Harry Potter et la Chambre des Secrets, de J. K. Rowling

product_9782070624539_244x0Nouveau mois, et donc nouvelle lecture d’Harry Potter. Ce mois-ci, on parle du deuxième tome : Harry Potter et la Chambre des Secrets. Pour cet opus, J. K. Rowling fait grandir notre héros : ce n’est plus l’heure de l’émerveillement, des jeux de piste et de la découverte. C’est l’heure des menaces mortelles à l’œuvre dans l’enceinte même de l’école de sorcellerie Poudlard, pourtant réputé comme l’un des endroits les plus sûrs de la planète.

En effet, après une arrivée fracassante en voiture volante, Harry comprend vite que ce ne sera pas une année comme les autres à l’école. Avant même qu’il arrive à Poudlard, un elfe de maison essaie de le convaincre de ne pas y aller : apparemment, sa vie serait menacée… Mais pour Harry, c’est Poudlard sa vraie maison, il est hors de question pour lui de ne pas s’y rendre ! Très vite, des choses anormales se passent : la chatte de Rusard est pétrifiée, un agresseur rôde dans les couloirs et menacent les sorciers qui ne sont pas de sang pur… Les élèves sont paniqués, l’ambiance n’est plus la même dans les couloirs et les salles de classe. Et quels sont ces sons que Harry perçoit provenant des murs ?

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Petit à petit, les pièces du puzzle se mettent en place et nous font redouter une menace d’autant plus forte qu’elle provient de l’intérieur même de Poudlard. On est à l’abri nulle part. Ce tome-ci n’est pas du tout mon préféré, Harry est dans un entre-deux-âges que je n’ai jamais vraiment aimé, toutefois je reconnais que notre héros est obligé de grandir aussi. Être l’élu, celui qui a chassé Voldemort alors qu’il n’était qu’un bébé implique aussi d’être soupçonné au moindre doute. Difficile d’endosser un rôle que l’on n’a jamais voulu… J’apprécie beaucoup dans cet opus les efforts de l’auteure pour inclure de la tension. Les dangers sont réels, des personnages peuvent mourir ! Ce n’est pas rien… Et cet agresseur que personne ne débusque ! Les péripéties s’enchaînent, nous entraînant petit à petit vers la vérité. Il est vrai que parfois les événements vont dans le sens de nos héros (ils sont là au bon moment, ils sont les premiers sur telle scène importante, etc.) : ces ficelles de roman jeunesse, on les pardonne car J. K. Rowling nous embarque très loin dans le monde de la magie, dans le domaine de Poudlard et c’est avec plaisir et frisson que l’on suit Harry et ses amis jusqu’au bout de l’aventure.

C’est un très bon roman qui ouvre la porte vers des histoires plus noires, plus dangereuses. On quitte petit à petit un univers enfantin pour s’approcher de la noirceur de la sorcellerie. Même si c’est peut-être le tome que je préfère le moins, je le trouve très bon. J. K. Rowling a une plume qui va droit au but tout en immergeant dans un monde vaste et complet. Elle sait tout faire : la peur, l’action, mais aussi l’humour ! Ah, ce Gilderoy Lockhart !

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Et vous, avez-vous aimé Harry Potter et la Chambre des secrets ? Rendez-vous le mois prochain pour découvrir mon tome préféré !

J. K. Rowling, Harry Potter et la Chambre des Secrets, traduit de l’anglais par Jean-François Ménard, 21€.

Les Outrepasseurs (T. 3) : Le Libérateur, de Cindy Van Wilder

Voilà. C’est officiel. J’ai fini la saga des Outrepasseurs de Cindy Van Wilder (enfin… « fini », c’est vite dit, disons qu’il y a un quatrième tome illégitime qui m’attend dans ma PAL) avec le tome 3 intitulé Le Libérateur. Quelle aventure mes amis !

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Dans le premier tome, nous avons découvert, en même temps que notre jeune héros Peter, les origines des Outrepasseurs, cette société secrète, dont chaque « famille » a un animal totem et qui protège l’humanité des fés. C’était sans compter sur un retournement de situation dans le deuxième tome : branle-bas de combat pour les Outrepasseurs qui se doivent de protéger la magie du monde contre une terrible menace. Mais Peter, lui, commence à se poser des questions : est-il à la bonne place ici ? A-t-il raison de faire ça ? Dans ce troisième tome, il y a une vraie fracture (entre qui et qui, à vous de le découvrir). Des clans se forment alors qu’un terrifiant hiver engloutit peu à peu l’Angleterre. La clé se cache peut-être dans le passé, dans les anciennes reliques, dans les vieux souterrains abandonnés…

J’ai mis un peu de temps à retomber sur mes pieds… En même temps, si j’arrêtais de distancer autant mes lectures, ça irait sûrement mieux. Mais pas seulement. En effet, encore une fois, un des plus gros reproches (autant dire que c’est une broutille!) que j’ai à faire à ce tome est cette myriade de personnages. Ou de personnalités. Car très sincèrement on se perd parmi les personnages secondaires – alors, imaginez-moi, essayant en plus de retrouver ce qu’ils avaient pu faire ou devenir dans le tome précédent ! Heureusement, les personnages principaux sont très attachants.

6925423f02ec3d56b40be32523de556c-london-england-winter-winter-in-londonIl y a dans ce roman plusieurs intrigues plus ou moins d’égale importance qui s’entrecroisent et se mêlent, le rythme et la tension montant crescendo au fil des pages. Certains fils rouges m’ont moins subjuguée que d’autres mais je pense que cela est après tout très personnel. La force de Cindy Van Wilder est d’avoir réussi à tenir pendant ces trois tomes une histoire très dense aux multiples ramifications, avec sans cesses des connexions au passé qui enrichissent encore plus les intrigues au temps de Peter. Faire que tout se cale parfaitement pour arriver à une fin qui fonctionne bien, qui ne laisse aucune question sans réponse… chapeau !

En plus de l’écriture vive et immersive de l’auteure, cette narration va vous laisser pantois. Je suis vraiment admirative de cet univers complet, novateur, qui se glisse parfaitement dans le monde que nous connaissons et qui nous emmène en même temps sur des chemins magiques très dépaysants. Avoir une imagination débordante et la rigueur/le talent d’écriture pour la rendre au mieux, c’est assez rare.

Je suis très heureuse d’avoir découvert cette saga, écrite par une auteure absolument fantastique et disponible pour ses lecteurs. En plus de l’histoire qui est incroyable et passionnante, l’édition est très soignée. Bref, un vrai bonheur de lecture !

Cindy Van Wilder, Les Outrepasseurs (T. 3) : Le Libérateur, aux éditions Gulf Stream, 18€.

Harry Potter à l’école des sorciers, de J. K. Rowling

poudlard_nuitCette année est une grande année : Harry Potter fête ses vingts ans. Typiquement, je fais partie de la génération Harry Potter, la vraie, celle qui a grandi en même temps que notre célèbre sorcier, celle qui a fêté la sortie de chaque tome avec fébrilité, celle qui a découvert les films d’un œil curieux. Je fais partie de la masse des Potterheads, je suis une fan de la première heure. Mon pêché mignon, c’est d’acheter toutes les nouvelles éditions de la saga quand j’en croise une – pour l’instant seulement en français, mon très mauvais niveau en anglais me retenant pour la VO. Et Gallimard a justement sorti cette année une nouvelle édition aux couvertures magnifiques. Je me suis donc dis : et si je fêtais les vingt ans à ma façon, en achetant chaque mois un tome ? Et si, enfin, je commençais à parler de la saga Harry Potter sur mon blog à raison d’une chronique par mois ?

product_9782070624522_244x0Commençons par le commencement : Harry Potter à l’école des sorciers (ou une des rares fois où les traducteurs ont changé un bon escient un titre pour éviter au lecteur d’être légèrement spoilé). Harry est un garçon comme les autres. Ou presque. Ses parents sont morts alors qu’il n’était qu’un bébé et il a été recueilli par sa tante et son oncle. Depuis, il est traité comme un moins que rien par sa famille adoptive qui l’a rabroué dans le cagibi sous l’escalier. La vie pour Harry est solitaire et morose jusqu’au jour où une lettre lui est envoyée, une lettre de l’école de sorcellerie Poudlard. Là, tout s’éclaire, son destin est bouleversé. Après moult péripéties, dont l’exil sur un rocher en pleine mer lors d’une tempête, la rencontre avec un semi-géant et la traversée d’un mur en plein gare après l’achat d’un chaudron et d’une baguette magique, Harry se retrouve enfin à Poudlard. Il découvre le sport des sorciers, le Quidditch, il apprend à se faire des amis et à reconnaître ses ennemis, il suit des cours de sortilèges, de potions, de métamorphose…. Et apprend que dans le monde des sorciers aussi il y a des secrets, des dangers, des menaces. La plus grande n’est autre que Lord Voldemort… oh pardon ! Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom. Un mage noir extrêmement puissant qui a terrifié le monde des sorciers semant la mort et la désolation. C’est lui qui a tué les parents de Harry, lui qui a fait cette fameuse cicatrice en forme d’éclair sur le front du garçon. Après ça, il a disparu. On ne sait comment. C’est ce qui a rendu Harry Potter célèbre dans le monde magique alors même qu’il ignorait tout de cela. C’est le début d’une incroyable aventure, d’une formidable saga.

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Il est vrai que c’est le premier tome et c’est vraiment un livre très jeunesse. En le relisant, j’avais complètement oublié à quel point il allait vite, à quel point ce tome était peu épais. Quel exploit de rendre tant d’événements en si peu de pages : on n’est jamais perdu pour autant, on bénéficie de toutes les explications nécessaires pour appréhender et s’immerger dans ce nouveau monde. Et en plus de toutes les péripéties qui rebondissent les unes sur les autres, l’auteure prend le temps de nous faire découvrir l’école de Poudlard, ses enseignements, son histoire, son fonctionnement, ses professeurs. On prend un réel plaisir à imaginer les friandises des sorciers, les portraits et les peintures qui bougent, le confort de la salle commune de Gryffondor, les odeurs délicieuses lors des banquets dans la grande salle, la foule enthousiaste lors des matchs de Quidditch. Il n’y a pas à dire : J.K. Rowling sait décrire et inventer un monde nouveau et attirant, plein de couleurs, qui a un sacré goût de « reviens-y ».

Mr et Mrs Dursley, qui habitent au 4, Privet Drive, avaient toujours affirmé avec la plus grande fierté qu’ils étaient parfaitement normaux, merci pour eux. Jamais quiconque n’aurait imaginé qu’ils puissent se trouver impliqués dans quoi que ce soit d’étrange ou de mystérieux. Ils n’avaient pas de temps à perdre avec des sornettes.

Il est certain que je ne suis absolument pas objective. J’aime trop Harry Potter pour le décrier. Je dirais seulement que les personnages auraient pu être plus finement esquissés, quitte à rajouter quelques pages : l’amitié entre Hermione et Harry/Ron est trop facile. Certains retournements de l’intrigue sont un peu gros (et bon sang ! Où sont les adultes???). Je n’ai jamais aimé la fin avec cette succession d’épreuves… Mais ce sont des broutilles comparées à toutes les émotions par lesquelles je suis passée. Et surtout, c’est le premier tome, celui qui a accroché des dizaines d’enfants, celui qui a fait basculer leur monde, celui qui leur a donné le goût de la lecture pour certains.

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Ce premier tome est évidemment tout un symbole, mais c’est un aussi un vrai bonheur de la littérature jeunesse. Je travaille dans une école primaire et je peux vous dire que mes yeux brillent quand je découvre qu’un des enfants a commencé à lire Harry Potter.

J. K. Rowling, Harry Potter à l’école des sorciers, traduit de l’anglais par Jean-François Ménard, aux éditions Gallimard, 21€.

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Wingardium Leviosa !

L’erreur de l’Epouvanteur (tome 5), de Joseph Delaney

En plus d’avoir peu de temps pour moi, il se trouve que j’ai une petite panne de lecture. Au lieu d’ouvrir un livre quand j’ai du temps libre chez moi, je trouve toujours autre chose à faire. Pour essayer de remettre le pied à l’étrier, je me suis choisie une lecture dont j’étais certaine qu’elle me plairait : L’erreur de l’Epouvanteur, le tome 5 de la saga de Joseph Delaney.

Tom Ward est le septième fils d’un septième fils. Il a donc des dons particuliers pour percevoir l’obscur et est devenu l’apprenti de l’épouvanteur Gregory. À ses côtés, il apprend à combattre sorcières, gobelins et autres créatures. Comme pour chacun de ses apprentis, Gregory l’envoie compléter sa formation chez un de ses collègues : Bill Arkwright, spécialiste des créatures des eaux. Entre son amie Alice qui semble céder à l’obscur, la menace mortelle que fait planer le Malin sur Tom, un nouveau maître épouvanteur qui habite un moulin hanté et une sorcière des eaux qui terrorise la région, notre jeune héros n’est pas au bout de ses peines.

erreur-epouvanteur-bonusQu’est-ce que j’ai aimé ce tome ! La personnalité d’Alice prend de la profondeur : cette jeune fille a un passé trouble et des faiblesses qu’il est parfois dur de combattre. A l’inverse, je trouve Tom toujours un peu trop boy-scout à mon goût, j’espère que ça s’arrangera. Ce n’est pas parce qu’on est dans un roman jeunesse qu’on doit créer un héros si manichéen. C’est, il me semble, le seul personnage qui a un tel défaut.

Gregory est un peu absent de ce tome, mais c’est très rafraîchissant de changer complètement de lieu, de quitter Chippenden. Arkwright est un personnage avec une vraie histoire, des failles, des points forts, une vision du métier et de l’apprentissage complètement différente de Gregory. On sent que notre héros va sortir grandi de cette rencontre, et j’espère vraiment qu’on retrouvera Arkwroght par la suite.

J’ai trouvé l’écriture de Jospeh Delaney très claire et fluide. On visualise facilement les scènes. L’intrigue avance bien, grâce à des péripéties secondaires toutes aussi intéressantes que le fil rouge principal. L’auteur a réussi avec brio à faire de ce tome à la fois une histoire unique et une partie intégrante de la saga. Il faut admettre que l’auteur maîtrise le genre : comme dans la vraie vie, les personnages évoluent d’un tome à l’autre, des alliances se font et se défont, le Comté continue de vivre en parallèle (la guerre en cours, etc.). Les liens avec les autres livres sont très bien réalisés, aucunement artificiels : il y a des échos très judicieux des livres précédents par exemple. A ce stade de l’histoire, il est cependant nécessaire d’avoir lu les autres romans au préalable : vous ne pouvez pas commencer l’histoire par là sans risquer de vous perdre.

J’ai très hâte de lire le prochain livre, quel teasing dans ce tome 5 !

Joseph Delaney, L’erreur de l’Epouvanteur (tome 5 de la saga), aux éditions Bayard jeunesse, 12€90.

La Malédiction de l’Epouvanteur (T. 2), de Joseph Delaney

Le premier tome de cette saga m’avait séduite, je reviens donc vous parler du tome 2 que j’ai dévoré également : La Malédiction de l’Epouvanteur de Joseph Delaney.

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fleauTom Ward continue son apprentissage d’épouvanteur auprès de son maître, M. Gregory. Tout deux doivent se rendre à Priestown, ville d’églises et de prêtres, pour participer à un enterrement. Dans une ville où être épouvanteur est très mal vu, où l’Inquisiteur s’amuse à brûler vif et à torturer des gens parce que soi-disant ils sont sorciers, Tom et son maître vont pourtant réussir à se mettre encore plus en danger, mais c’est pour la bonne cause. En effet, dans les catacombes sous la cathédrale réside le Fléau, une force obscure capable de manipuler les esprits. Et ce mal reprend des forces, trop : cela en devient dangereux, il pourrait réussir à sortir de sa prison et recouvrir le Comté des ténèbres. Il faut le combattre. Une autre aventure pour nos héros, mais celle-ci s’avère vraiment dangereuse.

Encore une fois une écriture très divertissante, mais toutefois plus profonde que le tome 1 : on découvre des pans du passé du M. Gregory et on apprend à mieux connaître Tom. Face à un danger tel, pernicieux et mortel, ils ne seront pas toujours d’accord, mais heureusement, ils auront quelques alliés pour les aider dans leur tâche. C’est un roman d’aventure jeunesse, mais là encore, c’est réserver à des lecteurs avertis : des scènes peuvent faire peur, des gens meurent dans ce livre et ce genre de choses peut effrayer les plus jeunes (je rigole pas, les parents, lisez-le avant de le mettre dans les mains de vos marmots, OK ?). Toutefois, si le lecteur est « averti » comme le demande la quatrième de couv’, ce livre est vraiment prenant. Il y a parfois quelques longueurs et un manque d’explications sur les faits et gestes des personnages (on a par moment du mal à visualiser ce qu’ils font vraiment), mais les péripéties sont vraiment surprenantes. L’auteur fait souvent appel à un élément extérieur pour résoudre les situations, on pourrait le regretter, toutefois cela est très bien amené et les personnages principaux sont régulièrement preneurs d’initiatives. Il y a là un bon équilibre.

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J’aurai souhaité qu’il y ait un peu plus de lien entre le tome 1 et le tome 2 mais j’imagine toutefois que cela sera corrigé dans les prochains tomes au vu de ce que j’ai pu lire dans celui-là. En effet, des indices sont disséminés un peu partout pour savoir sur quoi reposera la future intrigue (du tome suivant, ou d’un tome encore ultérieur). On sent une trame de fond qui se développe et c’est vraiment à partir de ce livre que j’ai senti « l’esprit saga ». C’est à partir de ce roman qu’on se dit qu’il faut lire les autres, qu’on doit savoir la suite.

Comme je l’ai dit plus haut, les personnages sont plus explorés et ce traitement est vraiment bénéfique pour l’œuvre, on ne lit plus le roman que pour l’aventure mais aussi pour connaître le destin et le passé des différents protagonistes. On se prend vraiment à ce jeu de puzzle à reconstituer, d’énigmes à résoudre sur la vie de tel ou tel personnage et cela ne présage que de bonnes choses.

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On dit merci à Joseph Delaney pour cette excellente saga !

Je ne vais pas épiloguer plus pour ne pas faire redite avec l’article sur le tome 1, mais je ne peux que vous inviter à découvrir la saga. Il vous faudra commencer par le premier roman, sans cela, beaucoup d’éléments seraient incompréhensibles ou perdraient de leur saveur. J’espère vraiment que vous succomberez à L‘Epouvanteur et n’hésitez pas à me donner votre ressenti en commentaire si c’est déjà le cas (sans spoiler les autres tomes, par pitié!).

Joseph Delaney, La Malédiction de l’Epouvanteur, Bayard Jeunesse, 11€90.

L’apprenti épouvanteur, de Joseph Delaney

Je lis peu de sagas, car je trouve difficile de s’engager à lire pendant plusieurs tomes la même longue histoire alors qu’il y a des centaines de romans, uniques, qui m’attendent. Mais il y a un domaine où je peux faire une entorse à cette règle sans trop culpabiliser : la littérature jeunesse. J’ai dévoré Harry Potter et Eragon (il faudra que je vous en parle un jour) notamment, et encore aujourd’hui je reste une grande fan. Alors quand on me répète depuis très très très longtemps « tu devrais lire ça » et que ce « ça » est une saga jeunesse qui fait un tabac, il y a bien un moment où je craque et où je me laisse tenter. Je vais donc aujourd’hui vous parler d’un tome 1, et il est très certain que je vous parlerai du tome 2 d’ici la fin de l’année : L’apprenti Epouvanteur de Joseph Delaney.

Tom Ward est un enfant de treize ans qui vit dans une famille de fermier. Mais Tom n’est pas n’importe qui : il est le septième fils d’un septième fils. Et à ce titre, sa mère lui réserve un avenir particulier : elle le confie au maître Epouvanteur Gregory pour qu’il le prenne en apprentissage. Un Epouvanteur est un homme peu aimé, qui vit et travaille en solitaire, il est craint mais indispensable. En effet, il repousse les forces obscures qui jaillissent ça et là dans différents comtés : sorcières, gobelins, fantômes… Tom suit donc l’homme et apprend les bases de son futur métier. Malheureusement, à treize ans, on commet des erreurs et on se laisse parfois abuser par sa trop grande gentillesse et naïveté. C’est ce qui va arriver à notre héros, qui va apprendre à ses dépens qu’une sorcière retenue prisonnière depuis des années à la rancune tenace.

Je résume beaucoup car je ne veux pas en dire plus. Le livre s’adressant à un jeune public, l’écriture est très simple, la lecture très rapide. J’ai adoré cette histoire, je me suis laissée emporter et je l’ai dévorée en une nuit. Dès les premières pages, j’ai trouvé les personnages attachants et intriguants, et l’histoire m’a happée. Il y a parfois quelques longueurs, quelques simplicités, mais on les oublie très vite. On suit notre héros, on le regarde faire des bêtises sans pouvoir le retenir et on le voit grandir avec fierté.

Il est vrai que l’auteur utilise parfois des astuces un peu trop voyantes pour faire avancer la narration. On le voit arriver avec ses grands sabots dix pages à l’avance par moment, mais il sait nous surprendre et l’histoire sort un peu des sentiers battus du genre fantastique. J’ai beaucoup aimé l’arrière-plan : les différentes magies, le fonctionnement des gobelins, la différence entre ombre et fantômes, etc. Les décors aussi sont impressionnants : la maison hantée où Tom doit prouver sa valeur à Gregory, la forêt… on est vraiment plongé dans cette histoire d’horreur. Car oui, ce roman fait peur, il est d’ailleurs écrit au dos du livre : Attention ! Histoire à ne pas lire la nuit… Pour les lecteurs avertis.

Et en cela c’est très très vrai. Il y a certaines pages qui peuvent effrayer ou écœurer les plus jeunes, les plus sensibles (adultes compris) : il y a du sang, il y a des êtres qui font vraiment peur, il y a des menaces qui font frémir. Je peux vous dire que moi-même j’ai gardé la lumière allumée pour dormir après cette lecture. Je ne pensais pas qu’on pouvait me faire peur dans un roman avec une sorcière et bien je me suis trompée. Ce décalage entre la langue simpliste et ces images effrayantes très très bien travaillées a de quoi désarçonner et j’avoue que ça m’a parfois fait tiquer. Mais dans l’ensemble, l’histoire est tellement prenante qu’on fait défiler les pages à une vitesse ahurissante et qu’on en redemande.

J’ai vraiment hâte de lire la suite de cette saga, en espérant que l’auteur utilisera des biais plus discrets pour faire avancer son histoire. Toutefois, si vous souhaitez le donner à lire à des jeunes, je vous conseille de faire attention au public en question : il faut une certaine maturité pour lire ce roman qui fait peur… Mais je vous le conseillerai quand même !

Joseph Delaney, L’Apprenti Epouvanteur, traduit par Marie-Hélène Delval, Bayard Jeunesse, 14€90.

(et n’allez surtout pas voir le film inspiré de cette histoire, il est juste atroce.)

Le coeur d’une autre, de Tatiana de Rosnay

C’est sur Twitter que j’ai découvert l’auteure Tatiana de Rosnay (quel nom d’écrivain tout de même ! Ça me rappelle une prof de collège qui s’appelait Mme Subtil, pas mal hein ? Bref.) J’avais déjà croisé ce nom à plusieurs reprises dans les couloirs des librairies, toujours en bonne place sur les rayons. Je me suis dit que je passais peut-être à côté de quelque chose, j’ai donc décidé d’en savoir plus. Et quel meilleur moyen pour cela que de lire un de ses romans ? J’ai choisi Le cœur d’une autre, roman qui a été réédité en poche il y a deux ans. Une belle lecture qui m’incite à découvrir un peu plus l’univers de cette auteur.

Bruce, un quadragénaire solitaire et macho, un peu déprimé sur les bords, mène une vie assez ennuyeuse, papillonnant de femme en femme sans se fixer, sans forcément bien les traiter. Divorcé, il peut encore compter sur son grand fils pour égayer ses semaines. Mais un jour, c’est le choc, il souffre d’une pathologie cardiaque grave, seule une greffe peut le sauver. Mais plus les jours passent, plus il se rapproche de la mort. Heureusement, in extremis, l’opération de la dernière chance a lieu, sa vie est sauvée.

La vie suit son cours, Bruce reprend sa vie. Mais il remarque des changements dans son comportement : soudain il déteste le désordre de son appartement et fait le ménage à fond, il se rachète une garde-robe, toute en rouge Garance. Sa personnalité profonde change : sa façon de considérer les femmes évolue et quand il tombe en pâmoison devant les tableaux d’un maître italien de la Renaissance, Bruce commence à se poser de sérieuses questions. Serait-ce possible que tous ces nouveaux sentiments viennent de ce cœur qui n’est pas le sien ?

Le don d’organe est censé être anonyme, il le sait. Mais il doit savoir. Et quand il découvre que son donneur est une femme, une femme généreuse, passionnée mais aussi secrète, il part à la recherche de ce passé qui est, dans un sens, devenu le sien.

Entre la Toscane ensoleillée et la Suisse enneigée, son enquête va le mener à chercher des réponses concernant une existence qui n’est pas tout à fait la sienne sans lui être étrangère non plus, une vie peuplée de mystères que sa donneuse n’a pas eu le temps de dévoiler. Pour elle, pour son cœur, il part à la recherche de la vérité, quitte à bouleverser quelques vies, en commençant par la sienne.

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Le cœur d’une autre est un roman palpitant (c’est le terme !), passionnant mais aussi très doux et beau. La transformation de Bruce se fait sans brusquerie, et Tatiana de Rosnay a réussi à nous la rendre concrète (cette scène où le personnage redécouvre l’amour…!). L’auteure sait parfaitement équilibrer les dialogues, les scènes de questionnement ou d’action et les descriptions. Le choix d’une narration à la première personne est ici judicieux, voire nécessaire pour être au plus près du ressenti de ce personnage qui vit une situation complètement délirante et magique. Et on y croit avec lui, on veut en savoir plus sur cette femme qui lui a donné son cœur, ce qu’elle était, ce qu’elle a vécu, a-t-elle connu le vrai amour ? A-t-elle déjà été passionnée ? Où a-t-elle vécu ? Qui elle côtoyait ?

Allant au-delà des principes scientifiques, des remarques pragmatiques, Bruce croit en son cœur, fait confiance à celui qui lui à redonner la vie. Ce livre fait se poser beaucoup de questions sur le greffe d’organe, sur la place du cœur, vital, dans notre corps et dans notre âme. C’est vrai que tout cela est intrigant, mais n’est-ce pas également çà, le rôle de la créativité et de l’écriture, de nous interroger ? D’aller toujours plus loin ? Ce qui est sûr, c’est que ce livre met tout le monde face à une évidence : le don d’organe. Le don d’organe permet à notre existence de ne pas être vaine, c’est une raison de vivre, une raison d’espérer, une raison d’être engagé, une façon de ne pas complètement mourir, d’être utile à notre prochain, de sauver quelqu’un de la mort, d’être généreux ou à l’inverse de rester vivant et debout, et reconnaissant envers la personne qui nous a fait ce don.

« Je n’avais pas fermé l’oeil de la nuit. Dans ma poitrine régnait une agitation inconfortable, une kyrielle de turbulences, comme si ce cœur étranger cherchait à s’évader du corps qui le retenait prisonnier. Il vibrait sous ma peau, chargé de secrets, d’un passé que j’ignorais, d’un mystère qui me fascinait. »

Tatiana de Rosnay, Le cœur d’une autre, aux éditions Héloïse d’Ormesson, Le Livre de Poche (31828), 6€60.S

 

Pour en savoir plus sur le don d’organe et avoir une carte de donneur :

http://www.dondorganes.fr/

http://www.france-adot.org/