Rendez-vous au Cupcake Café, de Jenny Colgan

On revient avec une chronique. Ça fait du bien. Je suis heureuse de voir que, c’est bon, je réécris, un peu. Presque une année sans lire ou si peu. Je suis passée à un rythme de lecture de trois à cinq romans par semaine à… 3 en dix mois. Ça fait vertigineusement peur. Et même si je relis seulement à dose homéopathique, je m’y remets en douceur pour de bon, je pense.

Dans ma quête ratée à la reprise de la lecture, j’ai quand même eu une bonne surprise, un roman auquel je ne m’attendais pas trop : Rendez-vous au Cupcake Café de Jenny Colgan. Je ne suis pas très portée sur les romances feel-good – c’est juste… pas mon truc. Mais j’étais désespérée, un peu triste et je voulais une lecture plus légère. Le roman me semblait pourtant long, et je me suis dit : « Bah ! Pourquoi pas? »

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Je me rappelle l’avoir lu cet été, en vacances d’abord à la plage de Narbonne puis perdue en rando dans les Pyrénées. Je l’ai lu petit à petit, en prenant mon temps, étalant la lecture sur plusieurs semaines. J’ai fait connaissance avec Izzy qui découvre avec stupeur son licenciement… C’est peut-être alors l’occasion pour elle de réaliser un rêve un peu fou. Ayant passé toute son enfance dans la boulangerie de son grand-père, on peut dire qu’Izzy a la pâtisserie dans le sang. Indéniablement, elle est très douée. Et elle souhaiterait offrir aux gens de son quartier un endroit douillet et accueillant où se détendre autour d’une bonne tasse de thé et d’un délicieux gâteau.

Quel merveilleux tableau cocooning ! J’en avais vraiment besoin. Et quand l’amour s’y mêle… J’avais oublié à quel point j’aimais vibrer à la lecture d’histoires d’amour ! Alors oui, c’est un peu fleur bleue, mais soyons clairs : c’est exactement ce que je recherchais. Et le meilleur : c’est que c’est fait avec brio !

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Jenny Colgan est une auteure brillante, elle sait créer des paysages, des décors, des ambiances sans alourdir son texte, mais en leur donnant corps. Mais là où elle brille le plus, c’est dans l’écriture de ces personnages – même si je dois avouer que pour les personnages sombres, elle a un peu de mal et force le trait. Ils sont tous très attachants à leur manière. Cette galerie de personnages, leurs relations sont vraiment très bien dessinées. Au fil des pages, sans le remarquer, on comprend les liens qui les unit, on est emporté avec eux dans la création du Cupcake Café. La relation d’Izzy avec sa colocataire, son grand-père… sont si belles. Beaucoup d’amitié et d’humanité dans ce livre : et ça fait sacrément du bien, vous pouvez me croire !

J’ai adoré me rouler dans le sucre pendant tout le roman – il donne sacrément faim et rend gourmand, mais pas d’inquiétude, les recettes sont fournies ! J’ai adoré également suivre Izzy dans cette nouvelle aventure, cette nouvelle vie et rencontrer les formidables personnes qui vont la suivre tout au long de son parcours. Et bien évidemment, j’ai été emballée par la romance – convenue, certes, mais bien amenée et bien écrite – de cette histoire.

Un bon livre qui fait du bien, et qui pourrait vraiment vous plaire en ces temps de plaids et de thé chaud !

Jenny Colgan, Rendez-vous au Cupcake Café, aux éditions pocket, traduit de l’anglais par Anne Rémond.

Les 110 règles d’or du management, de Richard Templar

Les romans s’enchaînent encore et encore sur ce blog, et pourtant je ne lis pas que ça. Histoire de changer un peu, je vais vous parler aujourd’hui d’un livre qui coûte trois fois rien et donne quelques conseils aux managers, patrons, responsable d’équipe ou de projet que vous êtes peut-être – ou que vous allez devenir. Place aux 110 règles d’or du management de Richard Templar.

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Tout d’abord, je trouve cette collection Poche Marabout très bien fait. Le papier est de qualité assez basse, l’édition souffre de quelques inattentions mais quand on voit le prix (6€50 dans le cas présent), c’est assez justifié. Ce sont des livres intéressants, à la portée de tous, et croyez-moi, vous aurez de quoi faire !

visuel_management_et_condition_de_travail_shutterstock_19Dans l’ouvrage qui nous intéresse aujourd’hui, l’auteur nous délivre ses conseils et ses retours d’expérience dans plus de 280 pages. La lecture est très agréable car Richard Templar rend son texte très vivant, avec des anecdotes, de l’oralité. On se sent très proche de lui – surtout quant il nous répète encore et toujours à quel point on est génial, à quel point on est de bons managers. Certaines règles sont vraiment des mines d’or, elles sont toujours simples à appliquer et ont toutes de l’intérêt. Mais elles sont très nombreuses à être assez évidentes… Il suffit juste d’avoir un peu de bon sens. Sans compter que certaines se rejoignent un peu, et la lecture peut donc vite devenir redondante ou ennuyeuse. Toutefois relire ces règles ne fait vraiment pas de mal et vous permettra peut-être de vous remettre en question. Richard Templar admet lui-même souvent que ses règles sont souvent évidentes et vous amène lui-même à vous questionner, très honnêtement, sur vos pratiques, votre mode de fonctionnement, votre façon d’agir.

Au-delà des règles, j’ai trouvé intéressant que l’auteur mette vraiment de son vécu, car ce genre d’ouvrage est trop souvent insipide : ici, on trouve enfin un peu d’humain, d’empirisme ! On voit que l’auteur connaît son sujet. Mais parfois, ça va trop loin : Richard Templar se fait passer pour un manager parfait, qui a toujours le bon comportement et ça devient très vite agaçant. Je pense que quelques exemples de ses gaffes en tant que manager (car il en a forcément faites), traités à la manière de « j’ai appris de mes erreurs, j’en ai tiré des enseignements » auraient été beaucoup plus efficace. De plus, son vécu est très centré sur les pratiques au Royaume-Uni ce qui peut un peu perdre le lecteur ou, en tout cas, ne pas l’intéresser.

Les 110 règles d’or du management n’est pas un indispensable, toutefois il ouvre la voie pour un prix tout doux et ses règles sont d’assez bon conseil.

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Richard Templar, Les 110 règles d’or du management, traduit par Valérie Gaillard avec la collaboration de Tina Calogirou, aux éditions Poche Marabout (vie pro), 6€50.

Le Cercle, de Dave Eggers

product_9782072733437_195x320Dès que j’ai croisé ce livre dans les rayons, mis en avant grâce à la sortie de son adaptation au cinéma, j’ai voulu le lire. Aussitôt dit, aussitôt fait. Aujourd’hui, je vous parle donc du roman de Dave Eggers, Le Cercle.

En ce lundi ensoleillé du mois de juin, elle s’immobilisa devant la porte d’entrée en verre sur laquelle le logo de la société était gravé, légèrement au-dessus de sa tête. L’entreprise n’existait que depuis six ans, mais le nom et le logo – un cercle enserrant une sorte de mosaïque au centre de laquelle figurait un petit « c » – faisaient déjà partie des plus célèbres au monde. Plus de dix mille employés travaillaient, ici, au siège, mais le groupe possédait des bureaux dans le monde entier, et embauchait chaque semaine des centaines de jeunes gens brillants. Le Cercle venait d’être élu « société la plus admirée de la planète » pour la quatrième année consécutive.

Vous pensez reconnaître une autre société, bien réelle cette fois ? Eh bien moi aussi. On s’imagine clairement que le Cercle représente Google, avec son campus incroyable, ses projets innovants dans tous les domaines, son omniprésence dans nos vies… Mais le Cercle va bien plus loin. Et c’est grâce à son amie Annie que Mae a pu intégrer cette formidable entreprise qui va changer la face du monde. Elle n’en revient pas de travailler dans un tel endroit où les salariés sont chouchoutés et poussés à donner le meilleur d’eux-mêmes. Elle se sent à sa place, au cœur du mouvement, avec les gens qui font le monde. Alors oui, elle a un peu de mal au début : difficile de gérer sa présence sur les réseaux sociaux – partie intégrante du boulot –, le travail à proprement dit, la vie sociale du campus, sa vie de famille avec son père malade… Mais petit à petit, elle prend le rythme, elle veut devenir la meilleure, pour sa boîte, pour le Cercle. Les avancées de la société en inquiètent pourtant plus d’un, qui essaient de l’alerter… Va-t-elle entendre leurs sirènes, alors que les inventions du Cercle envahissent le monde à toute vitesse ?

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Sur le principe, j’adore l’histoire. C’est d’ailleurs pour cela que j’ai acheté ce roman, pour me retrouver immergée dans l’univers d’un pseudo-Google qui voit tout, et de ce côté-là, je n’ai pas été déçue. J’avoue que j’ai commencé à avoir peur de l’emprise du Cercle très vite : les conditions de travail vues de l’extérieur, vues par le lecteur sont à double tranchant. D’un côté, le Cercle met tout à disposition, de la crèche au cours de yoga en passant par la restauration de luxe et les concerts gratuits, de l’autre, il faut tout donner au Cercle : son temps, sa voix, son énergie, ses idées et peut-être même une partie de sa vie. Je voyais tous les sacrifices faits par l’héroïne, toutes les pressions discrètes mais constantes qu’elle subissait et pourtant elle ne se rebellait pas, elle hochait la tête ! C’est là toute la grandeur (inquiétante) du Cercle.

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Malheureusement l’intrigue a quelques lourdeurs narratives, des scènes qu’on aurait tout à fait pu supprimer, des éléments secondaires qu’on nous rabâche alors qu’ils sont inutiles, des raccourcis scénaristiques, des facilités… Sans compter les longueurs. Cela a pour effet de nous détacher du personnage principal : on s’attache finalement peu à Mae et on continue à lire uniquement pour savoir jusqu’où ira le Cercle.

Et c’est sans compter sur l’écriture, le style qui n’aide pas vraiment. Personnellement, je l’ai trouvé assez lourd, peu fluide. Ça mériterait sérieusement un bon coup sécateur pour enlever les formules disgracieuses, redondantes. Ce n’est pas du tout la meilleure littérature que j’ai lue… j’ignore si la traduction a un rôle à jouer dedans, et si certains parmi vous l’ont lu en VO, j’aimerais bien votre avis sur ce point.

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L’écriture est vraiment le point négatif de ce roman. Heureusement l’histoire rattrape cela et fait du Cercle un livre intrigant. J’ai aimé lire quelque chose qui traitaient des effets de réseaux sociaux, de l’addiction même à ces derniers, sur la vie des gens. Le Cercle essaient d’acquérir tous les savoirs. Et je dis bien tous. Cette folie des grandeurs qui se poursuit malgré tous les problèmes de morale et d’éthique qu’elle soulève, notamment sur le respect de la vie privée, de l’anonymat est passionnante ! Comme vous pouvez le voir, je suis donc assez partagée sur ce roman… et vous, qu’avez-vous pensé de cette lecture ?

Dave Eggers, Le Cercle, traduit de l’américain par Emmanuelle et Philippe Aronson, aux éditions folio (6330), 8€20.

Le Cercle, de Dave Eggers

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Dès que j’ai croisé ce livre dans les rayons, mis en avant grâce à la sortie de son adaptation au cinéma, j’ai voulu le lire. Aussitôt dit, aussitôt fait. Aujourd’hui, je vous parle donc du roman de Dave Eggers, Le Cercle.

En ce lundi ensoleillé du mois de juin, elle s’immobilisa devant la porte d’entrée en verre sur laquelle le logo de la société était gravé, légèrement au-dessus de sa tête. L’entreprise n’existait que depuis six ans, mais le nom et le logo – un cercle enserrant une sorte de mosaïque au centre de laquelle figurait un petit « c » – faisaient déjà partie des plus célèbres au monde. Plus de dix mille employés travaillaient, ici, au siège, mais le groupe possédait des bureaux dans le monde entier, et embauchait chaque semaine des centaines de jeunes gens brillants. Le Cercle venait d’être élu « société la plus admirée de la planète » pour la quatrième année consécutive.

Vous pensez reconnaître une autre société, bien réelle cette fois ? Eh bien moi aussi. On s’imagine clairement que le Cercle représente Google, avec son campus incroyable, ses projets innovants dans tous les domaines, son omniprésence dans nos vies… Mais le Cercle va bien plus loin. Et c’est grâce à son amie Annie que Mae a pu intégrer cette formidable entreprise qui va changer la face du monde. Elle n’en revient pas de travailler dans un tel endroit où les salariés sont chouchoutés et poussés à donner le meilleur d’eux-mêmes. Elle se sent à sa place, au cœur du mouvement, avec les gens qui font le monde. Alors oui, elle a un peu de mal au début : difficile de gérer sa présence sur les réseaux sociaux – partie intégrante du boulot –, le travail à proprement dit, la vie sociale du campus, sa vie de famille avec son père malade… Mais petit à petit, elle prend le rythme, elle veut devenir la meilleure, pour sa boîte, pour le Cercle. Les avancées de la société en inquiètent pourtant plus d’un, qui essaient de l’alerter… Va-t-elle entendre leurs sirènes, alors que les inventions du Cercle envahissent le monde à toute vitesse ?

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Sur le principe, j’adore l’histoire. C’est d’ailleurs pour cela que j’ai acheté ce roman, pour me retrouver immergée dans l’univers d’un pseudo-Google qui voit tout, et de ce côté-là, je n’ai pas été déçue. J’avoue que j’ai commencé à avoir peur de l’emprise du Cercle très vite : les conditions de travail vues de l’extérieur, vues par le lecteur sont à double tranchant. D’un côté, le Cercle met tout à disposition, de la crèche au cours de yoga en passant par la restauration de luxe et les concerts gratuits, de l’autre, il faut tout donner au Cercle : son temps, sa voix, son énergie, ses idées et peut-être même une partie de sa vie. Je voyais tous les sacrifices faits par l’héroïne, toutes les pressions discrètes mais constantes qu’elle subissait et pourtant elle ne se rebellait pas, elle hochait la tête ! C’est là toute la grandeur (inquiétante) du Cercle.

Malheureusement l’intrigue a quelques lourdeurs narratives, des scènes qu’on aurait tout à fait pu supprimer, des éléments secondaires qu’on nous rabâche alors qu’ils sont inutiles, des raccourcis scénaristiques, des facilités… Sans compter les longueurs. Cela a pour effet de nous détacher du personnage principal : on s’attache finalement peu à Mae et on continue à lire uniquement pour savoir jusqu’où ira le Cercle.

Et c’est sans compter sur l’écriture, le style qui n’aide pas vraiment. Personnellement, je l’ai trouvé assez lourd, peu fluide. Ça mériterait sérieusement un bon coup sécateur pour enlever les formules disgracieuses, redondantes. Ce n’est pas du tout la meilleure littérature que j’ai lue… j’ignore si la traduction a un rôle à jouer dedans, et si certains parmi vous l’ont lu en VO, j’aimerais bien votre avis sur ce point.

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L’écriture est vraiment le point négatif de ce roman. Heureusement l’histoire rattrape cela et fait du Cercle un livre intrigant. J’ai aimé lire quelque chose qui traitaient des effets de réseaux sociaux, de l’addiction même à ces derniers, sur la vie des gens. Le Cercle essaient d’acquérir tous les savoirs. Et je dis bien tous. Cette folie des grandeurs qui se poursuit malgré tous les problèmes de morale et d’éthique qu’elle soulève, notamment sur le respect de la vie privée, de l’anonymat est passionnante ! Comme vous pouvez le voir, je suis donc assez partagée sur ce roman… et vous, qu’avez-vous pensé de cette lecture ?

Dave Eggers, Le Cercle, traduit de l’américain par Emmanuelle et Philippe Aronson, aux éditions folio (6330), 8€20.

Stupeur et tremblements, d’Amélie Nothomb

 

J’ai retenté une expérience dont le premier résultat fut mitigé : lire Amélie Nothomb. Pour mettre toutes les chances de mon côté, j’ai choisi Stupeur et Tremblements, que l’on m’avait conseillé et dont le cadre nippon était censé renforcé mon plaisir de lecture.

Il s’agit d’une récit visiblement autobiographique, de la belge Amélie qui se rend travailler au Japon où elle a quelques attaches. Elle se fait embaucher dans une grande entreprise et se démarque par son teint européen. Elle va découvrir à ses dépens que l’univers des affaires dans ce petit pays est régie par une hiérarchie puissante et très marquée, qui ne respecte pas forcément la logique si cela peut aider à faire respecter chaque ligne de chaque petit règlement. Le respect inconsidéré – et l’admiration – sont presque des obligations pour tout employé qui doit considérer son entreprise comme sa famille, à qui il faut rester à sa place.

Mais avec des supérieurs pas très commodes, il est parfois difficile de rester à sa place, surtout quand on ne sait pas trop ce que l’on doit faire dans l’entreprise en question. C’est le cas d’Amélie qui d’un poste de bureau, passe à un temps de plein de photocopieuse pour finir de faire un travail parmi les plus dégradants et abaissant en comparaison de son CV. Ici, les compétences ne sont pas primordiales mais plutôt l’ancienneté et la ténacité.

C’est une peinture sans faux semblants de l’entreprise nippone, dans sa dureté et sa rigueur. Il faut quand même dire que l’héroïne n’a vraiment pas eu de chance pour être si mal traitée, mais je dois avouer que je ne l’ai pas trouvée si dégourdie non plus… Elle reste en extase devant sa chef à la beauté angélique, alors que celle-ci prend un malin plaisir à la harceler, elle ne renâcle pas à la tâche et fait semblant d’être déficiente mentale pour coller à l’étiquette que l’entreprise lui a donné. J’ai détesté cette Amélie-là, sans volonté, sans force, qui se paraît de belles réflexions et d’une fausse distance pour ne pas perdre la face. On met ce que l’on veut dernier les mots.

Le style est… ni bien, ni mal, parfois incohérent mais sans jamais valoir le détour. C’est une écriture du quotidien où les descriptions et le vocabulaire prennent le dessus sur une autre richesse de langue, plus belle, plus sublime, et donc plus difficile à manier. Vous comprenez facilement en me lisant que décidément, je n’accroche pas avec cette auteure. Mais je pense qu’il y a une part de subjectif dans tout ça, car ses romans ne sont pas mauvais pour autant (je préfère amplement la lire elle que de devoir parcourir un Musso). On doit lui reconnaître une facilité de lecture et de divertissement qui n’est pas donné à tout le monde.

Encore une fois, un bilan mitigé.

Amélie Nothomb, Stupeur et tremblements, Albin Michel, 13€60.

 

Les heures souterraines, de Delphine de Vigan

Je vous l’ai souvent dit et je me le répète souvent, je suis un peu à la masse des nouveaux auteurs brillants et/ou connus, des romans à ne pas manquer. C’est pourquoi je ne vous parle que maintenant de Delphine de Vigan et de son roman, Les heures souterraines.

Ce sont deux histoires en parallèles qui sont mises en lumière ici : d’un côté, Mathilde, une jeune cadre dynamique qui se retrouve comme une moins que rien dans son entreprise à la suite d’un harcèlement psychologique qui se veut invisible ; de l’autre Thibault, un médecin généraliste qui soigne les bobos que le SAMU refuse. Deux êtres en plein Paris que la vie a fatigué, si éloignés l’un de l’autre mais qui pourraient d’un rien se percuter. Nous sommes le 20 mai dans la capitale, tout pourrait changer aujourd’hui, pour ces deux personnes que la tristesse qualifie, c’est un peu le moment de voir où ils en sont.

La description de la douce descente aux enfers de Mathilde est vraiment stupéfiante, criante de vérité et d’injustice, saisissante, bouleversante et très bien menée. J’ai tremblé avec elle, il faut le dire. Cette pression et cette angoisse au travail qu’elle subit à cause d’un seul homme, le chef, existent réellement, et je peux vous dire qu’après ma lecture, j’ai compris ce que pouvait être ce harcèlement psychologique si pernicieux qu’on évoque de plus en plus.

Thibault, lui, on n’en parle moins, mais il est présent. Aujourd’hui, alors que les beaux jours reviennent, c’est la grisaille pour lui : la ville se refuse à lui, et lui impose les ralentissements, les embouteillages et les créneaux impossibles. Un travail exténuant l’amène à trouver des remèdes contre les mêmes maux, toujours : rhino-pharyngites, angines, fatigues, gastro, etc. Ses patients sont des patrons pressés et donneurs d’ordre ou de petites vieilles femmes à la recherche d’une présence humaine à leurs côtés. Il côtoie la pauvreté sentimentale et l’arrogante superficialité. Mais à chaque fois qu’il rentre dans sa voiture, sa demeure pour la journée, ce sont les mots de cette femme, si envoûtante, qui lui reviennent en tête. Et Thibault ne peut alors pas s’empêcher de penser à celle avec qui il aurait aimé passer le reste de sa vie, celle qui est si inaccessible.

Thibault et Mathilde ne se sont jamais vus, mais ils se ressemblent, même si leurs vies, leurs malheurs sont différents. Delphine de Vigan les décrit avec tendresse alors qu’ils sont dans un monde de brutes, où la violence se fait souterraine. Il faut l’avouer : cette femme a du style, elle a du talent, elle a une plume.

Mais (il y a toujours un mais), j’ai parfois eu l’impression qu’elle en faisait trop. Pour être franche, cette écriture respire la suffisance, voilà, c’est dit, au moins je suis sincère, honnête avec moi-même. L’auteure prend plaisir à manipuler ses petites marionnettes de personnages, à nous faire comprendre qu’en plus d’être une vraie parisienne qui connaît le RER comme sa poche, elle est aussi « jeune » et sait ce qu’est World of Warcraft. Vous verrez ces petits détails vous-mêmes.

Certains éléments de ce texte m’ont semblé être du bricolage pour toujours en mettre plus sur le dos de ces pauvres personnages, et le pire c’est que c’était rajouté en cours de route, « tiens, et si je mettais ça en plus ? », sans aucune préméditation, préparation. Du collage de maternelle. Il y a des effets de style, douteux : on ne peut pas tout se permettre, en pensant que ça va faire réagir positivement les gens façon « Oh, quel audace ! Comme elle revisite la narration romanesque ! » Ben, non, beurk.

Réaction de jalousie me direz-vous ? Je mentirais en disant que je ne suis pas jalouse de voir un telle écriture vendue par mille. Mais réaction de frustration, ça, c’est sûr. Les pages défilent et on se dit : « Mais il faut qu’il se rencontre ces deux-là ! » Delphine de Vigan aime nous faire languir.

Pour conclure, un bon roman, oui, mais le style et les manières peuvent en agacer quelques uns, si comme moi, vous êtes au moment de la lecture (et de l’écriture du billet qui va avec!) assez râleur.

Delphine de Vigan, Les heures souterraines, aux éditions Le Livre de Poche, 6€60.