Ces scènes des salons du livre

  • La personne qui essaie discrètement de te doubler dans la file d’attente d’une dédicace
  • La grande scène réservée à un débat quelconque, où ne vont que des retraités, où tu as l’impression de ne pas être une adulte en comparaison

  • Le bafouillage ou l’oubli de la langue française durant cette dédicace en question car tu es trop ému(e)

  • Ce moment gênant lors d’une rencontre ou d’un débat où tu ne comprends pas vraiment les propos du traducteur ou de la personne qui a le micro à cause de son accent trop prononcé…

  • Se faire bousculer sans même un pardon

  • Faire tomber une pile de livres à cause de son manteau

  • Se rendre compte qu’on ne plus acheter de livres car, vraiment, on n’a plus la place

  • Avoir chaud, ou avoir froid. Avoir envie d’aller aux toilettes mais la queue est longue

  • Râler parce qu’on ne peut pas circuler facilement

  • Être mal à l’aise de se faire alpaguer par des petits éditeurs qui ne font pas d’ouvrages qui nous intéressent

  • A l’inverse, dégotter le stand d’un petit éditeur dont on adore une de ses collections et pouvoir lui dire !

  • Pouvoir dire après « Eh, j’ai vu /nom d’auteur très célèbre/ »

  • Avoir très mal aux pieds à force de piétiner

  • Mal manger : assis dans un courant d’air dans un coin pour boulotter un sandwich trop cher

  • Être surexcité(e) et tellement content(e) d’être là !

  • Croiser des amis pas vus depuis longue date

  • La pause salvatrice autour d’un café !

  • Rencontrer des gens inattendus (exemple : Francis Lalanne, c’est du vécu)

  • Être émerveillé aux rayons jeunesse par toutes les dernières sorties

  • S’être fait un planning très précis des débats, rencontres et dédicaces intéressantes

  • Avoir ramené son chéquier, au cas où

  • Se laisser embarquer ou venir par hasard à un événement du type remise de prix, etc.

  • Avoir perdu son stylo alors que tu veux noter des infos

  • Prendre des photos – se rendre compte que l’appareil photo de son téléphone n’est pas de super qualité

  • Avoir mal à la tête

  • Partager sur les réseaux sociaux

  • Avoir le sourire en voyant tous ses ados et ses enfants mordus de lecture.

  • Puis râler quand tu es coincé derrière un groupe scolaire dans une allée

  • Essayer de faire tous les stands.

  • Se perdre dans les allées mal indiquées, revenir sur ses pas plein de fois

 

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Et vous, que retenez-vous des salons du livre ? Quels sont pour vous les incontournables, ceux qui méritent le déplacement ?

Regardez la neige qui tombe, de Roger Grenier

Voilà, c’est émouvant, je publie ma dernière chronique de la série Roger Grenier. Petit pincement au cœur car ses livres m’ont suivie (poursuivie même !) ces dernières semaines et j’ai fait quelques belles découvertes grâce à lui. Bien sûr, cela ne veut pas dire que je ne lirai plus rien de lui à l’avenir, bien au contraire, j’ai même repéré d’autres œuvres de sa plume pour plus tard ! Mais c’est la fin d’un voyage initiatique que je n’ai pas choisi mais que j’ai tout de même apprécié. Aujourd’hui, je vais donc vous parlez d’une de ses biographies, car, oui, Grenier aime bien écrire sur les autres, amis intimes ou personnes admirées. On peut citer entre autres Camus, Pia ou Fitzgerald. Ici, j’ai choisi Regardez la neige qui tombe. Impressions de Tchékhov.

Vous pensez bien qu’avec un titre pareil on va parler de ce célèbre auteur russe, nouvelliste et dramaturge. Moi qui n’avait lu aucun livre de cet écrivain, je me suis précipitée à la médiathèque en prendre quelques uns. Malheureusement, hélas, je ne sais pas trop comment cela est arrivé, mais impossible de lire Tchékhov, je n’arrive à entrer dans aucun de ses textes, je n’arrive pas à prendre du plaisir à le lire. Pas qu’il soit mauvais auteur – son talent n’est plus à démontrer – mais son style, cet univers qui l’a crée, c’est incompatible avec moi. C’est une chose qui m’arrive parfois, la dernière fois c’était avec Balzac. Je n’y peux rien, j’aurais beau me forcer, je ne comprendrais rien à ce que je lis.

Je n’étais donc pas très motivée à lire Grenier parlant de Tchékhov qu’il adore, c’est pour ça que j’ai fait traîner cette lecture pendant deux mois. Mais j’ai fini par y mettre mon nez. Bon je dois vous l’avouer tout de suite, si vous avez déjà lu Tchékhov, que vous connaissez un peu son écriture, c’est un avantage car ainsi vous saisirez mieux les références que moi ! Toutefois, ce n’est pas une obligation.

A travers de courts chapitres, Roger Grenier nous évoque le personnage et son œuvre : ses amours, les adaptations pas toujours très réussies de ses pièces au théâtre, son voyage étrange à Sakhaline, son mariage distant avec une comédienne, les propos des critiques à son sujet, son rapport aux animaux et surtout aux chiens, son enfance à Taganrog, sa tuberculose, mais aussi son style. L’auteur nous explique comment Tchékhov se sert des gens et des situations qui l’entourent pour en faire des personnages et des nouvelles. C’est ici le ressenti d’un lecteur attentif, et je dois avouer que c’est très agréable à lire.

On se laisse promener de citation en citation. J’ai été plusieurs fois perdue entre les multiples personnes qui font l’entourage de Tchékhov, je n’ai pas toujours pas compris les allusions aux œuvres, ce qui a fait que je me suis ennuyée quelques pages. Il y a parfois certaines longueurs, l’écrivain veut sûrement s’étendre sur des choses qui lui sont chères mais je n’ai pas eu les mêmes centres d’intérêt que lui ou je ne me suis pas autant laissé attendrir.

On comprend malgré cela que Tchékhov soit un « grand » auteur de par la quantité de ses œuvres (des milliers de nouvelles!) mais aussi et surtout de par une écriture personnelle qui sort des chantiers battus, sait nous transmettre un sentiment de mélancolie en quelques mots et créer un univers russe tout aussi facilement.

J’avais déjà eu une mauvaise surprise avec les biographies de Grenier : j’avais stoppé assez rapidement ma lecture de Trois heures du matin : Fitzgerald qui m’avait ennuyé. Avec Regardez la neige qui tombe, je regrette de ne pas avoir pu m’intéresser plus à l’oeuvre de Tchékhov car malgré quelques points négatifs, cette sorte de biographie reste une livre agréable, à découvrir.

Roger Grenier, Regardez la neige qui tombe, folio (2947), 7€70.

Les Larmes d’Ulysse, de Roger Grenier

Encore un Grenier, ce ne sera pas le dernier sur le blog, mais promis juré, ça s’arrête bientôt. Pour préparer la rencontre avec cet auteur (en octobre, et vous êtes les bienvenus!), chaque membre de mon master travaille sur un thème de son œuvre. J’ai atterri dans le groupe « animaux » (mais aussi  » rapport à l’image « , c’est une autre histoire), qu’on devrait rebaptiser « chien », car c’est un peu près le seul être vivant non humain qui peuple les ouvrages de Roger Grenier. J’ai donc lu (d’une traite!) Les larmes d’Ulysse, Ulysse étant le nom du braque qui a tant compté pour l’auteur.

 les larmes d'ulysse

Ce livre nous parle de chiens et d’écrivains, de chiens dans la littérature. Des petits chapitres se succèdent semant des anecdotes anciennes ou contemporaines de Grenier, des faits historiques ou mythologiques, des bribes de romans et d’autres œuvres littéraires. Le chien est aimé ou mal-aimé, ridicule ou reconnu pour sa vaillance, mais on s’accorde toujours sur sa fidélité et sur sa nature si proche de l’homme.

 

Grenier est un « ami des chiens » qui a presque réussi à me convaincre, moi, « l’amie des chats » que le canidé avait des mérites. L’auteur en filigrane évoque la coïncidence troublante qui fait ressembler le maître à son animal, mais il nous parle plus tristement de cette injustice de la nature qui fait qu’une vie de chien, en terme de longévité, n’est pas en adéquation avec une vie d’homme.

 

Avec l’auteur, j’ai voyagé chez Chaplin, j’ai rencontré Romain Gary rue du Bac, j’ai croisé des chiens sur les champs de guerre napoléonien et j’ai fréquenté les plus grands écrivains (Baudelaire, Flaubert…) qui appelait cet animal dans leurs écrits. C’est incroyable tout ce qu’on a pu dire sur les chiens en général, mais surtout sur nos chiens, nos compagnons de vie, nos acolytes dans la joie ou le désespoir, nos amis de toujours ou d’un soir.

 

C’est une œuvre très surprenante, qu’il faut au moins avoir dans les mains une fois, pour le feuilleter et se laisser aller à ces divagations canines. Je regrette de ne pas connaître toutes ces personnes, toutes ces références qui bondissent d’une ligne à l’autre, une foisonnance culturelle qui m’a un peu perdu. Les chapitres essaient de traiter plus ou moins d’un sujet en particulier mais rarement y arrive, la plume de Grenier l’emmène souvent plus loin.

 

« Et si la littérature était un animal qu’on traîne à ses côtés, nuit et jour, un animal familier et exigeant, qui ne vous laisse jamais en paix, qu’il faut aimer, nourrir, sortir ? Qu’on aime et qu’on déteste. Qui vous donne le chagrin de mourir avant vous, la vie d’un livre dure si peu, de nos jours. »

 

Roger Grenier, Les larmes d’Ulysse, aux éditions Gallimard, collection L’un et l’autre, 13€95.