Un peu de soleil dans l’eau froide, de Françoise Sagan

J’ai lu mon premier roman de Françoise Sagan et je suis assez contente. Cela faisait très longtemps que ses livres me faisaient de l’œil, l’auteure m’attirait. J’ai donc ressorti un roman d’un recoin caché de ma bibliothèque et lu Un peu de soleil dans l’eau froide.

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C’est un court roman, avec en son cœur une histoire d’amour, une vraie, avec ses côtés triviaux et ses complications. Gilles est un journaliste en pleine déprime – il n’est plus attiré par celle qui vit chez lui, n’éprouve plus de plaisir à rien. Alors, il va se reposer quelques semaines chez sa sœur à Limoges. Là, il rencontre une femme, Nathalie, une femme entière, sincère.

J’ai été particulièrement touchée par cette histoire, parce que certains de ses aspects me rappelaient des épisodes de ma vie. Je pense plus globalement que ce livre aura des résonances dans chaque adulte : l’adultère, la rupture, être l’amant ou l’amante, la dépression, etc. Les thèmes abordés le sont avec pudeur et vérité. J’ai trouvé la plume de Sagan très personnelle et riche, tout en restant simple, dans le ressenti. Ses personnages sont très vrais et on les comprend. Ils ont chacun leurs caractères et on aimerait les suivre encore plus loin dans leur vie.

Dans cette histoire d’amour, on passe sur les choses rébarbatives (comme les aléas d’un emménagement commun), mais on n’ignore pas les éléments quotidiens qui forgent les personnages : aller boire un verre, téléphoner, les ennuis au travail. C’est l’équilibre parfait pour ne pas s’ennuyer tout en étant bien immergé dans l’histoire.

Je regrette par contre la narration parfois désordonnée : on ne sait parfois pas de qui on parle, on est de temps en temps perdu et on a du mal à suivre. Une petite impression de fouillis quand l’auteur veut juste suivre le flot de pensées de ses personnages. De plus, certaines longueurs, ou certains passages mal vieillis, viennent alourdir les pages, heureusement assez rarement. Mais je n’ai que ça a reproché à ce petit roman, qui a un côté très réaliste dans sa vision de l’amour et de la passion, presque fataliste, évident – et aussi parfois un peu désespéré il faut le dire.

Françoise Sagan, Un peu de soleil dans l’eau froide, aux éditions Le Livre de Poche, 6€50.

NaNoWriMo 2018 (encore)

nano-2018-writer-badgeC’est un peu plus facile que ce que je pensais. Je souffle. Je sais que je suis capable d’arriver au bout du NaNoWriMo, et ça fait quatre ans que je n’en fais plus une montagne, je pars à l’aventure à chaque fois sans vraiment réfléchir. Et sans être angoissée pour autant, je dois avouer que j’étais un peu stressée le 31 octobre dernier lors de la kick-off. Je ne savais sincèrement pas sur quoi j’allais écrire. Histoire de noter un truc sur mon profil, j’ai évoqué l’idée de reprendre une inspiration qui avait germé au NaNoWriMo dernier. Mais mon vrai défi pour cette année ne serait pas de trouver une histoire. Non, je suis revenue à la peur que j’ai eu à mon premier NaNo : écrire tout simplement.

Ça a été sacrément compliqué l’année passée d’écrire, pour ne pas dire quasi-impossible. La panne sèche, plus d’encre au stylo. J’ai bien participé à un atelier d’écriture cet été – c’était offert. Mais je dois avouer que ça n’a pas donné grand-chose… C’était compliqué, j’avais l’impression de ne rien écrire de bon et surtout je n’y prenais pas vraiment plaisir. Heureusement que je passais tout mon temps avec des copains de plume que je connais et apprécie depuis longtemps : grâce à ça, l’expérience n’avait pas été si désagréable et malgré mes déboires, j’ai réussi à écrire un texte dont j’étais assez contente.

Autant vous dire que la pression était grande en ce début de NaNo. Je savais deux choses : qu’une fois encore, j’allais être une NaNoRebelle puissance 1 million, et que je n’allais pas écrire une grande histoire. J’ai bien cherché, pour me dépanner comme je le faisais l’année dernière, des writing prompts, des idées de départ pour écrire de la fiction. Au lieu de ça, j’ai moi-même créé des phrases-intrigues… Aujourd’hui, je le sais : je finirai ce NaNo mais ça va être du grand n’importe quoi. Je veux profiter de cette occasion pour faire ce que j’ai vraiment envie avec l’écriture : et clairement, en ce moment, il ne s’agit pas d’écrire des histoires. Je veux tester plein de petites choses, écrire plein de listes de tout et n’importe quoi, et surtout je veux redonner vie à mes blogs (oui, parce que j’en ai un deuxième pour parler de tout et de rien ici). C’est surtout ce dernier point qui me tient à cœur. Et quand je vois la liste préalable des articles que j’aimerais rédiger, liste ne cessant de se rallonger de jour en jour, je me dis que j’ai visé juste.

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Alors oui, tout à fait, c’est carrément de la triche, et pourtant, Dieu sait que j’étais consciencieuse et chipoteuse en ce qui concernait les règles du NaNo au départ. Mais cette année, à mes yeux, l’enjeu est énorme : écrire de nouveau, me reconnecter à cette part de moi-même qui m’a tant manquée. Dans la même lancée, je me suis d’ailleurs remise à lire, et ça fait du bien !

Le NaNoWriMo est vraiment un événement extraordinaire, chaque année je suis émue de sa magie. Il débloque notre imaginaire, nous pousse dans nos retranchements, crée de fabuleuses rencontres. C’est un instant à part que l’on s’octroie dans nos vies de folie pour juste réaliser notre rêve, vivre notre passion : l’écriture. C’est le moment idéal pour expérimenter de nouvelles choses, se lancer des défis, sortir des sentiers battus ou finir de gros projets. Chaque année, je suis emballée et je redécouvre la force de cet événement. Je ne peux que vous encourager à vous lancer dans cette aventure : elle vous surprendra à coup sûr !

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Les quatre saisons de l’été, de Grégoire Delacourt

J’ai découvert Grégoire Delacourt avec La Liste de mes envies, un petit roman efficace et une lecture agréable. Un peu par hasard, je suis tombée sur son dernier roman : Les quatre saisons de l’été. Le titre m’a intriguée, je me suis lancée.

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Comme dans La Liste de mes envies, ce roman a pour pilier ses personnages et un décor qui prend une place importante. Ici, il est question de quatre variations autour de l’amour : quatre hommes, femmes, couples qui se croisent. Sur les plages du Touquet (et de ses environs), ils essaient de rallumer la flamme, ou au contraire s’aiment toujours aussi fort. On découvre cette femme qui n’a pas de chance en amour ou cet adolescent qui découvre ce sentiment si puissant. Plus que ses personnages principaux, j’ai presque envie de dire que le plus important ce sont les personnages secondaires : leur présence est permanente en toile de fond, l’intrigue avance grâce à eux. Bizarrement, j’ai été beaucoup plus curieuse de connaître leurs vies à eux plutôt que celles des héros. J’ai fouillé les pages à la recherche d’indices – laissés par ci, par là par l’auteur – revenant parfois en arrière pour en savoir plus sur eux.

Il faut dire que la construction de ce roman est très intéressante. Il y a quatre parties principales, aux noms de fleurs. On comprend au fur et à mesure le pourquoi de cet agencement et la signification des titres. Chaque partie se focalise sur un amour, un personnage mais de nombreux liens et parallèles se font entre chaque chapitre : les personnages se croisent, ils se retrouvent parfois aux mêmes endroits ou connaissent les mêmes personnes. Il y a même une des intrigues qui commencent dans les chapitres des autres avant de se finir dans sa propre partie. Ce jeu de piste est ce qui m’a le plus plu, de très loin.

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Côté intrigue principale, disons que c’est moitié-moitié : j’ai adoré le début et la fin du roman, moins son milieu. Mais de façon globale, je suis assez satisfaite de ma lecture : l’écriture de Grégoire Delacourt n’est pas simplement fluide et belle, mais elle est surtout intelligente et s’accorde bien avec le sentiment amoureux – même si j’aime pas vraiment ses choix côté narration.

Toutefois, en deux romans, et même si les sujets sont différents, j’ai un peu l’impression de toujours lire la même chose. C’est plutôt bon, mais je me lasse d’entendre toujours la même rengaine, et – encore une fois – ce roman ne fera pas partie de mon panthéon personnel. Je ne suis pas vraiment curieuse de voir les autres livres de l’auteur très franchement, je crois que j’ai fait le tour.

Grégoire Delacourt, Les quatre saisons de l’été, JC Lattès, 18€50.

TAG La plume en herbe

Je ne fais pas que lire, j’écris. (Et pas seulement des articles de blogs et des tweets, cela s’entend.)

J’écris même depuis sacrément longtemps. Et aujourd’hui, j’ai décidé de vous en parler, histoire qu’on se connaisse mieux vous et moi. Je vais faire ça sous forme de questions/réponses. On pourrait presque appeler cela un TAG, oui, allez, le TAG de la plume en herbe. (On dit bien « écrivain en herbe », non?). En plus, il y a dix questions tout pile. J’aime bien quand les choses sont carrées.

La plume en herbe

Surtout, n’hésitez pas à reprendre ce TAG partiellement ou totalement sur vos blogs ou vos pages perso, ou même en commentaire. Je suis vraiment curieuse de voir s’il y a des auteurs derrière les lecteurs que je côtoie sur la blogosphère.

1. Tu écris depuis quand ? Comment s’est venu ? Oulah, je dirais que j’écris depuis que je sais écrire. Ma maman m’a très vite donné le goût des histoires en me lisant chaque soir patiemment des contes. J’ai tout de suite eu le virus de la lecture, mais cela ne suffisait pas. J’avais une imagination débordante, c’est donc tout naturellement que l’écriture de fiction est entrée dans ma vie.

2. Tu écris quoi ? De très loin, je préfère écrire des romans, même si j’arrive à en écrire et à les finir que depuis trois ans environ. Je ponds aussi quelques nouvelles parfois, mais j’y prends moins de plaisir. C’est pour moi plus un exercice pour m’entraîner et ne pas perdre la main entre deux romans.

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3. Ton parcours de plume en herbe ? Petite, j’écrivais des micro-histoires, des petites poésies, des chansons. Puis c’est passé au journal intime dès le collège (on aime bien se regarder le nombril à cet âge-là). Au lycée, j’ai essayé des textes très courts, personnels et poétiques. J’ai très très peu écrit à mon entrée en fac, mais mon admission en master écriture a tout changé. Et je suis tellement heureuse d’avoir pris cette voie ! L’écriture est vraiment un art dans lequel je m’épanouis pleinement. Il y a des défis à relever et des possibilités infinies. Puis, il y a eu la rencontre qui a tout changé : le NaNoWriMo dont je parle et reparle souvent sur le blog. Grâce à cet événement, j’ai pu finir mon premier roman, et… ouah quelle sensation ! Depuis j’en redemande. Et pas plus tard qu’hier, j’ai mis le point final au premier jet de mon troisième roman ! *clap clap clap*

4. Tes rituels d’écriture (lieux, matériels, etc.) ? J’écris sur mon ordinateur après avoir noté sur un carnet mes idées d’intrigues, de noms, etc. Hors NaNoWriMo (où là, par nécessité, j’écris n’importe où et sur n’importe quoi), je préfère écrire le matin à la bibliothèque ou dans un café. J’arrive assez facilement à me concentrer dans ce genre d’ambiance, et j’évite de mettre le WiFi pour ne pas être trop tentée… J’ai toujours du thé avec moi, et un truc à grignoter. J’écris sans musique, mais j’en mets parfois pour couvrir les bruits de ceux qui bavardent tranquillement en dérangeant tout le monde à la bibliothèque.

5. Ta méthode d’écriture ? Plutôt jardinier ou architecte ? Je note des idées (un thème, un personnage, parfois je pars juste avec un titre), et hop je me lance. En ça, je suis jardinier, j’attends que ça vienne. Cela donne des scénarios invraisemblables et géniaux à mon goût que je n’aurais jamais imaginer en préparant tout à l’avance. Avec mon dernier roman, j’avais essayé d’être architecte : j’avais préparé un plan sommaire (plutôt un chapitrage), des fiches de personnages, des docs historiques et biographiques… Mais au bout de 10 chapitres, c’est parti à toute berzingue dans une direction tout à fait inattendue, et je suis plutôt du genre à suivre le mouvement pour voir où ça me mène. (Et j’en suis assez contente.) Après le premier jet, je laisse reposer le roman loooongtemps (parfois un an voire plus!), puis je le reprends pour une réécriture complète : c’est-à-dire que j’imprime la première version et je retape tout différemment, en bien mieux, et en faisant des coupes drastiques. C’est souvent à s’arracher les cheveux de me relire : les incohérences dans la narration qu’il faut corriger, les fautes de français, les oublis… Puis je laisse reposer encore un peu et je le reprends une deuxième fois, mais cette fois-ci pour une ou plusieurs relectures. Après vient le moment des bêta-lecteurs, des derniers remaniements et corrections. Et voilà un roman tout beau, tout propre, écrit avec amûûûr. Pour l’instant, je n’ai jamais rien voulu présenter à un éditeur, je n’ai pas du tout l’étoffe d’un « vrai » écrivain. Mais peut-être qu’avec le petit dernier, je franchirai ce pas, parce que j’en suis sacrément fière quand même !

6. Qu’est-ce que tu aimes et détestes le plus dans l’écriture ? J’adore être surprise par mes personnages. J’adore la première réécriture. Je m’éclate avec la ponctuation aussi et j’apprends à apprécier de plus en plus le travail sur les dialogues. Je déteste devoir faire des descriptions et au premier jet, je les zappe souvent. Je déteste devoir écrire alors que je suis fatiguée. En fait, il faut que je sois bien physiquement pour écrire.

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7. Comment tu combats le syndrome de la page blanche ? Je trouve des idées de romans un peu par hasard, dans le métro, ou sous la douche, je les note toutes. Et je sais qu’il m’est impossible d’écrire quelque chose si je n’ai pas une de ces idées sous le coude, donc je ne tente même pas sinon c’est page blanche assurée. Sinon, pour le reste du temps, je m’astreins depuis des mois à un petit rythme pépère d’écriture deux ou trois matins par semaine minimum. C’est peu en réalité, mais au moins avec ça j’avance sûrement dans mes projets. Et bizarrement dans ces moments, je suis dans le train, l’écriture avance d’elle-même sans que j’ai trop à me forcer. Pour ce qui est de la réécriture qui peut me peser parfois, je me fixe des objectifs avec des pauses régulières ou une carotte à l’arrivée. Et si vraiment, c’est une période sans, je laisse tomber plusieurs semaines, je lis, je remplis ce blog (car cela reste TOUJOURS un plaisir), je me vide la tête, et quand j’y retourne, ça va mieux !

8. L’écriture, c’est quoi pour toi ? C’est un vrai moyen d’explorer d’autres horizons et de découvrir de nouvelles facettes de moi-même. C’est presque un jeu ! Ce n’est pas une échappatoire, ni un refuge, mais plutôt une autre dimension avec des êtres en papier qui vivent leur vie et que je retranscris. C’est un loisir extrêmement gratifiant à titre personnel auquel je souhaiterais accorder plus de temps.

9. Tu écris quoi en ce moment ? Je viens de finir un roman dont le titre provisoire est Sur les falaises de Guernesey. L’idée a germé lors d’un atelier d’écriture en juillet 2015 et elle a mûri pour se réaliser avec le NaNoWriMo 2015. Ce gros bébé est immense, et l’écriture du premier jet m’a pris 8 mois de travail intense (entre la préparation et la rédaction). Je voulais à la base raconter comment Victor Hugo était revenu à la rédaction des Misérables alors qu’il était exilé sur l’île de Guernesey dans la magnifique Hauteville House. Toute sa famille m’intéressait : je voulais parler de cet univers-là. Mais un chapitre sur les séances de tables tournantes (auxquelles il s’adonnait à Jersey) a tout changé et le livre a pris un autre tournant (oh, oh, ce jeu de mot !). Pour faire claire, imaginer qu’American Horror Story s’invite en plein milieu de sa baraque. Phénomènes étranges, inquiétants, vols, folie, agressions, bref ! Je me suis beaucoup éloignée du sujet, mais j’en suis tellement heureuse ! J’ai quitté un biopic plan-plan, pour lequel je n’avais clairement pas l’envergure, pour une réécriture complètement fantastique et un peu sombre d’un épisode de la vie de Victor Hugo. Je me suis carrément arrangée avec la réalité, mais qu’importe ! On a le droit de tout faire en écriture de création…7

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10. Tes ambitions, tes envies, tes projets en écriture ? Mon prochain projet, c’est de commencer la réécriture d’un autre roman qui attend depuis presque un an, et de commencer la relecture du tout premier que j’ai écrit (avec un point final et tout et tout). J’ai quelques petites idées pour une ou deux nouvelles que je pense écrire avant le milieu de l’année, mais rien de bien pressant. Je n’ai pas d’ambition particulière, sauf peut-être pour ma toute dernière création, mais on en est loin : la réécriture de Sur les falaises de Guernesey va juste être colossale et va me prendre des mois ! Je ferai tout pour garder un rythme d’écriture similaire ou supérieure : l’écriture est devenue pour moi presque un besoin et je ne peux pas m’en passer très longtemps.

J’espère que cet article, plus personnel, vous aura plu. C’est à vous de jouer à présent. Vous êtes tous invités à répondre à ce TAG : n’hésitez pas à vous servir de l’image plus haut, et si vous caler le lien vers cet article quelque part, ça me fera très plaisir ! Je vous mets ci-dessous la liste des questions, pour que vous ne vous embêtiez qu’avec un seul copier-coller. J’ai hâte de lire vos réponses !

  1. Tu écris depuis quand ? Comment s’est venu ?
  2. Tu écris quoi ?
  3. Ton parcours de plume en herbe ?
  4. Tes rituels d’écriture (lieux, matériels, etc.) ?
  5. Ta méthode d’écriture ? Plutôt jardinier ou architecte ?
  6. Qu’est-ce que tu aimes et déteste le plus dans l’écriture ?
  7. Comment tu combats le syndrome de la page blanche ?
  8. L’écriture, c’est quoi pour toi ?
  9. Tu écris quoi en ce moment ?
  10. Tes ambitions, tes envies, tes projets en écriture ?

Un balcon sur l’Algérois, de Nimrod

Ouh, que j’ai honte ! Je ne poste que très rarement depuis plusieurs, je suis vraiment désolée. Mais je ne pense pas qu’il y aura une très nette amélioration jusqu’au NaNoWriMo car les recherches et lectures préparatoires pour ce dernier me prennent beaucoup de temps. Ceci dit, j’ai enfin fini de lire Un balcon sur l’Algérois de Nimrod.

Il faut savoir que Nimrod est un poète avant tout. Quand je l’ai rencontré, il animait justement un atelier d’écriture de poésie. Mais le livre dont je vais vous parler ici est pourtant un roman. Dans ses pages, on peut suivre le narrateur, un étudiant tchadien, qui est à Paris pour poursuivre ses études. Nous sommes dans les années soixante-dix, la ville est belle, aventureuse et invite à l’amour. C’est ainsi qu’il s’amourache de Jeanne-Sophie, sa directrice de mémoire, une femme à qui on ne peut pas dire non, une femme franche, entière, passionnée à qui on doit tout céder. Mais l’amour peut prendre feu, et c’est la cas dans cette relation. De peur d’être entièrement embrasé, il doit s’écarter d’elle.

J’ai mis beaucoup de temps à lire ce petit livre car, au-delà de mes occupations diverses et variées et même s’il se lit facilement (langage clair, phrases compréhensibles), j’estime qu’il faut prendre son temps pour le savourer. C’est un roman très très poétique qui explore le thème de l’amour, de l’attachement, des relations humaines, du corps et du lien au savoir et à la culture d’une façon très personnelle et « visuelle ». Le style est très imagé, beau, élégant mais pourtant très accessible et léger. C’est une vraie balade émotionnelle qui se raccroche à des éléments concrets, à des rencontres, à des faits quotidiens, et je trouve que cet équilibre est parfait.

Toutefois, je n’ai pas du tout eu le coup de foudre pour ce roman. Déjà, parce qu’il m’a surprise, je ne m’attendais pas à ça, et j’ai eu du mal à rentrer dans l’histoire. Le contexte ne me parle franchement pas et je ne me suis pas attachée une seule seconde aux personnages. J’ai eu l’impression que ce roman n’était pas écrit pour des lecteurs en fait. De plus, j’ai été un peu perdue dans la narration. Peut-être que je n’étais pas assez attentive ? Allez savoir.

Je ressors de cette lecture avec un sentiment mitigé. Oui, la langue est belle, mais je me suis sentie assez exclue de ce roman. Mais je pense que ce ressenti est vraiment subjectif, personnel. Je vous invite donc à vous faire votre propre opinion. Ce qui est certain, c’est que j’ai croisé ici une plume à part, très reconnaissable, que je relirai plus tard à l’occasion.

Nimrod, Un balcon sur l’Algérois, Actes Sud, 18€.

Lolita, de Vladimir Nabokov

Nabokov. Une langue puissante et chatouilleuse me disait-on. Une écriture sulfureuse et suintante, qui n’a pas conscience d’elle-même – ou alors est-ce l’inverse ? Je me devais de découvrir ce style et cette histoire, celle de Lo, de Lola, de Lolita.

Alors non, rien à voir avec la chanson d’Alizée, non cette fois, on entre dans la cour des grands. Là où le secret illégal, dangereux, pervers, nous est dévoilé, confié, dans toute sa vérité. Quand l’amour et l’attirance sont des attractions si puissantes qu’elles en sont immorales, quand la jeunesse fougueuse et innocente vient toucher le cœur et le corps d’un mâle observateur, en attente, haletant, redoutant et impatient à la fois. C’est un roman qu’on lit passionnément et à distance, une relation double et trouble entre cette écriture envoûtante et suave, mais parfois crue et trop proche de réalités sociales implacables. D’un côté, on a cette tendresse et ce désir ardent, de l’autre on a la loi, et des mots comme « incestueux » et « pédophile » (qu’on ne pourra lire qu’au bout d’une petite centaine de pages – c’est dire comme les mots peuvent se faire discrets mais les idées passer tout de même).

Bref, il faut que je sois plus claire. Le narrateur se fait appeler Humbert. C’est lui l’homme, le mâle de cette histoire. On pourrait le penser fort et puissant dans une figure de maître, de supérieur, mais non, il n’est qu’à la merci de ces petites jambes aux poils discrets et blonds qui finissent dans des socquettes blanches et vierges. Au début, il les aiment toutes ces nymphettes, mais seulement dans son esprit, il ne faut pas oser, il ne peut pas avancer d’un pas dans cette direction dangereuse où sa folie veut l’entraîner. Imaginer est une chose, mais un acte, c’est une implication qu’il n’est pas encore prêt à prendre sur lui.

Un jour, sa route croise celle de Dolores Haze. Elle a 12 ans. Et c’est une nymphette, cette catégorie si particulière de jeunes filles presque indescriptible, qui seule peut déclencher un désir chez Humbert. Et pour elle, il le sait déjà, il serait prêt à tout. Il la veut, il a besoin d’elle, il veut la boire, la manger, la posséder, l’aimer, la caresser, la chérir, la pétrir. Pour elle, il fera tout ce qui est nécessaire, même si pour cela, il faut du tact, de la patience, de l’imagination, de la stratégie… et un peu de chance.

Lolita a fait un scandale à sa sortie, et on peut le comprendre : il bouscule les mœurs en mettant en scène la pédophilie, mais aussi l’inceste (avec le bref résumé de l’histoire, c’est difficile à imaginer, mais je vous assure, dans un sens on peut parler d’inceste). Aujourd’hui heureusement, on ne s’arrête plus à ça (l’écriture est un espace de liberté), surtout qu’on ne peut pas reprocher à Nabokov une écriture du détail qui serait ignoble. Non, au contraire, sa plume est poésie et passion. Nous sommes Humbert et nous pouvons presque comprendre son attirance pour Lola. Non, ne vous effrayez pas en lisant ça : vous ne serez pas changé en pervers ou délinquant sexuel après cette lecture. C’est juste que passer à côté d’un style si captivant, si fort mais en même temps doux et équilibré, ce serait une bêtise. Vous devez lire Nabokov. Personnellement, j’ai trouvé cette lecture puissante ! Elle restera important dans mon parcours de découverte littéraire.

Vladimir Nabokov, Lolita, traduit de l’anglais par Maurice Couturier, aux éditions Folio, 8€40.

Le Guépard, de Giuseppe Tomasi di Lampedusa

Souvenirs de lycée, filière littéraire. Le bac approche, et dans mes filets, j’emmène Le Guépard de Giuseppe Tomasi di Lampedusa. Roman de la Sicile étouffante et aride, il me rencontre alors que mon amour italien naît. Un rendez-vous livresque obligatoire, ordre professoral, mais jamais regretté ni effectué sous la contrainte. J’ai aimé voltigé sous les mots de l’auteur et me perdre dans les palais rococo.

 

Si vous n’avez pas vu le film del Gattopardo du prodigieux Visconti, voici en quelques mots la trame de l’histoire. C’est l’heure du Risorgimento, l’Italie scindée en plusieurs états sous des airs féodaux se réunifie à coup d’épée. Les nobles, les seigneurs, l’Eglise, perdent leurs grands pouvoirs, et parfois l’estime d’eux-mêmes. Au cœur de cette tourmente politique, il y a une riche famille, les Salina, menée par le chef de famille, Don Fabrizio, une loup au cœur tendre et fier, passionné d’astronomie. Il doit se rabaisser à des actes non admis auparavant, comme accueillir dans sa maison le nouveau maire, nouveau riche, fils de paysan profond. Et avec lui, sa fille, le douce, la splendide, l’envoûtante, la magnifique Angelica. Petite fille de paysan avec des airs de ville et une beauté à couper le souffle, elle séduit tout de suite le beau et impétueux Tancredi, un jeune homme que Don Fabrizio a recueilli et qu’il considère comme son fils. Les marier serait un déshonneur, mais après tout, il faut avancer avec son temps. Dans la chaleur brûlante, la passion des deux amoureux va éclater et éblouir tout le monde.

 

Le Guépard, c’est le juste milieu entre le récit d’une évolution sociale importante et la description d’un amour débordant. Sincèrement, l’équilibre n’aurait pu être plus parfait. C’est à travers des tergiversations de manière et des dialogues passionnants que l’on explore le premier plan, et c’est grâce à une écriture explosive et sensuelle que l’on voyage dans la chaleur des bras d’Angelica et Tancredi. On suit l’évolution de Don Fabrizio, à la fois spectateur et acteur de ces deux événements, qui doit prendre des décisions nouvelles et parfois difficiles, qui doit s’arranger avec la religion et la beauté de la belle paysanne brune. Il ne rêve que de tranquillité au sein de son palais reculé de Donnafugata mais la vie le rattrape. On est plongé dans cette Sicile qui vieillit mal, c’est un vrai voyage qui nous fait perdre toute notion de notre environnement. La plume de Tomasi est douce mais sûre, elle est chantante et poétique mais ne s’éloigne pas de la réalité pour autant. C’est une écriture assez indescriptible, l’écriture des passions, du corps ou de l’esprit. Le contexte du Guépard en est en réalité la matière même, piquante et renversante. On finit le livre sur un dernier chapitre plusieurs dizaines d’années après, une dernier moment de lecture jouissif et surprenant.

C’est un roman qui se lit en se savourant, de toute façon, on ne peut pas avancer plus vite sous le soleil sicilien, sous peine d’attraper du mal. Une immersion incroyable de vérité et une visite de l’âme humaine sincère dans une traduction impeccable.

Giuseppe Tomasi du Lampedusa, Le Guépard, traduit de l’italien par Jean-Paul Manganaro, aux éditions du Seuil, 22€.

Bouquiner, d’Annie François

J’ai sur ma table de nuit un petit livre rouge. Oh, il ne cache rien de sulfureux, et ne renferme aucune secrète passion. À moins que… Dans Bouquiner, Annie François revient sur son rapport aux livres, en tant qu’objet ou en tant que lecture.

On traverse les chapitres et les thèmes avec allégresse, en s’exclamant « Ah, oui ! Je suis comme ça aussi ! » ou « Ah, non, je ne suis pas d’accord. » Lire au lit, lire à deux, lire dans le métro, respirer le livre, le caresser, l’emprunter, le prêter, l’acheter, le donner, l’offrir, l’admirer, le dédaigner, l’abîmer, l’abandonner, le choisir, le dévorer… Des attitudes de lecteur bibliophage universelles et qui font plus doux nos vies. Annie François est vraiment passionnée, amoureuse des romans, des essais, des librairies et des bibliothèques qui débordent, et je dois bien avouer que j’ai adoré me retrouver dans cette confession impudique.

C’est un petit livre qui se lit très vite. L’écriture de l’auteure est fluide et très belle, elle nous invite dans sa vie, dans sa famille, dans sa bande d’amis qu’on tutoie malgré cette première rencontre. C’est une immersion dans une vie de lectrice boulimique qui dépiaute la relation tenue avec l’objet imprimé. Elle préfère le doux chuintement des pages d’un roman que l’on tourne, au lieu du fracas retentissant des journaux que lit son mari. Elle connaît par cœur les odeurs de ses ouvrages préférés et éparpille ses livres sur les trois étages de sa maison. Elle déteste qu’on lise par dessus son épaule et choisit toujours à la dernière minute les romans à emmener en vacances.

Bouquiner est vraiment un petit plaisir si, comme Annie François et moi-même, vous êtes des fétichistes du livre imprimé.

« Tout fait musique dans le livre, pour peu qu’on ait l’oreille : le dos d’un volume cousu émet, quand on l’ouvre, d’imperceptibles pétillances, celui d’un vieux livre de poche un sinistre craquement qui amorce l’effeuillage ; le grain du papier feule et la couverture vibre sous les doigts de l’impatient. »

Annie François, Bouquiner, aux éditions Points (1045), 6€30.

Apollinaria, une passion russe, de Capucine Motte

Avec le Japon, la Russie est une de mes patries préférées concernant la littérature. Aujourd’hui je vous propose, non pas de découvrir un auteur russe, mais un roman qui en utilise un comme personnage : Apollinaria, une passion russe de Capucine Motte.

 

Nous sommes dans les années 1860. Fédor Dostoïevski est un auteur connu dans le milieu littéraire et politique. Alors qu’il vient faire une visite à l’université de Saint-Pétersbourg, son chemin croise celui d’Apollinaria Souslova, une jeune fille pleine de rêve, issue d’une famille qui vient tout juste de gagner sa liberté : à l’heure où la Russie se questionne sur le fait de pouvoir posséder ou non la vie d’un autre être humain, son père est un ancien serf émancipé. Sa sœur est pour une révolution, une femme active, tandis qu’Apollinaria s’imagine bien écrire, mener une vie douce.

Sa relation avec Fédor sera forte, troublante et troublée, une passion tempétueuse où se mêle l’admiration et le désir. La jeune femme deviendra une muse à défaut d’être une auteure reconnue. Mais ce premier amour n’est peut-être pas celui dont elle rêve. Il est marié, il est dur. Apollinaria s’en va à Paris, pour essayer d’autres horizons. Elle fera des rencontres, elle ressentira de nouvelles émotions blessantes ou galvanisantes. À travers l’Europe, on voyage dans les casinos et les stations thermales, entre le français, le russe et l’espagnol. Une initiation pour trouver l’amour et l’attachement.

Au début, j’ai eu peur de ne pas être convaincue par ce livre. Je m’attendais trop à une intrigue centrée autour du grand écrivain russe, alors que le roman est éponyme. Apollinaria en est l’héroïne, et l’auteure y retrace sa vie, celle de sa famille, le chemin vers l’émancipation, l’intégration dans une société qui n’accepte pas encore les affranchis.

L’écriture n’est pas blanche, mais elle est simple, sans fioritures et jeux de manche. Elle va à l’essentiel sans rien nous cacher des tourments des personnages. Des personnages aux caractères variés, de nationalités diverses, qui constituent une vraie fresque de l’époque. La narration est rondement menée, ce qui n’est pas simple avec une utilisation de la troisième personne qui entraîne généralement une distanciation. Ce roman est un périple de plusieurs années qui nous entraîne dans l’intimité de Dostoïevski et dans la vie politique russe à travers l’Europe. C’est doux et passionnant.

Je ne pourrais pas vous en dire plus, je me suis laissé promener sans trop réfléchir, je me suis laissé bercer par les pleurs d’Apollinaria et ses moments d’amour (et quelles tendres sonorités que son prénom!) Bref, je vous le conseille si vous souhaitez aller faire une promenade dans la littérature russe et le dix-neuvième siècle.

Capucine Motte, Apollinaria, une passion russe, aux éditions JC Lattès, 18€50.

Les femmes du braconnier, de Claude Pujade-Renaud

Le 28 novembre, mon master organise une rencontre avec Claude Pujade-Renaud (14h à la librairie Études de l’université Toulouse-II Le Mirail si ça vous intéresse). C’est une auteur que j’avais déjà lu avec La nuit la neige, roman que j’avais beaucoup apprécié. Aujourd’hui, je vous fait découvrir un autre livre de cette auteur, Les Femmes du braconnier. Pourquoi celui là ? Eh bien surtout à cause d’un de ces personnages principaux : Sylvia Plath, une poète que je voulais connaître un peu, et ça depuis une éternité.

Toutefois, ce roman n’est pas celui d’une femme auteure un peu trop dépressive et émotive, mais de celui qui fut son mari Ted Hughes. Ces deux-là se rencontrent en 1956 à Cambridge, une première rencontre sous le signe de la morsure d’où va naître une histoire sauvage, passionnée. Ted est lui aussi un poète, avec pour thème de prédilection l’animalité, l’instinct, un bestiaire qui a quelque chose de malsain, qui a une odeur de mort. C’est le braconnier.

Ensemble, ils formeront un foyer, ils s’émuleront pour s’inspirer mutuellement et écrire, créer à deux. Ils auront un enfant, achèteront une maison, mais tout ça ne va pas durer. Sylvia replonge peu à peu dans une mélancolie trop sombre alors que Ted s’est découvert d’autres passions, dans la personne d’Assia Wevill. L’amour vous joue des tours, ces trois personnages, tous les trois auteurs, vont l’expérimenter. Les sentiments se font et défont malgré leur puissance, leur séduction. Des relations qui semblent si vivantes peuvent conduire à la mort.

Il faut le dire : ce n’est pas un roman très joyeux. Le destin de Sylvia, Ted et Assia, n’a pas été idéal, c’est un fait. Est-ce que c’est cet homme, ce chasseur, ce braconnier qui en a trop voulu et a changé à jamais le cours de la vie de ces deux femmes ? Est-ce le lot des poètes de ne pas finir bien ? Ou est-ce ce climat d’une moitié de siècle peu épanouissante ? Le hasard peut-être ? Personne ne le sait. Mais on peut essayer de le percevoir.

C’est ce à quoi s’essaie Claude Pujade-Renaud. En donnant la parole à tour de rôle à ses différents personnages, les trois principaux comme d’autres plus extérieurs, elle tente de recréer cet univers, ce contexte, de retranscrire les sentiments sûrement contradictoires qui les ont envahi. Une écriture somptueuse, avec des ardeurs et des prouesses narratives surprenantes et captivantes qui ne font que nous plonger un peu plus dans la vie du braconnier, cet homme obscur et séduisant, homme de la nature, force de la terre, qui écrit avec ses tripes.

L’atout de ce roman est de ne pas vouloir se satisfaire des apparences. De nombreux paramètres rentrent en jeu pour expliquer les tourments d’une vie : les difficultés familiales, les affres de la création et de la poésie, la publication, un passé mouvementé. Mais Ted Hughes a été un être déterminant dans l’existence de ces deux femmes aux âmes profondes et complexes.

Il est difficile de décrire l’atmosphère mise en place dans ces pages. C’est impalpable et pourtant bien présent, cela donne un goût d’espoir bafoué car trop ambitieux, de forêt mouillée, d’adultère. Un mélange imperceptible car savamment bien dosé qui nous plonge dans des vies bouleversées avec brio et refuse de nous en laisser sortir jusqu’à la dernière page, happé par l’appel du braconnier.

Claude Pujade-Renaud, Les femmes du braconnier, aux éditions Babel (1091), 8€50.