Songe à la douceur, de Clémentine Beauvais

Premier coup de cœur pour ce mois de février, ça tombe bien, c’est le mois de la Saint-Valentin – et oui, je sais, cette chronique ne paraît qu’en mars. Vous voulez une histoire d’amour tout en douceur, une histoire d’amour qui change des romances fleur bleue mais qui reste romantique à souhait quand même ? Alors Songe à la douceur de Clémentine Beauvais est pour vous.

Tatiana et Eugène se sont connus quand ils étaient adolescents. Elle avait le béguin pour lui. Alors que sa sœur Olga et son ami Lensky s’aimaient d’un amour fou à côté d’eux, Eugène et Tatiana faisaient connaissance. Puis leurs liens ont été rompus. Dix ans plus tard, ils se retrouvent, au hasard des rues de Paris.

Ce roman est une vraie pépite, c’est la plus belle œuvre que j’ai lu depuis longtemps. Il y a une certaine paresse dans les sentiments que les personnages éprouvent. Et aussi une émulation : on retrouve notre adolescence avec eux. La richesse des sentiments décrits dans ce livre est purement incroyable. Clémentine Beauvais sait nous émouvoir, nous emporter et nous fasciner pour ce couple en devenir que l’on suit avec bonheur. Pourtant, ce n’est qu’une histoire d’amour, de retrouvailles… mais ce n’est pas que ça. L’auteure a voulu faire sa version d’Eugène Onéguine de Pouchkine, et elle a su retransmettre ce petit côté russe que j’aime tant, tout en l’insérant dans la vie parisienne. Paris, une histoire d’amour, avec des personnages qui sont nés dans les mêmes années que moi : j’ai adoré m’identifier à cette histoire, et j’imagine que c’est en partie pour cela que j’ai tant apprécier ce roman.

Bien sûr, je suis obligée de parler de ce style ! En vers libres, une pure merveille. Quel style, quelle richesse de la langue, honnêtement, je suis vraiment époustouflée ! Il n’y a pas de mots assez forts pour exprimer la fascination qu’a eu sur moi ce livre. Ça se lit très facilement, sincèrement on se laisse emporter très vite – j’avais des appréhensions au début, des préjugés, ils sont tous tombés en deux pages.

C’est un roman exceptionnel, il réserve de nombreuses surprises. Je m’en souviendrais longtemps.

Clémentine Beauvais, Songe à la douceur, aux éditions Points, 7€40.

La Dernière des Stanfield, de Marc Levy

Eleanor-Rigby est journaliste pour National Geographic et vit à Londres, George-Harrisson est ébéniste au Québec. Un océan les sépare et pourtant ils ont tous les deux reçu une lettre anonyme leur indiquant que leurs mères avaient chacune un passé criminel. Qui est l’auteur de cette accusation ? Qu’est-ce qui relie nos deux personnages ? Un rendez-vous donné à Baltimore pourra peut-être répondre à leurs questions… et à celles du lecteur !

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La Dernière des Stanfield de Marc Levy met un peu de temps à démarrer, c’est vrai. Et nous perd aussi un peu parfois. Mais l’auteur réussit à relier trois générations, à nous faire voyager du Québec à la France en guerre en passant par l’Angleterre et les États-Unis. Très vite, on est pris dans l’engrenage dans cette enquête officieuse et familiale. On veut connaître la vérité, les liens qui unissent Eleanor-Rigby et George-Harrisson, ainsi que leurs mères. Marc Levy parvient à nous captiver complètement, on tourne les pages sans s’en rendre compte. La narration est fluide, les chapitres défilent. Il faut dire qu’on s’est beaucoup attaché à ces personnages, y compris les secondaires, et on serait prêt à les suivre au bout du monde pour faire partie de leurs aventures. Quelques fois l’auteur use un peu trop de facilité dans son intrigue – l’historien de la ville, par exemple – et ça semble un peu trop facile, mais les lieux et les décors ne manquent pas de cachet, les souvenirs de leurs familles sont racontés avec un côté rétro très réalistes… donc on fait l’impasse sur les quelques défauts et on poursuit.

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On poursuit… le dénouement arrive, et c’est génial… jusqu’aux deux dernières pages. Juste les deux dernières pages et tout cafouille. Ne lisez pas ces deux dernières pages. L’auteur a mené son roman d’un bout à l’autre, avec justesse et naturel. Et PAF ! Quel mauvais pas, quelle fin inutile ! Certaines questions sont faites pour qu’on n’y réponde pas. Pas besoin de pondre une fin incohérente, irréaliste, artificielle… ça m’a un peu gâché l’effet de cette lecture. Donc, vraiment, ne lisez pas les deux dernières pages.

Ça reste tout de même une lecture agréable et je pense retenter l’expérience avec Marc Levy. C’est divertissant, bien écrit, prenant !

Marc Levy, La Dernière des Stanfield, aux éditions Pocket, 7€90.

L’enfant du lac, de Kate Morton

J’ai enfin lu ce roman dont tout le monde me parlait et qui moi-même me faisait très envie ! Il s’agit de L’enfant du lac de Kate Morton.

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Résumé de l’éditeur (car honnêtement, je ne peux pas faire mieux) :

1933. Comment Theo Edevane, adorable poupon de onze mois, a-t-il pu disparaître durant la nuit de la Saint-Jean ? Les enquêteurs remuent ciel et terre, mais l’enfant demeure introuvable. Pour les parents comme pour les filles Edevane, la vie ne sera plus jamais la même après ce drame. La maison du lac, la propriété tant aimée, est fermée et laissée à l’abandon.
Soixante-dix ans plus tard, Sadie Sparrow, jeune détective londonienne en vacances dans les Cornouailles, curieuse et momentanément désœuvrée, s’intéresse à cette mystérieuse disparition. Elle reprend l’enquête, au grand dam de l’une des sœurs aînées de Theo, Alice, devenue écrivain à succès.

Je découvre Kate Morton et je ne suis pas vraiment sûre de retenter l’expérience si ces autres romans sont à l’image de celui-là. Attention, je trouve ce livre pourtant remarquablement bien construits avec une fresque de personnages intéressants. L’intrigue est magnifiquement gérée, nous mettant régulièrement sur des fausses pistes, nous laissant nous-mêmes nous faire nos propres idées. Les décors et les paysages sont plutôt bien décrits et on ressent à la fois l’ambiance féerique du manoir et de son domaine, mais aussi les tensions des deux guerres mondiales qui traversent ce récit.

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Mais, mine de rien, c’est un gros pavé de 600 pages et parfois le rythme s’essouffle. Au bout d’un moment, ça n’a qu’assez duré de tourner en rond dans les souvenirs et les confidences des uns et des autres, on veut être fixé, un point c’est tout. J’ai de plus trouvé certaines situations soit un peu cliché (les grossesses… pour ne pas en dire trop), soit trop faciles (les tunnels!). Au fond, ce roman, à mes yeux, aurait du privilégier un bon élagage de deux cents pages pour ne garder que le meilleur. Mais je peux comprendre que certains aiment ce genre d’histoire où on se perd dans les générations, les lieux, les souvenirs, les pages. Ce côté labyrinthique a son petit charme mais je m’en suis vite lassée personnellement. Concernant les retours en arrière, il n’y a que ça. Tout est imbriqué, on voyage constamment dans les époques. Kate Morton réussit pourtant à ne pas nous perdre, un vrai coup de maître. Malheureusement, là aussi, ce n’est pas vraiment ma tasse de thé. J’ai au moins découvert avec ce roman que je préférais les récits plus linéaires. La résolution de l’affaire était bien trop… évidente, même si peu réaliste. Dommage.

Je vais donc conclure de la sorte : je vous conseille ce roman, car il est très bien orchestré, très bien écrit, avec des personnages attachants. L’écriture, notamment des dialogues et monologues, est très soignée. Mais pour ma part, ça ne l’a pas vraiment fait : trop long, trop sinueux. A vous de voir à présent !

Kate Morton, L’enfant du lac, traduit de l’anglais (Australie) par Anne-Sylvie Homassel, aux Presses de la Cité, 22€50.

Il est grand temps de rallumer les étoiles, de Virginie Grimaldi

Les livres de Virginie Grimaldi ne m’avaient jamais attirée. Pourtant j’aime les romans feel-good, mais j’ai l’impression que les siens sont trop, et j’avais peur d’être déçue par la qualité littéraire de ces ouvrages. J’ai pourtant suivi le conseil de plusieurs blogueuses et booktubeuses : j’ai lu Il est grand temps de rallumer les étoiles de Virginie Grimaldi et j’ai bien aimé.

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Je déteste toujours ce genre de titres qui te vendent du roman épanouissant et feel-good avec des phrases que tu pourrais retrouver dans un agenda spécial citations. Je vous conseillerai cependant de ne pas vous arrêter à ce dernier et d’aller à la rencontre d’Anna, cette maman fauchée qui ferait tout pour ses filles, de Chloé l’adolescente en quête d’amour un peu maladroitement, et de la petite dernière, Lily qui n’a pas la langue dans sa poche mais beaucoup d’humour en réserve ! Anna vient de perdre son boulot et elle voit petit à petit la distance se creuser entre elle et ses enfants. Sur un coup de tête, elle décide de les embarquer à bord du camping-car piqué aux grands-parents pour un énorme road-trip. Direction la Laponie pour voir les aurores boréales ! Au fil de leur voyage, elles vont rencontrer d’autres personnages hauts en couleurs qui vont égayer leur quotidien.

Oui, c’est un roman feel-good avec des relations entre personnages assez convenues, avec un peu de romance à un moment, avec des instants cocasses, des larmes, des disputes, de l’émerveillement. Mais ce n’est pas mielleux. Dans ce roman, Virginie Grimaldi a trouvé un assez bon équilibre. Ses personnages sont tous très attachants et ne sont pas que des stéréotypes en papier. Lily, par exemple, on la découvre à travers son journal intime : j’ai adoré sa manie d’intervertir les expressions et elle comprend bien plus de choses qu’elle ne veut l’admettre. J’ai aimé aussi Chloé dont son utilisation du téléphone pour séduire les garçons est si malheureusement représentative de toute une génération. Anna ou les personnages secondaires m’ont moins séduite. Il faut dire qu’il y a là quelques clichés, parfois touchants certes, mais ils ont des limites… Je ne veux pas trop vous en dire pour ne pas vous gâcher le plaisir de découvrir par vous-mêmes.

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J’ai été très déçue de ne pas avoir encore plus et encore plus de descriptions des paysages magnifiques traversés par la famille : je sais bien que ce n’est pas le cœur de ce roman, mais le road-trip est la ligne rouge de cette intrigue. Il faut dire que l’auteure ne brille pas du tout par ses descriptions ; elle excelle par contre dans la construction de ses personnages et les dialogues.

C’était bizarre, on était comme en état de choc. Maman n’a pas démarré tout de suite. Même Lily se taisait. Mais ce silence-là, il était différent. Il nous réunissait. On venait de se faire mettre KO par la beauté du monde.

Ce n’est pas du tout un coup de cœur mais j’ai tout de même beaucoup apprécié ce livre qui a quelques perles cachées dans ses pages. Idéal si vous voulez voyager un peu et vous faire du bien avec une lecture !

Virginie Grimaldi, Il est grand temps de rallumer les étoiles, aux éditions Fayard, 18€50.

L’intérêt de l’enfant, de Ian McEwan

L’intérêt de l’enfant de Ian McEwan fait partie de ma whishlist depuis sa sortie. J’ai enfin eu l’occasion de le lire cet hiver.

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Fiona a 59 ans et un mari qui veut voir ailleurs. Son mariage se délite. Mais elle n’a pas vraiment le temps de s’y attarder, même si elle y revient souvent : elle ne sait pas comment gérer cette situation et son travail la rappelle. Elle est magistrate, spécialiste du droit de la famille. Très reconnue, on la charge de quelques dossiers sensibles dont le dernier en date : une famille, témoin de Jéhovah, refuse la transfusion sanguine pour le fils unique atteint de leucémie. L’hôpital ne l’entend pas de cette oreille. Fiona va alors choisir de rencontrer le garçon, une rencontre troublante.

Ce n’est pas un très long roman mais j’ai trouvé l’écriture de l’auteur dense et chargée. C’est beau, c’est juste, c’est équilibré mais j’aurais préféré une écriture plus légère. Tout est traité avec drame et lourdeur : ce couple sur la brèche, cet adolescent qui va mourir sûrement si rien n’est fait. L’écriture participe à une ambiance oppressante où chaque jour qui passe semble peser. Il y a pourtant des ellipses, des raccourcis pour se concentrer uniquement sur nos personnages, ces derniers prennent toute la place. J’ai beaucoup aimé Fiona et même si je n’aurais pas du tout réagi comme elle, je comprends plus ou moins son comportement. Ian McEwan a un vrai talent pour construire des personnages réalistes et saisissants que l’on voit évoluer dans un sentiment d’urgence.

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C’est un beau roman, qui m’a surprise. J’ai complètement compris le rôle de magistrat, qui doit toujours défendre en premier l’intérêt de l’enfant et j’aurais aimé qu’on aille plus loin. Voir plus de jugement, les coulisses du tribunal, le raisonnement de Fiona concernant cette affaire. Je n’avais pas pensé que son mariage serait tout autant au cœur du livre – ce qui n’est pas une mauvaise chose en soi, les deux intrigues entrant en résonance l’une avec l’autre.

Une plume à part avec un style unique. A titre personnel, ce n’est pas ma tasse de thé mais je reconnais aisément que cette écriture est talentueuse. L’auteur a construit un récit ciselé, excellant aussi bien avec les thématiques, les personnages, l’ambiance, le rythme, l’intrigue. Une jolie découverte que je vous conseille.

Ian McEwan, L’intérêt de l’enfant, traduit de l’anglais par France Camus-Pichon, aux éditions Gallimard, 18€.

Le Manoir de Tyneford, de Natasha Solomons

Dans une malle de livres à donner, j’ai trouvé par hasard un exemplaire un peu chiffonné du roman de Natasha Solomons, Le Manoir de Tyneford. Cela faisait un petit bout de temps que j’avais envie de découvrir. Mais je ne m’attendais pas à ce que ce roman me plaise autant.

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Elise fait partie d’une riche famille juive à Vienne. Mais la Seconde Guerre mondiale approche et pour mettre sa vie à l’abri, elle est séparée de sa sœur partie aux Etats-Unis et de ses parents restés à Vienne. Elle est envoyée en tant que bonne dans un manoir anglais, perdu sur la côte. Elle qui était habituée à être servie, à présent les rôles sont inversés. Morte d’inquiétude pour sa famille et abattue par la solitude, elle apprend petit à petit ce métier : nettoyer sans cesse, être présentable et respecter l’étiquette, s’affairer sans cesse. Elle découvre la mer, la langue anglaise et fait connaissance avec les propriétaires des lieux : Mr Rivers, et surtout son fils, Kit. Au fil des mois, Elise va en apprendre plus sur elle, elle va tomber amoureuse aussi. Mais la guerre se rapproche, à grands pas…

74980361_pC’est un long roman, qui prend le temps de développer l’histoire sur un bon bout de temps. J’ai parfois été perdue par les ellipses pas très bien exposées et expliquées en deuxième moitié mais j’ai par contre adoré suivre ces personnages jusqu’au bout. L’épilogue est de trop à mon goût, trop larmoyant : si vous pouvez, ne le lisez pas, il ne sert à rien à l’histoire. Elise est une héroïne forte, attachante, avec ses faiblesses et son grain de folie. Les personnages secondaires sont bien construits et attrayants également, mais j’aurais aimé plus de profondeur encore. Ce livre regorge de bons sentiments, sûrement un peu trop… heureusement, l’intrigue qui avance à grands pas nous aide à passer outre et j’ai beaucoup aimé les péripéties inventées par l’auteur.

Il y a parfois quelques longueurs, mais aussi de très beaux passages. On suit le temps qui passe à travers l’évocation de la faune et de la flore, les descriptions du décor sont également très réussies. Ce livre fait parfois preuve d’humour, il y a également beaucoup d’émotions et un peu d’action, tout ça sur un fond historique qui rattrape nos personnages. Un savant mélange qui rend ce livre passionnant de bout en bout, foisonnant et divertissant.

J’ai passé un beau moment de lecture dans ce Manoir de Tyneford en compagnie de Wrexham le majordome, de Poppie la jeune fille rousse et un peu sauvage, de Kit l’héritier intrépide, d’Elise Viennoise et Anglaise à la fois, de Mr Rivers plus attachant et profond qu’il n’y paraît. Je vous invite à découvrir ce roman en espérant qu’il vous plaise autant qu’à moi.

Natasha Solomons, Le Manoir de Tyneford, traduit de l’anglais par Lisa Rosenbaum, aux éditions Le Livre de Poche, 7€90.

Un peu de soleil dans l’eau froide, de Françoise Sagan

J’ai lu mon premier roman de Françoise Sagan et je suis assez contente. Cela faisait très longtemps que ses livres me faisaient de l’œil, l’auteure m’attirait. J’ai donc ressorti un roman d’un recoin caché de ma bibliothèque et lu Un peu de soleil dans l’eau froide.

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C’est un court roman, avec en son cœur une histoire d’amour, une vraie, avec ses côtés triviaux et ses complications. Gilles est un journaliste en pleine déprime – il n’est plus attiré par celle qui vit chez lui, n’éprouve plus de plaisir à rien. Alors, il va se reposer quelques semaines chez sa sœur à Limoges. Là, il rencontre une femme, Nathalie, une femme entière, sincère.

J’ai été particulièrement touchée par cette histoire, parce que certains de ses aspects me rappelaient des épisodes de ma vie. Je pense plus globalement que ce livre aura des résonances dans chaque adulte : l’adultère, la rupture, être l’amant ou l’amante, la dépression, etc. Les thèmes abordés le sont avec pudeur et vérité. J’ai trouvé la plume de Sagan très personnelle et riche, tout en restant simple, dans le ressenti. Ses personnages sont très vrais et on les comprend. Ils ont chacun leurs caractères et on aimerait les suivre encore plus loin dans leur vie.

Dans cette histoire d’amour, on passe sur les choses rébarbatives (comme les aléas d’un emménagement commun), mais on n’ignore pas les éléments quotidiens qui forgent les personnages : aller boire un verre, téléphoner, les ennuis au travail. C’est l’équilibre parfait pour ne pas s’ennuyer tout en étant bien immergé dans l’histoire.

Je regrette par contre la narration parfois désordonnée : on ne sait parfois pas de qui on parle, on est de temps en temps perdu et on a du mal à suivre. Une petite impression de fouillis quand l’auteur veut juste suivre le flot de pensées de ses personnages. De plus, certaines longueurs, ou certains passages mal vieillis, viennent alourdir les pages, heureusement assez rarement. Mais je n’ai que ça a reproché à ce petit roman, qui a un côté très réaliste dans sa vision de l’amour et de la passion, presque fataliste, évident – et aussi parfois un peu désespéré il faut le dire.

Françoise Sagan, Un peu de soleil dans l’eau froide, aux éditions Le Livre de Poche, 6€50.

Demain j’arrête ! de Gilles Legardinier

Pour Noël, j’avais décidé d’offrir à ma môman le dernier livre dédicacé de Gilles Legardinier, son auteur préféré. L’occasion pou moi de découvrir cet écrivain très gentil était trop belle, j’en ai donc profité pour acheter la jolie édition de Demain j’arrête !

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Je n’avais jamais lu du Gilles Legardinier et je m’attendais à passer un bon moment, une lecture divertissante. C’était exactement le cas en effet, et c’était très sympathique. Dans ce livre, on suit Julie, qui travaille en banque et adore son petit quartier. A l’arrivée de son nouveau voisin, elle ne peut s’empêcher d’être curieuse, voire… un peu obsédée. Au fur et à mesure de leurs rencontres, c’est plus que son nom – Ricardo Patatras – qui va l’intéresser…

J’ai été beaucoup déçue de ne pas mieux savoir où était ce quartier, cette ville. Les lieux sont importants dans ce roman et j’ai eu un mal fou à me les imaginer, ça m’a vraiment dérangée.

Les personnages sont très attachants, surtout les personnages secondaires. Quant à Julie, elle a ce grain de folie qui donne tout le côté rocambolesque à ce roman et plonge tout le monde dans des situations incroyables. Heureusement, la bonne humeur et le sourire sont de mises dans ce roman. Pour ma part, ça n’a jamais été mon truc ce type d’intrigue… surtout que le mystère de Ric, je l’avais deviné depuis de nombreuses pages, autant dire que la fin m’a parue très longue à venir.

C’est aussi un des défauts majeurs de ce livre à mes yeux : le rythme. Le style est bon et Gilles Legardinier écrit de très bonnes pages – quoique, sérieusement, ce truc avec les chats ?! – mais c’est long. On aurait pu enlever une petite centaine de pages aisément. On est des êtres humains, on est empathiques, on peut comprendre ce que vivent les personnages sans nous le répéter plusieurs fois sous des formes différentes.

Heureusement, l’intrigue est rafraîchissante et légère, la romance adorable, les personnages attachants, les dialogues très présents donnent de la vie au roman. Une lecture parfaite pour se divertir.

Gilles Legardiner, Demain j’arrête !, aux éditions Pocket, 8€50.

Je peux très bien me passer de toi, de Marie Vareille

Je dois vous avouer que je ne comprends pas vraiment ce titre… Heureusement que je me suis laissée tenter avec la quatrième de couverture de ce petit roman très agréable. Aujourd’hui, on parle de Je peux très bien me passer de toi de Marie Vareille.

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Chloé est une vraie Parisienne, et elle est éperdument amoureuse de son ex Guillaume qui doit se marier bientôt… En attendant, elle enchaîne les histoires d’un soir. Son amie Constance, au contraire, vit dans le No Sex Land depuis bien trop longtemps et passe son temps à lire Jane Austen. Toutes deux vont conclure un pacte : Chloé va aller se perdre dans un petit village entre les vignes, avec interdiction d’approcher un homme et obligation de commencer à écrire ce roman dont elle rêve depuis longtemps. Constance à l’inverse doit essayer de draguer quelqu’un pour coucher avec le premier venu, et pour l’aider, un peu par hasard, elle va tenter les cours de séduction.

photo-vignobleCe duo improbable est en réalité un très belle amitié. J’ai beaucoup aimé leur relation, mais aussi les autres liens d’amitié présents de ce livre. Les personnages secondaires sont très attachants, bien que certains semblent plus là pour faire avancer l’histoire, pour servir d’outils et sont donc plus artificiels. Constance est une femme naïve et pleine de vie, on la découvre à travers les pages de son irréaliste journal intime, bien trop complet et précis pour être crédible. Elle m’a fait rire et c’est l’archétype même de la bonne copine : un peu plus de profondeur aurait sûrement été la bienvenue, j’ai trouvé ses aventures assez limitées. Il y a un petit côté la femme met des robes et des talons, elle boit du vin et doit draguer, sortir avec des mecs. Ça ne sera pas l’œuvre du siècle ce roman, c’est certain…

Mais je trouve que Chloé, bien que cliché et un peu nunuche par moment, redresse la barre. Même si elle se met dans des situations dignes d’un téléfilm français un dimanche de vacances, elle a plus de vie, elle fait des rencontres plus intéressantes. J’ai adoré le décor où elle a passé plusieurs mois : un petit village, de belles bâtisses un peu croulantes, des vignes de partout. Je viens d’une campagne qui y ressemble, donc ça m’a parlé.

C’est un petit roman qui n’est pas tout à fait une romance, mais dont les relations amoureuses sont le prétexte à tout. J’ai trouvé un peu dommage cette obligation d’en passer par là. On peut être célibataire et ne pas avoir que ça comme problème, ou ne pas considérer ça comme un problème. Mais les personnages restent attachants, l’histoire est mignonne même si un peu convenue. Le rythme est bon, le ton est assez drôle, les pages se tournent vite. L’intrigue n’est pas renversante mais rafraîchissante. Vous passerez avec ce roman un bon moment de lecture plaisir je pense.

Marie Vareille, Je peux très bien me passer de toi, aux éditions Charleston, 9€90.

La fille d’avant, de JP Delaney

J’avais envie de frissons et de suspens, c’est donc tout naturellement que j’ai choisi de lire un thriller, chose que je n’avais pas faite depuis longtemps. Je vais donc vous parler aujourd’hui de La fille d’avant de JP Delaney.

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Comme Emma avant elle, Jane a vécu un épisode traumatisant. C’est avec des souvenirs douloureux qu’elle emménage dans sa nouvelle demeure : une maison d’architecte épurée et technologique dont le bail comporte des règles et des clauses étranges. Ne pas laisser traîner d’affaires, pas de livres, pas d’animaux, pas d’enfants, pas de rideaux… En échange de toutes ces règles, Jane peut vivre dans cette immense maison minimaliste et hyper-connectée pour une bouchée de pain. Mais petit à petit, elle s’interroge sur le passé de cette maison, un passé trouble : l’ancienne locataire, Emma, y aurait trouvé une fin tragique. Que dire également de l’architecte de la maison, Edward, avec qui elle a vite un lien particulier, aussi minimaliste que cette maison ?

Tout est étrange. Des questionnaires répétées et intrusifs auxquels elle doit se plier si elle veut prendre une douche, un système d’ouverture électronique sans clé… Plus que la maison, ce sont les gens, les personnages qui m’ont troublée. Le roman oscille de chapitre en chapitre entre le avant d’Emma et le maintenant de Jane. Et on découvre dans ce va-et-vient que tout n’est pas si clair. Jane veut en savoir plus mais son chemin est pavé de zones d’ombre. On s’écarte de la maison, vivant avec ces jeunes femmes leurs vies et leurs problèmes, mais c’est pour mieux revenir à cette étrange habitation. J’ai beaucoup aimé l’alternance du passé et du présent qui nous permet de suivre deux histoires en parallèle, de voir leurs similitudes troublantes. Les personnages prennent de plus en plus épaisseur et cela s’accompagne finalement d’un rythme assez lent – pour un thriller je veux dire. On suit Emma et Jane, on enquête à leurs côtés, on témoigne ou on interroge, on recherche : je ne m’attendais pas à cette facette des personnages, ce ne sont pas que des victimes, des êtres passifs à qui il arrive quelque chose, mais au contraire ce sont elles qui découvrent, font avancer le récit.

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L’auteur a beaucoup de talent pour la narration assez classique et la construction de ses personnages. J’ai adoré également le choix de cette maison, de l’intrigue autour de cette merveille de l’architecture minimaliste : je m’y suis cru et j’ignore si j’aurais adoré ou redouté y vivre. Le personnage d’Edward, sorte de Steve Jobs, est génial ! Mais là où j’ai été le plus étonnée, c’est sur la tournure que prend le roman dans la deuxième moitié. Je ne m’étais pas attendue que les personnages prennent autant de place et j’imaginais plus un drame technologique dans la maison. Mais les passions humaines sont toujours les plus fortes.

La fin, je m’en doutais un peu et malheureusement elle tombe vraiment à plat. C’est le premier thriller de l’auteur, et il faut dire que ça manque de rythme et de tension. Très clairement, même si on veut connaître la fin, on ne vibre pas autant qu’avec un vrai page-turner. Petite déception donc en ce qui concerne le côté thriller psychologique, mais cela reste un très bon livre, avec une intrigue originale, une narration très bien construite et des personnages qui valent le détour.

JP Delaney, La fille d’avant, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Jean Esch, aux éditions Mazarine, 21€90.