies copines, la jeune femme superficielle fan de chick-lit, l’étudiant doux et beau gosse de philo, les politiciens véreux et opportunistes, l’attachée de presse vampire, on a fait le tour des topoï je pense. Et alors qu’on est dans la tête de Françoise, je l’ai personnellement trouver assez fade ; tout reste en surface. Puis franchement, elle m’est assez antipathique, à avoir des idées sur tout et tout le monde : si elle existait dans la vraie vie, je ne l’aimerais pas. J’espère que pour d’autres lecteurs, ce n’est pas le même ressenti qui prime, car ça gâche la lecture, mais que voulez-vous, je n’ai pas choisi d’éprouver cela.

Cependant, c’est assez bien écrit, piquant et divertissant. On passe un bon moment et on découvre un petit bout du patrimoine breton (notamment la langue locale) et la verve du personnage principal fait sourire de nombreuses fois. Le coup de maître de l’auteur est de nous tenir en haleine alors que l’histoire ne se déroule que sur une journée (mais pourtant sur 236 pages écrites en petits caractères!), chapeau. Et il y a même des rebondissements et une fin surprenante !

Bien sûr, j’ai grincé les dents très très fort sur la correction ortho-typographique (auteurs en auto-édition, par pitié, PAR PITIÉ, arrêtez d’oublier le typographique de correction ortho-typographique) : les majuscules non-accentuées, les apostrophes mécaniques presque partout, les guillemets à l’anglaise, la présentation des dialogues n’importe comment. Futurs auteurs, ne négligez pas tout ça, car sinon, ça peut complètement vous décrédibilisez. Cela n’enlève rien au contenu, mai votre image (et donc votre texte) en prend un coup !

Capitaine Françoise, un petit livre distrayant et drôle, pour passer un bon moment sans se faire de soucis. À essayer !

Stéphanr Rubin, Capitaine Françoise, collection Mon libraire, ce héros, 15€. Pour vous le procurer, vous pouvez contacter l’auteur à l’adresse mail suivante : petitmot@petitsriens.com