Did I Mention I Miss You ? (tome 3), d’Estelle Maskame

Et voilà, je viens de finir la saga d’Estelle Maskame autour du couple Eden/Tyler, demi-frère et demi-sœur par alliance (pas de chance pour eux), avec le dernier tome : Did I Mention I Miss You? Attention, je vais spoiler les deux premiers tomes (un petit peu) dans cet article donc vous êtes prévenus. Ceci dit, ça reste une romance young-adult assez basique, pas de grosses surprises à l’horizon non plus.

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Eden et Tyler dans le tome précédent avaient fini par se mettre en couple et par l’avouer à leurs familles. L’accueil du côté du père d’Eden – qui est donc le mari de la mère de Tyler, vous suivez ? – n’a pas été des plus chaleureux… Leur relation choque et dégoûte pas mal de monde. Ça fait trop pour Tyler, il a déjà son passé à se traîner : il décide donc de partir. Il laisse seul Eden à Santa Monica. On la retrouve un an plus tard, pleine d’amertume et de colère envers Tyler qui l’a tout simplement abandonnée. Mais ce dernier revient dans la vie de tous. Ella, sa mère, qui voit sa famille partir en lambeaux, décident d’emmener tout le monde en week-end à Sacramento.

Tout ce passe comme vous l’imaginez entre Eden et Tyler, honnêtement rien de neuf pour une romance. Il y a toujours cette avalanche de bons sentiments, et Tyler qui a changé, qui est devenu quelqu’un d’incroyable et bla et bla.

Heureusement, je suis très attachée à ses personnages, j’ai donc pris du plaisir à les suivre jusqu’au bout. Ce qui est intéressant dans cette saga, c’est la place de la famille dans l’histoire et les relations des personnages principaux avec la leur. Il faut dire qu’il y a de quoi faire, entre les relations aimantes, les relations inexistantes, les relations belliqueuses… Ce point de vue est très intéressant et j’ai apprécié retrouver autant de profondeur dans ce genre de lecture que j’ai choisi uniquement car elle est divertissante.

C’est un roman qui se lit vite et comme les autres tomes, on ne s’ennuie pas, tout s’enchaîne très vite. Mais à l’inverse des deux opus précédents où chaque intrigue se fixait dans une ville, ici on passe beaucoup de temps en voiture et en hôtel, entre Sacramento, Santa Monica et Portland. L’histoire est éclatée, faisant ressurgir des vestiges des autres tomes. J’ai l’impression que l’auteure s’est un peu laissée envahir par son histoire. Les lieux de l’intrigue sont trop éparpillés, il aurait fallu à mes yeux qu’on se focalise vraiment plus sur la ville de Portland que j’ai appris à aimer comme Eden et Tyler. Ce tome dégouline un peu trop de bons sentiments, mais il y a un beau travail sur le thème des tensions familiales et du pardon. On peut vraiment dire que la qualité est inégale sur tous les plans !

Je suis très heureuse cependant d’avoir fini cette saga que j’ai vraiment apprécié de bout en bout malgré ses imperfections et son manque de maturité. Je vous la conseille si vous recherchez une romance ado qui vous transportera aux États-Unis.

Estelle Maskame, Did I Mention I Miss You ?, traduit de l’anglais par Maud Ortalda, aux éditions Pocket Jeunesse, 16€90.

La Sélection, de Kiera Cass

Le retour de la dystopie sur le blog ! Très heureuse de retrouver ce genre dont je m’étais un peu lassé. D’ailleurs, je n’avais pas forcément envie de me plonger dans cette nouvelle lecture, mais ma réservation faite depuis longtemps venait enfin d’arriver à la médiathèque… je me suis dit que ce serait dommage de passer à côté de La Sélection de Kiera Cass dont j’avais pas mal entendu parler sur les réseaux sociaux. Je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre, et le fait que le roman soit assez court m’a convaincue de m’y mettre et ce fut plutôt une belle surprise ! J’ai hâte de lire la suite.

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America vit dans une société organisé par caste, par niveau. Cette jeune fille est amoureuse d’Aspen, qui fait pourtant partie d’une caste inférieure. Leur histoire est donc secrète. Mais au même moment, une immense sélection, comme un concours, a lieu dans tout le pays et a pour but de faire trouver au prince Maxon sa future épouse. Poussée par son entourage, America envoie sa candidature, sure de ne pas être choisie vu le nombre incroyable de jeunes filles qui postulent. Et finalement, elle apprend qu’elle fait partie des trente-cinq demoiselles : la Sélection. Une nouvelle vie commence pour elle : c’est une compétition sans merci entre les jeunes filles qui a lieu au palais, sous l’œil des caméras. Car oui, cette aventure prend des airs de télé-réalité : le pays tout entier est avide de savoir laquelle d’entre elles va charmer le prince. America ne se sent pas à sa place ici, ses sentiments se bousculent… elle a peur aussi des renégats qui veulent renverser le pouvoir en place.

755c2e5f9ff27c3e61b66f67abfac3ef-maxon-schreave-selection-seriesCe livre est court et renferme beaucoup de choses en si peu de pages. L’auteure va à l’essentiel et je suis bluffée par sa capacité à nous rendre les personnages attachants, de mettre en place clairement tout un univers dystopique et les enjeux qui vont avec, tout en construisant une intrigue à la fois amoureuse, humaine et politique. Oui, c’est une petite trilogie young-adult mais ça n’empêche d’avoir aussi là un livre écrit avec talent.

Ça reste une romance pour ado, on peut lui reprocher son côté fleur bleue ou un certain manichéisme des personnages, mais très honnêtement ça ne m’a pas arrêtée. Certains personnages principaux au contraire sont très bien construits, on suit leur évolution, on découvre leurs nuances au fil des pages. J’ai adoré l’univers du palais et de la bienséance. Les magnifiques robes, les habitudes aristocratiques… tout est très bien décrit, sans en faire des tonnes, juste ce qu’il faut. L’intrigue avance tambour battant et je ne m’attendais pas à certains rebondissements : le contexte politique est important, et le tempérament d’America font que les choses ne se passent pas toujours comme prévues.

Une vraie belle surprise donc, un roman divertissant et un premier tome qui pose bien les bases et lance l’intrigue de façon efficace, je vous le recommande !

Kiera Cass, La Sélection, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Madeleine Nasalik, aux éditions Robert Laffont, 16€90.

Les mille visages de notre histoire, de Jennifer Niven

En ce moment, c’est une très bonne période côté lecture : je découvre de nouveaux auteurs, je me fais plaisir en lisant des romances ados, j’ai des coups de cœur pour certains romans. Aujourd’hui, je vais vous présenter l’un de ces livres que j’ai dévoré en une journée tellement il était bien. Il s’agit du roman de Jennifer Niven, Les mille visages de notre histoire.

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Libby a été la plus grosse ado d’Amérique. A tel point que le jour où elle a fait une crise d’angoisse, il a fallu abattre un mur de sa maison pour l’emmener à l’hôpital. Depuis, elle a perdu beaucoup de poids mais rentre toujours dans la catégorie des « grosses ». En tout cas, les autres élèves du lycée n’en doutent pas. Car oui, après deux ans enfermée chez elle, Libby retourne au lycée. Par un drôle concours de circonstances, elle y fera la connaissance de Jack, un garçon imprévisible et rebelle. Mais – bon, c’est un micro-spoil car vous l’apprenez dans la première page du roman, mais ça ne figure pas sur la quatrième de couverture – Jack souffre en fait de prosopagnosie, il ne reconnaît pas les visages, y compris ceux de ses parents par exemple. Pour lui, à chaque instant, il fait face à des inconnus, sans savoir s’il est devant son principal de lycée ou son père. Mais c’est son secret, personne n’est au courant.

tIgnzzVJ’ai beaucoup aimé rencontrer la prosopagnosie dans un roman, je ne m’y attendais absolument pas. Je connais cette maladie, j’avais déjà vu des témoignages, mais grâce à cette lecture, je touche vraiment du doigt ce que c’est, j’ai beaucoup appris. Libby et Jack sont des personnages très accrocheurs, avec chacun des problématiques particulières. Rien ne m’a agacé ou déplu en cela : j’ai aimé le traitement du deuil, de la différence, de la grossophobie, des problèmes de famille. La vie est faite de cela et j’ai trouvé que Jennifer Niven, à travers ses personnages, nous communiquait des messages d’espoir et de joie de vivre de la plus belle manière qui soit.

Il faut dire que les personnages sont très attachants. L’auteure ne voulait visiblement pas faire dans le mélo mais j’avoue que l’exubérance et la sarcasme de Libby m’ont semblé parfois un peu too much. Cependant, il faut avouer que cela donne un petit côté rock’n’roll à Libby qui n’est pas pour déplaire. Comme Jack, à sa façon, elle aussi est une rebelle. J’ai aimé sa relation avec son père, beaucoup moins accrochée sur son lien avec ses amis – traité un peu mais pas trop mais un peu quand même…. Bref, vous voyez.

Jack se dévoile au fil des pages. Je ne comprenais pas toujours ce personnage au début, mais au fur et à mesure, comme Libby, je l’ai apprivoisé. Il devient de plus en plus attachant : il a juste besoin de sécurité et cherche à affronter chaque jour du mieux qu’il peut avec la prosopagnosie, donc il se protège.

L’auteure a choisi de faire des chapitres courts, basculant d’un point de vue à l’autre – ceux de ses deux héros. Ce choix était très judicieux car il donne un très bon rythme à la lecture. L’auteure a de l’humour, est très douée pour les dialogues… Un style simple, plutôt direct, qui traite bien des sentiments et de l’adolescence.

Bref, cette lecture a été géniale ! Je ne peux que vous la recommandez !

Jennifer Niven, Les mille visages de notre histoire, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Vanessa Rubio-Barreau, aux éditions Gallimard Jeunesse, 17€.

Les Derniers Battements du cœur, de Kelley York & Rowan Altwood

J’ai l’impression qu’il y a des choses qui reviennent dans la romance young-adult : une rencontre autour du suicide ou de la maladie. Très sincèrement, la moitié de ce que j’ai pu lire comporte une rencontre de ce genre des deux protagonistes. Et ça ne me dérange pas vraiment car cela peut faire naître de très très bons romans – comme celui d’aujourd’hui – mais j’ai peur de finir de me lasser au bout d’un moment.

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Aujourd’hui, nous allons donc parler du roman écrit à quatre mains Les Derniers Battements du coeur de Kelley York et Rowan Altwood. Dans cette histoire, on bascule d’un personnage à l’autre. D’un côté Luc, greffé du cœur il y a trois ans mais en plein rejet ; il ne veut plus voir d’hôpitaux, donc il organise une sorte de road-trip pour finir sa vie comme il l’entend. De l’autre, il y a Evelyn, une ancienne amie proche de Luc qui revient en ville après trois ans passés en Arizona, auprès d’un beau-père qu’elle déteste. Evelyn est embarquée dans ce voyage, cette fuite en avant vers l’Oregon. Tous les deux s’aiment, c’est évident. Mais parfois, ça ne suffit pas pour former un couple.

J’imagine que vous avez déjà trouvé la trame de cette histoire : elle est assez convenue, il faut dire. Cependant, cette escapade improvisée de plusieurs semaines en voiture est très originale et j’ai adoré découvrir les personnages à cette occasion. Ce qu’ils ressentent l’un pour l’autre est très fort et on comprend leurs réticences, leurs hésitations. J’ai parfois eu envie de claquer Luc pour certaines de ses décisions mais j’imagine que je ne peux me mettre dans la peau d’un garçon comme lui, qui a déjà traversé tant d’épreuves. A l’inverse, j’ai réussi à me sentir plus proche d’Evelyn, baladée selon les amours de sa mère – et sa mère tombe amoureuse tous les quatre matins. Elle manque de confiance en elle, elle n’a jamais pu se poser, s’accrocher à un lieu ou à quelqu’un. Son seul repère dans sa vie a été Luc.

Leur relation est merveilleuse, j’ai été très touchée par leur histoire. Les personnages secondaires ne sont pas en reste, et les auteurs mettent en avant par touches les liens familiaux étranges, modelés par les non-dits et l’inquiétude.

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Les pages défilent à une vitesse impressionnante. Le rythme est soutenu, on veut suivre Evelyn et Luc jusqu’au bout. On veut savoir comment tout cela va finir. Car il y a des secrets encore et toujours, et tant que la vérité ne sera pas évidente, tant que Luc n’aura pas pris de décision, on se tient au bord du gouffre, se demandant s’il va sauter ou pas. J’ai pleuré – oui, je suis une madeleine – et je ne remercie pas les auteurs pour tous ces passages qui m’ont donnés des palpitations. Mais c’est aussi ça la lecture, vivre des émotions fortes. Je pensais au début que ce serait une petite romance de passage, que j’oublierai vite. Finalement, les personnages et leurs aventures m’ont vraiment marquée.

Une très belle surprise donc, qui gagne à être connue !

Kelley York & Rowan Altwood, Les Derniers battements du cœur, traduit de l’anglais (États-Unis) par Laurence Richard, aux éditions Pocket Jeunesse Junior, 17€50.

Le vide de nos cœurs, de Jasmine Warga

Je ne pensais pas du tout que cette lecture allait me faire autant d’effet : encore une fois, je me suis faite avoir avec ma fausse idée comme quoi le young adult c’est un peu doux quand même. Faudrait que je me rappelle plus souvent la claque que Nos étoiles contraires m’avait mise. Bref, aujourd’hui un livre qui m’a ému, faite vibrée et pleurer : Le vide de nos coeurs de Jasmine Warga.

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Aysel veut en finir. Sa décision est prise. Depuis que son père a commis l’irréparable et qu’il est en prison, sa vie, sa famille, son travail, son lycée… tout devient pénible pour elle. Mais surtout, elle a au fond d’elle une grosse limace noire qui siphonne son énergie, ne lui inspire que de la tristesse et l’idée qu’elle pourrait bien finir comme son père. Pour trouver le courage de mettre un terme à sa vie, elle traîne sur le forum Smooth Passages, pour trouver un compagnon de suicide. C’est là qu’elle rencontre Roman, qui lui veut en finir le 7 avril. Roman et Aysel se voit souvent, pour planifier ce moment. Mais au fil des jours qui passent et les rapprochent de la date fatidique, Aysel s’aperçoit que peut-être, il y a une autre solution pour Roman et elle.

Quelque chose ne tourne pas rond chez moi. Bien sûr, certaines choses de ma vie me donnent le sentiment d’être seule au monde, mais rien m’isole et me terrifie plus que ma petite voix intérieure. Elle s’entête à me répéter qu’il y a de fortes chances pour que je finisse exactement comme mon père. Je parie que si on m’ouvrait le ventre, la grande limace noire de la dépression en sortirait. Les conseillers d’orientations adorent rabâcher qu’il suffit de « penser de façon positive », sauf que quand on a ce mollusque dans le ventre qui étouffe le peu de bonheur qu’on arrive à éprouver, c’est mission impossible. Comme machine à détruire les pensées positives, mon corps est d’une efficacité redoutable.

Au début, pour être honnête, je ne m’attendais pas à grand-chose. Je me disais tiens encore une romance sur fond de dépression puis de résurrection mais ce livre est tellement plus que cela. Déjà la romance n’est pas évidente. La relation entre Aysel et Roman n’est pas réelle, pas normale : rien ne peut s’appliquer à eux car ils se sont rencontrés pour mourir. A partir de là, tous les codes des relations amoureuses ne s’appliquent plus à eux, ce qui ne va pas les empêcher de partager une relation forte. L’envers du décor – la réaction des familles, des camarades du lycée, l’obligation de faire semblant d’aller bien devant les autres – est très réaliste. On s’y croit complètement. J’ai été emmené au Etats-Unis aux côtés de nos deux héros en un claquement de doigts et je n’ai plus jamais voulu les quitter. Ils sont terriblement attachants, et on comprend si bien leur douleur.

La dépression. Le mot n’est pas dit et pourtant c’est présent à chaque page. Une tristesse, une limace noire… difficile de l’aborder autrement alors qu’on arrive plus à y faire face. Les mots de l’auteure m’ont transpercée. Vraiment, Jasmine Warga a beaucoup de talent pour faire comprendre, toucher du doigt aux lecteurs non concernés ce qu’est la dépression. Et ce que représente aussi la sortie d’une dépression. J’ai eu peur à un moment que ses personnages soient des caricatures en ados blasés, mais pas du tout. C’est tellement vrai… dans les réactions, dans les mots des héros, dans leurs attitudes, dans leurs manies. Très sincèrement, j’ai vraiment beaucoup pleuré, surtout à la fin : que d’émotions !

Les personnages sont excellents, y compris les personnages secondaires qui sont criants d’humanité et de vérité. Jasmine Warga a vraiment une plume extraordinaire en ce qui concerne l’écriture des personnages. Elle maîtrise également bien le rythme de son histoire qui se déroule telle un compte à rebours vers le moment fatidique. L’auteure ne s’attarde que sur des événements intéressants, parfois seulement indirectement liés à l’intrigue, mais qui nous en apprennent en réalité beaucoup sur les héros et sur leurs vies.

Un belle lecture, je m’en souviendrai ! Un excellente surprise et je ne peux que vous la conseiller !

Jasmine Warga, Le vide de nos cœurs, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Maud Desurvire, aux éditions Hugo Roman, 17€.

Dernier été à Tokyo, de Cecilia Vinesse

J’ai d’abord croisé ce livre en librairie, la quatrième de couverture m’avait donné envie – pas la couverture par contre, beurk. Quand je l’ai croisé à la médiathèque, je me suis dit « pourquoi pas ? » En avant donc pour Dernier été à Tokyo de Cecilia Vinesse.

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Sophia a toujours été entre plusieurs continents. Elle vit à Tokyo depuis quatre à présent avec sa mère et sa sœur. Mais dans sept jours, alors qu’elle s’apprête à bientôt rentrer en terminale, elle va devoir dire au revoir à ses amis du lycée international, Mika et David. En effet, elle déménage dans le New Jersey. Triste de quitter cette ville qu’elle affectionne, elle est d’autant plus fâchée que ses derniers jours au Japon vont être gâchés par le retour de Jamie, qui lui revient de trois ans aux Etats-unis. Avant son départ, leur amitié s’était mal terminée… Mais il peut s’en passer des choses en une semaine, et Jamie et Sophia ont toute une relation à reconstruire.

Bon, déjà, ce qui m’a énervée : ils sont où les Japonais ? On est entre expats, point. Je veux bien croire que dans la réalité, entre ados expatriés, scolarisés dans un lycée international où on parle anglais, tu traînes peu avec des natifs… Mais quand même, être autant occidentalement centré à ce point ! Vu que l’histoire se passe à Tokyo, c’était vraiment n’importe quoi !

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Les personnages sont assez typiques, peu de nuances : prendre l’excuse que c’est une romance adolescente ne me va pas du tout car le niveau est plutôt élevé dans beaucoup d’autres. On a le gars un peu connard mais qu’on aime bien quand même, le timide soi-disant geek mais qui est au fond malheureux, la fille aux cheveux bleus qui est extravertie, la grande sœur qui gronde et râle car elle s’est faite larguée, un cliché avec le père aussi (mais je n’en dirais pas plus pour pas spoiler ça au moins…) Heureusement, j’ai trouvé que Jamie sauvait quand même les choses, car il est attachant et rafraîchissant. C’est un garçon surprenant et agréable. Les autres personnages, on les retient moins. Leur comportement change sans qu’on sache vraiment pourquoi – ah, si ! L’alcool !

Ces ados sortent quand ils veulent, boivent ce qu’ils veulent, dorment où ils veulent : où sont les parents ? Allô le réalisme ? Ça m’a agacé au possible de voir des ados se comporter comme en jeunes adultes, avec des problèmes mièvres : tous les soirs, la même chose. En fait, je crois que c’est l’écriture qui est un peu adolescente sur les bords.

Côté personnages, on a frôlé des bonnes choses comme les relations familiales par exemple : bien qu’un peu trop manichéennes, elles sont variées et c’est là où on ressent un peu de réalisme dans les relations humaines.

Il faut dire que le style n’est pas incroyable non plus. C’est de la narration, le rythme et les dialogues fonctionnent un peu près bien. J’ai énormément regretté que Tokyo ne soit qu’une excuse pour faire un titre et une couverture particulière, pour coller des descriptions de lumières de la ville la nuit. C’est vraiment dommage car on sent l’amour de l’auteure pour cette ville ! Il suffisait de travailler les descriptions, planter le décor et s’en servir pour de vrai ! On est vraiment passé à quelque chose…

Un roman clairement adolescent dans l’écriture, l’intrigue, le style, l’aboutissement, qui manque de nuances. Bizarrement, pour écrire une bonne romance, il faut s’éloigner un peu des clichés pour mieux y revenir avec des idées nouvelles. La pluie, la nuit, l’alcool, les non-dits… pfff, si au moins il y avait un vrai style, une plume acérée pour servir tout ça, un vrai enjeu dans l’intrigue, ça aurait pu fonctionner. Mais ce n’est pas le cas. C’était divertissant un peu, mais j’ai plutôt perdu mon temps avec cette lecture. Avis cru mais sincère.

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Cecilia Vinesse, Dernier été à Tokyo, traduit de l’anglais par Cécile Tasson, aux éditions Pocket Junior, 17€90.

Nos faces cachées, d’Amy Harmon

Une romance dont j’avais lu du bien ! Je me disais donc que j’allais tenter ma chance et ne pas m’arrêter à cette couverture. Aujourd’hui, on parle donc de Nos faces cachées d’Amy Harmon.

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L’auteure nous raconte l’histoire de Fern, qui est amoureuse depuis toujours d’Ambrose, le garçon parfait, grand lutteur, etc. Fern passe énormément de temps avec son cousin adoré Bailey, ils ont le même âge, sont très complices. Bailey est en fauteuil roulant, atteint d’une maladie qui le destine à mourir jeune. Les adolescents sont au lycée. Nous sommes en septembre 2001 : des avions s’écrasent dans des tours et la face du monde chance. Un cataclysme pour toute l’Amérique : Ambrose va alors se demander si sa vocation ne serait pas de servir son pays.

C’est assez compliqué de résumer ce bouquin sans trop en dire. L’intrigue se passe sur des mois et des mois, sans compter sur quelques flash-backs qui nous aident à mieux cerner les relations des personnages. Très honnêtement, je trouve que ce temps étalé ne sert pas vraiment l’histoire. Pour relater des faits sur une si longue période, il aurait alors vraiment fallu travailler beaucoup le rythme qui laisse franchement à désirer. Très honnêtement, je ne voyais pas vraiment où l’auteure voulait en venir, jusqu’à ce que tout s’éclaire à la page 165 – ça fait long quand même ! – où l’intrigue, les personnages ont pris plus d’épaisseur et d’intérêt à mes yeux.

Ce qui ne m’a pas vraiment aidé dans ce roman, ce sont les personnages. Ils n’existent que les uns pour les autres, on ne les découvre qu’ainsi. J’aurais aimé que l’auteur prenne le temps de les approfondir, de les travailler pleinement. J’aurais apprécié les connaître un à un car ils ont tous l’air géniaux ! Les personnages secondaires sont tous attachants. Quant aux personnages principaux, j’ai trouvé Ambrose assez réaliste, mais Fern me semblait illogique, je n’ai pas réussi à vraiment la comprendre.

C’est une romance, donc oui, il y a du cliché et même des beaux. Surtout dans les scènes de rapprochements physiques où je levais trop souvent les yeux au plafond. Rah, puis les « mais je suis pas assez bien pour lui/pour elle », je n’en pouvais plus, overdose ! Mais sur un public facile, ça fonctionne, on papillonne avec les amoureux.

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L’écriture un peu simplette, très inégale, avec un style bancal, m’a vraiment vraiment donné une impression de bâclé. Je n’arrive pas à zapper ce genre de choses même si le reste tient la route. Et je dois vous avouer que je suis un peu perdue car j’ai vraiment aimé l’intrigue générale et tous les thèmes abordés. On parle de la guerre et ses séquelles, de la mort, de la maladie, de l’alcoolisme, des soucis familiaux, du divorce, des valeurs du sport, du handicap, des violences conjugales… Ce sont rarement des thèmes exploités de façon si juste dans une simple roman ! Je pense que l’auteure a voulu faire les choses en grand et qu’elle tenait une idée en or. Malheureusement, elle n’avait pas encore l’expérience nécessaire pour retransmettre tout ça de la meilleure des façons.

Ils sont en terminale et ils auront le bac dans quelques mois. La saison de lutte a pris fin deux semaines auparavant et ils s’ennuient déjà – peut-être davantage que d’habitude – parce qu’il n’y aura plus de saisons, plus de but, plus de matchs, plus de victoires. […] Ils se tiennent au bord d’un abîme de changement et aucun d’eux, pas même Ambrose – surtout pas Ambrose – n’est enthousiasmé par cette perspective. Mais qu’ils choisissent ou non d’avancer vers l’inconnu, ce dernier viendra à eux, le gouffre béant les avalera tout entiers et la vie qui était la leur jusqu’à présent changera radicalement. Et ils ont une conscience aiguë de la façon dont elle finira.

C’est un vrai paradoxe ce livre. Très sincèrement, je ne sais pas si je vous le recommande ou pas. Pour encourager l’auteure à aller plus loin, à continuer, à progresser, j’ai envie de dire que oui.

Amy Harmon, Nos faces cachées, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Fabienne Vidallet, aux éditions Robert Laffont, 17€90.

Everything Everything, de Nicola Yoon

Je crois que je me lasse de la littérature young-adut. C’est ce que je me dis à la suite de cette lecture : il y a quelques semaines, j’aurais eu un vrai coup de cœur pour ce roman, mais aujourd’hui, je l’ai juste apprécié, voyant ses faiblesses et ses limites. Zoom sur Everything Everything de Nicola Yoon.

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Madeline est atteinte de la maladie de l’enfant-bulle : elle est allergique au monde, obligée de rester chez elle, où l’air est filtré et tout désinfecté. Un quotidien un peu routinier qu’elle partage avec sa mère et son infirmière seulement : les cours par correspondance, la vie sur le net, les lectures, les jeux de sociétés, les films… Mais un jour, dans la maison d’en face, une famille s’installe. Maddie comprend tout de suite qu’un truc cloche dans cette famille : le père hurle sans cesse, la mère a l’air désespéré et l’aîné, un beau brun qui escalade les murs et les toits, a l’air en colère. Quand il prend contact avec elle par fenêtres interposées, Maddie sait qu’elle ferait mieux de l’ignorer. Et elle sait aussi qu’elle n’en fera rien et qu’elle tombera sûrement amoureuse de lui

Car oui, c’est inévitable parce qu’il s’agit bien sûr ici d’une romance, et que le lecteur – moi la première – n’attend que ça ! Mais comment vivre l’adolescence et les affres de l’amour quand on ne peut pas sortir de chez soi et encore moins rencontrer, toucher quelqu’un ? J’ai beaucoup apprécié cette histoire qui a réussi à me surprendre à chaque chapitre. Les événements s’enchaînent très vite – ça en paraît presque surréaliste de facilité parfois. Les différents moyens de narration, les chapitres courts rendent toute cette histoire très attractive et on ne lâche plus le bouquin… Vous pensiez savoir comment cela finirait ? Vous êtes tellement loin du compte ! Même si, avec mon regard d’adulte et de grand lecteur, j’avais deviné la fin assez tôt, je me doute que beaucoup se sont faits bernés.

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Ce roman aborde ou frôle des thématiques difficiles (le deuil, la violence au sein de la famille, la dépression, la maladie, la solitude…), et j’aurais vraiment souhait que l’auteur soit plus bavard, apporte plus de pages, d’approfondissements à son intrigue. Clairement, avec des personnages si attachants, il aura pu se le permettre.

Car c’est ça également la grande force de ce livre – comme dans beaucoup de young-adult – : ses personnages principaux donnent envie de les suivre, ils sont incarnés, ils ont une vraie psychologie, ils évoluent. Ce sont de vrais ados, un peu fougueux, pas sûrs de ce qu’ils veulent mais qui foncent… J’ai été émue, j’ai ri, j’ai eu peur pour eux.

Une très bonne histoire, même si elle avait clairement plus à donner. Je vous la recommande !

Nicola Yoon, Everything Everything, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Eric Chevreau, aux éditions Bayard, 16€90.

Did I mention I love you ?, d’Estelle Maskame

Ah, vous me connaissez, j’aime bien lire des romans après tout le monde. On ne va pas changer une équipe qui gagne, et aujourd’hui, je vous parle encore de romance, et encore de young-adult ! Habituez-vous, car je vais en dévorer encore quelques uns : ces petits plaisirs coupables me font un bien terrible et conjure l’atroce malédiction de la panne de lecture.

On se retrouve donc aujourd’hui pour parler de DIMILY pour les intimes, autrement dit Did I Mention I Love You d’Estelle Maskame, le premier tome d’une trilogie se déroulant aux États-Unis et nous narrant les amours d’Eden et de Tyler. Est-ce que c’est un bon livre ? J’ai commandé le deuxième tome aussitôt terminé le premier, ça devrait vous mettre dans la voie.

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Eden a 16 ans, elle vit seule avec sa mère à Portland. Mais son père, qui les a abandonnées trois ans plus tôt, l’invite à passer l’été dans sa magnifique maison à Santa Monica en Floride. Étrangement, malgré la rancœur – légitime – qu’elle garde pour lui, elle accepte. Une fois arrivée, elle fait la connaissance d’Ella, sa nouvelle belle-mère et de ses trois fils… dont l’aînée, Tyler, dix-sept ans, sort vraiment du lot. Il n’obéit jamais à sa mère, découche tous les soirs, agit en vrai bad-boy. Dès le début, Eden a l’impression qu’il l’a pris en grippe. Mais finalement, elle ne peut s’empêcher de le trouver attirant…

Alerte cliché ! Alerte cliché ! Tu le vois venir le coup du « je fais le dur parce que j’ai des faiblesses » ? Ralalala, oui, c’est un poncif, mais qu’est-ce que c’est bon ! Typiquement, j’aurais eu 16 ans, moi aussi je serais tombée amoureuse de Tyler, moi aussi je ne me serais pas toujours sentie à ma place comme Eden. En fait, j’ai beaucoup aimé son personnage, même s’il aurait pu avoir plus de profondeur. Mais dans les touches légères de jeune fille à la fois forte et naïve que lui fait endosser l’auteure, je me suis un peu retrouvée en elle. Tyler, dans ses excès, est moins réaliste : mais allez, on va dire que c’est Hollywood qui fait ça.

Je me suis complètement projetée dans cette vie californienne. Les descriptions ne sont pas trop présentes, juste assez pour planter le décor et laisser l’imagination du lecteur faire le reste. Les relations entre tous les personnages me semblent très bien représentées : quelle fougue on peut avoir à l’adolescence… ! J’ai un peu plus de mal avec l’opulence, la richesse qui leur semble normale, mais il faut dire qu’on ne vit pas dans le même monde.

Ce qui m’a causé le plus problème, ce sont certains dialogues (cf les grands moments de révélation) qui là, malheureusement, tombaient dans la parodie et n’étaient vraiment pas bien dosés. Idem en ce qui concerne les monologues d’Eden quand elle s’interroge sur son demi-frère Tyler. Ces passages m’ont vraiment fait lever les yeux au ciel… mais je suis capable de pardonner beaucoup pour cette romance. Elle est un peu convenue certes, mais il y a de vrais éléments originaux dans ce livre – je pense à Tiffany ou au passé d’Eden pour ceux qui l’ont déjà lu – qui redonne de la profondeur à ce roman young-adult.

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Cette chronique n’est pas bien construite du tout, il faut dire que je l’écris comme un midinette. Ce roman m’a fait du bien, c’était exactement ce que je recherchais, malgré quelques erreurs de la part de la très jeune auteure Estelle Maskame. J’ai très hâte de voir ce que va donner la suite car je dois dire que l’épilogue m’a un peu désarçonnée…

Estelle Maskame, Did I Mention I Love You ?, traduit de l’anglais par Maud Ortalda, aux éditions PKJ, 16€90.

Un petit quelque chose en plus, de Sandie Hall

Ah, ça fait du bien de réécrire des chroniques. Aujourd’hui, un roman young-adult, une romance même. Bref une histoire bien à l’eau de rose qui fait du bien : Un petit quelque chose en plus de Sandy Hall.

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Lea vient de débarquer à la fac. A son cours d’écriture créative, elle rencontre Gabe, un drôle de garçon qui agit bizarrement et est très mystérieux. Tout de suite, toutes les personnes dans leur entourage comprennent qu’il y a quelque chose entre eux. Enfin, qu’il pourrait y avoir quelque chose entre eux.

c3a9cureuil-mangeant-des-c3a9crous-sur-un-banc-82810058La narration est très particulière : nos deux héros n’ont pas la parole, on ne voit leur histoire qu’à travers les autres. A tour de rôle, leurs camarades de classe, leur prof, le chauffeur du bus, leurs amis nous parlent d’eux. La parole est même donnée à un banc et à un écureuil. Ce principe est très sympathique, mais il donne très vite l’impression d’être artificiel. Heureusement, l’auteur réussit à caractériser chacun de ses personnages secondaires – même si c’est un peu caricatural, difficile de faire mieux dans un roman assez court comme celui-ci qui se centre sur une amourette. Mais ça a ses limites. Clairement, l’écureuil et le banc, ce sont des mauvaises idées, ça nous sort complètement de l’histoire : un tour de passe-passe grossier que l’auteure a utilisé pour faire avancer son intrigue.

Pourtant, il y a du bon dans ce roman. Au début, voyant le principe, je me sentais mal à l’aise : grossièrement, tout le monde voulait les mettre en couple, alors qu’ils ne se connaissaient presque pas. Mais au fil des pages heureusement, on comprend qu’il y a une vraie attirance entre Lea et Gabe. Et on tombe d’accord avec tous les autres personnages : ils seraient sûrement très heureux ensemble. C’est juste une timidité maladive, quelques discrétions et malentendus qui ont empêché le charme d’agir.

Je suis juste un peu déçue que le décor ne soit pas mieux planté : ç’aurait ajouté un vrai plus à l’histoire. La toile de fond est ici complètement effacée, ça donne une impression de flou très étrange, j’avais du mal à situer les scènes. Heureusement que les répliques vives et les personnages bien travaillés rattrapent ça.

Écriture efficace, dialogues (ça représente la plus grosse partie du roman) qui fonctionnent bien, l’auteure arrive même à mettre un peu de suspens. Un dosage idéal pour un livre qui fait résolument du bien. Il se lit très vite et vous donnera le sourire !

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Sandy Hall, Un petit quelque chose en plus, traduit de l’anglais (États-Unis) par Pauline Vidal, aux éditions Hugo Roman, 17€.