Trembler te va si bien, de Wataya Risa

Je reviens encore avec un peu de Japon dans ma hotte. Et encore une fois, je dois aux éditions Picquier une découverte asiatique, en la personne de Risa Wataya, une jeune auteure tokyoïte. Avec Trembler te va si bien, on entre dans le vie d’Etô, jeune femme qui joue son rôle de femmes dans cette société encore assez traditionnel du Japon. Mais tout n’est pas si manichéen, heureusement.

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Etô, c’est une jeune fille qui travaille au service comptable d’une grande entreprise. Fleur bleue, elle voudrait le grand amour, le mariage, une idylle. Ingénue et maladroite, elle s’arrange pour revoir ce garçon du lycée qui la tend marquée, cet amour à sens unique : Ichi. Mais malgré leurs points communs, elle n’est pas persuadée qu’un jour cette attirance devienne réciproque. Parallèlement, il y a ce collègue, pas vraiment son type, mais au moins, lui, lui a déclaré sa flamme. Etô est bien sûr flattée de cette attention, et elle sait qu’il serait peut-être plus sage de penser à s’établir, à fonder une famille. Plusieurs connaissances de son âge ont déjà des enfants, quand elle s’acharne à converser sa virginité pour celui qui sera l’amour de sa vie.

Les sentiments de la jeune fille sont incertains. Il pèse sur ses épaules un certain poids du passé qu’elle s’inflige en partie elle-même. Dans ce livre, c’est sa voix qu’on entend, ses atermoiements, ses incertitudes, ses prises de bec avec sa conscience. Mais cela se fait toujours avec drôlerie et émotion. Ce n’est pas un livre kawai, ce n’est pas un livre qu’on pourrait rattacher à de la chick-litt ou de la romance harlequin. On retrouve là une certaine image du Japon avec ces postes de secrétaire qui représentent de vrais viviers de futurs mariées pour les salarymen travaillant dans leurs entreprises, avec les désirs d’Etô, qui ne sont pas les mêmes qu’une jeune Française de son âge et de sa classe. On ne peut pas classer ce livre car il n’y a rien d’approchant. Je n’ai pas pleuré ou prié pour l’héroïne, l’identification était minime. Pas de pathos, mais je n’avais pas non plus l’impression de lire le Journal de Bridget Jones. Etô se plaint à peine, elle est juste perdue, elle veut juste trouver sa place. Celle qui lui conviendra, celle où elle pourra s’insérer en douceur et y vivre heureuse.

C’est un peu ce qu’on recherche tous. Dans le cas de notre personnage, cela passe par une lucidité picotée d’humour, un éclairage de deux amours indécis, un ton faussement léger.

Encore une fois, je peine à décrire la plume nippone. D’ailleurs, chapeau au traducteur qui a réussi à retranscrire cette écriture si loin de la nôtre. Et même si cette traduction n’est pas parfaite parfaite, je me rends compte de l’extrême difficulté de la chose.

Ce n’est pas un roman transcendantale ; j’ai malgré tout passé un bon moment en compagnie de notre héroïne et de ses querelles de cœur.

Risa Wataya, Trembler te va si bien, traduction du japonais par Patrick Honnoré, aux éditions Philippe Picquier, 16€.