J’avoue, je n’ai jamais entendu parlé de Régis de Sá Moreira. Pourtant, il traîne depuis quelque temps dans ma bibliothèque ce livre acheté chez le bouquiniste. Je suppose que c’est surtout son titre qui m’a intéressée. Ou alors la photo de la première de couverture de l’édition du Livre de Poche : un tisane de littérature.
C’est un roman assez court, une petite pastille de réglisse (ou de caramel selon vos goûts) qui fond tranquillement sur votre langue le temps d’une pause bien méritée. Ce libraire, on ne saura jamais son nom. Ces livres, il les a apprivoiser depuis longtemps, il vit en parfaite osmose avec eux. Ces client aussi il a appris à les connaître, à les ménager. Ce libraire est parfois un peu mélancolique, parfois pas très logique mais toujours très sensible, touchant. Ce n’est pas vraiment une histoire à proprement parler, c’est plutôt une ballade dans cet univers parfois imaginaire, mais toujours très intime qu’est cette librairie. Ici, on sert des infusions aux orties, on fait écouter du Mozart aux livres, on ne sait pas parler couple, on n’a qu’un seul guide de voyage mais un étagère entière d’éditions d’Anna Karénine. La vie du libraire est assez hors du commun mais bizarrement on se retrouve facilement dans ce personnage, tellement ouvert, tellement beau qu’on veut tous lui ressembler.
L’écriture peut paraître hors norme, déplaire ou perdre quelques lecteurs. Mais elle est tellement légère, tellement poétique, elle a tellement de choses à nous dire. L’auteur sait garder toute cette profondeur sans alourdir son texte. C’est rare et surtout très appréciable. Parfois absurde, il ne faut pas chercher à absolument trouver un sens, une logique à ce livre, mais juste se laisser se bercer par ces mots qui résonneront encore longtemps dans votre esprit de lecteur.
« Dès qu’il ouvrait un livre, le libraire était heureux. Ou du moins, il se sentait bien. C’était presque une joie d’enfant. C’était aussi une faiblesse. Il avait l’impression qu’on s’occupait de lui, qu’on prenait soin de lui. Pour tout dire, lorsque le libraire lisait un livre, il avait le sentiment d’être aimé. »
Et pour continuer sur votre lancée, allez jeter un coup d’oeil sur ce lien : le paradis des amoureux des livres