Le Cercle, de Dave Eggers

product_9782072733437_195x320Dès que j’ai croisé ce livre dans les rayons, mis en avant grâce à la sortie de son adaptation au cinéma, j’ai voulu le lire. Aussitôt dit, aussitôt fait. Aujourd’hui, je vous parle donc du roman de Dave Eggers, Le Cercle.

En ce lundi ensoleillé du mois de juin, elle s’immobilisa devant la porte d’entrée en verre sur laquelle le logo de la société était gravé, légèrement au-dessus de sa tête. L’entreprise n’existait que depuis six ans, mais le nom et le logo – un cercle enserrant une sorte de mosaïque au centre de laquelle figurait un petit « c » – faisaient déjà partie des plus célèbres au monde. Plus de dix mille employés travaillaient, ici, au siège, mais le groupe possédait des bureaux dans le monde entier, et embauchait chaque semaine des centaines de jeunes gens brillants. Le Cercle venait d’être élu « société la plus admirée de la planète » pour la quatrième année consécutive.

Vous pensez reconnaître une autre société, bien réelle cette fois ? Eh bien moi aussi. On s’imagine clairement que le Cercle représente Google, avec son campus incroyable, ses projets innovants dans tous les domaines, son omniprésence dans nos vies… Mais le Cercle va bien plus loin. Et c’est grâce à son amie Annie que Mae a pu intégrer cette formidable entreprise qui va changer la face du monde. Elle n’en revient pas de travailler dans un tel endroit où les salariés sont chouchoutés et poussés à donner le meilleur d’eux-mêmes. Elle se sent à sa place, au cœur du mouvement, avec les gens qui font le monde. Alors oui, elle a un peu de mal au début : difficile de gérer sa présence sur les réseaux sociaux – partie intégrante du boulot –, le travail à proprement dit, la vie sociale du campus, sa vie de famille avec son père malade… Mais petit à petit, elle prend le rythme, elle veut devenir la meilleure, pour sa boîte, pour le Cercle. Les avancées de la société en inquiètent pourtant plus d’un, qui essaient de l’alerter… Va-t-elle entendre leurs sirènes, alors que les inventions du Cercle envahissent le monde à toute vitesse ?

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Sur le principe, j’adore l’histoire. C’est d’ailleurs pour cela que j’ai acheté ce roman, pour me retrouver immergée dans l’univers d’un pseudo-Google qui voit tout, et de ce côté-là, je n’ai pas été déçue. J’avoue que j’ai commencé à avoir peur de l’emprise du Cercle très vite : les conditions de travail vues de l’extérieur, vues par le lecteur sont à double tranchant. D’un côté, le Cercle met tout à disposition, de la crèche au cours de yoga en passant par la restauration de luxe et les concerts gratuits, de l’autre, il faut tout donner au Cercle : son temps, sa voix, son énergie, ses idées et peut-être même une partie de sa vie. Je voyais tous les sacrifices faits par l’héroïne, toutes les pressions discrètes mais constantes qu’elle subissait et pourtant elle ne se rebellait pas, elle hochait la tête ! C’est là toute la grandeur (inquiétante) du Cercle.

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Malheureusement l’intrigue a quelques lourdeurs narratives, des scènes qu’on aurait tout à fait pu supprimer, des éléments secondaires qu’on nous rabâche alors qu’ils sont inutiles, des raccourcis scénaristiques, des facilités… Sans compter les longueurs. Cela a pour effet de nous détacher du personnage principal : on s’attache finalement peu à Mae et on continue à lire uniquement pour savoir jusqu’où ira le Cercle.

Et c’est sans compter sur l’écriture, le style qui n’aide pas vraiment. Personnellement, je l’ai trouvé assez lourd, peu fluide. Ça mériterait sérieusement un bon coup sécateur pour enlever les formules disgracieuses, redondantes. Ce n’est pas du tout la meilleure littérature que j’ai lue… j’ignore si la traduction a un rôle à jouer dedans, et si certains parmi vous l’ont lu en VO, j’aimerais bien votre avis sur ce point.

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L’écriture est vraiment le point négatif de ce roman. Heureusement l’histoire rattrape cela et fait du Cercle un livre intrigant. J’ai aimé lire quelque chose qui traitaient des effets de réseaux sociaux, de l’addiction même à ces derniers, sur la vie des gens. Le Cercle essaient d’acquérir tous les savoirs. Et je dis bien tous. Cette folie des grandeurs qui se poursuit malgré tous les problèmes de morale et d’éthique qu’elle soulève, notamment sur le respect de la vie privée, de l’anonymat est passionnante ! Comme vous pouvez le voir, je suis donc assez partagée sur ce roman… et vous, qu’avez-vous pensé de cette lecture ?

Dave Eggers, Le Cercle, traduit de l’américain par Emmanuelle et Philippe Aronson, aux éditions folio (6330), 8€20.

La fin des journaux et l’avenir de l’information, de Bernard Poulet

« Si, aux Etats-Unis, le thème de la « fin des journaux » et les interrogations sur la survie du journalisme d’information font partie du débat public depuis plusieurs années, en France, on préfère toujours parler de « réforme », de « phase de transition », ou d' »adaptation ». L’hypothèse d’une disparition de l’essentiel des journaux papier et du bouleversement de la production de l’information n’est pas discutée. »
C’est avec ces quelques mots que nous accueille Bernard Poulet dans son livre intitulé La fin des journaux et l’avenir de l’information. Il est vrai qu’en France réside une sorte de peur muette de la fin de ce média à l’histoire si riche, au point d’en minimiser les conséquences. Ce livre est paru en 2009, alors certes nous avons parcouru du chemin depuis, des prises de conscience ont eu lieu. Mais tout de même, de nombreux points se retrouvent et n’ont pas du tout changer. L’auteur nous propose ici un état des lieux de la presse et du monde de l’information : que va devenir ou devient le papier ? Une question qui nous tarabuste quand on sait l’évolution fulgurante que prennent Internet et les nouvelles technologies.
Bernard Poulet part du constat que les ventes de journaux sont en chute libre. Pourquoi ? Il tente de répondre à cette question : entre le délaissement d’une partie de la population pour ce type de presse, la mode du tout-gratuit contre l’information payante, la ruée sur les plateformes numériques nombreuses et leur concurrence incomparable. De multiples causes peuvent être relevées, toutes ont leur part d’importance dans cette affaire. Bien sûr, il revient sur ces géants qui ont beaucoup fait parler d’eux et ont changé les chemins d’accès habituels vers l’information : Wikipédia, Google, site de pure players… Mais l’auteur ne s’arrête pas à ces grandes évidences et va creuser plus loin les tenants et les aboutissants de cette histoire : la nature de l’information aujourd’hui, les vrais pouvoirs des médias, les nouveaux modes de communication, les nouvelles règles en matière de publicité et de marketing. Divers ingrédients qui mènent vers un constat : des postes sacrifiés, des journaux en dépôt de bilan, et quelques rares survivants.
A travers eux et leur mode de survie, Bernard Poulet va tenter de percevoir quel sera l’avenir de l’information. A quoi pouvons-nous nous attendre dans les années à venir ? La presse d’aujourd’hui s’en sort à coup de partenariat marketing et de publication sur Internet. Diverses possibilités, comme des degrés de gratuité aux contenus par exemple, permettent parfois de rectifier la donne. L’auteur en fait le tour, fait état de leur succès, ou de leur échec. Aujourd’hui, quatre ans après l’écriture de cet ouvrage, on voit déjà un peu mieux ce qui a fonctionné ou non, ce qui a perduré ou pas.

Ce livre fait un état des lieux très complet et ouvre des portes sur le futur ou le non-futur des journaux. Bernard Poulet est très pédagogique, cette lecture riche d’enseignement et propre à la réflexion est accessible à tous. Ecrit de façon claire et intelligente, cet ouvrage est très complet et saura répondre à toutes vos questions (ou presque) sur La fin des journaux et l’avenir de l’information.