La Dernière des Stanfield, de Marc Levy

Eleanor-Rigby est journaliste pour National Geographic et vit à Londres, George-Harrisson est ébéniste au Québec. Un océan les sépare et pourtant ils ont tous les deux reçu une lettre anonyme leur indiquant que leurs mères avaient chacune un passé criminel. Qui est l’auteur de cette accusation ? Qu’est-ce qui relie nos deux personnages ? Un rendez-vous donné à Baltimore pourra peut-être répondre à leurs questions… et à celles du lecteur !

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La Dernière des Stanfield de Marc Levy met un peu de temps à démarrer, c’est vrai. Et nous perd aussi un peu parfois. Mais l’auteur réussit à relier trois générations, à nous faire voyager du Québec à la France en guerre en passant par l’Angleterre et les États-Unis. Très vite, on est pris dans l’engrenage dans cette enquête officieuse et familiale. On veut connaître la vérité, les liens qui unissent Eleanor-Rigby et George-Harrisson, ainsi que leurs mères. Marc Levy parvient à nous captiver complètement, on tourne les pages sans s’en rendre compte. La narration est fluide, les chapitres défilent. Il faut dire qu’on s’est beaucoup attaché à ces personnages, y compris les secondaires, et on serait prêt à les suivre au bout du monde pour faire partie de leurs aventures. Quelques fois l’auteur use un peu trop de facilité dans son intrigue – l’historien de la ville, par exemple – et ça semble un peu trop facile, mais les lieux et les décors ne manquent pas de cachet, les souvenirs de leurs familles sont racontés avec un côté rétro très réalistes… donc on fait l’impasse sur les quelques défauts et on poursuit.

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On poursuit… le dénouement arrive, et c’est génial… jusqu’aux deux dernières pages. Juste les deux dernières pages et tout cafouille. Ne lisez pas ces deux dernières pages. L’auteur a mené son roman d’un bout à l’autre, avec justesse et naturel. Et PAF ! Quel mauvais pas, quelle fin inutile ! Certaines questions sont faites pour qu’on n’y réponde pas. Pas besoin de pondre une fin incohérente, irréaliste, artificielle… ça m’a un peu gâché l’effet de cette lecture. Donc, vraiment, ne lisez pas les deux dernières pages.

Ça reste tout de même une lecture agréable et je pense retenter l’expérience avec Marc Levy. C’est divertissant, bien écrit, prenant !

Marc Levy, La Dernière des Stanfield, aux éditions Pocket, 7€90.

Le Monde caché d’Axton House, d’Edgar Cantero

Pour ma dernière lecture, j’ai laissé ma curiosité l’emporter et j’ai déniché un livre au rayon fantastique d’un auteur inconnu – même la maison d’édition, je ne connaissais pas. Il s’agit du roman d’Edgar Cantero, Le Monde caché d’Axton House.

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Notre héros A., accompagné de son amie muette Niamh, vient d’hériter d’un manoir perdu dans la campagne américaine. C’est son cousin éloigné au deuxième degré, un certain Ambrose Wells qui lui aurait légué. En se défenestrant par la fenêtre du deuxième étage comme son père trente ans auparavant. Très vite A. comprend qu’il y a bien des mystères dans cette maison : les rumeurs parlent d’un drôle de rassemblement au solstice d’hiver mais aussi d’un fantôme qui hanterait la salle de bain. Quant à notre héros, il trouve décidément bizarre ce labyrinthe de haies dans le jardin, et où a donc disparu le majordome ? Sans compter sur ces multitudes de pièces à fouiller et sur ses nuits qui deviennent de plus en plus agitée… Bref, la maison cache quelque chose et tout devient de plus en plus étrange.

Si vous aimez l’ambiance manoir hanté, les sociétés secrètes, la cryptographie, les mystères, les disparitions, le suspens, l’aventure à la Indiana Jones et un brin de truc bizarres en tout genre, vous serez servis avec cette lecture ! A mes yeux, je la trouve très originale et divertissante, mais je ne suis pas du tout une habituée du genre. J’ai adoré cette ambiance poussiéreuse où on craint les ombres, j’ai adoré les énigmes qui jalonnent notre chemin. C’est un récit à la fois d’action, d’enquête et d’aventure, qui fait souvent frissonner sans jamais terrifier pour autant. L’auteur a une imagination folle et l’objet final est très très original !

axton-house-uneJ’ai adoré suivre les personnages, qu’on découvre à travers des extraits de journaux de bord, de lettres, d’enregistrement audioLa narration sous cette forme donne un vrai rythme au récit et j’aime cette façon de raconter une histoire. Bien sûr, le rapport de longs dialogues dans les journaux des personnages m’a semblé parfois surréaliste mais on accepte assez vite de jouer le jeu en tant que lecteur, car on veut avancer. J’ai plusieurs fois cru que le récit allait prendre telle ou telle direction, mais je n’ai pas cessé d’être surprise – sauf par la toute dernière révélation dont je me doutais un peu. Je regrette juste certaines longueurs dans le dernier tiers, mais de façon plus générale j’ai heureusement trouvé le texte très rythmé. On a très envie de savoir la suite des événements, l’auteur nous tient en haleine et il nous mène par le bout du nez.

Pour en revenir aux personnages, on les connaît finalement assez peu. Ils n’ont pas de passé, leur relation semble flou – tout s’éclaire cependant à la fin. Et cela ne m’a pas vraiment gênée, car le lien qu’ils ont durant l’histoire est beau et puissant. J’ai adoré le côté décalé de Niamh et le calme de A. Leurs réactions semblent parfois d’ailleurs trop calmes par instant : à leur place, je pense que j’aurais été terrrorisée ! Ne pas les voir ressentir de si fortes émotions m’a un peu manqué, mais j’ai finalement été happée par le reste.

Une bien belle surprise : j’ai beaucoup apprécié cette lecture qui me sort de mes habitudes. Je vous recommande ce roman qui vous fera passer un bon moment !

Edgar Cantero, Le Monde caché d’Axton House, traduit de l’anglais par Paul Benita, aux éditions Super 8, 19€.

L’aube sera grandiose, d’Anne-Laure Bondoux

 

Cela fait très longtemps que j’entends parler de cette auteure, mais je ne m’étais jamais lancé. La quatrième de couverture de L’aube sera grandiose m’a convaincue et c’est donc par cette lecture que je commence ma découverte d’Anne-Laure Bondoux.

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Nine est furieuse. Alors qu’elle avait prévu d’aller à une fête de lycée, y retrouver ses copines et surtout y croiser le beau Marcus, sa mère en a décidé autrement. Sans crier gare, elle l’a mise dans la voiture avec quelques bagages et en route pour un destination inconnue. Il est déjà tard, elles ont roulé pendant des heures : les voici enfin arrivées à cette drôle de cabane le long d’un lac, complètement perdue au milieu d’une forêt. Titania explique alors à sa fille qu’elle a des choses à lui dire, l’histoire de sa famille à lui raconter. Nine comprend qu’elle va en découvrir beaucoup sur sa mère, des secrets cachés jusqu’à présent. Comment se fait-il qu’elle ne connaissait pas l’existence de cette cabane ? Qui sont Orion, Octo ou Rose-Aimée dont sa mère vient de parler ? Pourquoi tout lui dire ce soir et pas avant ?

Elles ont la nuit devant elles, dans ce décor incroyable, à l’abri de tout. D’un chapitre à l’autre, on bascule entre le temps présente avec Titania et Nine, puis dans le passé, à travers la vie de la petite Consolata et sa famille. J’ai apprécié faire partie de cette intimité, de ce grand récit : tout un pan de vie occulté et sur lequel on fait jour à présent. Heure par heure, le récit s’égraine, menant jusqu’à l’instant présent. Ce n’est pas de la tenue d’un thriller, c’est plus épais, plus doux que cela. On se sent bien malgré les révélations, et on a envie de savoir la suite. Pour que la boucle soit bouclée.

Nine lève les yeux vers le ciel et les millions d’étoiles. Toutes les mères de l’univers ont sans doute une vie secrète, des activités à elles, des amis ou des collègues dont elles ne parlent jamais, des rêves enfouis, des soucis qu’elles dissimulent. Des amants, parfois. La sienne a une cabane au bord d’un lac.

479_photo_oeuvre-art-lac-aube-eteAnne-Laure Bondoux maîtrise son sujet de bout en bout, écrivant une narration efficace, bien rythmée. J’ai adoré les lieux et les décors qu’elle a choisi, y insufflant de la vie par le biais de personnages attachants. Je crois vraiment que je n’ai rien à reprocher à ce récit. Je m’y suis glissée avec volupté, aimant chaque chapitre, chaque personnage qu’on y croisait. Même si le secret central ne m’a pas vraiment emballée – je m’y étais un peu attendue –, il est très bien amené et enfin, tout s’emboîte, tout semble logique. La plume de l’auteure est très belle, équilibrée. J’ai aimé son art des dialogues et cette certaine lenteur insufflée dans le récit qu’on suit tout au long de la nuit. La relation mère-fille est magnifique, mon petit cœur a été ému plusieurs fois.

Une lecture à offrir, à découvrir, une plume sublime… je ne peux que vous le conseiller !

Anne-Laure Bondoux, L’aube sera grandiose, aux éditions Gallimard Jeunesse, 14€90.

Les Derniers Battements du cœur, de Kelley York & Rowan Altwood

J’ai l’impression qu’il y a des choses qui reviennent dans la romance young-adult : une rencontre autour du suicide ou de la maladie. Très sincèrement, la moitié de ce que j’ai pu lire comporte une rencontre de ce genre des deux protagonistes. Et ça ne me dérange pas vraiment car cela peut faire naître de très très bons romans – comme celui d’aujourd’hui – mais j’ai peur de finir de me lasser au bout d’un moment.

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Aujourd’hui, nous allons donc parler du roman écrit à quatre mains Les Derniers Battements du coeur de Kelley York et Rowan Altwood. Dans cette histoire, on bascule d’un personnage à l’autre. D’un côté Luc, greffé du cœur il y a trois ans mais en plein rejet ; il ne veut plus voir d’hôpitaux, donc il organise une sorte de road-trip pour finir sa vie comme il l’entend. De l’autre, il y a Evelyn, une ancienne amie proche de Luc qui revient en ville après trois ans passés en Arizona, auprès d’un beau-père qu’elle déteste. Evelyn est embarquée dans ce voyage, cette fuite en avant vers l’Oregon. Tous les deux s’aiment, c’est évident. Mais parfois, ça ne suffit pas pour former un couple.

J’imagine que vous avez déjà trouvé la trame de cette histoire : elle est assez convenue, il faut dire. Cependant, cette escapade improvisée de plusieurs semaines en voiture est très originale et j’ai adoré découvrir les personnages à cette occasion. Ce qu’ils ressentent l’un pour l’autre est très fort et on comprend leurs réticences, leurs hésitations. J’ai parfois eu envie de claquer Luc pour certaines de ses décisions mais j’imagine que je ne peux me mettre dans la peau d’un garçon comme lui, qui a déjà traversé tant d’épreuves. A l’inverse, j’ai réussi à me sentir plus proche d’Evelyn, baladée selon les amours de sa mère – et sa mère tombe amoureuse tous les quatre matins. Elle manque de confiance en elle, elle n’a jamais pu se poser, s’accrocher à un lieu ou à quelqu’un. Son seul repère dans sa vie a été Luc.

Leur relation est merveilleuse, j’ai été très touchée par leur histoire. Les personnages secondaires ne sont pas en reste, et les auteurs mettent en avant par touches les liens familiaux étranges, modelés par les non-dits et l’inquiétude.

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Les pages défilent à une vitesse impressionnante. Le rythme est soutenu, on veut suivre Evelyn et Luc jusqu’au bout. On veut savoir comment tout cela va finir. Car il y a des secrets encore et toujours, et tant que la vérité ne sera pas évidente, tant que Luc n’aura pas pris de décision, on se tient au bord du gouffre, se demandant s’il va sauter ou pas. J’ai pleuré – oui, je suis une madeleine – et je ne remercie pas les auteurs pour tous ces passages qui m’ont donnés des palpitations. Mais c’est aussi ça la lecture, vivre des émotions fortes. Je pensais au début que ce serait une petite romance de passage, que j’oublierai vite. Finalement, les personnages et leurs aventures m’ont vraiment marquée.

Une très belle surprise donc, qui gagne à être connue !

Kelley York & Rowan Altwood, Les Derniers battements du cœur, traduit de l’anglais (États-Unis) par Laurence Richard, aux éditions Pocket Jeunesse Junior, 17€50.

Au service surnaturel de Sa Majesté, de Daniel O’Malley

Entre deux romances young adult, il m’arrive quand même de lire autre chose. Sortir des lectures plus adolescentes, des histoires d’amour toutes mignonnes, c’est un nouveau pas en avant pour me sortir de ma panne de lecture ! J’ai donc choisi, à ma plus grande surprise, un petit pavé du rayon SF de ma librairie. Il s’agit d’Au service surnaturel de Sa Majesté de Daniel O’Malley.

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Vous vous en doutez, nous sommes en Angleterre. Myfanwy Thomas se réveille dans un parc entouré de cadavres portant des gants en latex. Elle ne se rappelle de rien : elle a perdu la mémoire. Dans sa poche, elle découvre une lettre : son ancien elle savait ce qui allait arriver et lui a laissé tout un tas de message pour qu’elle se repère dans sa nouvelle vie. Car Myfanwy n’est pas n’importe qui : elle travaille pour la Checquy, une organisation secrète qui combat le surnaturel, le cantonne, l’étudie. Dans cette agence hiérarchisée selon un jeu d’échec, Myfanwy est la Tour. Elle va devoir réussir à se dépatouiller dans ce travail, entourée de personnes aux pouvoirs spéciaux, et trouver qui lui veut du mal. Car une conspiration est sur le point de réussir à tout renverser et Myfanwy doit y mettre un terme.

Ce roman de plus de 660 pages vous en fera voir ! Je ne m’attendais pas à ce genre de surnaturel, où tout est permis, mais ça fonctionne assez bien. J’ai adoré la Checquy, son organisation, ses membres : vraiment, ça m’a passionnée de découvrir avec notre héroïne cette société du paranormal. L’auteur a beaucoup d’imagination mais surtout ce qu’il a crée se tient d’un bout à l’autre. C’est un roman d’action, d’espionnage, de science-fiction, d’aventures : tout est réuni pour que vous passiez un moment de lecture divertissant. Il est vrai qu’il y a parfois quelques longueurs. Quand le roman prend des airs de thriller avec révélation(s) finale(s), je dois avouer que j’ai commencé à regarder ma montre. Mais l’auteur a mis en place un système de narration qui nous empêche de nous ennuyer tout en découvrant la Checquy au même rythme que notre héroïne : entre l’action qui se déroule sous nos yeux et le récit des lettres écrites antérieurement, un équilibre se forme.

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On ne peut alors s’empêcher de chercher les similitudes et les différences entre les deux Myfanwy, celle du passé et celle qui a perdu la mémoire et tente de reconstruire sa vie petit à petit. Et il est vrai que ce n’est pas tout à fait la même femme. J’ai adoré ce personnage, même si je l’ai parfois trouvée trop sûre d’elle pour une amnésique – ça manquait un peu de réalisme. Je me suis un peu perdue dans la galerie des autres personnages mais j’ai globalement trouvé tous les personnages secondaires intéressants. A partir du moment où on est dans une agence du surnaturel, on peut tout se permettre et l’auteur ne sait pas prier pour écrire quelques fantaisies – ah, Gestalt ! Ceux qui ont lu comprendront.

J’ai passé un excellent moment avec ce livre, même si je lui aurais enlevé une centaine de pages sans vraiment de difficulté. Daniel O’Malley a une imagination débordante et tient son univers d’un bout à l’autre. Sa plume est sûre, et ne manque ni de vivacité, ni d’humour. Je vous recommande ce roman, idéal pour les soirs de vacances ou un long weekend.

Et vous, êtes-vous prêt à intégrer la Checquy ?

Daniel O’Malley, Au service surnaturelle de Sa Majesté, traduit de l’anglais (Australie) par Charles Bonnot, aux éditions Pocket, 8€60.

Belgravia, de Julian Fellowes

Il paraît que si vous aimez Downtown Abbey, vous aimerez Belgravia de Julian Fellowes – ce dernier étant le scénariste et l’auteur de ces deux œuvres. Je ne doute pas pas que ce soit vrai, mais n’ayant jamais regardé Downtown Abbey, j’aurais du mal à vous en dire plus. Mais si vous aimez les petites histoires de l’aristocratie anglaise, les secrets de famille, les intrigues de classes sociales et les ragots de serviteurs, je ne peux que vous recommander cette superbe lecture !

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En 1815, eut lieu à Bruxelles un bal qui marquera les esprits. Parmi eux, les Trenchard, une famille bourgeoise en pleine ascension sociale qui dérange un peu les aristocrates pur souche. Également présente, la famille Bellasis, dont le fils va bouleverser la vie de Sophia Trenchard. Quelques heures après cette réception, presque tous les jeunes hommes de cette assemblée périssent sur le champ de bataille à Waterloo. Près de vingt-cinq ans plus tard à Londres, les secrets ressurgissent et ramènent ces deux familles longtemps en arrière… Le monde change, s’industrialise, s’embourgeoise, et l’aristocratie n’est plus la seule à avoir des privilèges. Et pourtant, les questions de mariage, d’héritage, de filiation comptent tout autant. C’est dans ce nouvel environnement que les Trenchard et les Bellasis vont devoir évoluer, avec, pour leur tenir compagnie, leurs souvenirs du bal de 1815.

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Raaaaah, j’aimerais tellement vous en dire plus ! Mais cela vous spoilerez, alors je me retiens. Sachez juste que l’intrigue est passionnante. Il y a du suspens, des rebondissements… Beaucoup plus passionnants que des petits drames comme la duchesse a trompé son mari avec le comte de truc. L’histoire est servie par une narration impeccable et d’excellents dialogues qui donnent à ce petit pavé un rythme de croisière parfait. C’est sûr, ce n’est pas un thriller et tant mieux ! Car j’ai pris beaucoup de plaisir à explorer la sphère aristocrate anglaise, ses codes et ses personnages.

Les personnages ! Au début, je trouvais qu’il s’agissait ici du seul bémol du livre – et en effet, c’est le seul. Ils doivent être une dizaine, et tous sont importants. Le seul problème, c’est qu’on a vraiment tendance à se perdre dans tout cela. La preuve : pour éviter de vous laisser dans l’incompréhension, j’ai même triché dans le résumé sur un des noms pour que ce soit plus clair. Entre les noms de domaines et des noms de familles, les oncles et les fils, les domestiques… Dur de s’y retrouver par moment.

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Les personnages, c’est aussi et surtout la grande force de ce livre. Je m’attendais à trouver des choses assez caricaturales : alors oui, la fière maîtresse de maison, le mari qui dépense tout au jeu, etc., ils y sont ! Mais il n’y a pas qu’eux, et surtout tous les personnages principaux sont attachants à leur manière. Julian Fellowes donne beaucoup de profondeurs à ses héros, et même aux personnages secondaires. Je pense vraiment, qu’en plus de la clarté de son écriture, c’est vraiment ce qui fait le succès de son roman. Une vrai réussite ces personnages, qu’on ne veut plus lâcher : leurs aventures sont importantes à nos yeux, on a envie que ça se finisse bien pour eux ! On comprend leur colère, leur peur, on déteste leur orgueil, leur égoïsme, on admire leur roublardise, leur naïveté, leur talent. On vit avec eux !

A ma grande surprise, cette lecture m’a vraiment plu. A tel point, que j’ai encore envie de lire des romans dans cette veine-là (aristocratie anglaise, etc. Je suis preneuse de vos conseils lecture d’ailleurs!). Laissez-vous tenter également !

Julian Fellowes, Belgravia, traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Valérie Rosier et Carole Delporte, aux éditions JC Lattès, 20€90.

Un Manoir en Cornouailles, d’Eve Chase

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Quelle bonne surprise que ce roman ! L’ambiance automnale était vraiment propice à cette lecture qui m’a emmenée tout droit dans un autre univers. Aujourd’hui, je vous parle d’Un Manoir en Cornouailles d’Eve Chase.

On va croiser deux mondes : de nos jours, et dans les années 1960. De nos jours, Lorna organise son mariage. Elle recherche assidûment un lieu en particulier : elle a été prise en photo devant, quand elle était enfant et veut savoir pourquoi, ce lieu l’intrigue. Cet endroit, c’est le manoir de Pencraw, aussi appelé le manoir des Lapins noirs. Dans les années 1960 y vivait la famille Alton, une famille heureuse que l’on voit à travers les yeux d’Amber, l’aînée aux côtés de son jumeau Toby. Un soir de vacances, un soir d’orage, un drame a lieu : le temps s’arrête alors au manoir, laissant place aux secrets, à la mélancolie.

Malgré toute son étrangeté et sa tragédie, elle sait que ce manoir va lui manquer, comme les lieux qui vous portent à réécrire la carte de votre vie, ne serait-ce qu’un peu, des lieux qui vous prennent une partie de vous-même et vous donne en échange un peu de leur esprit.

Lorna et Amber, deux femmes séparés par les années, mais réunies par cet endroit, ce manoir un peu croulant, avec des fuites, des souris dans les murs, un jardin sauvage, des cabanes dans la forêt, des kilomètres de couloirs. On aimerait nous aussi nous y perdre tout en frissonnant de savoir ce qu’on risque de trouver dans l’ombre, quel secret risque-t-on de déterrer ?

J’ai adoré cette ambiance automnale, mystérieuse, un peu sauvage, cette solitude pas loin de la mer… Les Cornouailles sont très bien représentées dans ce roman et j’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir le manoir de Pencraw.

manoir-colimacon-seine-entree-principaleLa famille Alton est fascinante, et une fois qu’on a placé les bons prénoms sur les bons visages, on s’y retrouve facilement et on apprécie d’autant plus les relations qu’ils ont, leur évolution au fil du temps. J’ai beaucoup aimé Amber qui est une jeune fille, puis une adolescente qui doit grandir vite mais garde ses doutes, ses pulsions. Sa relation avec son frère est très bien dessinée. J’ai eu plus de mal avec Lorna qui est surtout un prétexte pour découvrir le manoir de nos jours et nous intéresser par son biais à ce qui a pu arriver à la famille Alton. Mais au fil des pages, on la découvre envoûtée par ces lieux et on se demande de plus en plus pourquoi, quel mystère l’entoure ? Elle se dévoile au fil des pages, tout doucement on en apprend un peu plus sur son passé.

Je n’ai pas été très fan de la fin, trop classique, trop évidente. Toutefois, à sa manière, Eve Chase a bien conclu son histoire. Comme la fin, le début ne casse pas trois pattes à un canard non plus : j’ai eu du mal à accrocher aux personnages de Lorna et de son chéri. Leur première apparition ne m’a pas convaincue, je l’ai trouvée assez artificielle. Idem pour le premier chapitre sur les Alton où j’étais assez perdue. Heureusement, passées ces scènes d’introduction menées avec difficulté, le reste du roman est un vraie plaisir !

Une bonne lecture, idéale pour cette fin d’automne !

Eve Chase, Un Manoir en Cornouailles, traduit de l’anglais par Adeline Oudoul, aux éditions NiL, 21€.

Everything Everything, de Nicola Yoon

Je crois que je me lasse de la littérature young-adut. C’est ce que je me dis à la suite de cette lecture : il y a quelques semaines, j’aurais eu un vrai coup de cœur pour ce roman, mais aujourd’hui, je l’ai juste apprécié, voyant ses faiblesses et ses limites. Zoom sur Everything Everything de Nicola Yoon.

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Madeline est atteinte de la maladie de l’enfant-bulle : elle est allergique au monde, obligée de rester chez elle, où l’air est filtré et tout désinfecté. Un quotidien un peu routinier qu’elle partage avec sa mère et son infirmière seulement : les cours par correspondance, la vie sur le net, les lectures, les jeux de sociétés, les films… Mais un jour, dans la maison d’en face, une famille s’installe. Maddie comprend tout de suite qu’un truc cloche dans cette famille : le père hurle sans cesse, la mère a l’air désespéré et l’aîné, un beau brun qui escalade les murs et les toits, a l’air en colère. Quand il prend contact avec elle par fenêtres interposées, Maddie sait qu’elle ferait mieux de l’ignorer. Et elle sait aussi qu’elle n’en fera rien et qu’elle tombera sûrement amoureuse de lui

Car oui, c’est inévitable parce qu’il s’agit bien sûr ici d’une romance, et que le lecteur – moi la première – n’attend que ça ! Mais comment vivre l’adolescence et les affres de l’amour quand on ne peut pas sortir de chez soi et encore moins rencontrer, toucher quelqu’un ? J’ai beaucoup apprécié cette histoire qui a réussi à me surprendre à chaque chapitre. Les événements s’enchaînent très vite – ça en paraît presque surréaliste de facilité parfois. Les différents moyens de narration, les chapitres courts rendent toute cette histoire très attractive et on ne lâche plus le bouquin… Vous pensiez savoir comment cela finirait ? Vous êtes tellement loin du compte ! Même si, avec mon regard d’adulte et de grand lecteur, j’avais deviné la fin assez tôt, je me doute que beaucoup se sont faits bernés.

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Ce roman aborde ou frôle des thématiques difficiles (le deuil, la violence au sein de la famille, la dépression, la maladie, la solitude…), et j’aurais vraiment souhait que l’auteur soit plus bavard, apporte plus de pages, d’approfondissements à son intrigue. Clairement, avec des personnages si attachants, il aura pu se le permettre.

Car c’est ça également la grande force de ce livre – comme dans beaucoup de young-adult – : ses personnages principaux donnent envie de les suivre, ils sont incarnés, ils ont une vraie psychologie, ils évoluent. Ce sont de vrais ados, un peu fougueux, pas sûrs de ce qu’ils veulent mais qui foncent… J’ai été émue, j’ai ri, j’ai eu peur pour eux.

Une très bonne histoire, même si elle avait clairement plus à donner. Je vous la recommande !

Nicola Yoon, Everything Everything, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Eric Chevreau, aux éditions Bayard, 16€90.

Le Livre des Baltimore, de Joël Dicker

Ah voilà, enfin je l’ai lu ! Le Livre des Baltimore de Joël Dicker. Il y a quatre ans, j’avais lu l’opus qui le précédait, La vérité sur l’affaire Harry Quebert, et je mettais jurer de ne pas trop tarder à retrouver notre narrateur, l’écrivain Marcus Goldman. Mieux vaut tard que jamais.

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Il est tout à fait possible de lire ce roman à part, car l’histoire traitée ici est tout autre. Nous allons cette fois plonger dans le passé et la vie de notre narrateur, et parler du fameux Drame qui a détruit tout un pan de sa famille. Il y a bien longtemps, quand il était encore un ado ou un enfant, il y a avait en réalité deux familles Goldman. La sienne, les Goldman-de-Montclair, et celle de son oncle, les Goldman-de-Baltimore. Cette dernière était riche, possédait une grande maison ainsi qu’une résidence de vacances dans les Hamptons et Marcus adorait y passer ses vacances, avec ses cousins.

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Pour Marcus, l’écrivain à succès, c’est l’heure de repartir sur les traces de cette famille qui n’existe plus, de revenir en arrière pour comprendre ce qui s’est passé. Des allers-retours dans ses souvenirs, des souvenirs émus, incrédules, douloureux qui vont établir le portait de cette famille, en apparence si idyllique mais qui cachent pourtant ses failles et ses secrets. Et ce périple va petit à petit revenir sur le vernis écaillé des Goldman-de-l’Amérique-huppée, qui révèle encore ses parts d’ombre huit ans après le Drame.

Joël Dicker

Joël Dicker

J’ai été fascinée par la façon dont l’auteur a opéré la narration, voyageant d’une époque à l’autre, menant plusieurs intrigues parallèles mais liées entre elles en même temps. Coup de chapeau car cela est mené d’une main de maître ! Petit à petit, Joël Dicker met les choses en place et nous aussi nous sommes éblouis par les Goldman-de-Baltimore. Comme Marcus, nous revivons cette enfance faite d’amitiés fortes, de premiers émois amoureux, de petites hontes familiales. La tournure que prennent les choses dans la dernière partie du livre nous fait d’autant plus frémir.
Comme dans son précédent livre, Joël Dicker a écrit ici un pavé, enrichi de quelques poncifs intelligemment revisités. Et comme pour son précédent livre, j’ai dévoré ce roman. Car même si je lui ai trouvé quelques longueurs, l’écriture fluide et prenante de l’auteur, toute l’ingéniosité qu’il met dans la construction de ses personnages et le fil de l’intrigue m’a pris aux tripes. Je devais savoir ce qui était arrivé à ces personnages pour lesquels je m‘étais priss d’affection.

Une vraie plongée en Amérique, que j’ai adoré.

Joël Dicker, Le Livre des Baltimore, aux éditions de Fallois/Paris, 22€ (mais existe aussi en poche maintenant).

Harry Potter et le Prisonnier d’Azkaban, de J. K. Rowling

product_9782070624546_244x0Je dois vous avouer que ce petit rendez-vous mensuel autour d’Harry Potter me plaît bien. Je pense que ça va devenir un rituel jusqu’au jour où je n’aurais plus rien à lire de ce côté-là. J’avance dans ma relecture des tomes et c’est l’heure de vous parler de mon petit préféré, celui que j’ai adulé toute mon adolescence : Harry Potter et le Prisonnier d’Azkaban de J. K. Rowling. Je connaissais toutes les répliques du film par cœur et je suis certaine que vous êtes nombreux à aimer cette histoire d’innocence gâchée, de vengeance et de secrets…

Sirius_Black_à_AzkabanHarry entre en troisième année à l’école de sorcellerie Poudlard. Mais certains choses ont changé depuis l’été dernier. En effet, un criminel très dangereux s’est enfui de la prison magique Azkaban – un exploit – et terrorise toute la communauté des sorciers. On lui attribue les meurtres de sept personnes, avec un seul coup de baguette magique… Et de plus, on découvre au fil des pages que ce fameux Sirius Black, un ancien élève de Poudlard, est également lié à la famille Potter (et pour ne pas spoiler ceux qui vivent dans une grotte, je n’en dirai pas plus). Pour protéger les jeunes sorciers – et surtout Harry – des Détraqueurs ont été postés à Poudlard. Ces créatures hideuses aspirent toutes idées de bonheur. L’ambiance à l’école de sorcellerie est donc bien étrange dans ce tome placé sous le signe des révélations.

J’ai beaucoup aimé ne pas avoir directement affaire à Voldemort dans cet opus, car c’est une nemesis qui ne m’excite pas plus que ça… Très clairement, j’aime les personnages secondaires plus complexes comme Sirius Black – ou Dolores Ombrage plus tard – dont l’écriture est un vrai petit chef-d’œuvre. Je me souviens qu’à ma toute première lecture, ce livre m’avait littéralement retourné le cerveau, j’ai cru tout ce qu’on me disait, je m’étais complètement laissé emportée, jusqu’à cette vérité qui change tout ! Les relectures depuis ont toujours été un bonheur, car je m’amuse énormément à traquer les indices laissés par J. K. Rowling au fil des pages.

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Les personnages prennent de l’ampleur, je pense notamment à Hermione qui est vraiment devenue pour moi une égérie à partir de ce tome. Harry est fidèle à lui-même, même si un peu trop mélodramatique à mon goût. Quant à Ron, il est au final peu présent, c’est un peu dommage. Heureusement, de nouvelles thématiques et de nouveaux personnages viennent renouveler notre esprit de découverte et font grandir cet univers. En vrac, je cite mes préférés : Lupin et l’attitude de Rogue envers lui, la carte du Maraudeur, Pré-au-Lard, les Patronus, les Animagus, le passé de Harry qu’on explore un peu plus, les scènes de Quidditch, le Magicobus, les examens de fin d’années, les soins aux créatures magiques, l’astuce d’Hermione pour suivre tous ses cours. J’ai pratiquement tout adoré.

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J’ai vibré au fur et à mesure des péripéties et des révélations : même si je trouve la fin un peu longuette (quand y en a plus, y en a encore), ce tome-là est vraiment pour moi le page-turner de la saga ! La tension est moins forte que dans le précédent, comme d’habitude les « coïncidences » pour faciliter la narration sont trop fréquentes, mais globalement c’est une histoire accrocheuse, avec beaucoup d’action. Il a donné un vrai second souffle à cette saga, entre deux tomes que personnellement j’apprécie beaucoup moins. Bref, Harry Potter et le Prisonnier d’Azaban : un coup de cœur pour toujours.

Et vous, jurez-vous solennellement que vos intentions sont mauvaises ?

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J. K. Rowling, Harry Potter et le Prisonnier d’Azkaban, traduit de l’anglais par Jean-François Ménard, nouvelle édition chez Gallimard, 22€.