42 km 195, de Bernard Thomasson

42-km-195Il arrive parfois (souvent) sur Twitter que je parle d’autres choses que de littérature, d’écriture et de blog. Je blablate/râle souvent à propos de mon travail avec les enfants et il m’arrive même de parler de sport ! Car, à mon très humble et très très modeste niveau, je sporte un peu. Et notamment : je cours. Bon, à un allure d’escargot, avec la grâce d’un bébé cachalot hors de l’eau et rouge comme une écrevisse, mais tout de même. Et même que j’aime ça ! Il y a peu j’ai même réussi à boucler ma première course 10 kilomètres, un exploit quand on me connaît, surtout que je cours depuis à peine un an. Pour me motiver, j’ai deux-trois astuces : des images qui m’inspirent sur Pinterest, des amis qui m’encouragent à fond, ou quelques lectures pour me fixer des objectifs toujours plus hauts. Je ne suis pas adepte du manuel avec des méthodes et des régimes, mais plutôt des biographies, des essais, des livres inspirants. C’est dans cette catégorie que se place 42 km 195, un roman de Bernard Thomasson.

42 km 195, c’est la distance d’un marathon. Et c’est justement à l’occasion de son premier marathon, que nous allons suivre le héros, kilomètre par kilomètre. Mais il ne prend pas le départ aussi sereinement que ses compagnons de galère : lui a failli frôler la mort. Et croyez-moi, il va le surveiller de près son cœur auquel il tient tant. Ce parcours à travers la ville de Paris est une vraie invitation sportive au voyage. A travers chaque chapitre, on en apprend un peu plus sur l’histoire du marathon et sur les différentes courses sur la planète. Pour cela, notre personnage cite beaucoup Benedict Maverick et ses quarante-deux marathons qui nous fait traverser de long en large la planète. C’est aussi l’occasion de s’interroger sur le lien entre la course et la notion de groupe, la musique, le dépassement de soi, le rapport au physique, l’importance des proches…

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Il y a parfois quelques longueurs dans ce livre de près de 300 pages, mais il reste quand même très intéressant. J’aurais cru me lasser de suivre ce coureur pendant quarante-deux kilomètres, mais finalement, malgré quelques passages et anecdotes sur Maverick qui m’ont moins passionnée que d’autres, je trouve l’ensemble plutôt réussi. Bien sûr, on comprend très vite de quelle pathologie souffre notre héros et on s’attache à lui au fil des pages. On en apprend beaucoup sur la façon dont se déroule un marathon, comment on le vit, ce qui m’a personnellement très intéressée. En effet, je suis vraiment vraiment admirative de tous ces coureurs qui s’élancent pour 3 à 6 heures d’aventure… Des kenyans ou éthiopiens incroyablement rapides aux joggeurs du dimanche qui se lancent un défi, je suis époustouflée !

Ce roman n’est pas renversant, toutefois il est atypique et la narration est très bien construite. L’auteur emprunte vraiment beaucoup à Maverick mais cela donne un roman instructif et divertissant qui saura intéresser toutes les personnes qui courent ou veulent courir. Une lecture agréable que j’ai dévoré en quelques heures avant de prendre le départ de ma course.

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Bernard Thomasson, 42 km 195, aux éditions Artaud, 7€90.

Marathon de lecture

marathon-de-lecture-de-printempsArieste organise à l’occasion de l’arrivée du printemps, un marathon de lecture ce week-end même. Il commence ce soir (vendredi 1er avril, et ce n’est pas un poisson) à 19h00 et finira dimanche 3 avril à minuit. J’ai réservé mon week-end exprès pour cet événement, et je suis bien décidée à faire baisser le niveau de mes PAL et whishlist pendant ces quelques heures.

Voici mes lectures prévues (le titre ou le sujet ont un lien avec la nature, cf. le printemps) :

  • Les quatre saisons de l’été de Grégoire Delacourt
  • Le Chardonneret de Donna Tartt (dans la sublissime édition collector de Pocket)
  • Wild de Cheryl Straye
  • L’Autre Rive de Georges-Olivier Châteaureynaud

Sachant que trois de ces livres sont des pavés, je m’estimerai heureuse d’en avoir lu un en entier, ce sera déjà ça !

Si vous aussi vous voulez participer, n’hésitez pas à faire coucou à Arieste sur le billet du marathon => ICI

RAT Edition Winter : bilan de mi-parcours

Le RAT Edition Winter arrive déjà à sa moitié. Il est temps pour moi de faire un petit bilan de mi-parcours. Je m’étais fixée pour objectif de lire 1000 pages par semaine pour ces deux premières semaines. Voyons ce qu’il en est.

  • Nymphéas noirs (la fin) de Michel Bussi : 85 pages
  • Le Trône de Fer (L’Intégrale I) de George R. R. Martin : 790 pages
  • Seule Venise de Claudie Gallay : 302 pages
  • Hippocrate aux enfers de Michel Cymes : 224 pages
  • Jurassic Park de Michael Crichton : 508 pages
  • Le Combat de l’Epouvanteur (le début) de Joseph Delaney : 128 pages

Pour un total de 2037 pages lues sur ces deux semaines.

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Je passe donc la barre symbolique des 2000 pages visées de justesse. Et j’en suis d’autant plus contente que c’est imprimé vraiment petit dans Le Trône de Fer et Jurassic Park !

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Ce RAT m’a vraiment motivée pour avancer dans mes lectures malgré un emploi du temps de ministre et la fatigue qui guette.

Pour les deux dernières semaines, j’ai revu mes ambitions à la baisse (500 pages par semaine) puisque je vais travailler deux fois plus et j’aurais donc deux fois moins le temps de lire !

J’espère que votre RAT Edition Winter se passe bien et que c’est l’occasion pour vous de faire de belles découvertes livresques (et de vider un peu sa PAL!).

« Chéri(e), je pars faire une course », de Gérard Ejnès

9782916400938_w250J’aime assez la course – enfin, la course pour les petites jambes, le jogging quoi – même si je ne pratique pas assez (mais alors vraiment pas assez). Je répète souvent qu’on trouve toujours des excuses pour ne pas écrire, mais je pense aussi que c’est un peu vrai pour se mettre sérieusement à un sport d’endurance comme le footing. Même si on ne vise pas le marathon, on n’a jamais les bonnes chaussettes, ou le temps est un peu trop gris, quand ce ne sont pas les « je ne trouve pas le temps » et les « je n’aime pas courir seul » qui prennent le relais. Heureusement, il y a des méthodes pour se booster et l’une d’entre elles qui fonctionne assez bien pour moi, c’est lire des ouvrages punchy sur la course. J’avais déjà testé cela avec Murakami (et je m’étais remise sérieusement à courir). Et aujourd’hui, j’essaie de remettre le couvert avec « Chéri(e), je pars faire une course », dictionnaire absurde du footing et du marathon de Gérard Ejnès.

Ce petit ouvrage, dont la conception est très réussie, vous fera parcourir l’univers de la course d’endurance en des termes bien choisies. Sourire, jeux de mots à chaque page, le livre se lit en un tour de main, puisqu’on dévore le dictionnaire tout en une fois tellement on se prend au jeu. Si vous ne connaissez pas du tout l’univers de la course, ce sera une petite découverte drôle, et si vous êtes vous-même coureur, je ne doute pas que vous vous reconnaîtrez dans ces quelques pages. Mais ce qui a joué le plus dans mon appréciation de ce livre, c’est le ton sans cesse décalé et les jeux de mots perpétuels. Tout vaut le coup d’être lu que ce soit la prononciation du mot, ses synonymes, sa définition et son exemple d’illustration. Une citation vaut mieux que mille mots :

Résistance [raie-zisse-tensse] n.c.f.

Si en course à pied l’endurance permet de durer, la résistance permet de sister (rien à voir avec sa propre sœur), vieux verbe moyenâgeux qui signifie peu ou prou « crever la gueule ouverte à la recherche d’oxygène ».

Syn. : souffrance, tragique occupation, sabotage.

Ex. : Eric avait programmé une petite séance pépère d’endurance sur son parcours secret, dans cette sombre forêt où, pour son plus grand bonheur, il ne croisait jamais personne. Il trottinait joyeusement quand, à sa grande stupeur, il se fit doubler par un bel éphèbe blond qui n’amusait pas la galerie et fonçait vers on ne sait quelle destinée. Si Eric avait prévu de faire quatre tours, son sang n’en fit qu’un. L’heure était à la rébellion. On ne pouvait pas tout laisser faire. Il décida illico presto d’entrer en résistance et de faire la peau à cette espèce de nazi qui avait envahi son territoire à toute allure.

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Bon, il est vrai que parfois l’humour est un peu lourd et bancal mais de façon général, je me suis beaucoup amusé à lire chaque définition et ce dictionnaire loufoque m’a refait penser à l’esprit de la course : à la fois compétition, douleur qu’on aime parce qu’elle nous fait du bien, et défi qu’on se lance à soi-même. Idéal pour se remettre en jambe ou pour se motiver la veille d’un marathon, car même les difficultés de ce sport sont traitées ici avec humour, et ça fait du bien. Une lecture légère et rapide que je vous conseille !

Gérard Ejnès, « Chéri(e), je pars faire une course », aux éditions Prolongations, 12€.

Autoportrait de l’auteur en coureur de fond, de Haruki Murakami

Depuis quelques mois, une nouvelle activité a trouvé sa place dans mon emploi du temps, d’abord par nécessité puis rapidement par plaisir : la course à pied. J’adore courir au Jardin des Plantes ou le long du Canal du Midi, tôt le matin, quand l’air est frais, qu’il y a peu de monde et que les écureuils commencent à sortir de leur cachette. Sauf qu’en ce moment, je n’ai de motivation pour rien, footing compris, alors que je pensais faire quelques courses, juste pour voir. J’ai donc décidé de donner un coup de fouet dans tout ça, et pour cela, rien de mieux que de lire un petit éloge de la course. Mais comme en plus, je suis un peu écrivain sur les bords, j’ai, tant qu’à faire, conjugué ces deux centres d’intérêt en choisissant de lire Autoportrait de l’auteur en coureur de fond, de Haruki Murakami, à ne pas confondre avec Ryû Murakami. J’avais déjà lu La Ballade de l’impossible, et mon avis avait été plutôt mitigé, mais le livre dont il est question aujourd’hui n’a rien à voir avec un roman.

 autoportrait

Entre 2005 et 2006, Murakami a entrepris d’écrire un texte portant sur la course, sport qu’il exerce depuis un quart de siècle et qui est bien plus qu’un entretien physique pour lui. Après avoir pris la décision de devenir écrivain coûte que coûte, il doit changer de style de vie : il vend son club de jazz, il arrête de fumer une soixantaine de cigarettes par jour et se met à dormir la nuit et non plus le jour. Mais rester devant son bureau à écrire au lieu de charger des bidons de bière, ça dépense moins de calorie forcément. Il fallait donc trouver un sport : d’un naturel plutôt solitaire et plus performant en activité d’endurance, Murakami a choisi la course à pied. Très vite c’est devenu le symbole d’un équilibre de vie. Inlassablement, chaque jour, Murakami enfile ses chaussures et part à l’aventure, à la découverte de lui-même.

En ce qui me concerne, la plupart des techniques dont je me sers comme romancier proviennent de ce que j’ai appris en courant chaque matin. Tout naturellement, il s’agit de choses pratiques, physiques. Jusqu’où puis-je me pousser ? Jusqu’à quel point est-il bon de s’accorder du repos et à partir de quand ce repos devient-il trop important ? Jusqu’où une chose reste-t-elle pertinente et cohérente et à partir d’où devient-elle étriquée, bornée ? Jusqu’à quel degré dois-je prendre conscience du monde extérieur et jusqu’à quel degré est-il bon que je me concentre profondément sur mon monde intérieur ? Jusqu’à quel point dois-je être confiant en mes capacités ou douter de moi-même ? Je suis sûr que lorsque je suis devenu romancier, si je n’avais pas décidé de courir de longues distances, les livres que j’ai écrits auraient été extrêmement différents. Concrètement, en quoi auraient-ils été différents ? Je ne saurais le dire. Mais quelque chose aurait été profondément autre.

Murakami n’aborde pas l’écriture à toutes les pages, c’est plutôt la course dont il est question ici. Mais sans la course peut-être ne serait-il pas devenu ce qu’il est, c’est-à-dire un écrivain, une romancier, jusqu’aux moindres fibres de son corps. Sans le course, on n’aurait pas affaire au même homme, un homme de lettres, c’est donc normal, évident même pour lui, que ce sport ait une telle importance, une telle influence. Il partage avec nous les différentes étapes qu’il a traversé : ses débuts, son rythme de croisière, les différents lieux où il a pu courir, les premières compétitions, les marathons puis son goût pour les triathlons, les effets du vieillissement qui sont visiblement irréversibles, etc. C’est aussi l’occasion de revivre avec l’auteur mille et une anecdotes, de recueillir quelques confidences.

La course est le reflet d’une philosophie de vie, quelque chose de lumineux, qui va de l’avant, qui demande un bon mélange de concentration et de relâchement, de rigueur et de détente. Un peu comme l’écriture donc. Ce livre à mi-chemin entre l’essai et le journal possède un style qu’on pourrait qualifier de « relâché » dans le sens où Murakami n’a pas établi de censure avec nous, il est toujours honnête et ne cache rien, même les moments désagréables. Ce petit livre est tout de même très bien écrit, je ne me suis ennuyée à aucune page, mais il est vrai que j’avais déjà de l’intérêt pour les thèmes développés ici. C’est le genre d’ouvrage qui va vous donner envie d’enfiler illico une paire de baskets pour aller faire quelques foulées. J’ai retrouvé une motivation en parcourant ces pages, juste le coup de pied aux fesses qu’il me fallait. Une lecture très agréable et bénéfique donc, et qui sort de l’ordinaire en plus !

Haruki Murakami, Autoportrait de l’auteur en coureur de fond, très belle traduction du japonais par Hélène Morita, 10/18 (4420), 7€40.