Storie d’amore, de Roberto Piumini

Je vous en avais déjà parlé, je me suis inscrite pour la première fois dans ma vie de blogueuse littéraire à un challenge. Il s’agit de celui proposé par George et Marie, « In Italiano », où le but est de lire en italien. Pour ma part, je suis petite joueuse car je me suis inscrite à la catégorie Allegro, c’est-à-dire que je dois lire deux livres dans la langue de Dante. Je suis loin d’être bilingue, même si mon niveau s’est pas mal amélioré cette année (j’ai même obtenu mon CLES niveau 2, c’est dire !)  : j’ai donc décidé de partir à la découverte de l’amour avec Storie d’amore de Roberto Piumini. Ce recueil de plusieurs histoires pour enfants / adolescents n’est pas traduit en français, mais vous pourrez trouver plusieurs ouvrages du même auteur au rayon jeunesse de votre librairie préférée.

 storie d'amore

Storie d’amore, ce sont neuf nouvelles qui content les aventures amoureuses à travers le temps, les pays et les mythes. En effet, l’auteur a décidé que le seul point commun de ces histoires seraient l’amour, tout le reste variant complètement d’un récit à l’autre. Ici, Zeus récompense la générosité d’un vieux couple, là Pierre et Marie Curie font des découvertes scientifiques ensemble. A un moment on se retrouve dans la mythologie antique puis dans les favelas brésiliennes, la nature japonaise ou sur une minuscule île nordique ! Piumini sait nous faire voyager, entre la réalité de personnages ayant vraiment existé, des légendes déjà connues de tous ou bien des contes complètement inventés qui peuvent tout aussi bien se dérouler dans un monde imaginaire ou dans le nôtre. Et c’est bien ça, la force de ce recueil, on ne peut pas s’ennuyer, car à chaque nouvelle histoire, on ne sait jamais à quoi s’attendre. C’est idéal pour les enfants et les pré-adolescents (ce livre est conseillé à partir de 11 ans).

Au niveau de l’écriture, bien sûr le style est simple, ce qui a tout à fait convenu à mon petit niveau d’italien. Il sera vite ennuyant pour les adultes bilingues mais peut-être que vous pourriez quand même tomber sous le charme de cette poésie, de ce romantisme mélancolique que sait faire naître l’auteur. Il a eu l’intelligence de ne pas mettre que des « ils se marièrent et ils eurent beaucoup d’enfants », en effet, l’amour n’est pas si merveilleux. Dans ces nouvelles, on apprend qu’aimer ce n’est pas forcément tout rose, il y a l’interdit, la jalousie, la possessivité, l’injustice, la séparation. Certaines de ces histoires ne se finissent pas pour le mieux, et c’est une grande leçon d’humilité à l’échelle de ce petit recueil pour enfant. On peut reprocher à Piumini son style parfois trop simpliste même pour des pré-adolescents : c’est vrai que de ce côté-là il ne s’éloigne pas vraiment des canons des contes merveilleux. Ce n’est pas tant son style qui est original mais bien le choix de ces histoires d’amour si différentes les unes des autres.

Storie d’amore est un joli petit livre, merveilleusement illustré par Marina Marcolin. Ces amours, éternels ou impossibles, sont à découvrir, seul ou en famille, par les petits comme par les grands. En plus, il aura l’avantage de vous faire travailler cette si belle langue qu’est l’italien.

L’Horreur de Dunwich, de Howard Phillips Lovecraft

« Quand un voyageur dans le centre nord du Massachussets prend la mauvaise direction au carrefour du péage d’Aylesbury juste après Dean’s Corners, il découvre une campagne étrange et désolée. (…) On ne peut s’empêcher de flairer dans le rue du village, la vague présence d’une odeur maligne, comme celle de la putréfaction et de la moisissure accumulées au cour des siècles. C’est toujours un soulagement de quitter cet endroit en suivant la route étroite qui longe la base des collines et franchit la plaine pour rejoindre enfin le péage d’Aylesbury. Plus tard on apprendra peut-être qu’on a traversé Dunwich. Les étrangers passent à Dunwich le plus rarement possible, et depuis certains moments d’horreur, tous les écriteaux qui indiquaient sa direction ont été abattus. (…) Deux siècles auparavant, quand la race des sorcières, le culte de Satan et les mystérieux habitants des forêts n’étaient pas objets de plaisanteries, c’était l’usage d’invoquer des motifs pour éviter le village. A notre époque raisonnable  – car l’horreur de Dunwich en 1928 a été étouffée par ceux qui eurent à coeur de préserver la paix de la ville et du monde  – on l’évite sans savoir exactement pourquoi. »

Etant entourée dans la vie de tous les jours par des fans de fantasy, on m’a conseillé à de nombreuses reprises de lire un des classiques du genre, autrement dit, de lire Lovecraft. Je ne suis pas réfractaire à la fantasy mais c’est vrai que ce n’est pas vers ça que je vais aller de prime abord. J’ai donc commencé doucement avec une courte nouvelle de l’auteur, écrite en 1928 : « L’Horreur de Dunwich ».

Dans cette ville lugubre du Massachussets se trament des choses pour le moins étranges. Un enfant du nom de Wilbur Whateley naît dans d’étranges circonstances. Plus étrange encore est la vitesse phénoménale à laquelle il grandit. Sa famille est considérée dans le village comme maléfique et ses membres seraient des sorciers ou encore des adeptes de rites sataniques. Et les bruits, les événements inquiétants qui se déroulent dans leur demeure n’en sont que plus troublants : des détonations se font entendre régulièrement sur cette colline à l’écart du reste des habitations et une odeur nauséabonde empeste les alentours. Un jour, la mère de Wilbur disparaît sans laisser de trace (lors d’une nuit d’horreur où des cris retentissent dans la vallée et où des éclairs zèbrent le ciel…) alors que celui-ci devient de plus en plus taciturne et effrayant. Grommelant un parler inconnu, il sort pour la première fois de Dunwich afin de consulter un grimoire ancien, le Necromicon. Comme porté par une force mystique il veut à tout prix s’emparer de l’ouvrage mais on refuse de lui céder. Il ne reste alors qu’une solution : le voler. Même si Wilbur n’a pas encore fini sa « quête », ses intentions maléfiques semblent avoir porter ses fruits : en effet, le village est sous l’emprise d’un mal mystérieux, entre sortilège et monstre. L’horreur, à Dunwich, ne fait que commencer.

Cette nouvelle est admirablement écrite et travaillée ; tout est pensé pour faire surgir en vous ce frisson, ce doute qui ne vous lâchera pas. Dès les premières lignes, la peur s’insinue sournoisement. L’univers de cette histoire est terriblement sombre et dangereuse. Il y a bien sûr des moments plus creux pour nous permettre de souffler mais jamais votre vigilance ne pourra s’affaiblir. C’est une nouvelle sous haute tension, mêlant à la fois mythe, légende urbaine et imaginaire, un bon mélange de fantasy et d’horreur écrit avec brio. Lovecraft a parfois été considéré comme fou et on peut comprendre pourquoi ; il a réussi à créer un univers bien à lui où toutes les croyances se croisent ce qui lui a valu de rentrer, parmi les premiers, au (restreint) panthéon de la fantasy.