TAG littéraire de A à Z

Pour changer un peu des chroniques en pagaille, j’ai décidé qu’un petit TAG ne pouvait pas faire de mal. J’ai trouvé celui-ci par hasard sur le blog de frenchie4myself. Vous pouvez librement le reprendre si le cœur vous en dit. En temps de vacances, je ne taguerai personne, mais cela me ferait très plaisir de voir vos réponses ! En avant pour la TAG littéraire de A à Z !

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A pour Auteur – Auteur dont tu as lu le plus de livres

Je pense J. K. Rowling. Entre les 7 Harry Potter, la pièce de théâtre, la Bibliothèque de Poudlard… Sans compter que j’en ai lu pas mal plusieurs fois. Victor Hugo suit pas loin derrière.

B pour « Best » – La meilleure « suite » de série
Alors, histoire de ne pas dire Harry Potter tout le temps, je vais opté pour L’Epouvanteur de Joseph Delaney.

C pour « Current » – Lecture en cours
Raison et Sentiments de Jane Austen, la lecture commune du mois d’août.

D pour « Drink » – La boisson qui accompagne tes lectures
La plupart du temps, du thé. Le matin, un café au lait.

E pour « E-book » – E-books ou romans papier ?
Indéniablement : PAPIER. J’aime la sensation, l’odeur, collectionner tous ces livres sur les étagères de ma bibliothèque, voir ma progression dans la lecture…

F pour « Fictif » – Un personnage fictif avec lequel tu serais sortie au lycée
Dure question. Je ne me suis jamais projetée de cette façon. En tout cas, rares sont les héros qui me plaisent assez pour que j’imagine ça. Mais si je suis forcée de répondre, je dirais Augustus Waters dans Nos Étoiles contraires.

G pour « Glad » – Un roman auquel tu es contente d’avoir donné une chance
Les romans de Legardinier. Parce que, franchement, c’était très mal parti, et finalement, ça s’est révélé plutôt pas mal !

H pour « Hidden » – Un roman que tu considères comme un joyau caché
La vie à reculons de Gudule. Un magnifique roman jeunesse sur un thème pas évident. C’est LE livre qui marqué ma vie.

I pour « Important » – Un moment important dans ta vie de lectrice
Il y en a eu plusieurs. Des lectures marquantes comme celle de Gudule (voir au H) ou d’Harry Potter. Mon premier livre des éditions La Pléiade : A la recherche de temps perdu de Proust, offert par l’amoureux. La fois où j’ai pu visité la maison de Victor Hugo à Paris. Mes expériences de travail auprès des livres et de la littérature. Mes premières amitiés littéraires. Le Salon du Livre où je suis allé comme une grande, toute seule, en avion, moi qui n’avait presque jamais mis les pieds dans la capitale. Le Marathon des Mots à Toulouse, où j’ai pu être « l’ange-gardien » de plusieurs auteurs le temps du festival. Le jour où j’ai lancé mon blog… Et j’espère bien qu’il y aura plein d’autres moments de la sorte !


J pour « Juste » – Le roman que tu viens juste de finir
J’ai relu en un jour hier un livre que j’avais déjà chroniqué : Autoportrait de l’auteur en coureur de fond d’Haruki Murakami. Et j’aime toujours autant ce livre !

K pour « Kind » – Le genre de romans que tu ne liras jamais
La SF pure et dure ne m’attire pas vraiment. Mais je me suis ouverte à pleiiiin de genres que je pensais ne jamais lire… donc on verra ce que l’avenir me réserve 😉

L pour « Long » – Le roman le plus long que tu aies jamais lu
Les pavés ne me font pas peur. Entre les Trône de Fer, Anna Karénine, Belle du Seigneur, etc. Je crois pourtant que Les Misérables de Victor Hugo remporte le trophée !

M pour « Major » – Le roman qui t’a causé le plus gros « book hangover » (« trop plein » livresque – tu ne pouvais plus rien lire après ça)
Ah ben justement ! Les Misérables ! Depuis, quand je fais face à une telle lecture, je m’octroie des pauses.

N pour « Nombre » – Le nombre de bibliothèques (meubles) que tu possèdes
Je ne garde chez moi que les sagas, les mangas ou les livres que j’aime vraiment,  ainsi que ma PAL et des usuels. Dans mon appartement, il y a trois bonnes bibliothèques Billy (merci Ikea!) remplies. Chez mes parents, où je rapatrie la majorité de mes romans une fois lus, trois autres bibliothèques débordantes ! Je ne donne ou ne vends jamais jamais mes livres !

O pour « One » – Un roman que tu as lu plusieurs fois
L
es Harry Potter, bien évidemment. Nos Étoiles contraires aussi. Certains mangas, certaines sagas. Mais généralement, je ne relis jamais. J’ai trop de nouvelles lectures qui m’attendent !

P pour « Préféré » – Ton endroit préféré pour lire
J’aime beaucoup me poser dans un café aux beaux jours. Sinon, mon canapé, mon lit, mon bureau sont très agréables pour lire.

Q pour « Quote » – Une citation, d’un livre que tu as lu, qui t’inspires ou qui te fait ressentir plein d’émotions

Il y en a beaucoup. Certaines me font frémir parce que leur lecture a été marquante pour moi. 

Lolita, lumière de ma vie, feu de mes reins. Mon péché, mon âme. Lo-li-ta : le bout de la langue fait trois petits bonds le long du palais pour venir, à trois, cogner contre les dents. Lo. Li. Ta.

(Lolita de Nabokov)

Toutes les familles heureuses se ressemblent, mais chaque famille malheureuse l’est à sa façon. (Anna Karénine de Tolstoï)

R pour « Regret » – Un regret de lecteur
Ne pas réussir à faire de challenge, faute de temps et d’implication. Ne pas réussir à finir mes séries de manga. Avoir du mal à gérer d’une main de maître les lectures communes sur le blog.

S pour « Série » – Une série que tu as commencée mais jamais finie (et dont tous les livres sont sortis)
Oulah ! Elles sont très nombreuses ! Mais je m’y remets depuis plusieurs mois : chaque mois, je lis un tome d’une saga. Disons que je suis surtout déçue de ne pas encore avoir fini Eragon et la série du Bourbon Kid.

T pour « Trois » – Trois de tes livres préférés de tous les temps
Facile, j’en ai parlé avant. La vie à reculons de Gudule, Harry Potter et l’Ordre du Phénix de J. K. Rowling et Nos Étoiles contraires de John Green.

U pour « Unapologetic » – Quelque chose pour lequel tu n’éprouves absolument aucun remord d’être fan(girl)
Décidément, je vais me répéter : Nos Etoiles contraires. Car ceux qui disent que c’est un livre mièvre pour ado font la simple erreur de ne pas l’avoir lu : c’est un livre puissant et juste, grandiose. Et je n’ai aucun problème à dire que, côté manga, mon pêché mignon ce sont les Vampire Knight.

V pour « Very » – Un roman dont tu attends la sortie avec grande impatience, plus que celle des autres
Les œuvres complètes de Romain Gary dans La Pléiade, la sortie des derniers tomes de L’amie prodigieuse en poche.

W pour « Worst » – Ta pire habitude livresque
Acheter un roman (déjà, ça c’est pas bien…), le lire de suite, de sorte à que ma PAL ne baisse jamais.

X pour « X » – Commence à compter en haut à gauche de ton étagère (la plus proche) et prends le 10ème livre

Je tombe sur Le vieil homme et la mer d’Hemingway. Mais je sais déjà que je ne lirai pas cette édition, je vais attendre de me procurer la nouvelle traduction.

Y pour « Your » – Ton dernier livre acheté

Un jour avec Claude Monet à Giverny d’Adrien Goetz. Car j’aime beaucoup ce peintre et ses nymphéas.

Z pour « ZzZ » – Le livre qui ta volé ton ZzZ (le dernier livre qui t’a tenue éveillée bien trop tard la nuit)

Eh bien, ça fait très longtemps que cela ne m’est pas arrivé, mais les romans de Sebastian Fitzek réussissent plutôt bien à me tenir éveillée !

La Voleuse de livres, de Markus Zusak (lecture commune de mai 2017)

la-voleuse-de-livresLa fin de l’année scolaire approche et avec elle le rush à l’école. Autant dire que le temps d’écrire et de lire a disparu, surtout que je me fais une joie de profiter des beaux jours. Je n’oublie jamais le blog bien sûr, mais j’essaie, petit à petit, d’arrêter de culpabiliser. Cette page, c’est du loisir, c’est du bonheur, du partage. Je ne veux pas que ça devienne une corvée, je ne veux pas me rendre malade pour des délais que je me serais imposée. C’est pourquoi c’est seulement aujourd’hui que je viens vous parler de la lecture commune de mai 2017 : La Voleuse de livres de Markus Zusak.

Allemagne nazie. La petite Liesel Meminger voit sa vie basculer quand sa mère biologique la laisse au soin d’un couple, dans une petite ville près de Dachau. Pourquoi ? Parce que le danger rôde. Des hommes puissants et menaçants ont pris la tête du pays et la population est en danger. Alors pour survivre auprès de cette mère et de ce père adoptifs, Liesel lit, elle vit les mots. Elle vole les livres, elle apprend par cœur l’orthographe, le sens. Elle essaie tant bien que mal de continuer son existence de jeune fille auprès de son meilleur ami Rudy. Même si elle doit garder un secret pesant, même si elle ne comprend pas tout aux adultes et au monde qui l’entoure, même si elle a peur, même si elle croise la Mort.

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La Mort, parlons-en. C’est elle la grande narratrice de cette histoire. Et je ne dis pas ça au figuré. La Mort a décidé de prendre le temps de nous raconter ce destin, de revenir sur ces événements, sur cette période où elle avait tant et tant de travail pour recueillir les âmes des juifs, des soldats, des malades, des miséreux. C’est très atypique et cela permet quelques choix audacieux concernant la mise en page ou la temporalité du récit. Mais je dois bien avouer que cela a représenté pour moi une gêne considérable. Je n’ai absolument pas accroché à cette narration, et c’est sûrement une des raisons principales qui ont fait que j’ai mis plus d’un mois à finir ce roman.

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Pourtant, je trouve les personnages attachants. L’auteur arrive à les rendre vivants et profonds. J’ai adoré voir les différentes relations entre eux évoluer au fil du livre. La femme du maire, le père adoptif… ils m’ont beaucoup touchée et une fois le livre refermé, je les ai gardés longtemps dans mon cœur. Je trouve malheureusement que l’intrigue les a mal servi. En effet, je ne connaissais presque rien de l’histoire avant d’ouvrir le bouquin, mais je ne m’attendais pas du tout à ce récit si étendu. En fait, on suit simplement la vie de Liesel et les rebondissements qui la composent. Il n’y a pas d’intrigue resserrée autour d’un personnage, d’un secret ; non, il y a plusieurs fils rouges plus ou moins passionnants. Et je ne me suis passionnée pour aucun d’eux. L’héroïne est importante mais elle n’est pas force d’action. Couplé à cette narration par la Mort, je me suis finalement assez ennuyée durant cette lecture.

Je reconnais les qualités d’écriture de l’auteur : le style est très agréable, vivant, le texte est immersif. Mais j’ai été déçue par l’histoire : j’adore les fictions qui se déroulent pendant la Seconde Guerre mondiale et je n’ai pas trouvé là mon compte. Pas d’intrigue prenante et palpitante, pas de récit de vie captivant. Ce n’est bien sûr que mon avis personnel et je me doute que ce roman a pu plaire à nombreux autres lecteurs vu son succès. Et je peux imaginer pourquoi, après tout, c’est un assez bon libre. Il ne me convenait tout simplement pas, à l’inverse de Virginy que ce livre a remué.

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Markus Zusak, La Voleuse de livres, traduit de l’anglais (Australie) par Marie-France Girod, aux éditions Pocket (13441), 8€20.

Sous les couvertures, de Bertrand Guillot

De retour après le NaNoWriMo (il faudra que je vous raconte ça) et une angine du tonnerre, je profite d’un moment de libre (ce qui se fait rare en ce moment) pour enfin partager avec vous ma chronique pour les matchs de la rentrée littéraire de Price Minister.

Le livre en question : il s’agit de Sous les couvertures de Bertrand Guillot à la maison d’édition rue fromentin. Je ne connais ni l’auteur ni l’éditeur mais j’ai le goût de la découverte il faut croire. Le livre est très élégant que ce soit l’image qui illustre la couverture ou le texte de la quatrième, mais aussi l’intérieur : qualité du papier, gris typographique, etc. Bref, un bel ouvrage qui donne déjà envie de lire mais le meilleur, c’est le sujet de ce roman : un livre qui parle de livres.

Plus particulièrement, un livre dont l’action a lieu dans une petite librairie de quartier où les ouvrages attendent que les derniers clients s’en aillent et que le store soit baissé pour prendre vie. Oui, un peu comme dans le film Une nuit au musée, mais là, le gardien des lieux – autrement dit : le libraire – n’est au courant de rien. Sous les couvertures, prennent vie des personnalités encrées, des destins romanesques, des voix de personnages, des styles d’auteurs. Les classiques qui ont tout vu, l’académicien qui entend bien imposer son avis, la fougue des premiers romans… Tout ce petit monde passe ses journées à séduire au mieux les potentiels lecteurs et ses nuits à discuter. Un sujet empoisonne toutes leurs conversations mais aussi leur vie au quotidien, une peur insidieuse et un risque bien présent : l’arrivée des nouveautés et donc le départ pour une destination funeste de ceux qui n’ont pas trouvé preneur depuis trop longtemps…

Les romans du fond en ont assez et veulent renverser ce système tyrannique de l’horreur. Ils visent la table bien présentée près de l’entrée. Mais pour cela, il faudra se battre avec les best-sellers. Une révolution au pays des livres qui ne met pas tout le monde d’accord mais qui représente à coup sûr un tournant dans l’histoire de cette librairie.

Comment j’ai trouvé ce livre ? Délicieusement bon. J’ai ralenti au maximum ma lecture pour le faire durer. Le thème du roman en soi est inventif, original et donne une autre vision fantastique des coulisses d’une librairie. Il permet de mettre en avant ce turn-over perpétuel et sans pitié qui a lieu dans le monde des livres mais traite cela d’une façon merveilleuse. Avec humour, l’auteur a donné à chaque ouvrage une personnalité qui est le mélange entre la manière dont il a été écrit, le style et l’humeur de son auteur, le sujet qu’il aborde et le ton utilisé pour cela. Les personnages sont vraiment attachants et ont suit avec bonne humeur, enthousiasme leurs péripéties, leurs prises de décisions, leurs altercations.

L’histoire, l’intrigue est un vrai bonheur mais il faut rajouter à cela le plaisir évident que prend l’auteur Bertrand Guillot dans l’écriture. Son style est fluide et prenant, son écriture est pleine de clins d’oeil et de jeux de mots vraiment savoureux. C’est un réel plaisir de lecture.

Sincèrement, je ne trouve rien d’autre à rajouter à propos de cet ouvrage. Je lui donne la note de 5 sur 5 et en faisant cela, je suis honnête avec moi-même et avec vous : c’est un vrai, VRAI coup de cœur.

Bertrand Guillot, Sous les couvertures, rue fromentin, 16€.

SWAP littéraire

Oulalah, dix jours sans articles, je suis vraiment désolée ! Pour ma défense, j’ai vraiment été très très occupée dans mon travail, mais sans je n’ai jamais oublié mon blog et mes lecteurs.

Aujourd’hui, un petit article pour vous faire part de ma première participation à un SWAP, et celui-ci fut littéraire ! Organisé par De ma plume à vos oreilles, j’ai eu pour binôme Mademoiselle F.

J’ai été gâtée, j’ai reçu mon colis avant les autres puisque ma partenaire devait s’envoler pour quelques vacances. Mon joli colis est arrivé comme une fleur dans ma boîte aux lettres : à l’intérieur, un petit mot tout gentil et trois cadeaux (dans un mignon papier fleuri). Mademoiselle F a visé juste ! Tout m’a plu.

D’abord, pour affronter les rudeurs de l’hiver finissant, j’ai reçu une petite chaufferette de poche réutilisable, moi qui en cherchait une depuis quelques semaines !

Côté livre, ma partenaire de SWAP a bien compris quel genre de livres me plaisait. J’ai découvert dans le colis un roman de Didier van Cauwelaert, Hors de moi. Lisez plutôt la quatrième de couverture :

J’ai tout perdu, sauf la mémoire. Il m’a volé ma femme, mon travail et mon nom. Je suis le seul à savoir qu’il n’est pas moi : j’en suis la preuve vivante. Mais pour combien de temps ? Et qui va me croire ?

J’ai hâte de savoir le fin mot de l’histoire !

Deuxième roman, un qui était dans ma wish-list depuis longtemps donc je suis ravie : Petit déjeuner chez Tiffany de Truman Capote.

De beaux moment de lecture à l’horizon, merci DMPAVO, merci Mademoiselle F !

 

84, Charing Cross Raod, d’Helene Hanff

84, Charing Cross Road est un livre qui beaucoup circulé sur les blogs ces derniers mois, avec des critiques assez élogieuses. Alors quand je suis tombée sur ce livre de correspondance entre la librairie Marks & Co en Angleterre et l’américaine Helene Hanff, j’ai sauté sur l’occasion.

 

Il faut savoir que ce livre est vraiment court, en une journée la lecture est pliée. Je suis restée un peu sur ma faim. On peut découvrir dans ces pages un échange de lettres qui a commencé en 1949 pour durer vingt ans. D’un côté, une femme qui veut rattrapper son retard en lisant de bons ouvrages, dans de bonnes éditions et qui peine à trouver son bonheur chez elle, de l’autre une librairie tenue par des passionnés, toujours à l’écoute. Helene Hanff n’a pas la langue dans sa poche, et les employés de l’établissement vont vite oublier leur ton trop protocolaire. Car à travers ces lettres anodines, une vrai relation voit le jour. Helene leur envoie des colis de produits difficiles à trouver en ces temps de restriction, eux l’invitent sans cesse à venir les voir en Angleterre. La bienfaitrice rentre même dans la vie intime des libraires en échangeant des lettres avec leurs épouses, leurs voisines, en offrant des bas à leurs filles.

Ici, on ne fait pas mention de politique, de guerre, de religion, ou qu’à demi-mot. Même la littérature n’est pas la matière première des lettres. Non, il s’agit juste d’un échange d’égal à égal, une relation à la fois intime et distante de milliers de kilomètres. Chacun fait succinctement part de sa vie, sans trop livrer, pour ne pas abîmée ces beaux moments de lecture de la correspondance. C’est touchant et ténue.

Une belle découverte, toutefois, il y a quelques bémols. Il est bien sûr énormément fait mention dans ces lettres d’ouvrages, d’éditions particulières, de règlement, etc. Des éléments qu’ils semblent logiques de trouver ici mais qui deviennent un peu lassants à la longue, surtout qu’ils nous donnent l’impression de ne pas laisser assez de place au reste, au sentiment, à l’humain. De plus, il s’agit d’une sélection de lettres, il arrive de sauter plusieurs mois et autant vous dire que c’est frustrant, je déteste quand on décide pour moi. Cette correspondance recèle quelque chose de profond, toutefois il faut faire l’effort de percer cette épaisse couche de superficialité. Mais vu la petitesse de l’ouvrage, je pense que ça vaut l’effort de s’y pencher. Oh, l’écriture en soi n’est pas fabuleuse, ce n’était pas destiné à être publié, ni à être du beau style, mais elle va à l’essentiel, on peut au moins lui reconnaître cela – et l’édition française respecte la typographie original des lettres ce qui est plutôt agréable.

Bref, à essayer !

Helene Hanff, 84, Charing Cross Road, aux éditions LeLivre de Poche (15575à), 5€60.

Capitaine Françoise, de Stéphane Rubin

Ah, l’auto-édition, ce pendant obscur du monde littéraire. Feigner de l’ignorer ou en être un défenseur actif : à chacun de choisir son camp. Pour ma part, je dois avouer que je n’ai pas la meilleure des opinions sur ce secteur, mais je reconnais qu’il y a parfois quelques surprises. Et je ne refuse jamais quand un auteur vient me voir tout gentiment pour me faire découvrir son roman. Et ça a été le cas avec Stéphane Rubin, qui m’a envoyée – avec un très jolie dédicace – Capitaine Françoise. L’histoire se déroule dans la tête de Françoise, une libraire bretonne, qui nous fait partager une de ses journées entre les rangées de livres et les clients. Le soir-même, il y a une rencontre sur les résistances (les mineurs lorrains, une des premières féministes, etc.) et c’est elle qui en a la responsabilité. Tout organiser, des petits fours à l’accueil de l’éditeur, de la vitrine aux livraisons, voilà son travail.

 

Chaque rencontre, chaque détail ou petite péripétie, donne lieu à des remarques, souvent avec verve et humour. Disons que la Françoise, elle est bourrue, et elle remâche des expressions bretonnes sans s’en rendre compte. Elle a un avis sur tout, a toujours des petites histoires, son monologue est plein de rebondissements. Autant dire que c’est exclusivement oral, même si c’est la plupart du temps des paroles mentales. Il faut s’habituer à cette vivacité et à cette expression que l’on n’a pas l’habitude de voir en littérature, tout de moins que l’on n’a pas l’habitude de voir de façon exclusive dans un roman.

Capitaine Françoise, c’est une fresque de personnages, avec une petite touche de géographie et de culture locale. Malheureusement, – et c’est là ma plus grande déception sur le contenu – ces personnages, qui constituent l’essence du livre, sont de vrais stéréotypes et manquent cruellement de profondeur. Entre les mamies copines, la jeune femme superficielle fan de chick-lit, l’étudiant doux et beau gosse de philo, les politiciens véreux et opportunistes, l’attachée de presse vampire, on a fait le tour des topoï je pense. Et alors qu’on est dans la tête de Françoise, je l’ai personnellement trouver assez fade ; tout reste en surface. Puis franchement, elle m’est assez antipathique, à avoir des idées sur tout et tout le monde : si elle existait dans la vraie vie, je ne l’aimerais pas. J’espère que pour d’autres lecteurs, ce n’est pas le même ressenti qui prime, car ça gâche la lecture, mais que voulez-vous, je n’ai pas choisi d’éprouver cela.

Cependant, c’est assez bien écrit, piquant et divertissant. On passe un bon moment et on découvre un petit bout du patrimoine breton (notamment la langue locale) et la verve du personnage principal fait sourire de nombreuses fois. Le coup de maître de l’auteur est de nous tenir en haleine alors que l’histoire ne se déroule que sur une journée (mais pourtant sur 236 pages écrites en petits caractères!), chapeau. Et il y a même des rebondissements et une fin surprenante !

Bien sûr, j’ai grincé les dents très très fort sur la correction ortho-typographique (auteurs en auto-édition, par pitié, PAR PITIÉ, arrêtez d’oublier le typographique de correction ortho-typographique) : les majuscules non-accentuées, les apostrophes mécaniques presque partout, les guillemets à l’anglaise, la présentation des dialogues n’importe comment. Futurs auteurs, ne négligez pas tout ça, car sinon, ça peut complètement vous décrédibilisez. Cela n’enlève rien au contenu, mai votre image (et donc votre texte) en prend un coup !

Capitaine Françoise, un petit livre distrayant et drôle, pour passer un bon moment sans se faire de soucis. À essayer !

Stéphanr Rubin, Capitaine Françoise, collection Mon libraire, ce héros, 15€. Pour vous le procurer, vous pouvez contacter l’auteur à l’adresse mail suivante : petitmot@petitsriens.com

Les Combustibles, d’Amélie Nothomb

« Non, je crois que le moment est venu de rire de ces belles paroles. Et de brûler Kleinbettingen. Je vais vous dire : L’Honneur de l’horreur a été écrit par quelqu’un qui n’avait pas faim, et mon article d’il y a huit ans sur L’Honneur de l’horreur a été écrit par quelqu’un qui n’avait pas froid. Alors au feu ! »

J’ai lu mon premier Nothomb. Voilà, il fallait bien ça arrive un jour. Pour l’occasion, j’ai jeté mon dévolu sur un livre qu’on m’a conseillé : Les Combustibles. Je n’ai toujours pas compris pourquoi c’était classé dans romans, alors qu’il s’agit plutôt d’une pièce de théâtre, mais bon.

Nous sommes en tant de guerre, c’est la famine et l’hiver. Dans le salon d’un appartement, trois personnes se réunissent autour d’un poêle : deux étudiants – un couple – et un professeur. Il ne reste plus de mobilier à brûler, seule la bibliothèque est encore sur pieds. Une autodafé pour se réchauffer ? Il n’y a plus beaucoup d’autres choix. L’Université détruite, il faut à présent prendre la responsabilité de réduire en cendres quelques parcelles – peut-être les dernières – de culture. Dur choix à faire. Alors que la jeune femme serait prête à tout pour une once de chaleur, les discussions et les disputes s’enchaînent sur la vraie valeur des écrits et des auteurs. Qui vaut d’être jeté dans les flammes ?

Je n’ai pas été convaincue du tout par ce livre qui veut brasser des choses assez profondes mais ne fait que les effleurer en prenant un ton faussement dramatique. C’est de la copie de théâtre, c’est assez pathétique. Il y a de grandes phrases, de grands sentiments, de grands tourments mais on sent une plume pas du tout persuadée de ce qu’elle écrit. On a voulu imiter la complexité tragique et par moment ça fonctionne… malheureusement c’est loin d’être le cas de la plus grande partie du livre.

C’était bien parti pourtant : le sujet m’intéressait. Mais au fond, il n’a pas été abordé. Cela s’est résumé en « moi, j’aime parce que c’est beau » et c’est tout, pas d’autres arguments. De plus, on tombe dans des topoï vieux comme le monde, notamment en ce qui concerne les relations amoureuses et l’université un peu soixante-huitarde. Toutefois, les personnages rattrapent le coup car même s’ils constituent l’essence de ce livre un peu décevant – puisqu’il ne s’agit que de dialogues – leurs caractères sont bien tracés et très intéressants. Ils s’opposent et s’attirent, les relations entre eux sont parfois très intrigantes et bien travaillées.

Je ne pourrais pas dire grand chose de plus de ce livre très court qui m’a semblé un peu bâclé alors que l’idée de départ était excellente. Mon avis est très mitigé et je ne sais vraiment pas si je vais recommencer l’expérience Amélie Nothomb. Avez-vous lu d’autres livres d’elle que vous pourriez me conseiller ?

Amélie Nothomb, Les Combustibles, aux éditions Le Livre de Poche (13946), 4€10.

La Bibliothécaire, de Gudule

C’est grâce à Gudule (aka Anna Guduël) que j’ai connu mon premier coup de coeur littéraire. Quelque chose de vraiment violent et inoubliable : La Vie à reculons m’a fait comprendre que la littérature ne se résumait pas à raconter des histoires. Elle change le monde, elle change notre âme. Elle peut être puissante. Même (et peut-être surtout) quand il s’agit de littérature jeunesse. Gudule est une artiste prolifique, journaliste, écrivaine adulte et jeunesse : nouvelles, récits, romans, policier, fantastique… Elle est passée par beaucoup de chose mais je ne connais d’elle que son oeuvre pour enfant.

Une des mes amies a également eu le même déclic grâce à cette auteur, ou en tout cas un véritable coup de coeur. Après m’être fait maintes fois répéter « Mais lis-le, tu verras celui-là aussi il est trooooop bien », j’ai cédé et acheté La Bibliothécaire. Et hop ! au détour d’une livraison de mangas : trouvez l’intrus. Et je me suis tout de suite plongée dans cette délicieuse lecture.

Guillaume, collégien, a bien du mal à tenir éveillé en cours. Et pour cause ! Chaque soir, il observe dans l’immeuble en face de chez lui, une vieille dame qui écrit jusqu’à tard. Car dès que celle-ci a fini et éteint sa lumière, une jeune fille sort de l’immeuble. Obnubilé par la vision de la demoiselle, il décide de la poursuivre un jour (enfin, une nuit…). Après une rencontre mouvementée, il apprend qu’elle s’appelle Ida, elle est la vieille dame ou plutôt un fantasme de celle-ci. Ida est à la recherche d’un grimoire, indispensable pour devenir écrivain. Mais il lui reste peu de temps, elle est déjà âgée de quatre-vingt quatre ans… Et en effet, le lendemain, Guillaume apprend que la vieille dame est morte dans la nuit. « En Guillaume, c’est le vide intersidéral, avec ses météores, ses planètes tourbillonnantes, ses explosions cosmiques. Et ses trous noirs, ses trous noirs surtout : effroyables grouffres de néant. » Désespéré de ne plus voir Ida, il fait par de son désespoir à Doudou, son meilleur ami qui lui conseille alors d’écrire pour la faire revivre. Il s’attelle alors à la tâche et surgit Idda, jeune fille monstrueuse, les bras à la place des jambes, les yeux agités dans tous les sens… Guillaume n’avait pas pensé que sa mauvaise orthographe, l’absence de ponctuation ou encore un style mal construit pouvait avoir de telles conséquences ! Bon en français, Doudou essaie alors à son tour et apparaît Adi qui est à son image : noire de peau, le rythme comme credo. C’est maintenant à Guillaume de chercher le grimoire pour devenir écrivain et faire revivre la vraie Ida. S’ensuit alors un voyage fantastique dans le monde des livres. On y croise Alice (au pays des merveilles), Poil de Carotte, le Petit Prince ou encore Rimbaud… Des classiques que les enfants revisitent, étonnés et ballotés d’un univers à l’autre. La littérature et la langue prennent alors tout leur sens pour ces jeunes.

L’écriture de Gudule rebondit à chaque phrase. Elle a toujours le bon mot, touchant et poétique. Elle sait nous faire voyager et sa balade initiatique dans les livres nous fait revivre avec délice nos anciens cours de français. En plus d’inculquer l’importance d’un bon style, d’une bonne orthographe, sans quoi une bonne compréhension peut être gâchée, à des collégiens de plus en plus mauvais en français (malheureusement, c’est un fait), La Bibliothécaire est surtout un roman jeunesse qui remplit complètement son rôle de divertissement. Une pointe de fantastique, juste ce qu’il faut d’aventure, ce livre est fait pour plaire à tous, petits ou grands. Au début, je me demandais où toutes ces petites péripéties allaient nous mener : on ne voit pas de réel fil conducteur, la vieille dame est une excuse pour le grand périple littéraire. D’un côté, je m’en serais passé, de l’autre, ça entretient la magie. Mais après une vingtaine de page, la réelle histoire commence, et là, les lignes défilent à une vitesse folle ! Le livre se dévore très vite.

Une petite gourmandise de détente et de plaisir, où on se laisse bercer pour retomber en enfance !