Harry Potter et la Chambre des Secrets, de J. K. Rowling

product_9782070624539_244x0Nouveau mois, et donc nouvelle lecture d’Harry Potter. Ce mois-ci, on parle du deuxième tome : Harry Potter et la Chambre des Secrets. Pour cet opus, J. K. Rowling fait grandir notre héros : ce n’est plus l’heure de l’émerveillement, des jeux de piste et de la découverte. C’est l’heure des menaces mortelles à l’œuvre dans l’enceinte même de l’école de sorcellerie Poudlard, pourtant réputé comme l’un des endroits les plus sûrs de la planète.

En effet, après une arrivée fracassante en voiture volante, Harry comprend vite que ce ne sera pas une année comme les autres à l’école. Avant même qu’il arrive à Poudlard, un elfe de maison essaie de le convaincre de ne pas y aller : apparemment, sa vie serait menacée… Mais pour Harry, c’est Poudlard sa vraie maison, il est hors de question pour lui de ne pas s’y rendre ! Très vite, des choses anormales se passent : la chatte de Rusard est pétrifiée, un agresseur rôde dans les couloirs et menacent les sorciers qui ne sont pas de sang pur… Les élèves sont paniqués, l’ambiance n’est plus la même dans les couloirs et les salles de classe. Et quels sont ces sons que Harry perçoit provenant des murs ?

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Petit à petit, les pièces du puzzle se mettent en place et nous font redouter une menace d’autant plus forte qu’elle provient de l’intérieur même de Poudlard. On est à l’abri nulle part. Ce tome-ci n’est pas du tout mon préféré, Harry est dans un entre-deux-âges que je n’ai jamais vraiment aimé, toutefois je reconnais que notre héros est obligé de grandir aussi. Être l’élu, celui qui a chassé Voldemort alors qu’il n’était qu’un bébé implique aussi d’être soupçonné au moindre doute. Difficile d’endosser un rôle que l’on n’a jamais voulu… J’apprécie beaucoup dans cet opus les efforts de l’auteure pour inclure de la tension. Les dangers sont réels, des personnages peuvent mourir ! Ce n’est pas rien… Et cet agresseur que personne ne débusque ! Les péripéties s’enchaînent, nous entraînant petit à petit vers la vérité. Il est vrai que parfois les événements vont dans le sens de nos héros (ils sont là au bon moment, ils sont les premiers sur telle scène importante, etc.) : ces ficelles de roman jeunesse, on les pardonne car J. K. Rowling nous embarque très loin dans le monde de la magie, dans le domaine de Poudlard et c’est avec plaisir et frisson que l’on suit Harry et ses amis jusqu’au bout de l’aventure.

C’est un très bon roman qui ouvre la porte vers des histoires plus noires, plus dangereuses. On quitte petit à petit un univers enfantin pour s’approcher de la noirceur de la sorcellerie. Même si c’est peut-être le tome que je préfère le moins, je le trouve très bon. J. K. Rowling a une plume qui va droit au but tout en immergeant dans un monde vaste et complet. Elle sait tout faire : la peur, l’action, mais aussi l’humour ! Ah, ce Gilderoy Lockhart !

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Et vous, avez-vous aimé Harry Potter et la Chambre des secrets ? Rendez-vous le mois prochain pour découvrir mon tome préféré !

J. K. Rowling, Harry Potter et la Chambre des Secrets, traduit de l’anglais par Jean-François Ménard, 21€.

Le Combat de l’Epouvanteur (T.4), de Joseph Delaney

9782747025737Je continue mon avancée dans la saga de Joseph Delaney avec le tome 4 : Le Combat de l’Epouvanteur. Après un tome 3 qui en disait beaucoup sur Gregory, l’intrigue se ressert ici sur l’apprenti Tom Ward mais aussi autour d’Alice, sa jeune amie sorcière. Et justement, c’est de sorcières que va parler ce gros tome de 400 pages. Le maître Gregory a décidé de faire face aux trois clans de sorcières très puissantes qui règnent dans la région de Pendle. En effet, un rumeur dit qu’elles se mettraient d’accord pour invoquer ensemble le diable en personne. Et il est évident que cet événement est à éviter à tout prix sans quoi les forces obscures prendraient possession de tout le Comté. L’intrigue pourrait s’arrêter là mais les choses vont encore plus se compliquer : la famille de Tom a été enlevée, et les malles que sa mère lui avaient donné ont été emportées elles aussi. L’enjeu est de taille, et la rencontre avec les sorcières est alors inévitable.

Dans ce tome-ci, le maître Gregory est presque absent. Personnellement, cela m’a déçu car j’adore cette relation maître/élève. Toutefois, ce choix dans l’intrigue permet d’en apprendre plus sur Tom, mais surtout sur sa mère, ce qui laisse présager de sacrés rebondissements pour cette saga. De la même façon, on voit que les liens qui unissent Tom (qui a 14 ans) et Alice se resserrent, et ça, ce n’est pas pour me déplaire. Tom prend de l’assurance, mais il est encore fragile. On s’aperçoit dans cette nouvelle aventure que les choses en jeu sont très importantes. C’est dans ce tome que j’ai commencé à me détacher du côté « je lis de la litté jeunesse » pour pencher vers le côté « je vis la litté jeunesse ». Les membres de la famille de Tom gagnent en profondeur et on s’attache vraiment à eux. De la même façon, on perçoit les faiblesses et les sentiments d’Alice, et ça c’est ce qui manquait au récit auparavant selon moi.

Quant à l’intrigue en elle-même, même si je l’ai trouvée parfois longue avec des détours étranges qu’on aurait pu éviter, j’ai beaucoup aimé en apprendre plus sur les différents types de sorcières, les clans, les rituels. Disons, que ça change des gobelins qu’on nous resservait à chaque fois. Le changement de décor – ils sont dans un lieu où ils n’ont pas vraiment d’attaches – accentue la tension de ce tome et ce sentiment de danger. On découvre en même temps que Tom les secrets de ce nouveau territoire. On perçoit les mêmes menaces, on ressent les mêmes peurs. Les scènes d’action sont très lisibles quoique parfois un peu répétitives.

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Quant à l’écriture, j’ai eu l’impression dans ce tome qu’elle était moins vive et moins alerte que d’habitude, voire que l’auteur brodait quelque fois pour faire durer la chose. J‘ai aimé l’histoire en elle-même mais je pense qu’on aurait pu rendre ce sentiment d’insécurité et d’angoisse avec 100 pages en moins. Toutefois, je me suis prise au jeu et j’ai lu ce roman vraiment rapidement. Et la fin de ce tome-ci, plus que toutes les autres, me donne envie de découvrir la suite de l’histoire.

Joseph Delaney, Le Combat de l’Epouvanteur, traduit de l’anglais par Marie-Hélène Delval, aux éditions Bayard Jeunesse, 12€90.

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L’Horreur de Dunwich, de Howard Phillips Lovecraft

« Quand un voyageur dans le centre nord du Massachussets prend la mauvaise direction au carrefour du péage d’Aylesbury juste après Dean’s Corners, il découvre une campagne étrange et désolée. (…) On ne peut s’empêcher de flairer dans le rue du village, la vague présence d’une odeur maligne, comme celle de la putréfaction et de la moisissure accumulées au cour des siècles. C’est toujours un soulagement de quitter cet endroit en suivant la route étroite qui longe la base des collines et franchit la plaine pour rejoindre enfin le péage d’Aylesbury. Plus tard on apprendra peut-être qu’on a traversé Dunwich. Les étrangers passent à Dunwich le plus rarement possible, et depuis certains moments d’horreur, tous les écriteaux qui indiquaient sa direction ont été abattus. (…) Deux siècles auparavant, quand la race des sorcières, le culte de Satan et les mystérieux habitants des forêts n’étaient pas objets de plaisanteries, c’était l’usage d’invoquer des motifs pour éviter le village. A notre époque raisonnable  – car l’horreur de Dunwich en 1928 a été étouffée par ceux qui eurent à coeur de préserver la paix de la ville et du monde  – on l’évite sans savoir exactement pourquoi. »

Etant entourée dans la vie de tous les jours par des fans de fantasy, on m’a conseillé à de nombreuses reprises de lire un des classiques du genre, autrement dit, de lire Lovecraft. Je ne suis pas réfractaire à la fantasy mais c’est vrai que ce n’est pas vers ça que je vais aller de prime abord. J’ai donc commencé doucement avec une courte nouvelle de l’auteur, écrite en 1928 : « L’Horreur de Dunwich ».

Dans cette ville lugubre du Massachussets se trament des choses pour le moins étranges. Un enfant du nom de Wilbur Whateley naît dans d’étranges circonstances. Plus étrange encore est la vitesse phénoménale à laquelle il grandit. Sa famille est considérée dans le village comme maléfique et ses membres seraient des sorciers ou encore des adeptes de rites sataniques. Et les bruits, les événements inquiétants qui se déroulent dans leur demeure n’en sont que plus troublants : des détonations se font entendre régulièrement sur cette colline à l’écart du reste des habitations et une odeur nauséabonde empeste les alentours. Un jour, la mère de Wilbur disparaît sans laisser de trace (lors d’une nuit d’horreur où des cris retentissent dans la vallée et où des éclairs zèbrent le ciel…) alors que celui-ci devient de plus en plus taciturne et effrayant. Grommelant un parler inconnu, il sort pour la première fois de Dunwich afin de consulter un grimoire ancien, le Necromicon. Comme porté par une force mystique il veut à tout prix s’emparer de l’ouvrage mais on refuse de lui céder. Il ne reste alors qu’une solution : le voler. Même si Wilbur n’a pas encore fini sa « quête », ses intentions maléfiques semblent avoir porter ses fruits : en effet, le village est sous l’emprise d’un mal mystérieux, entre sortilège et monstre. L’horreur, à Dunwich, ne fait que commencer.

Cette nouvelle est admirablement écrite et travaillée ; tout est pensé pour faire surgir en vous ce frisson, ce doute qui ne vous lâchera pas. Dès les premières lignes, la peur s’insinue sournoisement. L’univers de cette histoire est terriblement sombre et dangereuse. Il y a bien sûr des moments plus creux pour nous permettre de souffler mais jamais votre vigilance ne pourra s’affaiblir. C’est une nouvelle sous haute tension, mêlant à la fois mythe, légende urbaine et imaginaire, un bon mélange de fantasy et d’horreur écrit avec brio. Lovecraft a parfois été considéré comme fou et on peut comprendre pourquoi ; il a réussi à créer un univers bien à lui où toutes les croyances se croisent ce qui lui a valu de rentrer, parmi les premiers, au (restreint) panthéon de la fantasy.