Les sagas jeunesse qu’on ne peut pas louper

Il y a des sagas jeunesse vraiment indéboulonnables. Certaines restent des grands classiques qu’on ne peut pas mettre au placard, d’autres des petites nouvelles qui envahissent les cours de récréation – et croyez-moi, je travaille tous les jours avec les enfants, je sais de quoi je parle. Mais qu’est-ce qui fonctionne bien aujourd’hui ? Pas de découvertes dans cet article : non, je vais plutôt vous parler des sagas jeunesses fantastique/fantasy qui sont indétrônables. Il y aura peut-être des livres plutôt young-adult par moment pour la simple raison qu’ils atteignent également une cible plus jeune.

1. Harry Potter de J. K. Rowling

9782070584628_1_75Mais bien sûr que c’est le premier que j’allais mettre, évidemment ! On ne peut pas parler de saga, on ne peut pas parler de jeunesse, on ne peut pas parler de fantastique sans évoquer Harry Potter. Est-il vraiment besoin de présenter à nouveau son histoire ? Honnêtement, je crois que je peux m’en dispenser.

2. Eragon de Christopher Paolini

51q1pmwddwl-_sx344_bo1204203200_Si vous n’avez jamais lu Eragon, j’espère de tout cœur que vous ne vous êtes pas arrêté au film. Ce dernier ne rend pas du tout justice à cette grande œuvre d’aventure, de courage, d’action, de dragons, de grands espaces, de combat, de découverte… Notre héros découvre par hasard un œuf de dragon. De fil en aiguille, il devient le dragonnier de Saphira et apprend son nouveau rôle auprès du vieux Brom. Mais les dragonniers, il n’en restait plus et le tyran Galbatorix est sur ses traces ! Difficile de résumer l’oeuvre en deux mots, mais globalement c’est son point de départ. Je trouve personnellement les tomes un peu gros et riches… mais j’imagine que les passionnés du genre ne voient même pas les pages défiler.

3. Le Monde de Narnia de C. S. Lewis

510r5kj659l-_sx319_bo1204203200_Noël approche, c’est le moment de lire Narnia. Les films que vous connaissez peut-être ne représentent qu’une partie de cette grande saga jeunesse – il existe d’ailleurs un très bel intégrale ! Mais le noyau de l’histoire, ce sont ses frères et sœurs, catapultés dans l’univers de Narnia qui tombe petit à petit aux mains de la sorcière blanche. Nouvel univers, nouvelles créatures, un monde très enfantin où là aussi courage et aventures sont de mises. On a souvent reproché à Narnia son côté « bon sous tous rapports » (avec un auteur aux fortes valeurs chrétiennes apparemment) : cela a au moins pour avantage de mettre en avant de belles valeurs comme la fidélité, l’amitié, l’altruisme. Je vous conseillerai cependant de ne pas vouloir tout vous enquiller d’un coup car l’intensité des différentes histoires est inégales et il se peut que vous décrochiez – comme ça a été mon cas.

4. A la croisée des mondes de Philip Pullman

71a7gfn5vdlSaga incontournable elle aussi, qui figure dans ma PAL depuis très très longtemps – là aussi, l’intégrale est vraiment un bel objet. Je ne l’ai pas lu – pas encore ! – mais de ce que j’ai pu zieuter un peu partout, on apprécie dans cette œuvre son rythme, ses personnages forts, son univers (au départ pas si éloigné du nôtre) et ses créatures originales. Dans le premier tome, on suit la jeune Lyra qui part dans le Grand Nord pour tenter de retrouver son ami Roger. Là-bas, elle fera des découvertes sur son destin et arrivera aux limites d’un autre monde.

5. Le seigneur des Anneaux de J. R. R. Tolkien

5142bap2bsz2bl-_sx349_bo1204203200_Même si plus ardue, plutôt lue par des adolescents et jeunes adultes, je ne pouvais pas ne pas inclure cette saga. A ma grande surprise – je trouve personnellement cette saga indigeste – elle a un certain succès même chez les plus jeunes, sûrement un contre-coup des films qu’ils ont tous vus. Très sincèrement, j’invite plutôt les enfants dont je m’occupe à lire Bilbo le Hobbit – qui, pour le coup, a vraiment été écrit à destination des enfants – avant de sauter dans le bain du Seigneur des Anneaux mais s’ils sont passionnés de fantasy, ils finissent tous par craquer. Euh… faut-il vraiment que je résume cette exaltante et dangereuse épopée de notre jeune hobbit Frodon qui doit par tous les moyens détruire l’anneau pour combattre Soron ?

6. La Guerre des Clans d’Erin Hunter

retour-a-l-etat-sauvageUne saga qui envahit ma cours de récré : tous les jours, un nouvel enfant vient me montrer son nouveau tome de La Guerre des Clans, à tel point que je vais finir par m’y mettre à cette saga qui comporte des dizaines de tomes, plusieurs cycles et des hors-séries… Il faut dire que l’histoire est taillée pour les enfants : Rusty, un chat tout ce qu’il y a de plus normal, découvre qu’ils existent des clans de chats, certains étant ennemis de longue date. De fil en aiguille, il va lui-même rejoindre l’un de ces clans et devenir un valeureux guerrier. Je suis très séduite du choix de l’auteur pour les chats : pas mal de courage et de brio, bravo ! Apparemment, même si cette série semble redondante parfois, l’univers est si riche et étendue qu’on ne s’ennuie pas. Une histoire surprenante et rafraîchissante !

7. L’Epouvanteur de Joseph Delaney

51lmkd4dkjl-_sx335_bo1204203200_Ah… mon vrai coup de cœur ! Cette saga frissonnante nous emmène suivre l’aventure de Thomas Ward, apprenti épouvanteur, qui va devoir, en plus d’apprendre son métier, combattre sorcière et fantôme, faire face aux secrets de sa famille et à mille dangers dans une saga d’une dizaine de tomes. La taille de chaque livre est idéal pour la jeunesse mais attention ! Ça fait peur, très peur même et c’est réservé aux lecteurs avertis et aguerris, sinon attention aux cauchemars la nuit ! L’histoire fait renaître la tension et la peur à chaque tome. Rien à dire : un petit bijou !

8. La Quête d’Ewilan de Pierre Bottero

QUETE D_EWILAN T01[BD].indd.pdfJe ne connais pas du tout cette trilogie mais vu les petites recherches que j’ai du faire pour cet article, je me dis qu’il faudrait vite que je résolve ce problème. J’ai lu énormément de critiques positives sur cette saga qu’on ne peut pas lâcher ! Camille, une ado, découvre un jour un monde parallèle où on semble la connaître sous le nom d’Ewilan. Elle possède un pouvoir, celui du Dessin, et réalise qu’elle peut aider tout un peuple à retrouver sa liberté. La trame habituelle du destin à accomplir mais ça fonctionne bien : beaucoup d’action, un monde complet, des personnages attachants. La Quête d’Ewilan charme toujours ses lecteurs !

9. Tara Duncan de Sophie Audouin-Mamikonian

les-sortceliersUne saga française ! Cette décalogie met en scène une jeune « sortcelière » au pouvoir extraordinaire et qui la dépasse parfois un peu. Dans le premier tome, notre héroïne part à la recherche de sa mère, affrontant au passage plusieurs créatures et un complot la visant. Autant vous dire qu’on n’a pas le temps de souffler dans cette saga, elle va à mille à l’heure avec une imagination débordante. J’ai eu l’occasion de lire que la qualité se dégradait un peu de tome en tome, mais ça reste tout de même une incontournable des sagas jeunesse.

10. Gardiens des cités perdues de Shannon Messenger

51kuevvzyhl-_sx303_bo1204203200_Petite dernière des sagas jeunesse puisque les grands formats sont sortis il y a seulement 4 ans. J’avais même entendu dire à l’époque que cette série allait être aussi forte que nos chers Harry Potter ! On fait la connaissance de Sophie, une jeune fille qui ne se  sent pas comme les autres : elle possède une mémoire photographique mais surtout elle peut percevoir les pensées des autres ! On lui apprend un jour qu’elle ne fait pas partie du monde des humains : elle doit tout quitter et partir dans un autre univers. Ralala, c’est fou comme on se renouvelle pas vraiment en saga jeunesse niveau concept de base… Mais ça fonctionne ! Le premier tome a été un coup de cœur pour beaucoup de lecteurs : ils ont trouvé l’héroïne touchante, le cadre féérique. D’autres, par contre, trouvent parfois le rythme un peu lent. A vous de voir donc, mais je testerais bien cette nouvelle saga qui fait beaucoup parler d’elle !

Mais aussi (avec pas mal de young adult) : Les Chevaliers d’Émeraude d’Anne Robillard, La Passe-Miroir de Christelle Dabos, Artemis Fowl d’Eoin Colfer, La Trilogie des Gemmes de Kerstin Gier, Percy Jackson de Rick Riordan, Miss Peregrine et les Enfants particuliers de Ramson Riggs, Twilight de Stephenie Meyer, A comme Association de Pierre Bottero et Erik L’Homme, Oksa Pollock d’Anne Plichota et Cendrine Wolf… Promis, ils auront droit à un article eux aussi.

Ce qui nous agace dans une librairie

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  • Voir quelqu’un qui repose un livre à l’envers sur sa pile.

  • Voir qu’il y a le tome 3, le tome 5 mais pas le tome 4, alors que c’est celui qu’il nous faut.

  • Les grandes sagas qui n’expliquent pas clairement sur leur quatrième de couverture l’ordre de lecture.

  • Voir qu’un livre a sa tranche cassée. Outrage !

  • Les marque-pages trop grands pour les livres de poches.

  • Ne trouver que le grand format alors qu’on sait que le poche existe.

  • Découvrir une édition de Noël ou un pack sublime alors qu’on vient d’acheter une édition toute simple du même livre une semaine avant : « Si j’avais su…. »

  • Les couvertures moches à base d’image tirée du film tiré du livre.

  • Les romans sans résumés.

  • Les rares librairies qui s’imaginent que le young-adult, c’est de la gnognotte et qu’il n’a pas le droit à un rayon en soi : « On va mettre ça en jeunesse, c’est pareil. »

  • Trouver seulement l’édition du Routard qui date de l’année précédente.

  • Chercher pendant des heures un auteur dans le rayon « Amérique » alors qu’en fait il est au rayon « Royaume-Unis ».

  • Quand le libraire t’annonce que « l’éditeur ne le fait plus ».

  • Quand tu découvres le prix de certains grands formats.

  • Quand tu te trompes d’édition et que ta saga est dépareillée.

  • Quand tu veux demander un truc au libraire mais que devant toi tu as la personne qui veut « le livre orange qui est passé au JT ».

  • Quand t’as oublié de prendre l’enveloppe de la carte d’anniversaire achetée au rayon papeterie de ta librairie préférée.

  • Quand le micro ne fonctionne pas à la rencontre avec un auteur et que tu n’entends plus rien.

  • Quand tu vois un client manger un truc gras et feuilleter les livres après.

  • Quand c’est la rentrée ou la veille des partiels et que c’est blindé d’étudiants et de lycéens qui ne se poussent pas quand tu veux passer.

  • Quand tu as un chèque lire de 20 euros mais que ton roman en coûte que 17.

  • Quand tu flânes juste pour le plaisir et que tu ressens cette horrible sensation de vide car rien ne te donne vraiment envie.

  • Quand le libraire te conseille un livre mais que tu n’oses pas lui dire que tu le connais déjà et que tu n’as pas vraiment aimé.

  • Quand le libraire s’occupe d’un rayon, qu’il est pile devant ton livre mais que tu n’oses pas le déranger.

  • Quand il fait trop chaud dans la librairie mais que tu ne veux pas enlever ton manteau et le prendre à la main de peur de renverser toutes les piles sur les tables.

  • Quand tu as plein de choses à voir mais que la librairie ferme dans dix minutes.

  • Quand tu viens pour acheter juste un petit poche à 6€ mais que tu as repéré la version collector ou illustrée à 40€.

  • Quand tu te dis qu’il faudrait que des wishlists existent dans les librairies, comme les listes de mariage ou de naissance pour les cadeaux.

  • Quand le seul exemplaire neuf du livre que tu veux est un peu sale ou corné.

  • Quand le rayonnage que tu cherches est tout en bas et que tu te casses le dos pour chercher ton livre.

  • Quand les ouvrages mis en avant te désespèrent…

  • Quand tu as oublié ta carte fidélité et que donc tu n’auras pas droit à tes moins 5 %

  • Quand, trop absorbé(e) par les rayonnages débordants, tu rates la petite marche.

  • Quand tu ne sais pas quoi faire de ton parapluie trempé, tu ne veux surtout pas abîmer ces livres.

librairiejonas

Le point du lundi #1

Nouveau rendez-vous sur le blog qui va en conjuguer plusieurs qu’on retrouve que la blogosphère :

– le IMM pour In My Mail Box, qui se déroule généralement le dimanche et a pour but de faire le point sur les livres achetés, reçus ou empruntés,

– et le « C’est lundi, que lisez-vous ? » (cette fois je suis raccord avec le jour de la semaine donc) qui met en avant les livres lus dans la semaine passée, les livres en cours de lecture, et les livres dont le lecture est prévue !

J’ai rassemblé ces deux rendez-vous en un car je sais que je n’aurais pas le courage de les écrire sinon et mettre en ligne des billets avec juste quelques lignes, ça me déprime. Sachant que souvent, j’ai des semaines creuses, un rendez-vous rattrapera l’autre pour avoir un peu de contenu !

Alors commençons par le IMM !

In my mailbox

Mon abonnement à la médiathèque a pris fin hier et j’ai décidé de ne pas me réinscrire tant que je n’aurai pas vidé un peu ma PAL qui s’est dangereusement agrandie ces dernières semaines, et cela malgré les challenges d’été qui avaient pour but de la faire fondre.

Au niveau des achats, j’ai craqué pour trois Pockets à 2€90 :

  • La maison des miroirs de John Connolly,
  • Gatsby de Francis Scott Fitzgerald,
  • L’Encre et le Sang écrit à quatre mains par Franck Thilliez et Laurent Scalese.

J’ai déjà dévoré le premier qui m’a permis de rentrer avec plaisir dans l’univers de Connolly et son personnage phare, Charlie Parker.

Derniers achats dont certains ont été achetés exprès pour des challenges :

  • Agnès Grey d’Anne Brontë,
  • Les Arcanes du Chaos de Maxime Chattam (vivement conseillé par un ami),
  • La dame aux camélias d’Alexandre Dumas fils, un livre offert (pour deux achetés) mais je suis bien contente d’avoir enfin ce classique dans ma bibliothèque !
  • Seul dans le noir de Paul Auster, acheté pour une lecture commune à l’occasion du mois américain.

Enfin les livres reçus, chose qui arrive excessivement rarement ! Dans ma boîte aux lettres la semaine dernière, il y a eu La Rivière contrariée de l’auteur belge Géry de Pierpont mais aussi un manuscrit qui est là pour une bêta lecture et correction, c’est une chronique historique, j’ai hâte de voir ce que ça va donner…

Il est temps de voir un peu ce qui se passe dans mes lectures !

La semaine passée, j’ai lu …

  • Jack l’Éventreur  affaire classé de Patricia Cornwell (je l’ai fini),
  • Japon, la crise des modèles de Muriel Jolivet,
  • La maison des miroirs de John Connolly,
  • Le Palais d’Hiver de Roger Grenier (une lecture étudiante),
  • La Rivière contrariée de Géry de Pierpont (je l’ai commencé).

En ce moment, je lis… eh bien, La Rivière contrariée !

Puis, je lirai…

  • L’Encre et le Sang de Franck Thilliez et Laurent Scalese,
  • Et un pavé pour un challenge, sûrement La couleur des sentiments de Kathryn Stockett.

 

 

 

 

 

Et voilà pour ce lundi ! Plusieurs chroniques de prévues cette semaine, soyez au rendez-vous 😉

Moskova, d’Anne Secret

J’ai découvert les éditions de l’Atelier in 8 (quel super nom quand même !) dans mon master : un de mes camarades (le seul garçon parmi treize filles, respect !) va effectuer son stage chez eux, dans leurs locaux de Pau. Intriguée par ce nom, petit détour par ma médiathèque pour voir un peu ce qu’ils font. J’ai donc choisi de lire un de leurs ouvrages, publié l’année dernière : il s’agit de Moskova d’Anne Secret. Je ne connais pas encore cette auteure qui est pourtant aussi publiée chez Fayard, Le Seuil et Actes Sud, et c’est pas le biais de cette « novela » que je fais sa rencontre. Son livre est classé dans la collection Polaroïd, qui privilégie le Noir et la littérature de l’urgence.

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Anton a fuit Berlin, tout juste réunifié, pour se réfugier dans l’appartement vide d’un ami de son frère, à qui il a demandé de l’aide. Il débarque alors à la Moskova, un quartier chargé d’histoire mais en danger, car une entreprise veut tout raser pour construire du neuf, du moderne, du rentable à la place. Les rues sont parsemées de maisons murées, celles des propriétaires qui ont cédé. Mais les habitants ne vont pas se laisser faire comme ça, ils tiennent bon, mettent en place des squats illégaux et des pétitions. Dans cette situation, Anton est obligé de faire la connaissance de ses nouveaux voisins, mais pour eux, il sera Dieter, venu de Lubeck. C’est que notre héros cache un lourd secret, il doit protéger sa vie qui, indirectement presque, a été mise en danger. C’est la raison de sa fuite et de ses mensonges. Malgré tout, il essaie de revivre, mais en gardant à l’esprit ses années allemandes : Théa, une liste, les agents dormants, la Russie, des sujets secrets, risqués. A Moskova, il rencontre une bibliothécaire Héloïse qui va remettre un peu de soleil dans sa vie, même si elle ignore beaucoup de choses.

C’est vrai que le secret règne dans tout le livre, la quatrième de couverture nous éclaire un peu, la fin nous apporte quelques révélations mais c’est à nous d’essayer de démêler la réalité du mensonge. Nous sommes un peu dans la peau d’un de ces voisins, sauf qu’on ne sait un peu plus grâce aux rares confessions d’Anton et à quelques épisodes de sa vie éclairants. L’intrigue est donc constamment en tension : suspens, attente d’une révélation nous tiennent en haleine. C’est bien joué de la part de l’auteur mais j’en suis resté très frustrée, ce que je sais après lecture du livre ne me suffit pas, j’aimerais en savoir plus sur le passé d’Anton.

L’histoire, les lieux ont une grande place dans cette nouvelle, même si elle est souterraine, cachée, insidieuse. D’ailleurs, le thème même du livre s’est déroulé dans l’ombre des grands événements comme les guerres ou la chute du mur. J’ai eu l’impression par moment d’avoir affaire à un rapport d’enquête préliminaire, celle qui décrit les actions sans les décrypter, celle qui tâtonne, qui comprend juste à quel endroit, plus ou moins, peut se trouver la vérité.

Mais ce qui est le mieux réalisé dans ce livre, c’est bien le personnage principal. On aimerait être plus proche de lui, il semble gentil, presque honnête, mais c’est impossible, car pour se protéger il n’accepte personne, enfin pas encore, dans son intimité. Il se crée un double, mais il a parfois du mal à tenir le rôle. Car cette situation est bien évidemment porteuse de stress, d’angoisse pour lui. Elle fait ressurgir sa vie à Berlin, peuplée de bonheur mais aussi de peurs. Anton sait que la fuite est le meilleur moyen pour mener une existence un peu près normale. Même si on ne peut pas être proche de lui, on saisit tout à fait les enjeux et la gravité de cette vie à la Moskova, de sa coupure avec Allemagne, ce qui est vraiment un tour de maître.

Je suis seulement déçue de la fin. Je trouve que le livre se termine en queue de poisson, trop rapdiment, trop facilement, comme si l’auteure en avait eu assez et voulu jeter son personnage aux orties. Cette conclusion m’a laissé un goût amer de frustration. Toutefois, je pense que j’ai réagi aussi violemment à cette fin car cette histoire m’a vraiment « attrapée », à la fois neutre et dangereuse, l’écriture est bien particulière, je n’en ai jamais lu de telle. Un bon point donc. Puis il faut dire que les dernières pages représentent la chute qu’on attend souvent dans les nouvelles…

Anne Secret, Moskova, aux éditions de l’Atelier in8, 12€.