Lady Hunt d’Hélène Frappat, pour les matchs de la rentrée littéraire

Pour la première année, je participe aux matchs de la rentrée littéraire chez Price Minister. Le but du jeu ? Parmi une liste de romans pré-sélectionnés, on en choisit un qui nous intrigue particulièrement, ils nous le font parvenir. On doit le lire, puis le chroniquer et le noter. Pour ma part, c’est Lady Hunt d’Hélène Frappat qui a retenu mon attention, d’abord à cause de son titre complètement énigmatique, mais aussi pour le fait qu’il a été publié par Actes Sud, une maison d’édition qui pour l’instant ne m’a jamais déçue.

 

L’histoire n’est pas banale, et elle est très difficile à résumer, à la fois à cause du risque de tout dévoiler, mais aussi parce qu’elle est insaisissable, aux frontières du réel et de la folie. Laura Kern est agent immobilier à Paris, elle couche avec son patron et a un chat très câlin, mais ce ne sont là que des détails. Une épée de Damoclès est suspendue au-dessus de sa nuque depuis sa naissance, une malédiction familiale sous la forme d’une maladie héréditaire qu’elle a une chance sur deux d’avoir. Depuis des semaines, un rêve (un cauchemar ? une vision?) la hante : elle y voit une grande maison, enveloppée dans la brume, une maison qui l’appelle, qui est là quelque part dans ses souvenirs, qui fait partie de sa vie. Est-ce que cette obsession qu’elle n’a pas demandé est le premier signe du mal qui a emporté son gallois de père ? Ou est-ce que Laura a-t-elle affaire à une chose plus inexplicable, plus floue pour le commun des mortels ?

Car en effet, autour de la jeune femme se déroulent des événements étranges, des situations qui vont l’obliger à devoir repousser les limites du réel. Un vrai dilemme s’impose : folie ou malédiction familiale ? État psychologique ou poids du passé, de la transmission du sang ?

Quand elle voit une maison engloutir un petit garçon et le recracher la chemise froissée, elle réalisera que les pensées rationnelles ne peuvent pas tout dire.

Il est très difficile de faire une quatrième de couverture de ce livre : aujourd’hui, après lecture, je comprends mieux pourquoi celle qui figure sur le roman est si étrange. C’est un livre qu’on ne peut attraper, il s’échappe de nos doigts comme de la fumée, une impression vraiment déroutante. Les premières pages, j’ai été surprise par cette écriture qui ne s’embête pas des carcans traditionnelles du roman, mais qui s’aventure vers d’autres contrées, normandes ou anglaises, plus ésotériques. Hélène Frappat nous invite dans les rêves gris de Laura, dans son quotidien, son travail, vite bouleversé par ce rapport si particulier avec les maisons, des entités à part entière, qui peuvent avoir du pouvoir et une volonté, qui peuvent emprisonner des souvenirs et des âmes.

Je dois quand même avouer qu’au tout début, j’ai cru que ce roman n’allait pas me plaire : généralement, je n’aime pas cet univers un peu surnaturel, fait de secrets et d’ombres. Et j’étais perdue pendant les premières pages, je ne comprenais pas ce qui se passait, où me placer, et de quoi parlait réellement cette écriture. Mais c’est cela, le plus fabuleux : jamais on ne saura vraiment de quel côté de la barrière du réel ou de la folie on se situe. Et au fur et à mesure des pages qui défilent, on apprend à savourer cette incertitude, car elle porte avec elle tout le suspens du roman, qui fait qu’on a bien du mal à le lâcher !

Il faut également que je vous parle de la plume d’Hélène Frappat (tiens, d’ailleurs on retrouve une autre Elaine dans le roman…) : elle joue avec les codes, elle a une langue poétique et très sensible, une langue d’émotions qui font s’envoler les dialogues vers une scène supérieure, à la fois théâtrale et intime. Il faut s’y habituer en douceur, si comme moi, vous êtes plutôt une lecteur de narration traditionnelle, mais cette écriture se laisse savourer, elle nous emporte avec elle vers des territoires encore inexplorés, seulement protégés par une obsidienne noire et la compagnie de cette claire-voyance. C’est de la sorcellerie ce roman : l’auteur nous charme à l’aide de quelque magie, elle nous hypnotise pour nous emmener dans son univers, un univers dont le brouillard nous engloutit.

Il est difficile d’évoquer ce livre sans ressentir quelques frissons, sans réaliser que la simple réalité n’est pas suffisante : certains liens du sang, certains dons ne peuvent pas être ignorés. J’écris cet article le 31 octobre, autant vous dire que je suis dans l’ambiance. Maintenant, je vais concocter ma meilleure potion, un philtre que je dissimulerais dans votre café du matin, dans votre bière du dîner, dans votre vin du midi, dans votre chocolat chaud du coucher pour que, tous, vous alliez, en catimini, vous procurez ce roman évanescent, mystérieux. Mais chut !, ça restera un secret entre nous…

 Pour Lady Hunt, je mettrais un 16 sur 20 !

Le point du lundi #8

Et nous nous retrouvons une huitième fois pour le point du lundi.

In my mailbox

Un très court In My Mailbox aujourd’hui, car je n’ai rien acheté et rien emprunté à la médiathèque, bien que ce dernier point risque vite de changer, vu que je vais y travailler toute la semaine, au milieu de centaines tentations littéraires.

En revanche, j’ai reçu un livre, dans le cadre des matchs de la rentrée littéraire chez Price Minister : Lady Hunt d’Hélène Frappat. Encore merci pour cet envoi, j’ai commencé la lecture et après quelques pages d’incertitude, la chose se présente de mieux en mieux !

 

 

Passons au « C’est lundi, que lisez-vous ? »

La semaine dernière, j’ai abandonné la lecture de Marie Stuart de Stefan Zweig, je ne suis pas arrivée à rentrer dans le texte. Mais j’ai lu Mangez-le si vous voulez de Jean Teulé, une lecture décevante dont vous aurez la chronique très bientôt, ainsi que Tout bouge autour de moi de Dany Laferrière, qui nous parle du séisme qui a touché Haïti.

En ce moment, je lis Lady Hunt d’Hélène Frappat donc.

Et après, je lirais vraisemblablement La cote 400 de Sophie Divry, le monologue d’une bibliothécaire.

Bonne semaine à tous !

Les matchs de la rentrée littéraire chez Price Minister

Toute la blogosphère en parle donc vous êtes sûrement déjà au courant de ce phénomène qui se répète pour la troisième année consécutive : il s’agit des matchs de la rentrée littéraire chez Price Minister. Le principe est simple : tu tiens un blog livresque, et bien viens choisir parmi un sélection de romans celui qui te tente le plus, il t’est alors envoyé et tu n’as plus qu’à le chroniquer sans oublier de le noter sur 20. L’inscription est ultra facile et rapide et l’idée très intéressante pour profiter un peu de cette rentrée littéraire !

Les romans ont été sélectionnés par des blogs déjà réputés ! Les voici :

La sélection de George :

  • Une part de ciel de Claudie Gallay (Actes Sud)
  • Danse noire de Nancy Huston (Actes Sud)
  • La grâce des brigands de Véronique Ovaldé (Éditions de l’Olivier)

La sélection de LiliGalipette :

  • Petites scènes capitales de Sylvie Germain (Albin Michel)
  • Dans la lumière de Barbara Kingsolver (Éditions Payot et Rivages)
  • Pietra viva de Leonor de Recondo (Sabine Wespieser)

La sélection de Clara :

  • Arrête, arrête de Serge Bramly (NiL)
  • Lady Hunt d’Hélène Frappat  (Actes Sud)
  • Rome en un jour de Marie Pouchet ( Gallimard)

La sélection de Stéphie :

  • La lettre à Helga de Bergsveinn Birgisson (Édition Zulma)
  • La garçonnière d’Hélène Grémillon (Flammarion)
  • Esprit d’hiver de Laura Kasischke (Christian Bourgeois Éditeur)

Pour ma part, je me suis laissée tenter par Lady Hunt d’Hélène Frappat. 

Toutes les informations sur ces matchs littéraires sont disponibles ici, ainsi que le lien pour s’inscrire. Si vous le souhaitez, je peux vous marrainer, il suffira de mettre l’adresse de mon blog dans la fiche d’inscription, mais sincèrement je trouve ça un peu inutile, vu que ça ne va rien vous apporter personnellement, c’est juste le parrain qui gagne un livre supplémentaire donc… bref. Dépêchez-vous de vous inscrire, c’est seulement jusqu’au 23 septembre !